AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Justine de Mazères (Traducteur)
EAN : 9782757810064
263 pages
Points (21/08/2008)
2.86/5   255 notes
Résumé :
Les femmes d’Arlington Park – une banlieue résidentielle en Angleterre – ont tout pour être heureuses. En apparence.

Car il n’en est rien. Derrière ces vies tirées au cordeau, frustrations, jalousies, déceptions règnent sans partage.

Juliet Randall, Maisie Carrington, Amanda Clapp, Solly Keir-Leigh : chacune a le sentiment d’être passée à côté de sa vie. Chacune tente de se révolter, de résister à la banalité, au passage du temps qui ém... >Voir plus
Que lire après Arlington ParkVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
2,86

sur 255 notes
Avis aux amateurs/trices de romans d'action, d'intrigues familiales à rebondissements ou même de potins de voisinage, passez votre chemin, Arlington Park ne peut rien pour vous.
Car il ne se passe rien dans cette petite ville anglaise de la banlieue londonienne. Rien, à part les embouteillages du centre-ville, le parcours du combattant des mères de famille conduisant leurs enfants à l'école, la virée shopping culpabilisante parce que jouissive (ou l'inverse) de ces mêmes mères dans un de ces centres commerciaux sinistres en bordure d'autoroute, la routine métro-boulot-dodo des maris de ces dames, et la pluie, la pluie. Tout ça est d'un ennui mortel.
Mortel, vous avez dit mortel ? Oui, car bien qu'il n'y ait ni meurtre ni autre fait divers sanglant, il est pourtant question ici d'assassinat. Rassurez-vous, rien de violent, ni même d'illégal. Rien qu'une lente mais sûre tuerie de masse dont les victimes sont les femmes et les coupables leurs maris, leurs enfants, le regard des autres et la pression de la société, qui exige la perfection.
Vous commencez à comprendre, l'auteur nous parle du mariage, « l'autre nom de la haine », et de la maternité, ces assassins qui prennent les femmes au piège dès la noce à la mairie.
L'auteur nous présente donc tour à tour Juliet, Christine, Maisie et quelques autres (je dois avouer n'avoir pas retenu les prénoms de ces dignes ménagères, ni ceux des maris et enfants, tellement ils m'ont semblé interchangeables). Ces jeunes mères au foyer en pilotage automatique traînent leur ennui et leur épuisement de la même façon qu'elles traînent à bout de bras leur progéniture sur le chemin de l'école. Esclaves du train-train quotidien, voilà que tout à coup leurs consciences se rappellent à leur souvenir pour leur demander ce qu'elles ont fait de leurs rêves et de leurs espérances, et pourquoi elles ont été incapables de résister et de vivre par et pour elles-mêmes.
Il y aurait eu là matière à un essai sociologique sur la condition de la femme au foyer de la middle class britannique. Mais en faire un sujet de roman, je trouve que c'est un peu raté. Ce livre est ennuyeux, déprimant, énervant. Ces bonnes femmes sont pathétiques (mention spéciale à Christine), aussi attachantes que des portes de grange, on a juste envie de les secouer pour les sortir de leur torpeur. On passe les 350 pages du roman dans leurs têtes, en introspections lugubres et aseptisées. Car il pourrait y avoir des cris, de la colère, de la révolte, des larmes, mais non. Tout est plat. A peine quelques actes de rébellion pour relever un électroencéphalogramme moribond: un changement de coiffure, une boîte en plastique jetée contre un mur, un maquillage provocant,…Comme des hurlements qu'on oserait seulement chuchoter.

Bref, je n'ai pas aimé ce livre, à vous dégoûter des enfants. Trop cérébral, trop négatif. Car il n'est jamais question de joie, de bonheur, de tendresse, ni, surtout, d'amour. Ca manque terriblement de chaleur humaine. La vie de couple et la maternité ne sont certainement pas toujours roses (et l'auteur se charge de faire voler en éclats tous les clichés du genre), mais j'ai du mal à concevoir que la vie de ces femmes puisse être aussi triste et pauvre. C'est peut-être ça que l'auteur essaie de nous dire : il ne sert à rien de rester assis à se lamenter sur son sort : soit on se contente de ce qu'on a et on arrête de se plaindre, soit on se révolte et on cherche le bonheur là où il se cache.
Commenter  J’apprécie          408
Mortel ennui... Voilà un des rares livres qu'on m'avait tellement recommandé et qui m'a tellement déçue. Voilà pourquoi j'ai tellement de mal à me fier aux encensements de la presse littéraire quand il s'agit de m'intéresser à une oeuvre contemporaine.

Une histoire aussi terne, grise et désagréable que la pluie londonienne qui noie le roman d'un bout à l'autre.
Commenter  J’apprécie          342
J'ai trouvé , pour ma part, ce livre assez réussi! Dans ce qu'il voulait décrire.. Agréable à lire, c'est autre chose..
Ce groupe de femmes, étudiées ( c'est le mot, elles sont décrites avec une précision d'entomologiste!) par Rachel Cusk dans un intervalle de temps donné sont toutes différentes, mais leur point commun, c'est leur impossibilité à agir. Certaines en sont conscientes, d'autres pas.
Piégées, coincées, elles sont. En cage dans leur Arlington Park ! Une vie rangée, programmée, et un horizon identique.

"Christine n'avait jamais cru bon de faire le tri alors que tout lui semblait du pareil au même; mais maintenant, elle se demandait si ce n'était pas exactement cela qui vous maintenait à votre place, cette acceptation des choses, de sorte que vous tourniez continuellement en rond et n'arriviez jamais nulle part. Si vous acceptiez les choses, où aller quand elles devenaient insupportables? A qui le dire? Il fallait de la place pour le changement-il fallait de la place pour l'imprévu!"

"-On aurait dit que la fin du monde allait arriver, observa Christine d'un ton morose.
- Parfois je me dis que c'est déjà fait, dit Maisie, avec une sorte de dignité hésitante. du moins notre petit bout à nous.."


Alors, il y a les révoltes.A leur niveau. L'oubli de la tarte au citron et le poulet trop cuit pour le dîner de 8 ( sujet de discussion, les permis de construire...) parce que le mari n'a pas aidé, et la mère de famille nombreuse qui projette furieusement les boîtes-repas de ses enfants sur le mur de la cuisine en hurlant qu'ils lui gâchent la vie . Et qui calme son exaspération en regardant les miettes et les croûtes de sandwich retomber en lent crépitement sur le plan de travail.

Que du bonheur ordinaire, Arlington Park..

Je viens de voir l'adaptation française d'Isabelle Czajka , La vie domestique.
Transposé dans la banlieue parisienne, le film m'a semblé plus.." soft"? Moins violent, moins grinçant que ce qui était, pour moi, un exercice de style plutôt réussi sur l'ennui ordinaire de la mère de famille qui a du laisser de côté ses ambitions et intérêts professionnels propres. D'abord il semble moins pleuvoir, dans Arlington Park, il pleut en permanence ce qui rajoute au confinement. Les sujets de discussion de ces fameux dîners de voisins changent , mais après avoir passé des heures à les préparer, comme il se doit, on s'y embête tout autant !
Et puis, dans le film, on sent vraiment qu'il y en a au moins une qui va agir ( à son niveau, en commençant par dire non, après un dialogue très fin avec sa mère qui lui fait ressentir ce temps qui passe) . Et on peut espérer qu'au prochain dîner , la tarte au citron va aller s'écraser sur la tête du chef d'entreprise, celui qui lui demande si animer des ateliers de lecture pour des jeunes filles en difficulté scolaire a vraiment une utilité vu ce qu'elles vont devenir, et rajoute: ah, mais , bien sûr, il faut bien que vous vous occupiez un peu.."
De l'action!!!
Commenter  J’apprécie          201
Un roman fin et subtil comme je les aime. Juliet, Solly, Christine, Maisie ou encore Maggie vivent dans une banlieue cossue de Londres. Ces femmes ont tout pour être heureuses. de l'argent, une belle maison, de beaux enfants…Bref, toutes les cases pourraient être cochées. Et pourtant, malgré leurs situations, plus qu'envieuses (d'apparence), elles n'échappent pas à une des caractéristiques principales de la nature humaine : l'insatisfaction. Chronique serais-je tentée d'ajouter.
C'est avec un immense plaisir que pour la seconde fois (j'avais lu ce roman peu après sa sortie) je retrouve la plume aiguisée, souvent tranchante, de Rachel Cusk et l'atmosphère lourde, parfois suffocante (malgré la pluie qui ne cesse de tomber de la première à la dernière page) de Arlington Park. Plusieurs soirs de suite, une fois la maison silencieuse, je n'eus qu'une hâte : celle de retrouver les habitantes de Arlington Park et de leur accorder toute mon attention, me laissant aller à leurs confidences. J'appréhendais un peu cette relecture. Ce roman que j'avais adoré, me ferait -il le même effet pratiquement dix ans plus tard ? Avec les années, on évolue. La perspective que nous avons des choses perdure-t-elle ? Personnellement, je ne le pense pas. Néanmoins, c'est avec un plaisir inchangé que j'ai partagé vingt quatre heures de la vie de ces femmes qui divulguent les plus profondes et les plus personnelles de leurs pensées et ce, sans détour :
 » Eh bien, dit-elle, espérons que vous ne finirez pas comme ça.
                 – Pas question ! cracha Sara. Aucune chance. Je n'aurai pas d'enfants. Je vivrai seule. Et je ne me marierai jamais. le mariage est l'autre nom de la haine.
                Eh bien voilà, pensa Juliet. » 
L'aliénation domestique et conjugale est un thème que j'affectionne en littérature. Tout d'abord, parce que celui-ci concerne beaucoup de femmes mais aussi et surtout parce que, et ce bien que nous soyons au 21ème siècle, il est toujours tabou ! Arlington Park en est la parfaite illustration et Rachel Cusk, l'excellente ambassadrice. J'ai senti du Virginia Woolf dans cette auteure contemporaine.
Beaucoup ont trouvé ce livre plat. Sans histoire. Je partage leur avis sur ce dernier point : ce livre est sans réelle histoire. Tisser une histoire autour de personnes sans histoires, les mettre à nue, plonger dans leur intimité, montrer leur fragilité, leur exaspération, leurs peurs, leurs doutes…A mes yeux, ce sont de fantastiques histoires que celles de ces femmes au foyer…désespérées, on doit bien le dire, immobilisées dans leur solitude et leur chagrin. Mais, si elles sont malheureuses, après tout, elles n'ont qu'à prendre leur vie en main me direz-vous ?
Observez Juliet, Solly, Christine, Maisie ou encore Maggie et vous en arriverez peut-être à la conclusion qu'il n'est pas si facile de mettre un terme au sacrifice de soi. Ce roman très noir est aussi très réaliste. Cliché également ? Je répondrais par l'affirmative si je pouvais ajouter « alors la vie l'est aussi »…
Commenter  J’apprécie          120
Après Les variations Bradshaw, c'est ma deuxième lecture de Rachel Cusk, pour son premier roman traduit en français. Et j'ai une fois de plus été époustouflée par la maîtrise, le sens de la construction et de la narration, en un mot l'intelligence de cet écrivain. Si Les variations parcouraient une année, ici l'action est resserrée sur une journée, et encore une fois le début et la fin se rejoignent : le matin, Juliet Randall émerge d'une nuit de cauchemar, un lendemain de soirée trop arrosée, et la soirée s'achève chez Christine Lanham, complètement bourrée après une journée « difficile ».

Le roman pourrait presque être une suite de nouvelles, puisque chaque moment de la journée correspond à un univers féminin bien particulier, à un type de frustration, souvent lié au mariage, aux maternités, à l'incommunicabilité profonde entre els êtres, aux jalousies, aux rêves brisés, ou à l'impossibilité de retrouver en soi ses rêves, ses désirs d'enfant. Certaines frôlent ou s'enfoncent sans le savoir dans la dépression, voire même la folie, certaines parviennent à survivre grâce à un détachement, une forme d'absence aux autres, ou en se glissant dans la vie d'une autre qui occupe la chambre d'amis.

Mais ces femmes sont liées par cette banlieue de Londres qu'elles connaissent depuis toujours, ou qu'elles ont choisi pour horizon de leurs velléités de bonheur. En arpentant jour après jour les rues de la ville, les cours d'école, le parc et le centre commercial, elles prennent la mesure du vide, elles extirpent les racines de leur mal-être pour mieux les enfouir et se réengloutir dans un quotidien noyé de pluie. Car la pluie ne cesse de tomber sur Arlington Park tout au long de cette journée, comme un symbole de gris et de boue sur ces destins perdus. Autre élément récurrent : les cuisines familiales, dont le décor reflète les ambitions ou les défections des unes et des autres.

Sans défense contre elles-mêmes, toutes ces femmes d'Arlington Park le sont sans doute. Elles m'ont fait penser parfois aux héroïnes des Heures de Michael Cunningham ou à la Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Mais elles m'ont un peu flanqué le cafard, je dois bien l'avouer ! Si le roman est aussi passionnant dans son intelligence, je garderai peut-être une petite préférence pour Les variations Bradshaw, parce que c'était ma première rencontre avec Rachel Cusk !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
Commenter  J’apprécie          140

Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Toute la nuit la pluie tomba sur Arlington Park.
Les nuages arrivèrent de l'ouest : des nuages pareils a de sombres cathédrales, des nuages pareils à des machines, des nuages pareils à des bourgeons noirs fleurissant dans le ciel aride illuminé d'étoiles. Ils arrivèrent sur la campagne anglaise, plongée dans son sommeil agité. Ils arrivèrent sur les collines basses et populeuses où des éparpillements de lumières palpitaient dans l'obscurité. À minuit, ils atteignirent la ville qui scintillait vaillamment dans son bassin provincial. Discrètement, ils s'épanouirent telle une seconde ville aérienne, s'épaississant, s'étendant, dressant leurs monuments sauvages, leurs tours, leurs monstrueux palais de nuages inhabités.
Commenter  J’apprécie          90
Juliet Randall fouilla ses cheveux devant la glace et elle était là : une chose, une sorte de cafard, de sept centimètres de long et cinq de large, incrustée dans son cuir chevelu, agitant les pattes d'une manière triophale. Elle le montra à son mari. Regarde, dit-elle, regarde ! Elle pencha la tête en avant, tout en maintenant ses cheveux de côté. Benedict regarda. Oh, comme ça grattait ! Comme c'était dégoûtant ! Il n'y avait aps moyen de l'enlever ? Son mari ne paraissait pas le penser. Il était manifestement content que la bête n'ai pas décidé de faire son nid dans ses cheveux. Fais quelque chose! Juliet hurla, ou essaya de hurler, mais c'était un de ces rêves où on tente d'émettre un son et où on découvre soudain qu'on en est incapable. Elle se débattit dans son linceul de sommeil. Puis, dans un grand effort, elle le déchira et ouvrit les yeux.
Commenter  J’apprécie          50
Pas question! cracha Sara. Aucune chance. Je n'aurai pas d'enfants. Je vivrai seule. Et je ne me marierai jamais jamais. Le mariage est l'autre nom de la haine.
Commenter  J’apprécie          210
Pendant un temps, [Juliet] avait attaché du prix à l'idée d'une maison, d'un mari et d'enfants, comme si ces choses étaient rares, comme si elles représentaient un nouveau raffinement de l'expérience humaine. Puis elle les avaient eues, et elles commença à sentir le plomb s'installer dans ses veines, un peu plus chaque jour. Le jour où elle avais compris que si elle n'allait pas acheter à manger il n'y aurait rien dans la maison ; le jour où Benedict était revenu du travail, une semaine après la naissance de Barnaby, et qu'elle avait compris qu'il faudrait qu'elle s'occupe de lui seule ; les fois innombrables où une tâche domestique lui était échue, de sorte qu'elle avait acquis de l'expérience et préféré s'en charger parce que c'était plus facile que de le demander à Benedict - tout cela était surprenant pour elle, scandaleux presque. Avec son sen sde la justice, elle s'était attendue à ce qu'à un certain moment le scandale soit découvert et qu'on en parle, mais tel ne fut évidemment pas le cas.
Commenter  J’apprécie          20
La pluie tombait sur les rues médiévales tortueuses, les rues victoriennes crasseuses et sur les grandes rues autrefois bombardées où des centres commerciaux avaient été construits. Elle tombait sur l'hôpital, le vieux théâtre et le cinéma multiplexe. Elle tombait sur les parkings à plusieurs étages et les immeubles de bureaux. Elle tombait sur les fast-foods et les pubs avec l'Union Jack en enseigne.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Rachel Cusk (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rachel Cusk
D'un côté le récit d'une anglaise qui s'éveille à la sexualité dans les années 60, de l'autre celui d'une romancière entre deux âges, bouleversée par l'arrivée chez elle d'un artiste qu'elle admire. Remise en cause des sentiments et des idéaux dans les romans des deux écrivaines britanniques.
Rachel Cusk, La dépendance (Gallimard), Tessa Hadley, Free love (Bouquins)
Une rencontre entre les deux écrivaines, interprétée par Dominique Hascoët, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (554) Voir plus



Quiz Voir plus

Londres et la littérature

Dans quelle rue de Londres vit Sherlock Holmes, le célèbre détective ?

Oxford Street
Baker Street
Margaret Street
Glasshouse Street

10 questions
1053 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature anglaise , londresCréer un quiz sur ce livre

{* *}