Citations de Posy Simmonds (94)
C’est bizarre –les Français ont des pharmacies comme les Anglais ont des confiseries- il y en a partout, même dans un trou perdu comme Bailleville. Et partout on se fait bombarder de pub pour le corps –en ville, ça paraît normal, mais pas ici ! Ça me fout en l’air –je suis pas venue en Normandie pour penser aux crèmes pour les fesses.
Dit à Charlie que c’était la dernière fois qu’ils venaient. Aux prochaines vacances ils n’auront qu’à rester à Londres et gémir auprès de leur mère. Je SAIS qu’on s’ennuie ici –la campagne EST ennuyeuse. JE m’ennuie –ras-le-bol des mêmes boutiques, des mêmes visages, de passer ma vie à leur cuisiner des trucs pour les entendre faire beurk. Allée à Rouen et fait les courses de la semaine au Leclerc –plus rapide et moins cher. Qu’ils se bourrent de frites au micro-ondes à en vomir.
Toi et tes documentaires animaliers ! … Tu passes ta vie à espérer voir n’importe quoi s’accoupler…
J’ai un mauvais pressentiment pour Charlie en général.
C’est fou, mais je sens toujours sa vie en proie à une force maléfique. Je méprise la superstition et pourtant je redoute chaque jour d’apprendre sa mort soudaine. Je le sens dans mes tripes (les rillettes de porc, peut-être, ou alors Dutronc dit vrai, il faut que j’arrête le vin).
Comme je l'ai dit, c'est le printemps à présent et les pommiers de Bovery sont en fleurs. Il y a un camion de déménagement devant la maison : les nouveaux propriétaires s'installent. Ils sont anglais, eux aussi, comme les Bovery. Un couple. Il est plus âgé qu'elle, me dit Martine. Elle a croisé la femme dans l'allée. Elle s'appelle Jane. Jane Eyre.
- Martine ! Martine ! Devine quoi ! Devine...
Madame Bovary est notre voisine !!! Sans blague ! Ils sont Anglais mais ils s'appelent BOVARY !
BOVARY ! ... Incroyable non ?
Il y a juste un an, j'ai cédé à l'idéal caucasien : j'ai subi une rhinoplastie, autrement dit, j'ai refait mon nez.
(...)
Je ne dirais pas que je rêve de mon ancien nez, mais je comprends que je lui ai imputé mes échecs sentimentaux (sans ce nez, il m'aimerait). C'est le piège de la chirurgie. Aux laides, elle offre la chance d'un soi plus aimable. Pour les Belles, c'est un signe de détérioration, une tentative maladroite de maintenir la perfection. Un combat perdu. Nous devons apprendre à admirer la Beauté Intérieure, la seule qui compte vraiment. A ce qu'on dit.
Je sais que c'est dur. Des fois, le vie c'est une tartine de merde.
Pour devenir écrivain, il faut mentir de façon convaincante.
C'est comme si elle nous cueillait un à un, chacun recevant de plein fouet son rayonnement, son sourire, sa chaleur, son intérêt, le tout en apparence sincère et naturel.
J'ai cédé à l'idéal caucasien : j'ai subi une rhinoplastie , autrement dit , j'ai refait mon nez . J'ai échangé mon gros pif contre un modèle plus petit pour des raisons respectables : estime de soi , désir d'être NORMALE . Mais je mens . Je ne voulais pas être normale . Exceptionnelle , plutôt . Exceptionnellement séduisante , si possible . (...) .Maintenant , je fais tourner les têtes .
La vie des plus belles est-elle belle pour autant ? Oui et non . On vous mate plus , l'offre sexuelle augmente . Mais le sexe n'est pas meilleur . Parce que les hommes attendent plus des femmes belles .
Etrange, le genre de regard qu'une jolie femme s'attire. N'importe quelle autre créature belle et féconde - une superbe brebis mettons - est contemplée avec admiration. Ici je ne sens rien de tel. Je capte... du désir, oui, mais aussi surprise, irritation, désapprobation. Et pourquoi ce regard de Tamara à Nick quand il s'est éloigné.
"Ben, elle avait une sorte de gros pif...ça lui allait bien...moi, il me plaisait."
J'ai filé hors de sa vue, loin de ce qui, je le savais, me guettais : l'étreinte de la Réconciliation Publique. ça, je ne peux pas. Impossible. J'ai beau avoir cessé les hostilités avec Tamara, je n'en suis pas au stade des étreintes.
Si jamais j'y viens, je ne manquerais pas de le lui faire savoir.