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Citations de Pierre Reverdy (459)


Je me suis pris à l'aile

Je me suis pris à l'aile exquise du hasard
J'avais oublié de le dire
J'avais perdu le sens de la distance
Dans la débâcle du présent
Serré dans les filets rigides de la raison
Étouffé de forces précises
Je tournais sans comprendre autour de la maison
Assis debout perdu dans le délire
Et sans mémoire à remonter aux limites obscures
Plus rien à conserver dans les mains qui se brouillent
À retenir ou à glaner entre les doigts
Il n'y a que des reflets qui glissent
De l'eau du vent filtrés limpides
Dans mes yeux
Et le sang du désir qui change de nature
Des images des images sans aucune réalité
Pour se nourrir
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Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte

règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent

Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
Où j'ai perdu mon temps

Chemin tournant (extrait)dans "Sources du vent",
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Mille langues diverses apprises en un jour
Et des connaissances sans nombre
Autant de rendez-vous d'amour
Et toujours la clarté succédant à son ombre

(Échos sans forme)
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Les traits du ciel


Le feu qui danse
L’oiseau qui chante
Le vent qui meurt
Les vagues de la glace
Et les flots de rumeur
Dans l’oreille les cris lointains
du jour qui passe
toutes les flammes lasses
la voix du voyageur
Toute la poudre du ciel
Le talon sur la terre
L’œil fixé sur la route
Où les pas sont inscrits
Que le nombre déroule
Aux noms qui sont partis
Dans les plis des nuages
Le visage inconnu
Celui que l’on regarde
Et qui n’est pas venu
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Baudelaire a dit, à peu près (...) qu'il ne concevait pas la Beauté en Art sans l'idée de malheur, de morbidité, de souffrance. Ce n'est pas du tout ce que je pense moi-même. Bien au contraire, je crois que le but de l'art, le rôle de l'art n'est pas d'enfoncer encore davantage l'homme dans sa misère, dans sa souffrance ou sa tristesse — mais de l'en délivrer, de lui donner une clef de sortie en le soulevant du plan réel, lourdement quotidien, jusqu'au libre plan esthétique où l'artiste se hisse lui-même pour vivre et respirer.
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L’ouate du cauchemar bouche toutes les portes
Et pèse plus lourd sur les toits
Dans les rues de la ville morte
Comme le crasse entre les doigts
[Le chant des morts]
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Surprise d'en haut

Au fond du couloir les portes s'ouvriront
Une surprise attend ceux qui passent
Quelques amis vont se trouver là
Il y a une lampe qu'on n'allume pas
Et ton œil unique qui brille

On descend l'escalier pieds nus
C'est un cambrioleur ou le dernier venu
Qu'on n'attendait plus
La lune se cache dans un seau d'eau
Un ange sur le toit joue au cerceau
La maison s'écroule

Dans le ruisseau il y a une chanson qui coule

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Pierre Reverdy
Un homme fini

Le soir, il promène, à travers la pluie et le danger nocturne, son ombre informe et tout ce qui l’a fait amer.
À la première rencontre, il tremble — où se réfugier contre le désespoir ?
Une foule rôde dans le vent qui torture les branches, et le Maître du ciel le suit d’un œil terrible.
Une enseigne grince — la peur. Une porte bouge et le volet d’en haut claque contre le mur ; il court et les ailes qui emportaient l’ange noir l’abandonnent.
Et puis, dans les couloirs sans fin, dans les champs désolés de la nuit, dans les limites sombres où se heurte l’esprit, les voix imprévues traversent les cloisons, les idées mal bâties chancellent, les cloches de la mort équivoque résonnent.

(La Balle au bond, 1927)
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Pierre Reverdy
La saveur du réel

Il marchait sur un pied sans savoir où il poserait l’autre. Au tournant de la rue le vent balayait la poussière et sa bouche avide engouffrait tout l’espace.
Il se mit à courir espérant s’envoler d’un moment à l’autre, mais au bord du ruisseau les pavés étaient humides et ses bras battant l’air n’ont pu le retenir. Dans sa chute il comprit qu’il était plus lourd que son rêve et il aima, depuis, le poids qui l’avait fait tomber.

(Poèmes en prose, 1915)
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Minute

Il n'est pas encore revenu
Mais qui dans la nuit est entré
La pendule les bras en croix
S'est arrêtée
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NATURE MORTE-PORTRAIT

Le nil le calendrier et la blague à tabac
Nature
Comme doit être la peinture
Morte
Et la littérature
Une tête sans chevelure
Des yeux en trait
Une virgule
Un nez plat un méplat
Au front
Mon portrait
Mon cœur bat
Et c’est la pendule
Dans la glace je suis en pied
Ma tête fume
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Avec du sang dans les rigoles
Et tant de soleil sous la peau
Tant de promesse au creux des ombres
Et le ciel entre les barreaux
Avec du plomb dans les prunelles
Et des rires dans les ruisseaux
Dans l’éther où grouillent les nombres
Le vent rageur dans les roseaux
La lumière sur les décombres
Et la nuit aux cils des rideaux
Un malheur que rien ne console
La douleur et ses oripeaux
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Ces lignes à franchir
que je ne peux pas lire
Ces formes inouïes qui
ne veulent rien dire
que la mort
La mort étant le plus
juste prix
Le poids du corps
dans la balance

(p. 53)
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Mémoire


Une minute à peine
       Et je suis revenu
De tout ce qui se passait je n’ai rien retenu
Un point
  Le ciel grandit
       Et au dernier moment
La lanterne qui passe
       Le pas que l’on entend
  Quelqu’un s’arrête entre tout ce qui marche
On laisse aller le monde
       Et ce qu’il y a dedans
Les lumières qui dansent
       Et l’ombre qui s’étend
Il y a plus d’espace
       En regardant devant
Une cage où bondit un animal vivant
La poitrine et les bras faisaient le même geste
Une femme riait
       En renversant la tête
Et celui qui venait nous avait confondus
Nous étions tous les trois sans nous connaître
Et nous formions déjà
       Un monde plein d’espoir
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L'horizon s'incline
Les jours sont plus longs
Voyage
Un coeur saute dans une cage
Un oiseau chante
Il va mourir
Une autre porte va s'ouvrir
Au fond du couloir
Où s'allume
Une étoile
Une femme brune
La lanterne du train qui part
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J’ai trouve mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Je porte un cœur ou chaque mot a laisse son entaille
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Je voudrais écrire ton nom
D’une plume assourdie de respect
Comme on marche dans les lieux saints
Où L’on oserait pas parler
Même à voix basse
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Tous les dos sont tournés
Je regarde le mur
Une voix flotte à mon oreille
Une main sur la vitre
Et l'autre sont pareilles
Le soleil veut entrer
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LA PAROLE DESCEND


Tous les coquelicots ou les lèvres des femmes
            reflétés dans le ciel
Il a plu
Les enfants se noient sur le trottoir
Et le flot de la rue
La ville en entonnoir

De profil la journée glisse vers le couchant
Le pavé se descelle
Et les bêtes craintives
au bruit que fait le vent
          s’en vont
             Et elles s’appellent

Sur les balcons les vitres tremblent
             — un moment —
La maison a la fièvre
5 heures
à part la nuit qui se mêle au tournant
Les arbres en prières
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Sans entrer


Derrière la porte sans vitres, deux têtes de remords s'encadrent dans un sinistre jeu de
grimace amicale. Et par l'autre porte entr'ouverte ‒ celle qui les protège assez mal de la
nuit ‒ on aperçoit le rayon où s'alignent les livres, où se réfugient les rires et les mots
des veillées sous la lampe, sous la garde d'un très vieux portrait – menaçant de son
                            éternel sourire équivoque.
Et tout s'étouffe et s'assoupit en attendant le réveil, la lumière et la vie, et, plus que tout,
                            la fin de l'effroyable rêve.
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