Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé ( OMS) du 11 novembre 2019 indique que « l’art peut être bénéfique pour la santé, tant physique que mentale » et reconnaît le rôle majeur de la culture favorisant une bonne santé, un meilleur bien-être dans nos vies. Les arts en général : musique, peinture, théâtre, littérature…, apportent une « aide psychologique, physiologique, sociale et comportementale en procurant cette sensation de bien-être. »
Ainsi donc, si l’art n’apporte pas forcément guérison , il contribue largement à mieux vivre en « caressant » notre cerveau , en influençant notre humeur, en nous apaisant, en nous permettant de surmonter les difficultés .
Un très beau livre du neurologue Pierre Lemarquis, richement illustré, préfacé par Boris Cyrulnik, qui nous permet de mieux comprendre l’impact de ce processus : « Le cerveau a deux fonctions : rester en vie et l' envie de vivre. Ces deux activités sont complémentaires et nécessaires. « Or, une œuvre d’art s’adresse aux deux facultés de notre cerveau ».
Un livre que j’offre à Océane, ma petite-fille, pour compléter sa bibliographie dans le cadre de ses recherches pour son master 2 consacrées justement à ce thème, lecture qu’elle expérimentera mieux sur le terrain par des stages en milieux hospitaliers où des ateliers d’art sont ouverts aux patients.
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Je suis un fan de ces livres qui résument le savoir de scientifiques surtout quand ils sont bien écrit, avec pédagogie et humour. Pierre Lemarquis nous rappelle, en citant de nombreux travaux scientifiques, que la musique parle à nos émotions et est excellente pour nos neurones.
Bourré d'anecdotes, ce livre court mais dense développe tous les bienfaits de la musique, qu'on l'écoute, qu'on la chante ou qu'on la joue en travaillant intensément, sur notre cerveau. L'approche est plus neurologique que psychologique, mais l'humain est présent grâce aux citations (Mozart, Schumann, Glen Gould en fournissent beaucoup mais aussi Oliver Sacks, Proust, Kant et Cyrulnik...).
Le propos est de plus en plus complexe au fur et à mesure de la lecture et perd progressivement une partie de sa force pédagogique, mais le livre reste essentiel pour approcher le grand mystère que représente encore l'effet de la musique sur nos vies.
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Sérénade pour un cerveau musicien/Pierre Lemarquis
Voilà un livre très intéressant et original.
Après un exposé historique (référence à Platon) et un rappel anatomique, l’auteur nous propose dans son ouvrage construit en cinq parties comme une sérénade de faire le tour des interactions entre cerveau et musique puis entre langage et musique.
De nombreuses anecdotes musicales viennent émailler le discours, comme celle qui explique que la Petite Musique de Nuit de Mozart est une sérénade dont une page a été arrachée : d’où la réduction à quatre des mouvements de cette composition.
« Il n’est rien dans la nature de si sensible, de si dur, de si furieux
Dont la musique ne change pour quelques instants le caractère
L’Homme qui n’a pas de musique en lui
Et qui n’est pas ému par le concert des sons harmonieux
Est propre aux trahisons, aux perfidies et aux rapines ; Ne vous fiez pas à un tel homme ! »
Ces vers sont de Shakespeare dans « Le Marchand de Venise ».
En bref, quels sont les thèmes abordés ?
Le cerveau musical existe selon l’auteur : la perte de la parole (aphasie) n’entraine pas le perte du sens musical. Le sens de la musique est véhiculé par des circuits cérébraux spécialisés. Il cite des exemples célèbres pour illustrer ce propos. Inversement, il peut y avoir perte du sens musical sans perte du langage.
Par ailleurs, tout montre que le sens de la mélodie se situe dans l’hémisphère droit et celui de l’harmonie dans l’hémisphère gauche.
Donc, « la musique correspond à une faculté humaine distincte, autonome, mettant en jeu un dispositif neuronal spécifique, isolable dans le cerveau. »
La plasticité du cortex auditif permet l’apprentissage de la musique qui sera d’autant plus facile dans l’enfance, comme l’apprentissage d’une langue étrangère.
Quelle définition donner à la musique ? Suivons l’auteur : « Il s’agit d’un art, don des muses, mais d’un art combinatoire d’une science consistant à arranger et ordonner les sons, mais aussi les silences, au cours du temps, le rythme étant le support de la combinaison temporelle, la hauteur et le timbre celle de la combinaison fréquentielle, la mélodie celle de la succession des sons de hauteurs différentes, l’harmonie celle de la superposition de sons simultanés. » C’est précis et complet
Suit un chapitre très complet sur le chant des oiseaux, qui sont après les mammifères, les vertébrés dont l’encéphale est le plus développé par rapport à la taille de l’animal.
Ensuite est mise en évidence le fait que la musique renforce le pouvoir émotionnel d’un film.
Ce pouvoir a abouti à l’apparition de la musicothérapie, qui est « centrée sur l’écoute en utilisant les propriétés émotionnelles de la musique qui parvient par des techniques de relaxation sous induction musicale à améliorer les états d’angoisse, de nervosité, de stress, d’insomnie, et à lutter contres les maladies psychosomatiques. »
Plus loin, on apprend avec surprise que ce n’est pas avec les doigts que les grands artistes comme Vladimir Horowitz, Arthur Rubinstein, Glenn Gould et d’autres jouent du piano, mais avec le cerveau ; ils sont capables de répéter simplement par imagerie mentale motrice dans n’importe quelles circonstances.
Dans un chapitre intitulé « Musique et résilience », l’auteur nous montre le rôle de la musique dans la résilience au vieillissement avec des exemples surprenants, ceux de Bach et Beethoven qui ont produit leur chef d’œuvre devenu aveugle pour l’un et sourd pour l’autre.
Sur Bach :
« À mesure que sa vue l’abandonne, sa pensée musicale gagne en acuité pour sonder des abîmes infinis. La structure même du canon (Variations Goldberg-Offrande Musicale-Art de le fugue- Variations canoniques-Messe en Si) , qui superpose des phrases musicales isomorphes préfigure les mathématiques des fractales et la théorie du chaos, considérée comme à la base des processus biologiques les plus intimes et des lois qui régissent l’univers. »
Les œuvres les plus abouties de Beethoven, comme l’opus 106 (sonate pour piano Hammerklavier), ou le dernier mouvement de l’opus 111 (32é sonate pour piano) ou encore l’opus 120 (Variations Diabelli) et aussi les derniers quatuors à cordes, montrent que la surdité a renforcé l’imagination musicale du compositeur.
En conclusion, il est évident que « la musique agit sur les émotions et sur les différents types de mémoires, tant épisodique que sémantique et unie à la danse, elle stimule la mémoire procédurale ; elle permet de maintenir un lien social, une communication, une représentation de soi et constitue une braise de résilience. »
Un excellent ouvrage facile à lire.
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Ce livre nous propose une réflexion sur la perception de l'art. Il explore de nombreux aspects :
-- la maladie et l'art
-- le bien-être et l'art
-- les animaux et l'art
J'ai découvert des questionnements inédits. Un exemple : pourquoi des malades d'Alzheimer préfèrent-ils Jeff Koons lors d'une expérimentation, laissant de côté Van Gogh, la porcelaine chinoise et autres chefs d'oeuvre ?
Plus loin, l'auteur tente une définition de la contemplation et de la création artistique en faisant appel à l'empathie et à la pensée analogique.
Le discours me pose un problème : télescopage, associations d'idées, trente-six références par page. Je n'arrive pas à l'apprivoiser. Même les sous-titres déploient des références multiples : « de Karl Marx à Jésus-Christ : Antoni Tapies et Frida Kahlo », p259
L'auteur affectionne-t-il la pensée en arborescence ? Maintenant que j'ai lu le livre de C Petitcollin, c'est facile, je peux lui coller une étiquette (je plaisante).
Submergée, je compte retourner à mon ami Ernst Gombrich.
Un extrait :
« En 1995, Shigeru Watanabe, professeur de psychologie à l'Université de Keio (Japon) et ses collègues ont conclu qu'ils pouvaient tenter d'apprendre à huit pigeons (Colomba Livia) à distinguer Claude Monet de Pablo Picasso. […] Encouragé, Watanabe réitère en 2001 son expérience avec Van Gogh et Chagall en montrant à nouveau la possibilité, pour ses pigeons, après une phase d'apprentissage, de reconnaitre de nouveaux tableaux de ces deux peintres » p64-67
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Je cherchais depuis assez longtemps un livre qui aborde le sujet de la guérison par l'art.
À mon sens c'est quelque chose dont on entend très peu parler et qui pourtant se révèle être bénéfique sur certains plans, et qu'il est important de développer.
L'auteur y aborde de multiples aspects en se concentrant sur l'effet psychique et la guérison thérapeutique.
S'il y a une chose qui se ressent tout de suite lorsqu'on ouvre ce livre c'est qu'il est riche. Riche en références artistiques, mais aussi en faisant appel à de nombreux auteurs et philosophes qui permettent d'obtenir une large vue d'ensemble sur ce thème.
Chaque oeuvre citée fait l'objet d'une analyse approfondie, rien n'est laissé en surface et tout est possible quant à l'interprétation personnelle des choses. Cela permet d'en apprendre beaucoup sur l'histoire de telle ou telle oeuvre marquante, ou au contraire un peu plus méconnue, de la Préhistoire à nos jours.
Au final je pense que ce livre est abordable avec de solides connaissances en histoire de l'art, il est extrêmement intéressant et enrichissant sur ce domaine encore inconnu.
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une bonne reflexion sur les melomans à lire.
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Livre érudit et passionnant, parfois un peu « neurologiquement » trop précis pour le profane, mais qui développe tout l’enrichissement qu’apporte la musique. En composer, en jouer ou simplement l’écouter.
De Mozart à Glen Gould (incompatibilité mozartienne pour ce dernier, due à une mère maltraitante), citant Keith Jarrett ou la Reine des Neiges (eh oui), en passant par les actions musicalement sociales ou pacifistes d’un Abreu ou d’un Barenboim, l’auteur nous explique comment la musique, non seulement développe nos capacités, est le miroir de nos émotions mais peut être source de socialisation et d’empathie.
Et pour les enfants, avant même la naissance, une stimulation, une découverte et un plaisir indispensables.
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Passionnée par le sujet (rapport art/santé) ce livre m'a semblé être une référence. Tout d'abord il est important de souligner le fait que l'auteur se montre passionné, la façon dont il nous fait part de ses connaissances est captivante et développée tout en allant à l'essentiel. Je n'ai malgré tout mis que 4 étoiles car il n'a pas totalement comblé mes attentes. En lisant ce livre je souhaitais avoir davantage d'informations scientifiques voir biologiques. Malheureusement l'auteur se cantonne vraiment à un discours qui s'apparente plutôt à de l'histoire de l'art. Délaissant à mon goût un peu trop l'aspect médical. Cela reste une belle entrée en matière pour aborder le sujet.
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