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Critiques de Rachel Cusk (152)
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La dépendance

J'ai eu beaucoup de mal à apprécier La dépendance, de Rachel Cusk. Tout d'abord, la forme m'a déplu : cette espèce de long récit à un dénommé Jeffers est très désagréable. Je ne sais pas qui est ce Jeffers dont le nom revient régulièrement. Très pénible.

De plus, je n'aime pas ce procédé qui consiste à ne pas donner de nom à certains personnages, les plus importants d'ailleurs. La narratrice est M et le fameux peintre qu'elle invite dans sa propriété du marais est dénommé L. Par contre, les autres sont bien identifiés : Justine, la fille de M, Tony son second mari, Brett la jeune femme accompagnant L, Kurt le compagnon de Justine, etc…

Cela est sûrement un procédé littéraire déjà utilisé mais je n'adhère pas du tout et, à mon avis, cela nuit à la fluidité de la lecture. Alors, puisque j'avais écouté Rachel Cusk parler de son roman aux Correspondances de Manosque 2022, j'étais vraiment curieux de la lire, surtout que le beau bandeau Prix Femina étranger 2022 orne la couverture du livre.

En fait, La dépendance se révèle double. C'est d'abord une maison remise en état par M et Tony afin de pouvoir accueillir amis ou artistes tout près de leur résidence principale, au bord de l'océan, un endroit entouré de marais.

La seconde dépendance est beaucoup plus trouble et compliquée. C'est celle dont est victime, volontairement ou malgré elle, la narratrice, vis-à-vis de ce peintre célèbre : L.

Après avoir décommandé sa venue, l'accepte enfin l'invitation mais Justine et Kurt sont installés dans la dépendance. Qu'importe ! M et Tony leur demandent de laisser la place à l'artiste pour venir habiter avec eux dans la grande maison.

Débute alors une longue introspection pour cette femme souvent mal dans sa peau. Elle est fascinée par ce peintre, éprouve un sentiment trouble pour cet homme qui ne lui renvoie que du mépris.

Le fait que le peintre débarque avec Brett, beauté éblouissante, n'arrange pas les choses. La vie pratique de ces quatre personnes n'est qu'anecdotique mais elle permet d'apporter du liant dans leurs relations souvent surprenantes.

Rachel Cusk va bien au bout de l'histoire de ce peintre célèbre, tellement bizarre et imprévisible comme la plupart de ces génies… Blandine Longre, la traductrice, réussit admirablement à rendre le style d'une autrice à l'écriture et au vocabulaire très riches.

Quand on héberge un artiste qui ne laisse pas indifférente, il faut choisir entre sécurité et liberté, regarder par la fenêtre ou sortir de la maison. C'est le difficile dilemme que doit affronter la narratrice.

Dans La dépendance, Rachel Cusk développe avec talent ses conceptions de la féminité. Elle disserte sur les peintures de l'artiste, y revient souvent sans donner une vraie solution aux interrogations qui la dévorent. Heureusement, les paysages dans lesquels l'autrice fait évoluer son lecteur sont magnifiques et donnent envie de les découvrir.

Pourquoi L demande à Tony et à Justine de venir poser pour lui sans inviter celle qui n'attend que ça, celle qui en meurt d'envie ? Pour le savoir, il faut lire La dépendance, un roman qui trouve toute sa saveur dans cette admirable phrase finale : « L'art véritable revient à s'efforcer de capturer l'irréel. »


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La dépendance

Cet épisode somme toute banal que la narratrice choisit de nous conter, prend une dimension romanesque, sublimée par l’art d’écrire et d’emporter son lecteur dans un monde inspiré autant des soeurs Brontë que des classiques russes.



Au fond, l’histoire résumée est simple : la narratrice accueille en résidence un artiste peintre dont l’oeuvre l’avait séduite lors d’un séjour à Paris. L’homme est âgé, fragile, mais habitué à profiter de la générosité de ses admirateurs, il ne s’embarrasse pas scrupules : il accepte l’invitation mais vient accompagner d’une jeune femme encombrante.



Pour commencer, la narratrice met à distance le récit, entré dans les annales de sa vie personnelle, en s’adressant à un interlocuteur attentif, Jeffers. Ensuite elle introduit le récit en invoquant la présence d’une créature malfaisante qui lui aurait suggéré voire imposé les décisions qu’elle va prendre. Enfin nous découvrons le cadre dans lequel elle vit, une belle propriété, disposant d’une annexe, destinée à héberger l’artiste.



Le récit prend des allures de confidences et nous sommes conviés à l’histoire familiale, à petites touches, mais qui a son importance dans la configuration finale de cette aventure.



Chaque personnage est évalué à l’aune des valeurs qui comptent pour la narratrice. Elle-même règne sur le récit avec de nombreuses casquettes : épouse, mère, amante potentielle, femme mûre, égérie …



J’ai beaucoup aimé cette façon de mettre en valeur une histoire finalement peu originale mais sublimée par l’art de dresser des portraits criants de vérité et de l’auréoler d’un voile émotionnel qui hésite entre le fantastique et le subjectif.



J’aime cette plume forte et dense, qui m’emporte à chaque fois. Admirons aussi l’ambiguïté du titre.



2089 pages Gallimard 25 Août 2022
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Contour : Contour - Transit - Kudos

Dans cette trilogie, nous suivons Faye qui nous livre les confidences que lui font les gens qu'elle rencontre à un atelier d'écriture à Athènes, dans son nouveau quartier ou à un festival en Europe. Tous les moments de vie de parfaits inconnus, de rencontres de voyage, de vagues connaissances, passent par la plume avisée de Faye qui préfère aborder les thèmes importants des destins des autres plutôt que de se livrer. L'enfance, le travail, l'amour, le désamour, les enfants, les animaux, les amis, la famille, la solitude, la mort et j'en oublie certainement.



Ces vies sont passionnantes pour la plupart, mais ce que je souhaitais, la situation de Faye, est arrivé avec Transit, le deuxième volet de cette trilogie. Faye vient de divorcer et sur les conseils d'un ami, achète un logement social presque insalubre, dans lequel elle entreprend des travaux pour y habiter avec ses deux fils. le quartier pourrait être agréable s'il n'y avait ses voisins de dessous qui sont sales, agressifs et qui n'acceptent pas du tout son arrivée. Les ouvriers qui travaillent dans son appartement sont dépassés par l'agressivité des voisins et pour calmer la situation vont régulièrement écouter leurs doléances en leur donnant raison ce qui contrarie, et cela se comprend, notre narratrice. Ses fils sont partis vivre chez leur père.



D'une plume lucide, Faye débusque les mensonges, les exagérations dans les confidences. Elle peut comparer, se retrouver ou se détacher de tous ces récits. La condition féminine est présente et je l'avoue c'est ce que je préfère dans les récits de Rachel Cusk.



Ce roman est comme le sac à main, fourre tout, d'une femme : il est rempli à bloc !



Un grand merci à l'équipe de Babelio Masse critique littératures de septembre.
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Disent-ils

Je me souviens avoir lu une liste dans une grande revue littéraire anglaise sur les romans récents qui repoussent le plus les limites de la narration. Celui-là figurait en tête de palmarès, je l'ai donc acheté, curieux.



Quelle déception!



Je ne peux pas vous dire si l'auteur de la liste est analphabète, ou si la littérature blanche anglaise est à des kilomètres (ou miles) de ce qui se fait en littérature de l'imaginaire ou francophone.



Ce livre est nul. L'histoire est sans intérêt. Une autrice anglaise part en Grèce. À moitié pour prendre des vacances, à moitié pour donner un cours de création littéraire pendant l'été. On y apprendra surtout sur la vie des personnages qu'elle rencontrera.



Je pourrais pardonner ça si l'exercice de style était intéressant, mais ce n'est même pas le cas. On y lit une plume très impersonnelle. La personnalité, les pensées, l'identité de la narratrice flottent en surface sans qu'on les atteignent. On voit surtout comment elle recrée la vie des gens qu'elle rencontre dans sa tête.



Le résultat est une narration de style "scaphandre", on est à l'intérieur des mécanismes de défense du personnage.



Truc que j'ai vu des centaines d'auteurs faire. Mieux. Et la plupart réussissent à raconter une histoire par dessus ça.
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Arlington Park

Avis aux amateurs/trices de romans d’action, d’intrigues familiales à rebondissements ou même de potins de voisinage, passez votre chemin, Arlington Park ne peut rien pour vous.

Car il ne se passe rien dans cette petite ville anglaise de la banlieue londonienne. Rien, à part les embouteillages du centre-ville, le parcours du combattant des mères de famille conduisant leurs enfants à l’école, la virée shopping culpabilisante parce que jouissive (ou l’inverse) de ces mêmes mères dans un de ces centres commerciaux sinistres en bordure d’autoroute, la routine métro-boulot-dodo des maris de ces dames, et la pluie, la pluie. Tout ça est d’un ennui mortel.

Mortel, vous avez dit mortel ? Oui, car bien qu’il n’y ait ni meurtre ni autre fait divers sanglant, il est pourtant question ici d’assassinat. Rassurez-vous, rien de violent, ni même d’illégal. Rien qu’une lente mais sûre tuerie de masse dont les victimes sont les femmes et les coupables leurs maris, leurs enfants, le regard des autres et la pression de la société, qui exige la perfection.

Vous commencez à comprendre, l’auteur nous parle du mariage, « l’autre nom de la haine », et de la maternité, ces assassins qui prennent les femmes au piège dès la noce à la mairie.

L’auteur nous présente donc tour à tour Juliet, Christine, Maisie et quelques autres (je dois avouer n’avoir pas retenu les prénoms de ces dignes ménagères, ni ceux des maris et enfants, tellement ils m’ont semblé interchangeables). Ces jeunes mères au foyer en pilotage automatique traînent leur ennui et leur épuisement de la même façon qu’elles traînent à bout de bras leur progéniture sur le chemin de l’école. Esclaves du train-train quotidien, voilà que tout à coup leurs consciences se rappellent à leur souvenir pour leur demander ce qu’elles ont fait de leurs rêves et de leurs espérances, et pourquoi elles ont été incapables de résister et de vivre par et pour elles-mêmes.

Il y aurait eu là matière à un essai sociologique sur la condition de la femme au foyer de la middle class britannique. Mais en faire un sujet de roman, je trouve que c’est un peu raté. Ce livre est ennuyeux, déprimant, énervant. Ces bonnes femmes sont pathétiques (mention spéciale à Christine), aussi attachantes que des portes de grange, on a juste envie de les secouer pour les sortir de leur torpeur. On passe les 350 pages du roman dans leurs têtes, en introspections lugubres et aseptisées. Car il pourrait y avoir des cris, de la colère, de la révolte, des larmes, mais non. Tout est plat. A peine quelques actes de rébellion pour relever un électroencéphalogramme moribond: un changement de coiffure, une boîte en plastique jetée contre un mur, un maquillage provocant,…Comme des hurlements qu’on oserait seulement chuchoter.



Bref, je n’ai pas aimé ce livre, à vous dégoûter des enfants. Trop cérébral, trop négatif. Car il n’est jamais question de joie, de bonheur, de tendresse, ni, surtout, d’amour. Ca manque terriblement de chaleur humaine. La vie de couple et la maternité ne sont certainement pas toujours roses (et l’auteur se charge de faire voler en éclats tous les clichés du genre), mais j’ai du mal à concevoir que la vie de ces femmes puisse être aussi triste et pauvre. C’est peut-être ça que l’auteur essaie de nous dire : il ne sert à rien de rester assis à se lamenter sur son sort : soit on se contente de ce qu’on a et on arrête de se plaindre, soit on se révolte et on cherche le bonheur là où il se cache.

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Arlington Park

Mortel ennui... Voilà un des rares livres qu'on m'avait tellement recommandé et qui m'a tellement déçue. Voilà pourquoi j'ai tellement de mal à me fier aux encensements de la presse littéraire quand il s'agit de m'intéresser à une oeuvre contemporaine.



Une histoire aussi terne, grise et désagréable que la pluie londonienne qui noie le roman d'un bout à l'autre.
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La dépendance

M, écrivaine d'une cinquantaine d'années, s'adresse, par lettres pensons-nous, à un certain Jeffers, ami et écrivain lui aussi, pour lui relater un épisode de sa vie, dans une temporalité proche du confinement.

Elle s'est installée avec son deuxième mari, Tony, dans une maison située dans une région de marais offrant un paysage enchanteur, en Angleterre peut-être. En emménageant, ils ont découvert une deuxième petite maison cachée, la dépendance, qu'ils restaurent et décident de transformer en résidence d'artistes. Ils sont bientôt rejoints, au gré des évènements, par sa fille et son compagnon, ainsi que par un artiste peintre L. Ce dernier arrive inopinément avec une jeune et belle créature d'une trentaine d'années, pas invitée et donc attendue.

Vous penserez que nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevillesque, décrite comme telle en quatrième de couverture pour attirer le chaland, et bien pas du tout. Les différents personnages annexes ont finalement assez peu d'importance, le coeur du roman étant consacré, d'une part, à la relation entre les deux protagonistes principaux, ceux qui ne sont pas dotés de prénoms, M et L, et d'autre part, à une plongée en apnée dans la psyché tourmentée de la narratrice, sous la forme d'une sorte de flux de conscience, que la genre épistolaire permet.

M, touchée au plus profond d'elle même, lors d'une visite à Paris, par les toiles de L qui ont joué sur elle un rôle de révélateur, nourrit le rêve, depuis, d'inviter le peintre et de nouer avec lui un lien dont elle ne maîtrise pas vraiment les ressorts. Est-ce une aventure amoureuse ou L représente-t-il une figure paternelle ?

C'est avant tout la rencontre entre deux créateurs qui ne parviennent pas à s'accorder, à se respecter, et dont les univers mentaux ne peuvent cohabiter, s'encastrer, l'un et l'autre courant le risque de l'envahissement et de l'anéantissement. Ils craignent l'emprise et la prise de contrôle de l'un sur l'autre.

M en proie à un questionnement intérieur taraudant, à des doutes incessants sur son être, sa féminité, sa présence au monde, la maternité, ne parait pas de taille à affronter ce monstre de fatuité. Elle s'interroge inlassablement et métaphysiquement sur son existence, son rapport à la réalité, au réel, à la vérité et cela donne lieu, dans le livre, à certains passages abscons, énigmatiques qui peuvent décourager le lecteur -je me suis posée des questions sur la qualité de la traduction-.

Est-elle si fragile que cela ? N'est-ce pas l'image qu'elle souhaite donner d'elle ? Les autres ne paraissent pas la percevoir ainsi.

Qui sortira vainqueur de ce combat d'égos ? de quelle dépendance parlons-nous dans ce livre ? Ce mot polysémique a été particulièrement bien choisi dans la version française.

On se demande jusqu'au bout de quoi on parle exactement dans La dépendance, sans que cela ait gêné ma lecture. Les accents woolfiens de plus en plus marqués au fil de l'ouvrage nous donnent un éclairage ; la dernière page également, où l'autrice mentionne sa source d'inspiration et l'origine des deux initiales (Mais chut...).

Rachel Cusk confirme ici, avec son roman à tiroirs, son art de sonder les êtres et les affres de la création artistique, son talent de romancière anglaise digne successeur (pas de féminin en français) des plus grandes, inscrite dans la tradition littéraire britannique.

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La dépendance

Les phrases de Rachel Cusk sont longues, tortueuses. Elles tâchent vainement d'analyser les traumatismes d'une femme dont le malaise et le mal-être nous restent totalement étrangers, les racines du processus créatif, la manière dont l'héroïne perçoit le monde et dont le monde la perçoit. La dépendance est au cœur de ce livre, dans tous les sens du terme (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/30/la-dependance-rachel-cusk/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Disent-ils

Une romancière en voyage à Athènes pour animer un cours d’écriture croise sur sa route différentes personnes qui vont lui raconter un pan de leur vie, dessinant en creux le portrait de l’héroïne principale, dont on ne sait rien, sauf le prénom (et encore, on l’apprend au détour d’une conversation, aux trois-quarts de l’ouvrage). Si le résumé est rapide à faire (il n’y a pas d’action supplémentaire), en revanche, le roman est d’une profondeur psychologique remarquable.



En effet, sans qu’elle semble le chercher au départ, l’héroïne de Rachel Cusk attire les confidences : celles d’un milliardaire qui souhaite créer un magazine littéraire, d’un homme dans l’avion vers Athènes qui lui raconte ses trois mariages malheureux, et qu’elle reverra ensuite en ville pour quelques baignades, d’un collègue universitaire, des étudiants qui assistent à son cours, d’une romancière féministe, etc. Une galerie de portraits, et le plus souvent de relations amoureuses malheureuses ou disparues, est ainsi proposée au lecteur, dans lesquels l’héroïne intervient peu à peu, pour creuser quelques aspects, comme si ces histoires pourraient lui servir pour ses romans futurs. Mais c’est également le portrait « extime » d’une femme, d’un écran blanc qu’on a ensuite l’impression étrange de connaître, bien que superficiellement, alors qu’on referme le livre sans rien savoir d’elle.



Et cette froideur, une certaine solitude, se dégageant de l’ensemble m’ont empêchée d’entrer véritablement dans l’ouvrage. C’est très bien écrit, j’ai pris plaisir à lire les différents récits qui composent cet ouvrage, mais je n’ai pas réussi à entrer véritablement dans leur vie (ni dans ce dernier, d’ailleurs). Comme si la mise à distance, la réserve que l’héroïne met entre elle et les autres, ou ne veut pas rompre, m’avait mise également à l’écart de ce roman.
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La dépendance

Prix Fémina 2022, bizarre.

J’aurais envie de dire, comme quand on parle d’une personne qu’on vient de rencontrer pour la première fois, que Rachel Cusk a réussi à me dérouter. Au sens propre comme au sens figuré. J’ai ressenti ce dilemme du fait que d’un côté j’ai été captivée par l’histoire, mais que de l’autre j’ai souvent eu du mal à décoder les phrases de Rachel Cusk, à suivre avec des personnages prénommés L. ou M., et donc du mal pour suivre l’évolution de l’histoire. Etait-ce l’autrice ? ou est-ce la traductrice Blandine ? ou était-ce moi qui avait un cerveau en berne ? En tout cas, l’écriture fourchue, entortillée m’a très, trop souvent déconcertée. Heureusement qu’en toute fin du livre on a une jolie surprise en découvrant de quelle artiste elle a révélé l’histoire vraie.

L’histoire de base n’a finalement rien révélé de plus intéressant que ce que la 4ème de couverture annonçait, à savoir une femme de 50 ans qui décide d’inviter un artiste peinte de près de 80 ans qui débarque avec une jeune femme, avec tout ce que cela peut créer de vaudevillesque. Rien de tonitruant dans ce huis clos.

J’aurais dû lire les appréciations de quelques babéliotes au lieu de persévérer dans ma lecture et d’essayer de trouver l'explication à l’obtention d’un prix pour cette oeuvre.
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Arlington Park

J'ai trouvé , pour ma part, ce livre assez réussi! Dans ce qu'il voulait décrire.. Agréable à lire, c'est autre chose..

Ce groupe de femmes, étudiées ( c'est le mot, elles sont décrites avec une précision d'entomologiste!) par Rachel Cusk dans un intervalle de temps donné sont toutes différentes, mais leur point commun, c'est leur impossibilité à agir. Certaines en sont conscientes, d'autres pas.

Piégées, coincées, elles sont. En cage dans leur Arlington Park ! Une vie rangée, programmée, et un horizon identique.



"Christine n'avait jamais cru bon de faire le tri alors que tout lui semblait du pareil au même; mais maintenant, elle se demandait si ce n'était pas exactement cela qui vous maintenait à votre place, cette acceptation des choses, de sorte que vous tourniez continuellement en rond et n'arriviez jamais nulle part. Si vous acceptiez les choses, où aller quand elles devenaient insupportables? A qui le dire? Il fallait de la place pour le changement-il fallait de la place pour l'imprévu!"



"-On aurait dit que la fin du monde allait arriver, observa Christine d'un ton morose.

- Parfois je me dis que c'est déjà fait, dit Maisie, avec une sorte de dignité hésitante. Du moins notre petit bout à nous.."





Alors, il y a les révoltes.A leur niveau. L'oubli de la tarte au citron et le poulet trop cuit pour le dîner de 8 ( sujet de discussion, les permis de construire...) parce que le mari n'a pas aidé, et la mère de famille nombreuse qui projette furieusement les boîtes-repas de ses enfants sur le mur de la cuisine en hurlant qu'ils lui gâchent la vie . Et qui calme son exaspération en regardant les miettes et les croûtes de sandwich retomber en lent crépitement sur le plan de travail.



Que du bonheur ordinaire, Arlington Park..



Je viens de voir l'adaptation française d'Isabelle Czajka , La vie domestique.

Transposé dans la banlieue parisienne, le film m'a semblé plus.." soft"? Moins violent, moins grinçant que ce qui était, pour moi, un exercice de style plutôt réussi sur l'ennui ordinaire de la mère de famille qui a du laisser de côté ses ambitions et intérêts professionnels propres. D'abord il semble moins pleuvoir, dans Arlington Park, il pleut en permanence ce qui rajoute au confinement. Les sujets de discussion de ces fameux dîners de voisins changent , mais après avoir passé des heures à les préparer, comme il se doit, on s'y embête tout autant !

Et puis, dans le film, on sent vraiment qu'il y en a au moins une qui va agir ( à son niveau, en commençant par dire non, après un dialogue très fin avec sa mère qui lui fait ressentir ce temps qui passe) . Et on peut espérer qu'au prochain dîner , la tarte au citron va aller s'écraser sur la tête du chef d'entreprise, celui qui lui demande si animer des ateliers de lecture pour des jeunes filles en difficulté scolaire a vraiment une utilité vu ce qu'elles vont devenir, et rajoute: ah, mais , bien sûr, il faut bien que vous vous occupiez un peu.."

De l'action!!!

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La dépendance

Née en 1967 au Canada, Rachel Cusk vit en Angleterre depuis 1974. Romancière, essayiste, elle a été finaliste du Booker Prize avec "Egypt Farm". Sa récente trilogie - "Disent-ils", "Transit" et "Kudos" - a connu un retentissement international. En France, les Éditions de l'Olivier publient son œuvre depuis "Arlington Park" (2007). Son dernier ouvrage, "La dépendance", est publié aux éditions Gallimard.

C’est avec beaucoup de malice que Rachel Cusk décortique le large éventail des rapports humains et la légitimité de la vocation artistique dans “La dépendance”, un huis clos piquant et fascinant que l’on découvre en se plongeant dans le flot de pensées de M, une Mrs Dalloway des temps modernes.



La tension dramatique du roman concerne principalement M, la narratrice et L, l’artiste qu’elle admire : son désir d’être vue, de savoir si elle existe vraiment à travers son regard et son refus à lui d’être attiré par ce qu’il considère comme étant sa volonté de femme.

À quel point la personnalité d’un artiste compte-t-elle ? Comment se fait-il qu’un être horrible puisse, au nom de l’art, produire du beau et des choses porteuses de sens ? Qu’est-ce que cela dit de nous qui consommons et absorbons l’art des autres ? Absorbe t-on aussi une partie de la personnalité de l’artiste ?

Le livre se transforme donc en une sorte de combat à mort entre ces deux personnages.

Traduit de l’anglais, "La dépendance", a connu un fort succès dans de nombreux pays et a notamment été finaliste du célèbre prix littéraire Booker Prize 2021.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La dépendance

« J'ai du mal à exprimer exactement ce que je ressentais, Jeffers, sauf qu'il y avait au creux de moi une sorte de déception hébétée à laquelle je ne trouvais pas de motif légitime. »

Pareil pour moi à la lecture de cet insipide récit tourmenté.

La narratrice, M, invite un artiste-peintre globe-trotter, L, à séjourner dans une dépendance jouxtant la propriété qu'elle partage avec son mari Tony. Une résidence artistique dont elle attend un déblocage sur le plan personnel, ce qu'elle confie après coup à un certain Jeffers, duquel on n'apprendra rien. Le reste tourne autour de ce non-événement, remâché et enrobé d'une écriture qui se prend au sérieux avec des phrases totalement vides de sens. Un style prétentieux qui ne m'a pas convaincue, même auréolé du Prix Femina.

Un roman d'une platitude ineffable!



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La dépendance

J'ai voulu lire ce roman car il a obtenu le prix Femina étranger. J'avais déjà lu "Arlinghton park " et pas trop aimé. Il en a été de même avec celui-ci. Je me suis ennuyée comme rarement dans un roman, j'ai sauté des pages. Je n'ai eu aucune sympathie pour les personnages : M. romancière qui s'auto-analyse tout le temps, L. artiste peintre égocentrique et odieux, Brett la petite amie superficielle.

Seul Tony, le mari, m'a paru sincère et moins pénible que les autres car au moins il ne parle pas inutilement et ne se mêle pas de la vie des autres.

Le cadre du roman est magnifique : la mer, les marais, une belle maison et une dépendance. Plusieurs personnages dans le même lieu mais il ne se passe pas grand chose, à part des gens qui parlent et qui ont une mauvaise influence les uns sur les autres.

Roman trop bavard et philosophique pour moi, mais ce n'est que mon avis.
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Arlington Park

Après Les variations Bradshaw, c’est ma deuxième lecture de Rachel Cusk, pour son premier roman traduit en français. Et j’ai une fois de plus été époustouflée par la maîtrise, le sens de la construction et de la narration, en un mot l’intelligence de cet écrivain. Si Les variations parcouraient une année, ici l’action est resserrée sur une journée, et encore une fois le début et la fin se rejoignent : le matin, Juliet Randall émerge d’une nuit de cauchemar, un lendemain de soirée trop arrosée, et la soirée s’achève chez Christine Lanham, complètement bourrée après une journée « difficile ».



Le roman pourrait presque être une suite de nouvelles, puisque chaque moment de la journée correspond à un univers féminin bien particulier, à un type de frustration, souvent lié au mariage, aux maternités, à l’incommunicabilité profonde entre els êtres, aux jalousies, aux rêves brisés, ou à l’impossibilité de retrouver en soi ses rêves, ses désirs d’enfant. Certaines frôlent ou s’enfoncent sans le savoir dans la dépression, voire même la folie, certaines parviennent à survivre grâce à un détachement, une forme d’absence aux autres, ou en se glissant dans la vie d’une autre qui occupe la chambre d’amis.



Mais ces femmes sont liées par cette banlieue de Londres qu’elles connaissent depuis toujours, ou qu’elles ont choisi pour horizon de leurs velléités de bonheur. En arpentant jour après jour les rues de la ville, les cours d’école, le parc et le centre commercial, elles prennent la mesure du vide, elles extirpent les racines de leur mal-être pour mieux les enfouir et se réengloutir dans un quotidien noyé de pluie. Car la pluie ne cesse de tomber sur Arlington Park tout au long de cette journée, comme un symbole de gris et de boue sur ces destins perdus. Autre élément récurrent : les cuisines familiales, dont le décor reflète les ambitions ou les défections des unes et des autres.



Sans défense contre elles-mêmes, toutes ces femmes d’Arlington Park le sont sans doute. Elles m’ont fait penser parfois aux héroïnes des Heures de Michael Cunningham ou à la Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Mais elles m’ont un peu flanqué le cafard, je dois bien l’avouer ! Si le roman est aussi passionnant dans son intelligence, je garderai peut-être une petite préférence pour Les variations Bradshaw, parce que c’était ma première rencontre avec Rachel Cusk !
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Arlington Park

C'est en voyant le film la vie domestique avec emmanuelle devos sorti l'an passé que je me suis rappelé avoir lu en 2009 à sa sortie ce roman anglais dont il est tiré... et je me suis souvenu avoir été un peu déçu par ce film très apprécié par la critique et qui suit le quotidien de "despesrates housewifes" anglaises. vivant dans une banlieue lyonnaise plutot aisée..l'écriture est belle mais le problème est qu'il est difficile de ne pas être ennuyeux en décrivant un quotidien qui l'est ...après 100 pages la monotonie l'avait emporté...dommage!!
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Disent-ils

Rachel Cusk fait partie de ces auteurs dont je sens que je devrais aimer, un jour au moins, ce qu'ils écrivent, même si je n'ai pas eu pour le moment le sentiment de me retrouver dans ce que j'ai lu. J'avais eu l'impression que tout le monde aimait Arlington Park, alors que j'étais restée relativement indifférente tout en pensant qu'il fallait suivre cette plume. Avec Contrecoup, récit plus personnel d'une séparation, je n'avais pas non plus éprouvé grand chose.



"Nous en sommes venus à attendre de l'existence ce que nous attendons des livres."

Disent-ils a au contraire su m'attraper tout de suite pour ne plus ma lâcher jusqu'à la fin. C'est sans doute dû en partie à sa structure originale où des personnes, rencontrées par la narratrice lors d'un séjour à Athènes, ville où elle va animer un atelier d'écriture, prennent la parole et dialoguent avec elle. Cette romancière anglaise a le don de savoir écouter, d'être vraiment à l'écoute, et de laisser venir à elle des confidences fort intéressantes, sur la vie, sur l'amour, la famille ou la création artistique.



"Les gens intéressants sont comme des îles, dit-il : on ne tombe pas sur eux par hasard dans la rue ou à une fête, il faut savoir où ils se trouvent et s'arranger pour les rencontrer."

Le fait que cela se passe en Grèce, la diversité des personnes rencontrées, certaines d'entre elles étant fort originales, la subtilité des sujets abordés lors de conversations, tout ceci m'a subjuguée, et j'ai été ravie d'apprendre qu'il s'agissait du premier tome d'une trilogie. J'ai adoré toute cette réflexion sur le discours d'autrui et sur la manière dont on le reçoit, aucun des protagonistes ne m'a laissée indifférente avec une préférence pour certains, comme cette auteure qui se découvre différente hors de la présence de son mari, ou le voisin d'avion de la narratrice, qui se dévoile petit à petit, ou encore cette femme qui n'arrive plus à écrire des pièces de théâtre, car elle a pris l'habitude de résumer toutes les situations qu'elle affronte d'un seul mot...






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Contrecoup

Aussitôt commencée, aussitôt terminée... brève fut la lecture de ce livre... je n'ai pas accroché du tout. J'ai trouvé que l'auteure abusait à outrance du féminisme et cela m'a très vite agacée.
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La dépendance

J’ai choisi ce livre car il a reçu le prix Femina étranger en 2022.

C’est la première fois que je fais la critique d’un livre que j’ai eu du mal à finir, je pense que je suis passée à côté.

Ce livre est inspiré des mémoires de Mabel Dodge Luhan qui a reçu chez elle l’écrivain D.H. Lawrence (la note est à la fin du livre). Je ne connaissais pas ces mémoires mais je ne pense pas que cela gêne la compréhension du roman. Ici, il s’agit d’une femme qui après avoir vu les tableaux d’un artiste peintre dans une galerie décide de l’inviter à séjourner chez elle dans un endroit isolé au milieu d’un marais. Le titre, La Dépendance, fait référence à l’annexe qui servira de lieu de résidence au peintre. Le lecteur peut supposer qu’il se noue une relation entre ces deux personnes, deuxième sens du mot dépendance.

Le roman est écrit à la première personne, il s’agit d’une confession à un ami dont on ne connaitra que le nom. Le lecteur doit être très vigilant pour lire ces longues phrases au ton uniforme, toujours sur le même rythme. L’autrice passe du temps à décrire les personnages, la femme, le peintre, le mari, la fille jeune adulte. Malgré cela, ils n’ont pas d’épaisseur, nous ne percevons pas leur passé, leurs idées, leurs actions. Il est difficile de comprendre le comportement de chacun. Le peintre accueilli reste dans la dépendance en évitant le contact avec la femme. Elle tombe, je crois, « amoureuse » de l’artiste sans le voir. Tout ceci est obscur, nous ne comprenons pas le comportement des protagonistes.

Seule, la description du marais au milieu de nulle part, lieu où se déroule le récit, m’a donné des moments d’émotion.

Livre lu dans le cadre de Masse critique. Je remercie Babelio et Gallimard pour l’envoi du livre.

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La dépendance

Que de mots pour ne rien dire ! Des descriptions à n'en plus finir sur des sujets qui n'offrent aucun intérêt. La narratrice se complaît dans un soliloque intimiste sur son existence. Les autres personnages de ce groupe, le mari, la fille et son amant, L et sa maîtresse, ne sont guère enthousiasmants. Bref, je m'ennuie en lisant ce roman (?) et je saute des pages pour progresser dans le récit.
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