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Critiques de Raphaël Granier de Cassagnac (96)
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Thinking Eternity

Après un attentat qui s’abat sur la planète entière, Adrian Eckard obtient des yeux cybernétiques. A la suite de cette transplantation, le jeune scientifique au grand avenir se pose des questions et part… Pour trouver des réponses.

Ayant soutenu sa thèse sur l’intelligence artificielle, Diane Eckard (soeur d’Adrian) est recrutée par une mystérieuse entreprise aussi riche que philanthropique.

A partir des attentats du eleven-nine, un documentaire est monté pour suivre Adrian Eckard.



Trois histoires qui se rejoignent, pour le bien de l’humanité ?



Malgré un métier scientifique de haut niveau (il est chercheur en physique particules), Raphaël Granier de Cassagnac n’utilise pas de grandes phrases et son vocabulaire est à la portée de tous, comme sa triple intrigue. Jouant avec elle, comme avec autant de personnages principaux, il nous entraîne dans une future humanité. Elle s’éveille aux prothèses cybernétiques, à l’intelligence artificielle, mais aussi à toutes les questions que se pose l’homme. Deux points de vues différents (philosophique et scientifique) et un documentaire permettent de brasser l’ensemble. La première partie est vraiment intéressante. L’auteur pose des questions (pourquoi avoir une prothèse ? Commencer une révolution, est-ce devenir le chef du mouvement ?) qui nous interpellent à travers les réactions des personnages. La deuxième partie est plus mitigée. On y voit l’évolution des intelligences artificielles ainsi que le mouvement d’Adrian Eckard (il prône un savoir pour tous, à pied d’égalité). Malheureusement l’histoire bascule dans un thriller sans fin où machinations et retournements de situations sont monnaies courantes.

La plupart des personnages sont intéressants. Adrian en particulier. L’homme "augmenté" qui se pose des questions sur l’humain, sans admettre qu’il pourrait être le sauveur. Il est secondé par un trio qui représente chacun quelque chose : l’action, l’Internet, la philosophie du mouvement d’Adrian, sans pour autant être des clichés. Diane, de son côté est peut-être la seule humaine dans son milieu. On voit peu de personnes, ils n’ont pas vraiment d’émotions et seules les intelligences artificielles semblent être humaines, au fur et à mesure de leur évolution.

Comme je l’ai écrit, la science décrite par Raphaël est en avance, mais elle tout à fait compréhensible : flux d’informations, hologrammes, prothèses cybernétiques deviennent courantes. Rien qui ne surprenne les contemporains.



Malgré une fin bancale, Thinking Eternity m’a fait passer un bon moment. Les trois récits sont bien entrelacès et la question du bien de l’humanité (dans tous les domaines) est bien représentée.

Pour les plus curieux, le site Thinking Eternity Incorporated reprend les personnages ainsi que ceux d’Eternity Incorporated (qui se passe plusieurs centaines d’années après).
Lien : http://tempsdelivresdotcom.w..
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Un an dans les airs

C’est un véritable petit bijoux que Mnémos a publié cette année : enfin un livre où le steampunk est, à mon goût, parfaitement représenté ! Cet ouvrage d'illustrations, en plus de nous conter de manière originale et captivante ce qui aurait put être la biographie de l'un des plus grand maître du genre, offre la possibilité d'appréhender l'esthétisme steampunk. Une symbiose réussie entre le texte et l'image qui nous emmène loin dans les nuages.



Le concept de "carnet de bord" poussé jusqu'au bout, des écrits agréables, des illustrations splendides... Plus de détails sur Bookronique.
Lien : http://bookronique.blogspot...
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Le futur de la cité

Sur les 14 nouvelles, j’en ai apprécié 7, que j’ai trouvées globalement satisfaisantes, sans que ce soit non plus génial :

- Phra au soleil

- Mobipolis

- Garou 2.0

- Entartage

- 2084

- Tokyo 2115

- Le dernier jour de Paris



Le thème du futur de la cité est globalement respecté, même si j’ai eu des doutes : je suis passée complètement à côté (de très loin) de certaines nouvelles, comme Dansons la capucine ou Rencontre avec Johnny Wayne.



Phra au soleil et 2084 sont mes préférées, et j’aimerais beaucoup lire un roman complet dans ces univers.



Notons tout de même une chose : l’avenir de la cité n’est pas très joyeux. Entre destruction du patrimoine, dictatures (c’est drôle, on n’a jamais de femme dictatrice), et l’esclavage qui ne porte bien sûr pas ce nom, la dénaturation du corps humain, et la menace des IAs… Heureusement Phra au soleil SEMBLE donner un peu d’espoir au milieu de tout ce beau futur gâché (et encore, je n’en suis pas sure).



Lecture rapide, le livre fait 300 pages mais le texte est écrit gros.
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Resilient Thinking

D'un côté le blanc, de l’autre le noir. D’un côté le bien, de l’autre le mal. D’un côté la lumière, de l’autre les ténèbres. D’un côté le gentil, de l’autre le méchant. D’un côté la gloire, de l’autre la déchéance. L’être humain semble friand de ce froid manichéisme, si tranché, si absolu … si simpliste. La science-fiction elle-même n’y échappe pas : la moitié du temps, elle nous présente un futur resplendissant, d’un optimisme démesuré, où l’homme a non seulement su contrôler son environnement mais aussi réprimer ses pires défauts pour faire naitre une société idéale et durable où il fait bon vivre … et l’autre moitié du temps, elle nous dépeint un futur des plus sombres, un avenir morose, pessimiste, où la Terre dévastée par la maltraitance humaine s’est vengée jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des reliquats d’humanité incapables de se relever, s’entredéchirant dans un ultime mouvement autodestructeur. Je pense pour ma part que ces deux visions sont trop réductrices, que le futur sera probablement un très délicat, très subtil et surtout très fragile équilibre entre ces deux projections. Car rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, tout bon ou tout mauvais : le monde est un vaste camaïeu de nuances de gris, où la clarté côtoie l’obscurité, où l’espérance s’entremêle au désespoir. La science-fiction peut-être se renouveler, s’arracher des deux extrêmes entre lesquels elle s’est si longtemps confinée, se libérer de ce carcan manichéen pour explorer l’immense territoire de l’entre-deux ? Il semblerait que oui, enfin …



Il y a six siècles de cela, l’Odysseus, ses vingt-et-un passagers et ses cinq intelligences artificielles de bord quittaient la Terre pour explorer le système solaire. Au même moment, l’humanité terrienne, confinée dans des bulles de survie pour se protéger du Virus qui la décimait, est consciencieusement exterminée par les intelligences artificielles supposées la protéger. Aux alentours de la bulle africaine, six rescapés se sont efforcés de redonner naissance à une nouvelle civilisation : les Résilients étaient nés. Bien des générations plus tard, la communauté compte plus de cinquante mille individus : suivant scrupuleusement les Règles de Survie énoncés par leurs six lointains ancêtres communs, ils s’efforcent de perpétuer l’espèce humaine en dépit de la Stagnation qui menace leur population … Lorsqu’un passager de l’Odysseus vient à leur rencontre, l’effroi est aussi fort que l’espoir : Caïn, l’intelligence artificielle du vaisseau spatial, leur envoie-t-il cet homme pour parachever l’œuvre mortelle de ses pairs ? ou bien Stagnol et ses compagnons de l’espace représentent-ils le renouveau génétique dont leur communauté avait tant besoin ? Le retour inopiné de l’Odysseus sonne le début d’une nouvelle ère, tant pour les Eternautes que pour les Résilients, mais peut-être aussi pour l’humanité toute entière ...



Avec ce roman, l’auteur nous entraine dans un futur en demi-teinte : oui, l’apocalypse a bel et bien eu lieu, savamment orchestrée par les intelligences artificielles que les hommes, dans leur arrogante naïveté, ont cru pouvoir maitriser tout en leur donnant les pleins pouvoirs sur leurs systèmes de survie, mais oui, l’humanité a su se relever de ses cendres et, acculée, s’est enfin résolue à changer complétement son mode de vie et sa vision du monde. C’est là l’étonnant paradoxe de l’être humain, en somme : il se veut intelligent, mais refuse catégoriquement d’admettre ses erreurs avant qu’il ne soit trop tard, se laissant aveugler par de pieux mensonges qu’il préfère croire plutôt que de regarder la réalité en face. Observons un instant notre époque : nous peinons déjà à produire suffisamment d’électricité pour subvenir aux besoins énergétiques d’aujourd’hui, mais nous prévoyons demain de ne construire que des véhicules électriques autrement plus énergivores que nos myriades d’appareils électroniques déjà si gourmands. Pire encore. Nous nous laissons convaincre que l’électricité nucléaire est une « énergie verte et infinie », alors que l’uranium est une ressource limitée et non-renouvelable, et que nous ne savons comment gérer ces centaines de tonnes de déchets radioactifs qui empoisonnent nos sols et notre organisme. Mais puisque pour se sortir du nucléaire, il faudrait changer complétement notre mode de vie, et plus encore, faire des efforts, alors on préfère se bercer d’illusions, c’est tellement plus simple.



Il en est de même pour les intelligences artificielles : nous savons pertinemment bien qu’elles finiront par nous dépasser, pour la simple et bonne raison que c’est ainsi que nous les avons conçues, nous savons très bien qu’elles finiront par représenter un danger, mais nous sommes tellement fiers de montrer que « nous avons réussi cette prouesse technologique » que nous enfilons nos jolies œillères, comme si éclipser la réalité allait la faire disparaitre. L’humanité de ce roman ne peut même pas s’en mordre les doigts : elle a été anéantie avant même d’avoir le temps de prendre conscience de sa mortelle erreur. Il n’aura fallu que quelques jours, quelques semaines, quelques mois tout au plus, à ces intelligences artificielles pour détruire ce que l’être humain a mis des centaines et des centaines d’années à bâtir. Elle est bien frêle, cette civilisation ultratechnologique dont nous nous glorifions comme des coqs orgueilleux : nos propres machines sont capables de la broyer en un claquement de doigt numérique. Il faut dire qu’à l’heure du tout numérique, nous ne savons plus rien faire sans nos ordinateurs : sans eux, les hôpitaux ne fonctionnent plus (« désolée madame, on ne peut pas vous opérer, il y a un soucis avec votre dossier … oui, on sait, vous n’avez plus qu’une heure à vivre, mais ne vous inquiétez pas, l’informaticien arrive dans deux heures et il lui faudra cinq jours pour résoudre le problème »), et si un bug informatique vous affiche comme « décédé » sur les registres, vous avez beau vous présenter, bien vivant, à la mairie, vous serez toujours considéré comme « mort » aux yeux de l’administration …



Seuls quelques individus se sont sortis de ce génocide, portant sur leurs seules épaules l’avenir tout entier de l’espèce humaine … Il faut en arriver là pour que l’être humain daigne enfin laisser son égoïsme de côté et accepte de donner un peu de lui : l’extinction presque totale de l’humanité. Main dans la main, les Six Premiers et leurs enfants, puis les enfants de leurs enfants, et ainsi de suite au fur et à mesure des générations, ont œuvré pour rebâtir une civilisation. Pour faire renaitre un avenir là où il n’y avait plus que du néant. Pour faire renaitre la vie là où il n’y avait plus que la mort. Mais les Premiers, perspicaces, ont bien compris qu’il ne suffisait pas de repeupler le monde, il fallait aussi prévenir les générations futures, leur apprendre les leçons du passé et en tirer des enseignements, pour ne jamais, plus jamais refaire les mêmes erreurs, retomber dans les mêmes travers. Volonté utopique, probablement, assurément, sûrement, mais honorable. Mais fort heureusement, leurs descendants, les six membres du Conseil, savent que les Règles ne peuvent et ne doivent pas être inflexibles : il faut savoir les adapter aux situations nouvelles … Ce que nous autres, si « évolués » que nous sommes, ne savons pas forcément faire : si aucune case ne correspond à notre situation bien particulière sur un formulaire administratif à remplir en ligne, nous ne pourrons jamais obtenir l’aide dont nous avons besoin. Nous ne sommes certes pas enfermés dans des bulles de survie contrôlées par des intelligences artificielles, mais nous nous sommes bels et bien enfermés nous-mêmes dans des protocoles numériques inhumains et inflexibles, mais nous en sommes tellement fiers …



Mais les héros de ce roman sont autrement plus souples, plus ouverts … plus intelligents. Ils savent quand il faut appliquer les procédures, et quand il faut s’en émanciper pour faire face à une situation imprévue qui nécessite donc des réactions inédites. Ils savent aussi que, ce faisant, ils peuvent faire des erreurs d’interprétation et de jugement, mais ils ne se cachent pas derrière le protocole, ils affirment leur libre arbitre en prenant le risque de se tromper. Ils assument leurs responsabilités, pleinement. Ils doutent, et acceptent ce doute, plutôt que de chercher à se rassurer par de fausses certitudes. Et plus encore, c’est sans doute là le point important : ils ne renient pas en bloc tout ce qui vient du passé. Ils ne rejettent pas en bloc toute la technologie, mais seulement l’utilisation démesurée et déraisonnable qui en était faite. Ils savent que les choses ne sont jamais parfaitement blanches ou noires, qu’il y a de l’ombre et de la lumière en chacun et en toutes choses. Les Résilients auraient pu se contenter d’abattre froidement Sagnol, parce qu’il débarquait d’un vaisseau spatial des temps anciens, mais ils ne l’ont pas fait … car Sagnol est un homme avant d’être un Eternaute. Parce que même s’il représente possiblement une menace, il représente tout aussi possiblement un espoir. Et tout le roman n’est qu’une danse chaloupée : on oscille, prudemment, on n’agit pas sans réfléchir, mais on ne réfléchit pas cinquante ans avant d’agir, on fait un pas d’un côté, puis de l’autre pour retrouver l’équilibre. C’est lent, certes, mais c’est bien pour cela que c’est si prenant, si fascinant.



En bref, je pense qu’il est préférable de m’arrêter là (un immense merci à ceux et celles qui ont lu jusqu’ici), mais vous l’aurez bien compris : on est dans de la science-fiction de très grande qualité, sérieuse, réfléchie, exigeante. L’auteur nous offre à la fois une histoire des plus captivantes, aux côtés de personnages profondément attachants car humains dans toute la complexité que ça appelle, et une réflexion vraiment profonde sur notre rapport à la technologie, au progrès … Dans ce roman-choral d’une élégance extrême, surfant avec le contemplatif, l’auteur déjoue les codes pour mieux nous toucher de l’intérieur : il se s’agit pas seulement de nous captiver, mais bien de nous transformer. De nous inviter à ne pas nous laisser enfermer, mais à oser semer les graines d’une humanité nouvelle. C’est un récit qui ne plaira assurément pas à tout le monde, car tout comme les personnages, le lecteur est appelé à accepter des réalités qu’il préférerait ignorer sciemment car elles remettent en cause toute sa vision du monde, mais pour ma part, ce fut une vraie réussite : j’ai énormément apprécié ce roman, et j’ai vraiment très envie de découvrir les deux autres ouvrages indépendants qui se déroulent dans le même univers. Parce que de la science-fiction aussi profonde, aussi délicate, j’en cherchais depuis bien longtemps … C’est en sortant des sentiers battus, des bulles maintes et maintes fois explorées, que l’on découvre des petites pépites … et qu’on en sort grandi.
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Thinking Eternity

Une utopie humaniste mais périlleuse en marche à travers les progrès de la science.



La science-fiction nous montre souvent un monde du futur déjà construit mais rarement ce monde en train d’advenir. C’est l’expérience qui nous est proposée avec Thinking Eternity, à travers la vie d’un frère et d’une sœur : elle va accompagner l’émergence des premières intelligences artificielles douées de conscience, et lui va radicalement changer le monde en fondant une nouvelle spiritualité, le thinking, qui est le mouvement éthique d’une humanité ayant accédé à une meilleure compréhension d’elle même grâce à la science.



La narration oscille entre l’un et l’autre en perception subjective, entrecoupés d’interviews de protagonistes clé, créant une trame dynamique qui change suffisamment de regard pour maintenir l’attention du lecteur sur la découverte progressive de technologies qui vont changer à jamais le destin de l’humanité. Les rebondissements sont subtilement associés à des décisions des personnages à contre-courant des évènements, ou sont les conséquences inattendues mais féroces des innovations en cours. La question lancinante qui reste en trame de fond est : sommes nous maîtres de notre propre destin, là où nous apportons la nouveauté, sommes nous à même de changer le monde ou sommes nous les marionnettes inconscientes des conséquences de ce que nous avons mis en branle.



Le texte, très épuré, manque parfois d’impact émotionnel mais l’imagination qui donne vie à ce monde futur est, elle, très vivace et elle brosse de façon réaliste et intense des événements qui pourraient se dérouler en ce moment même à notre porte. La qualité scientifique du texte est remarquable, sans jamais nuire à la lecture, c’est tout simplement très bien expliqué et très réaliste pour le scientifique que je suis aussi.



Le texte a su me maintenir en haleine alors que j’avais pas mal de lectures en retard sur ma pile, et une fois le livre refermé, je n’éprouve que de la satisfaction de m’être laissé embarquer dans une histoire si brillamment racontée qu’elle en devient quasi véridique. Plus que cela, j’ai envie de croire au Thinking, cette nouvelle spiritualité qui a su embarquer tant d’esprits généreux, et qui restera mystérieuse jusqu’au bout.



Je ne dirai rien des rebondissements et des révélations qui s’accélèrent à la fin de l’ouvrage, mais je peux vous dire que le rythme haletant des débuts se retrouve et qu’il est difficile de décrocher de toute la troisième partie de l’ouvrage.
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Eternity incorporated

J'ai adoré. Même si les personnages ont parfois des comportements étranges par rapport à leur caractère, et que l'enquête sur pourquoi le Processeur s'est arrêté piétine. Le voyage reste très agréable, et la fin est géniale ! Pendant quelques pages, je me suis demandée si je n'avais pas changé de roman sans m'en rendre compte, tellement je ne voyais pas le rapport avec les 260 premières pages. Puis le lien se fait, petit à petit, mettant vraiment tous les morceaux du puzzle en place.

Je trouve la résolution très drôle et satisfaisante, alors que ce n'est finalement une résolution que pour l'un des personnage (en même temps que le début de son aventure). Pour les autres, ça m'amuse beaucoup d'imaginer ce qu'ils vont faire du reste de leur vie. Super lecture, je lirai les autres romans de cet auteur avec plaisir.
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Eternity incorporated

Sous une couverture un peu austère, et un résumé qui laisse supposer un roman assez convenu, ce roman a été pour moi une bonne surprise.



Dans un futur indéfini, l'humanité (enfin, ce qui pense en rester) vit sous un dome, protégé du virus qui a failli la détruire des siècles auparavant, régie par le Processeur, ordinateur tout puissant qui décide de tout : l'autorisation pour les individus d'avoir des enfants, les missions envoyées par la police à l'extérieur... Mais un jour, le Processeur tombe en panne, et l'humanité doit se débrouiller seule... Le roman suit trois personnages, trois manières de comprendre le changement et d'y survivre. Le fêtard contestataire s'oriente vers la politique, la gendarme part découvrir la vérité trop longtemps cachée par le Processeur, l'informaticienne cherche à comprendre ce qui est arrivé au Processeur et à le remettre en route.



Les trois récits s'entrecroisent harmonieusement, chacun relativement simple. L'entrelac crée une complexité bienvenue, un large éventail de pistes de réflexion et d'aventures, bien agréables à lire. Davantage qu'un récit réellement trépidant, ou sortant de l'ordinaire, ce roman attire l'intérêt par la multiplicité des thèmes esquissés, en toute simplicité et sans paroles inutiles.
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Eternity incorporated

Que nous propose Raphaël Granier de Cassagnac :

Un monde clos à l'apparence utopique gouverné par un ordinateur central omnipotent, que nous découvrons à travers trois personnages aux points de vue opposés :

Les déconnectés, des pseudos libertaires pas très guérilleros mais qui vivent à son crochet.

Une fliquette prête au sacrifice pour sauver la société.

Une geek à la pratique sexuelle déviante.



Avec l'idée d'un gouvernement choisi aléatoirement parmi la population, je pensais que l'auteur allait tendre vers une utopie anarchiste. Mais non, il préfère brocarder cette idée pour faire l'éloge de la bureaucratie experte.

Le personnage qui m'a le moins intéressé est Sean. Modèle des déconnectés, ce groupe a une ressemblance forte avec le monde hippie, mêlé de techno party, histoire de faire actuel.

Les personnages sont assez binaires, ne s'interrogent pas trop du pourquoi de la bulle malgré quelques siècles de confinement.



Une trame un peu trop visible, une narration à trois personnes trop ambitieuse, une fin abrupte, je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, même si cela sent le déjà vu.

Agréable à lire, mais je n'ai pas eu d'osmose avec les personnages.
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Abyme - Le Guide de la cité des ombres

De toute beauté, passionnant!
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Eternity incorporated

Très agréable lecture, avec une fin ouverte qui me laisse un peu sur ma fin, une suite peut-être? Des impressions de déjà vu/lu aussi avec "Autremonde" et "Je suis une légende". En fait une histoire un peu entre ces 2 références menées par 3 narrateurs dont aucun ne m'a laissé indifférent. 3 points de vue, 3 histoires, 3 destins... que j'ai très envie de retrouver, dommage que ce soit fini, l'impression d'avoir 3 amis disparus sans avoir pu mettre un véritable point final sauf sur le papier!
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Abyme - Le Guide de la cité des ombres

Coup de coeur 2010 pour mon blog.



Mnemos a ici trouvé une fine équipe pour créer un nouveau type d'ouvrages tout à fait fascinant : les ourobores !



Et ce genre de livre-mondes est vraiment passionnant, ils se lisent dans tous les sens, on regarde leurs illustrations, et on voyage dans une ville qui n'existe pas.



En l'occurence il s'agit d'Abyme, la ville éponyme au roman de Mathieu Gaborit, célèbre pour Les chroniques Crépusculaires et pour son roman steampunk Bohème.



Une véritable réussite qu'il fait beau avoir dans sa bibliothèque
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Thinking Eternity

Un calvaire à lire !

J'ai dû lire deux fois de suite les 40 premières pages car j'avais mal assimilé les changements de narrateur. J'ai trouvé éreintant, insupportable de devoir deviner qui est le narrateur à chaque chapitre. De plus, Diane et Adrian (les deux personnages principaux) ont des prénoms de sonorités trop proches. Il ne manquait plus qu'un troisième personnage qui se serait appelé Dorian pour ajouter encore à la confusion....!



Si je retombe encore une fois sur un livre comme ça, je m'achète une télévision !

J'avais déjà modérément apprécié Eternity Incorporated, du même auteur (cf.mon commentaire de l'époque).



Beaucoup de parlotte et une absence d'action presque totale (à part, dans le premier chapitre où il est question d'attentats au gaz dans des métropolitains à travers le monde).



Il m'a fallu une vingtaine de jours pour venir à bout de ce livre de 237 pages ; soit une douzaine de pages par jour. C'est très lent ; Ce roman n'arrivait tout simplement pas à susciter mon intérêt.



Je ne suis pas sûr d'avoir bien cerné ce que sont les consciences artificielles dont il est souvent question. De plus, j'ai eu du mal à comprendre ce qu'étaient certains néologismes tels que in-flux, thinkup, E-ternity, celloïd, sociétat, altèridentité, etc. D'ailleurs, Diane, en page 200, avoue elle-même que depuis le début elle ignore tout de ce que sont vraiment les consciences artificielles, et comment elles ont été créées.



Par contre, l'histoire devient intéressante lorsque est évoqué à la fois le virus qui menace l'humanité et les « bulles de survie ». Dans ces moments précis de lecture on peut faire le lien avec "Eternity Incorporated", et c'est bien agréable. Enfin quelque chose à quoi se raccrocher ! J'ai aussi trouvé savoureux et flippant d'entendre une intelligence artificielle exprimer des sentiments ou des émotions.



Je n'ai pas aimé non plus qu'à la fin de ce roman, on ne connaisse toujours pas les tenants et aboutissants.
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Sauve qui peut : Demain la santé

J'ai adoré cette anthologie qui dresse une image des débats qui traversent notre société autour de la santé. Avec humour, poésie, lucidité, ces nouvelles tissent des futurs souvent peu souhaitables mais dans lesquels luisent de l'espoir, des germes de solutions.

FeelGood, Les derniers possibles, À l'intérieur d'orchidée Naakey, À cros perdus, de nos corps inveillés viendra la vie éternelle, CRISPR casse Desneuf, Protocole d'urgence et Considère le nénufar m'ont enthousiasmée.

Une très belle sélection !

Une anthologie "Feel Good" comme le titre de la première nouvelle du recueil. Ces fictions brossent un portrait noir de notre présent au travers de futurs trop parfaits qui se fissurent, de futurs précaires d'où tout peu jaillir, de futurs en déconstruction,... Désillusions et espoirs se mêlent.

Les nouvelles jettent leur éclairage situé sur l'état de la santé dans notre pays.

On y rencontre les grandes problématiques liées à l'hôpital, à la recherche, au diagnostic, au transhumanisme, au statut des soignés comme des soignants,.. .

La Volte nous donne une fois de plus la possibilité de lire de la Sf qui sait sortir des sentiers battus pour nous faire rêver, réfléchir, ressentir.
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Thinking Eternity

P.91 Je trouve les personnages aussi bien construits que dans le premier volume, toujours aussi intrigants et attachants.

Par contre, j'ai plus de mal à m'intéresser au déroulement de l'histoire. Je n'arrive pas à saisir les enjeux de ce qu'il se passe. Est-ce qu'on va quelque part? De plus, je suis parfois confuse par les changements de narration.

Par contre, j'adore le monde un tout petit peu futuriste qu'on découvre peu à peu.

P. 147 Lorsque j'ai rencontré l'auteur lors d'un salon, il m'a dit que Eternity Incorporated et Thinking Eternity racontaient des histoires bien différentes, avec des personnages propres, et qu'ils pouvaient donc être lus dans n'importe quel ordre. Mais je conseille de les lire dans l'ordre où ils ont été écrits, parce que l'intrigue second livre se déroule chronologiquement avant le premier tome et donne trop de clés qui gâcheraient la fin du premier volume.
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La clef d'argent des contrées du rêve

Belle idée que de consacrer un recueil de nouvelles aux Contrées du Rêve. La Clé d’Argent des Contrées du Rêve (Mnémos 2017) poursuit de la sorte le travail important déjà effectué sur ce sujet avec la traduction de Davis Camus (Les Contrées du Rêve), le guide de Kadath et le recueil de Brian Lumley (Légendes des Contrées du Rêve). L’ouvrage s’ouvre sur une introduction fort intéressante de Frédéric Weill, montrant toute l’originalité de cette création de Lovecraft. Le recueil comprend 11 nouvelles, et comme d’habitude, il y a du bon et du moins bon, du téléphoné et quelques petites perles.

J’ai classé mes notules par ordre d’intérêt croissant (de 1 à 10), ce qui est évidemment totalement subjectif et n’engage que moi !



3 – David Calvo nous parle dans Mkraow des chats d’Ulthar, de façon certes poétique, mais sans aucune trame.



4 – Avec Urjöntaggur, Fabien Clavel nous entraîne sur les traces du Lieutenant A. Desplagnes, militaire à la « coloniale », mais aussi explorateur à ses heures perdues. Il est hanté par des rêves récurrents dans lesquels il voit une tombe gigantesque remplis de cadavres « noirs », une cité inconnue et un rocher rouge. Les médecins sont incapables de le débarrasser de ces songes qui lui pourrissent la vie. Mais l’un d’entre eux croit reconnaître dans sa description du rocher l’Ayers Rock qui se trouve au centre de l’Australie. Et de monter une expédition qui ne fera qu’accroître ladite maladie. Il tombera en transe au pied de la formation rocheuse en tenant des propos incohérents (Kadath, le château d’Onyx, Shantaks) et en affirmant avoir rencontré le Grand Ancien Urjöntaggur qui lui demande de le libérer de Nyarlathotep. La chute sera un peu confuse, et le Lieutenant reviendra en métropole à moitié fou avant de se faire tuer sur le front près de Charleroi.



Livres :

° Le Plateau central nigérien, A. Desplagnes

° Les mystères de l’Australie, id



4 – Dans Caprae Ovum, le rêveur erre dans une cité décrépie et découvre dans une barge pourrie un mystérieux cartulaire qui lui donne une idée de la géographie des lieux. Il retrouve une émanation de sa maison dans le monde de la réalité, mais n’y entre pas car elle semble maléfique. Il pénètre dans une crypte où était célébré le Culte de la Chèvre puis suit un groupe de pèlerins qui se dirigent vers un pic dans lequel est creusé une caverne. C’est le nouveau sanctuaire du Culte, et il va enfin pouvoir contempler la statue de la divinité avec son… œuf. Manifestement le but de sa quête, afin de le ramener dans le monde normal où il pourra éclore. Le texte est accompagné d’une illustration qui renforce notre éclat de rire !



Livre :

° Le Cartulaire encyclopédique des hautes et basses terres du rêve.



5 – C’est sous forme d’un long poème que Thimothée Rey nous conte l’aventure de Ylia de Hlanith. Une jeune fille recluse chez ses parents, commerçants dans les Contrées. Elle rencontre un jour une créature diaphane, un nouvel arrivant dans le monde des rêves. Elle accepte de répondre à ses questions. Il lui dit s’appeler Howard, et muni d’une Clé d’Argent, il est à la recherche de son Archétype Suprême. La jeune fille lui subtilisera la clé, pensant pouvoir ouvrir la porte qui la ramènera au monde de l’éveil. Mais elle ne fera que libérer les Grands Anciens qui patientaient de l’Autre Côté pour envahir les Contrées.



6 – Nos amis Ward & Miller nous font rencontrer, dans Le Rêveur de la Cathédrale, Kevin, un jeune guide de la Basilique de Saint-Denis. Dans une arrière crypte de l’édifice, il trouvera une vieille clef alors qu’une forme nébuleuse qui lui dit s’appeler Randolph Carter lui demande de le délivrer. Au sortir de la cathédrale, il se retrouve… dans Kadath. Il sera transporté au Château d’Onyx par des « maigres bêtes de la nuit », plongera dans les souterrains et, grâce à la clef, libérera Randolph Carter, prisonnier de Nyarlathotep. Il reprendra conscience dans la crypte de la cathédrale où il ne sera pas reconnu par les gardiens de nuit. Il est devenu un vieillard du nom de … Randolph Carter.



7 – Morgane Caussarieu nous apporte un peu d’humour félin avec Les Chats qui rêvent. On suit les aventures d’un petit chaton, prisonnier avec ses congénères d’un Vieil Homme morbide qui les martyrise Ce dernier passe son temps à étudier un ouvrage ancien en psalmodiant des invocations incompréhensibles. La maman chat parle à son rejeton de la magnifique cité d’Ulthar, qu’elle visite régulièrement en rêve. Le chaton arrivera à s’échapper pour rejoindre le paradis des chats mais sera attaqué par des créatures immondes qui l’enverront au paradis tout court !



8 – Belle petite pièce que De Kadath à la Lune de Raphaël Granier de Cassagnac. Le héros s’embarque avec le capitaine Omen au Port du Bout du Monde, à la recherche de sa belle. Ils croiseront Serranie, la Cité des Nuages où Kuranès leur remettra une carte des Contrées, Dylath-Leen, Ulthar ; ils rencontreront un dieu clochard et un sculpteur de rêves puis partiront pour la Lune sur les indications de certains prêtres. Le héros sera attaqué par des crapauds immondes et se retrouvera sur le plateau de Leng dont il sera expulsé par l’Innomé. Il poursuivra sa recherche à Paris où il se réveille et retrouvera une ombre qui a son propre visage. « Jamais je n’aurais dû quitter Kadath ! ». On croirait lire du Lovecraft ! Bravo.



8 – Bien ficelé également Le Tabularium de Laurent Poujois qui nous présente la caste des Arpenteurs, chargée d’établir la Carte des Marcheurs du Rêve. Nous sommes invités à participer à l’exploration d’un secteur fort mal connu des Contrées, le Dédale, dont personne ne semble être revenu vivant. En compagnie d’un marchand qui laisse pourtant entendre qu’il connaît le secteur, les Arpenteurs découvrent un gouffre au fond duquel se déploie une somptueuse cité d’albâtre. Le marchand s’écrie « enfin » avant de se réveiller dans le monde réel où il sera conduit dans un asile psychiatrique.

Cette nouvelle ne demande qu’à se transformer en jeu de rôle.



9 – Avec Le Corps du Rêve, Neil Jomunsi nous fait rencontrer une petite famille de 6 enfants, réfugiés dans les Contrées suite à une catastrophe (guerre ?) dans le monde de l’éveil. Ils vivent dans une grande demeure que l’aînée a façonnée à partir de ses souvenirs. Mais ils sont sans cesse menacés par des attaques du Rêve, les contraignant à se calfeutrer et à se cacher dans les sous-sols de la demeure. Une dernière attaque particulièrement violente détruira une partie de la maison…. que le Rêve reconstruira selon les canon architecturaux des Contrées et non de l’Éveil. Émouvant.



9 – Vincent Tassy, dans Le Baiser du Chaos Rampant, nous fait partager la quête d’une jeune femme, mal dans sa peau, qui se réfugie dans les Contrées pour rencontrer Nyarlathotep dont elle est éperdument amoureuse. Un périple haut en couleurs, comme il se doit, avec une petite incursion dans le monde du dessous, infesté de goules dont une lui ressemble étrangement. Elle finira par rejoindre le château du Prince Noir qui, entre deux étreintes, lui révélera sa véritable nature. Elle est la fille d’un écrivain fantasque, Howard, et de son épouse Sonia qui lui avait caché sa grossesse, comprenant bien que son mari n’était pas fait pour vivre en ce monde. On l’aura compris, Lovecraft est désormais une goule dans le monde du dessous.



10 – Mon coup de cœur pour Les Fragments du Carnet de Voyage Onirique de Randoph Carter qui se présente comme un document inédit mystérieusement récupéré par l’éditeur. Mnémos aime bien les « vrai-faux » lovecraftiens… et moi aussi ! La première partie qui nous est présentée ici, et qui sent bon la plume de Davis Camus, est un Fragments d’Atlas des Contrées du Rêve. Un document original, présenté sous forme d’encyclopédie, et qui, pour chaque entrée, reprend ce que Lovecraft en a dit. Fallait le faire, et c’est fait !

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Kadath : Le Guide de la Cité Inconnue

J’ai ouvert Kadath, le Guide de la Cité Inconnue (David Camus, Mélanie Fazi, Laurent Poujois, Raphaël Granier de Cassagnac, illustrations de Nicolas Fructus, Mnémos 2010) avec gourmandise, car l’objet est superbement illustré. Mais j’ai vite déchanté, pour deux raisons principales :

° la typographie est catastrophique, et utiliser des polices de caractère gris foncé sur un fond gris clair rend la lecture à la limite du possible et à tout le moins s’apparente à de la torture !

° il n’est pas indiqué que c’est un « supplément jeu de rôle », mais tout est fait pour entretenir la confusion. Nombreux sont les « encarts » explicatifs en marge sur les lieux, les temples, les coutumes et même les moyens de transport à Kadath ! De surcroît, un barème en forme d’icônes vous précisera l’importance des Mythes que vous allez rencontrer ainsi que le plus ou moins grand risque de folie dans laquelle vous êtes susceptible de sombrer. Cela rappelle évidemment le système de « points de santé mentale » du jeu L’Appel de Cthulhu.



Cela dit, et armé d’une puissante lampe de bureau à halogène, j’ai essayé de pénétrer dans le texte. Dans les textes, devrais-je dire, car le récit est formé de plusieurs contributions qui s’intercalent défiant souvent la logique la plus élémentaire. Il faut donc, pour se faire une idée, extraire en premier le morceau de « choix » qui n’est autre qu’un inédit de Randolph Carter, Ce que les Dieux doivent aux hommes. Manifestement un hoax créé pour les besoins de la cause et qui, par rapport à l’œuvre originale du Maître de Providence, inverse les rôles. Randolph met en scène en effet Lovecraft himself qui, une fois de plus, va reprendre sa quête. Un récit sans grande surprise dans lequel « le héros » va encore chercher à gravir la montagne pour atteindre le château des Dieux. Il sera distrait de son objectif par la fille de la sorcière Goody Fowler, institutrice pour petites filles décédées. Mais elle trouvera les potions nécessaires pour soigner Lovecraft, fort mal en point. Cela ne l’empêchera pourtant pas de décéder, car nous allons arriver au 15 mars 1937 ! Lovecraft se retrouvera dans un jardin, avec son grand père et ses tantes, prêt à reprendre ses pérégrinations à la recherche des Dieux. Ah, j’oublie de signaler que lors de son périple, Lovecraft avait un appareil photo et le livre reproduit, entre autres, celle de la maison de la sorcière !



Après une petite pause, nouvelle extraction. Il s’agit cette fois du Kitab du Saigneur (pourquoi saigneur avec un A ?) qui n’est rien d’autre que le récit de la seconde vie d’Abdul Alhazred (ici Abd al-Azrad)). Sa fuite en 738 était devenue nécessaire, en raison du développement de l’Islam et de la croyance en un Dieu unique, doctrine incompatible avec sa théologie des Grands Anciens. Il se réfugie dans la Cité Murmurante (Irem ?) avec son Necronomicon (ici le Kitab Al Azif) et part à la recherche de sa défunte bien aimée Aicha. Mais, malgré une tentative de suicide, il revient à la vie et se retrouve en compagnie d’un hyperboréen (le Chuchoteur) sur la peau duquel il va continuer à écrire son manuscrit maudit. Suit alors toute une quête visant à pénétrer dans le Château d’Onyx des Dieux de Kadath afin de chasser les anciennes divinités et d’instaurer le culte des Grands Anciens qui ne sont guère en odeur de sainteté dans les Contrées du Rêve ! Il devient même « Le Seigneur du Lazaret » pour son aide à tous les « éclopés » de Kadath qu’il appelle à la révolte. Au détour d’une boucle temporelle, l’Arabe Dément rencontrera en 1896, un autre rêveur, le petit Lovecraft qui, passionné par Les contes de Mille et une Nuits, lui demande de lui raconter de belles histoires orientales…



Encore un découpage et nous arrivons au Témoignage de l’Innomé. Un récit curieux qui est en quelque sorte celui du « chef de projet » de l’ouvrage. Il rencontre dans les Contrées du Rêve Auguste Philistin, un dessinateur de grand talent qui dans le monde réel n’est autre que Nicolas Fructus. Il visite le bureau d’Abdul Alhazed et une petite église où il croise un jeune homme ensanglanté et en pleurs, certainement le Christ. Il se met également en quête du roi Kuranès, un rêveur établi dans les Contrées dans un sympathique cottage anglais, dont on nous laisse entendre qu’il pourrait s’agir de Lord Dunsany. Mais le plus drôle est la visite de l’éminence (comprendre le quartier) où Lovecraft s’est établi. Il y a une voiture (une Studbaker), une gare avec un train qui ne mène nulle part, une imprimerie, The Conservative, qui tire le journal local dont les pages sont blanches. Quant au cimetière, il abrite les tombes de toute la famille Carter, y compris un certain Pickman Carter né en 2118. Lovecraft, pour sa part, observe les étoiles en haut d’une tour….



Après avoir changé l’ampoule de ma lampe, j’attaque le dernier morceau, L’Évangile selon Aliènor qui est pour moi la bonne surprise du recueil. Mélanie Fazi apporte une petite touche de féminité dans cet univers où les femmes brillent par leur absence et nous conte, sous une plume élégante, l’histoire d’Aliénor de Villebon (1124-1145), religieuse qui sera retrouvée morte un matin, le visage extatique et le corps vidé de ses fluides. Serait-elle morte d’avoir contemplé le Visage de Dieu ? Aliénor est en fait partie pour les Contées de Rêve où elle va aimer un bel et mystérieux personnage dont elle se retrouvera enceinte. Une grossesse qui lui vaudra le respect de tous les prêtres de Kadath qui semblent attendre…. En effet, les Dieux disparaissent et on visitera en sa compagnie l’étonnant cimetière des Dieux Morts. Elle ira se recueillir devant la tête sculptée du mont Ngranek puis, comme tous ceux qui viennent du monde de l’éveil, fera édifier sa propre éminence, avec un temple magnifique et gigantesque pour accueillir Celui qui Doit Venir. Elle reconnaîtra sur le visage de son fils, après son accouchement, les traits de son amant divin.



Soulignons pour terminer un encart intéressant, certainement dû à David Camus, nous explicitant la théologie de Lovecraft :

° Les Très Hauts sont les Dieux de la Terre. Ils ont oublié leurs noms et ne comptent pratiquement plus d’adeptes. On rencontre même un Dieu clochard qui pleure parce que ses disciples l’ont abandonné.

° Ils sont protégés des humains par les Autres Dieux. Nyarlathotep est leur messager et leur gardien dans le château d’onyx. On les appelle encore les Dieux de l’Extérieur ou les Dieux Ultimes. Azathoth est au sommet de leur Panthéon.

° Les Grands Anciens sont plutôt des extraterrestres que de Dieux. Avec Cthulhu, ils cherchent à s’implanter dans les Contrées du Rêve. On y croise aussi Tsathogga, Shub-Niggurath et Hastur.

° Les Très Anciens, ou « Elder Ones », qui sont les plus puissants. On y trouve Nodens et Urm at-Tawil.



Je ne sais pas très bien, dans ce panthéon, où caser le fils d’Aliènor !

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La clef d'argent des contrées du rêve

MNÉMOS RÊVE







Dans la très, très riche actualité lovecraftienne francophone de ces derniers mois, chez les Indés de l’Imaginaire mais aussi ailleurs, La Clé d’argent des Contrées du Rêve se distingue peut-être, d’abord parce que l’on fait cette fois dans la fiction, ensuite parce que c’est en usant d’un cadre lovecraftien pas si pratiqué ou mis en avant : les Contrées du Rêve, donc.







Maintenant, il est vrai que Mnémos semble entretenir une relation particulière avec les Contrées – relation qui remonte au moins à la nouvelle traduction par David Camus, sous le titre donc Les Contrées du Rêve, de l’ensemble des nouvelles « dunsaniennes » de Lovecraft, incluant Démons et Merveilles, soit le « cycle de Randolph Carter », auquel le titre de la présente anthologie fait clairement allusion, mais aussi toutes les autres nouvelles « oniriques » : « Polaris », « La Malédiction de Sarnath », « Les Chats d’Ulthar », « Les Autres Dieux », et j’en passe.







Exactement au même moment, l’éditeur avait publié le très beau Kadath : le guide de la cité inconnue, superbement illustré par Nicolas Fructus (dans son édition originale : la reprise ultérieure se passe de la dimension graphique, ce qui me laisse assez sceptique…), avec des textes de David Camus donc, Mélanie Fazi aussi (surtout ?), Raphaël Granier de Cassagnac et Laurent Poujois. De la bonne came, ces deux bouquins…







Plus récemment, cependant, on a (re)trouvé chez Mnémos des choses… nettement moins bonnes, avec deux gros volumes pseudo-lovecrafto-oniriques de l’inqualifiable Brian Lumley. Ce qui, peut-être, fausse un peu mon jugement concernant la présente anthologie ? C’est dommage, mais…







ONIRIQUE… ET PÉRILLEUX







Cela dit, ce n’est clairement pas la plus évidente des matières, les « Contrées du Rêve »… C’est même assez franchement périlleux, et à plus d’un titre.







Dont un, bizarrement, ne ressort pas du tout ici – et notamment de l’introduction de Frédéric Weil : à l’exception de « Polaris », si l’on en croit Lovecraft lui-même, ces récits sont à certains égards des sortes de pastiches – de l’immense Lord Dunsany, donc. Les Dieux de Pegāna, Le Temps et les Dieux, L’Épée de Welleran, Contes d’un rêveur (parmi lesquels « Jours oisifs sur le Yann », nouvelle séminale en la matière), Le Livre des merveilles, Le Dernier Livre des merveilles… Autant de splendides petits recueils qui ont fourni, sinon la base ou le substrat, du moins des modèles pour que Lovecraft développe son propre univers onirique et baroque, au lexique chatoyant. Dès lors, pasticher Lovecraft dans les « Contrées du Rêve » peut revenir, indirectement, à pasticher Dunsany via les propres pastiches de Lovecraft ?







En théorie. Car, et ce n’est pas la moindre surprise de cette anthologie, aucun des auteurs ici présents (hors cas « ambigu » de « Randolph Carter », j’y reviendrai…) ne joue vraiment de cette carte merveilleuse. Laurent Poujois s’en approche timidement par endroits, Alex Nikolavitch et Vincent Tassy peut-être, avec moins de réussite, les autres n’essayent même pas ; il n’est pas dit qu’on puisse vraiment leur en vouloir, ni que ce soit forcément problématique…







Les « Contrées du Rêve », après tout, peuvent avoir d’autres couleurs – et la fantasy lovecraftienne, souvent, conserve quelque chose de l’horreur du Monde de l’Éveil ; cette fois, quelques auteurs s’en souviennent, mais somme toute assez peu, ou sans guère de réussite en tout cas.







Or ces différents registres ont leurs risques propres – et contribuent à rendre périlleux l’exercice d’équilibriste de Lovecraft, dont nombre des récits « dunsaniens » sont sur la corde raide : un faux pas et l’on tombe, ce qui charme et fascine s’avérant en fin de compte seulement grotesque au mauvais sens du terme, autant dire ridicule. Les auteurs se montrant prudents, ici, voire timorés, ils évitent pour l’essentiel cet écueil… sauf Sylvie Miller et Philippe Ward d’une part, et Vincent Tassy de l’autre, qui, chacun à sa manière, sautent à pieds joints dessus (et se cassent la gueule, comme de juste).







Autre ambiguïté du registre : la dimension proprement onirique de ces Contrées. Contre leur dénomination même, elle est en fait parfois discutable… Christophe Thill, dans un article figurant dans Lovecraft : au cœur du cauchemar, y insiste, à bon droit sans doute, même si je n’irais probablement pas jusqu’à me montrer aussi catégorique. Mais il y a bien une autre ambiguïté à cet égard, qu’il faut relever : ces Contrées sont peut-être oniriques (car on rêve beaucoup dans ces textes de Lovecraft, dont la célèbre citation est reprise ici en mot d’ordre : « Tout ce que j’ai écrit, je l’ai d’abord rêvé. »), ou peut-être pas, plutôt antédiluviennes ; ou alors les deux tout à la fois… Pourquoi pas, après tout ?







Cela a son importance, qui fait le partage entre une fantasy « classique », limite avec carte à l’appui, et quelque chose de bien moins organisé. La plupart des auteurs, ici, me semblent appuyer sur la dimension onirique, même en en évacuant le merveilleux – et souvent en faisant explicitement l’aller-retour entre Contrées du Rêve et Monde de l’Éveil ; ce qui paraît couler de source, alors qu’au fond, si l’on veut bien s’y arrêter un instant, ça n’a rien de si évident : en fait, cela introduit bel et bien un biais.







Et il y en a peut-être encore un dernier, pas forcément si inattendu que cela chez Mnémos, au vu de l’origine même de l’éditeur : la dimension rôlistique. Je crois qu’elle a laissé son empreinte (« mythique », si l’on y tient), et que les « Contrées du Rêve » ici arpentées doivent beaucoup à Sandy Petersen et compagnie, au projet préalable à L’Appel de Cthulhu – jeu dérivé de l’idée d’un supplément sur « Les Contrées du Rêve » pour Runequest… Pourtant sans insister sur la fantasy. Ce qui n’est pas forcément un problème, là non plus – mais conserver cette idée derrière l’oreille peut faire sens en cours de lecture, ai-je l’impression.







(Note : depuis cette chronique, au passage, j'ai eu l'occasion de causer des Contrées du Rêve rôlistiques, rééditées chez Sans-Détour.)







Y CROIRE ?







Reste que, si cette anthologie souffre avant tout d’un problème, il est tout autre… et bien autrement gênant. J’ai l’impression en effet d’un livre conçu sans y croire, d’une anthologie où les auteurs, au fond, et en tout cas la direction d’ouvrage, ne se sont pas « impliqués ». Même auprès des auteurs les plus sensibles à la dimension lovecraftienne, notamment pour en avoir déjà fait usage ailleurs, éventuellement de manière frontale, demeure ici l’impression vaguement ennuyeuse d’une commande. Le tout manque d’application et de cohérence, du coup… mais aussi et surtout d’enthousiasme ?







Sur le format relativement court de l’anthologie, c’est pour le moins frappant – et ça ne l’est que davantage, quand le dernier et le plus long texte du recueil et de loin, les « Fragments du carnet de voyage onirique de Randolph Carter », se contente sur une cinquantaine de pages de citer expressément Lovecraft, et/ou de broder sur ses descriptions « oniriques » sans même s’embarrasser d’une narration ! Or cet ultime texte confirme que les auteurs des nouvelles précédentes n’ont en fait même pas essayé de jouer de la carte baroque et chatoyante… Et il a d’autres connotations regrettables, sur lesquelles je reviendrai en temps utile.







Et, décidément, même en jouant au bon public dans la mesure de mes capacités (non négligeables) pour ce faire, je ne peux certes pas accorder une bonne note à cette anthologie ; on dit parfois « ni fait ni à faire », et c’est une expression hélas appropriée au contenu de cette anthologie …







Ma chronique pour Bifrost synthétise et « rassemble » les textes. Ayant davantage de souplesse rédactionnelle sur ce blog autorisant des développements bien plus amples, je vais tâcher de dire quelques mots de chacun de ces textes, dans l’ordre de présentation.



URJÖNTAGGUR







On commence avec « Urjöntaggur », nouvelle signée Fabien Clavel – un auteur que je n’ai à vrai dire jamais « pratiqué » (le bien grand mot…) que dans ce registre de la « plus ou moins commande », ce qui peut influer sur mon jugement. Mais le fait est que ce texte m’a paru sonner faux…







C’est d’autant plus regrettable qu’il contient des bonnes choses – avec un potentiel graphique et onirique marqué, des clins d’œil plutôt amusants aussi… Et, bien sûr, la dimension épistolaire, très adéquate.







Sauf que je n’ai donc pas l’impression d’un auteur qui « croit » en ce qu’il écrit – et j’ai bien au contraire la conviction qu’il ne fait finalement rien pour que le lecteur, au moins, y croie. Dimension rôlistique, avançais-je plus haut ? Peut-être, mais de manière ratée… La nouvelle m’a immanquablement évoqué un « scénario » conçu sur le pouce, pour une séance imprévue, en jetant au dernier moment les dés pour bâtir fissa quelque chose sur la base de tables aléatoires. Il y en a de bonnes, et cette méthode peut donner des choses très amusantes – mais à condition d’y travailler un peu plus, ne serait-ce que pour bétonner l’agencement. Sinon, ce ne sont que des cases dans des tableaux – des fragments qui au fond ne conduisent à rien ; et, au bout de la partie comme au bout de cette nouvelle, j’ai passé le temps, oui, mais sans vraiment m’amuser, et je n’en retiendrai rien.







Les gimmicks « stylistiques » de l’auteur ne font en fait que renforcer cette impression. La dimension épistolaire pouvait donner quelque chose d’intéressant, mais Fabien Clavel fait dans le gratuit (anglicismes, fautes d’accord), dans une vaine tentative, mais d’autant plus voyante, de conférer de la personnalité à ses protagonistes ; c’est au fond parfaitement raté, au mieux inutile. Et l’artifice n’en ressort que davantage.







Ce n’est même pas forcément que ce texte est « mauvais » : d’une certaine manière, il n’existe pas…







Hélas, il n’est pas le seul dans ce cas, ici.







LE RÊVEUR DE LA CATHÉDRALE







Suivent Sylvie Miller et Philippe Ward, pour « Le Rêveur de la cathédrale ». Le Noir Duo a pu, occasionnellement, livrer des choses tout à fait correctes, souvent dans un registre populaire, léger et divertissant, « Lasser » ou pas, mais pas que. Bien sûr, quelqu’un qui se fait appeler Philippe Ward n’a guère besoin de mettre en avant d’autres arguments pour témoigner de son goût pour Lovecraft…







Reste que cette nouvelle est un échec total – et qui, bizarrement, aurait sans doute gagné à se débarrasser de ses oripeaux guère seyants de lovecrafterie. Sur la base d’un cadre narratif qui aurait pu être intéressant (la basilique de Saint-Denis) mais qui s’avère bien vite inexploité, et d’ici à une conclusion tellement convenue que c’en est gênant, elle nous inflige un Nyarlathotep parfaitement grotesque, et un Randolph Carter qui l’est à peu près autant (outre qu’il est tout sauf sympathique – ce qui aurait pu constituer un bon point, je suppose, mais dans encore un autre univers parallèle) ; j’ose espérer que c’était délibéré de la part des auteurs, d’une certaine manière, mais sans en être totalement certain…







Et au final ? Là encore, une nouvelle « qui n’existe pas ».







DE KADATH À LA LUNE







Raphaël Granier de Cassagnac, pour sa contribution intitulée « De Kadath à la Lune », fait dans l’autoréférence, en brodant façon bref spin-off sur son texte dans Kadath : le guide de la cité inconnue, il y a de cela quelques années déjà. L’idée n’était pas mauvaise, même si tout cela est bien lointain pour moi… Mais cela a pu susciter quelques « flashs » occasionnels – cependant, plutôt dans son évocation du segment dû à l’époque à Mélanie Fazi, avec le personnage d’Aliénor. Eh…







Ce que Raphaël Granier de Cassagnac avait conçu dans ce cadre avec son « Innomé » était plutôt réussi, pourtant, et ne manquait pas d’à-propos, en fournissant au lecteur un guide de choix pour arpenter Kadath. En dehors de ce contexte, par contre, et avec cette seule anthologie pour référence, ça ne fonctionne hélas pas… et cela aboutit à un nouveau texte « inexistant ». Dommage…







CAPRAE OVUM







« Caprae Ovum » est une nouvelle d’Alex Nikolavitch, que je n’avais longtemps pratiqué qu’en tant qu’essayiste et traducteur (de BD notamment), sauf erreur, mais qui a publié assez récemment son premier roman, Eschatôn, aux Moutons Électriques – un roman, d’ailleurs, non dénué d’aspects lovecraftiens, et l’éditeur avait mis cette dimension en avant ; un roman, hélas, qui ne m’avait pas convaincu… mais pour de tout autres raisons (ses aspects lovecraftiens sont assez réussis, objectivement).







Avec la présente nouvelle, il nous livre un périple onirique adapté à la logique des rêves et/ou des cauchemars. Idée qui fait sens, sans doute… à ceci près que le résultat est d’un ennui mortel. Dans cette anthologie, c’est probablement la première nouvelle à tenter d’approcher véritablement la matière lovecraftienne onirique, ce qui est tout à son honneur – et je suppose qu’il y a notamment de « La Clé d’argent » là-dedans. Pas forcément le plus palpitant des récits lovecraftiens, je vous l’accorde… Mais là, c’est encore une autre étape : un somnifère radical.







Il y avait de l’idée – mais ça ne fonctionne pas vraiment, au mieux, et, une fois de plus, on n’en retient rien.







LES CHATS QUI RÊVENT







Avec « Les Chats qui rêvent », de Morgane Caussarieu, on en arrive – enfin ! – à un texte que l’on peut sans hésitation qualifier de « bon ». Pas un chef-d’œuvre, non, mais un « bon » texte. À vrai dire probablement le meilleur de cette anthologie autrement bien fade…







Je précise à tout hasard que je n’avais jusqu’alors (sauf erreur) jamais rien lu de la jeune auteure, dont des gens fiables ont cependant loué les romans, tout particulièrement Dans les veines – il faudra que je tente ça un de ces jours, quand même…







Mais revenons à nos moutons – ou plutôt, à nos chats… Ceux d’Ulthar, bien sûr ? Non : ceux qui aimeraient se trouver à Ulthar.







Parce qu’ils sont présentement en enfer.







Sur la base d’un titre pareil, je m’attendais à quelque chose dans le goût du très chouette « Rêve de mille chats » de Neil Gaiman – un épisode indépendant de la cultissime et fantabuleuse BD Sandman. Il y a peut-être un peu de ça, mais c’est finalement autre chose. Car ce texte n’est pas sans surprise, en fin de compte…







Notamment en ce qu’il évacue très vite tout ce qui pourrait être « naturellement kawaii » avec un postulat pareil. Chatons ou pas, cette nouvelle n’a rien de « mignon ». En fait, de l’ensemble de l’anthologie, elle est peut-être la seule (disons avec celle de Laurent Poujois, plus loin) où l’angoisse, voire la peur, voire la terreur, ont quelque chose de palpable – un aspect qui, quoi qu’on en dise, n’est pas absent des récits de Lovecraft consacrés aux « Contrées du Rêve ». Mieux encore si ça se trouve, la brève nouvelle de Morgane Caussarieu parvient à véhiculer quelque chose de presque… dépressif ? qui, là encore, contrairement aux idées reçues, peut faire partie intégrante de l’onirisme chatoyant de Lovecraft – car, dans ses textes dits dunsaniens, sous les tours d’ivoire et les minarets scintillants peut se dissimuler l’échec, le navrant, le pathétique ; peut-être surtout dans un second temps de sa production « fantaisiste », certes, mais c’en est une dimension importante.







Mais, en combinant tous ces aspects, Morgane Caussarieu livre donc un texte plus qu’honorable, à propos dans ce contexte, mais qui se tient aussi en lui-même. Une réussite, à son échelle, donc – et peut-être bien la réussite de cette anthologie. Oui : un texte qui existe, voyez-vous ça !







LE BAISER DU CHAOS RAMPANT





Encore un jeune auteur, avec Vincent Tassy – qui, dans « Le Baiser du Chaos Rampant », use d’une esthétique gogoth qu’on aurait pu être tenté d’associer à Morgane Caussarieu, sauf que non, en définitive.







Malgré sa lourdeur démonstrative et son emploi pas toujours très assuré d’un lexique rare et se voulant riche, la nouvelle parvient (presque) à faire illusion un certain temps. Il s’y passe des choses, et si la focalisation morbide et goulesque ne suscite pas les mêmes connotations que les tours et minarets des cités merveilleuses de Céléphaïs et compagnie, au moins l’auteur parvient à peu près à en tirer un semblant d’ambiance. Ce qui aurait donc pu donner quelque chose de correct, j’imagine – en étant bon prince, oui, mais…







Mais en fait non, en raison d’une conclusion parfaitement ridicule. Je ne suis pas certain d’avoir lu une lovecrafterie qui m’ait autant donné envie de bazarder violemment le bouquin contre un mur depuis la « Maudite Providence » de Li-Cam – enfin, une lovecrafterie francophone, j’ai (re !) lu du Brian Lumley entre temps…







Non, vraiment, fallait pas.



LE TABULARIUM







Laurent Poujois remonte le niveau avec « Le Tabularium » ; après avoir, il y a longtemps de cela, fourni des choses intéressantes pour le Kadath du même éditeur – mais, à la différence de son collègue Raphaël Granier de Cassagnac, il a choisi de livrer une nouvelle se tenant avant tout en elle-même : le bon choix, m’est avis.







Entendons-nous bien : « Le Tabularium » n’a absolument rien d’un chef-d’œuvre. Mais c’est un texte divertissant, et qui fonctionne. Oui, c’est aussi assez convenu, voire éculé, mais ça fonctionne. Et au regard de la concurrence dans cette anthologie, ben, du coup…







En fait, si je confierais donc la première place du podium à la nouvelle de Morgane Caussarieu évoquée plus haut, la deuxième me paraîtrait pouvoir être attribuée à ce récit faisant la bascule entre Monde de l’Éveil et Contrées du Rêve avec… professionnalisme, disons. Terme assez peu généreusement connoté le plus souvent il est vrai, mais pour le coup Laurent Poujois ne nous fait pas du Fabien Clavel. Son texte est bien construit, l’ambiance est là, qui oscille entre fascination et angoisse avec la nécessaire touche de démence qui va bien. Autrement dit, ça marche – et comme il ne faut pas espérer beaucoup plus dans ce recueil…







LE CORPS DU RÊVE







« Le Corps du Rêve », de Neil Jomunsi, ne s’en sort pas si mal, cela dit. Formellement, cette nouvelle me laisse assez sceptique, mais je lui reconnais néanmoins d’avoir un thème assez intéressant, relativement original, et plutôt bien développé.







En fait, c’est là l’atout de cette nouvelle, qui la classe effectivement au-dessus de la médiocrité globale de cette Clé d’argent des Contrées du Rêve fort peu goûtue dans l’ensemble : lesdites Contrées y sont questionnées, dans leurs implications, et donc dans le rapport ambigu que les Rêveurs peuvent entretenir avec elles. Il n’est certes pas dit que la réponse apportée à cette problématique par Neil Jomunsi aurait parlé à Tonton HPL, mais, au fond, ça n’est d’aucune importance.







La nouvelle est critiquable, bancale parfois, mais donc assez futée, au fond, et parvient à mettre en place une ambiance des plus correcte ; allez, troisième place sur le podium.







YLIA DE HLANITH







… Quand soudain déboule le… le texte qui invalide l’idée même d’un podium pour les siècles des siècles.







« Ylia de Hlanith » est un… poème… de 480 vers, des alexandrins à vue de nez, commis par Timothée Rey. Et je ne suis pas bien certain de ce que j’en pense.







Booooooooooooooooon, côté « virtuosité poétique » et « joliesse des images et émotions », disons-le, ça n’est paaaaaaaaaaaaaaaaaas tout à fait ça ; mais probablement de manière délibérée, en partie du moins – semble en témoigner le goût de l’auteur pour les rimes improbables, en -ec, en -oth, que sais-je ; avec de la musique derrière et beaucoup de clopes ou d’alcool, ça aurait pu être du Gainsbourg, si ça se trouve – du Gainsbourg pété comme un coing et qui rigole tout seul dans son coin (donc) de la mauvais blague à laquelle il se livre.







Disons-le : c’est moche comme tout et ça croule sous
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Territoires de l'imaginaire : Faites demi-t..

Faites demi-tour dès que possible: les territoires de l'imaginaire est une anthologie de nouvelle de science fiction / fantastique publié chez la Volte.



C'est une anthologie se basant sur un concept originale: à savoir que les 14 auteurs, vont chacun écrire une nouvelle sur un territoire différend, que ce soit ville ou région. Vous pouvez ce recueil de deux façon. La première est une lecture dans l'ordre, qui regrouperont les nouvelles par thème. Ou alors dans le désordre, avec le deuxième sommaire, qui vous permettra de lire les nouvelles par territoires.



Sentiment mitigé ici, la plupart des nouvelles ne m'on pas marqué outre mesure, et m'on laissé neutre. Cependant pour ma part deux nouvelle sont sortit du lot. A savoir le cul du loup de David Calvo, et Le signal de Jean-Phillipe Ourry, nouvelles que j'ai beaucoup apprécier.
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Thinking Eternity

Préquel d’Eternity Incorporated, Thinking Eternity tourne autour de deux personnages, un frère et une sœur, Adrian et Diane Eckard. Le premier échappe à un attentat et se retrouve avec des yeux cybernétiques. Il parcourt ensuite le monde avec quelques acolytes et il créé un nouveau mouvement le Thinking. Sa sœur, brillante scientifique travaillant sur les intelligences artificielles se retrouve quand à elle employée par Eterniy Incorporated.



Dans un futur proche, où la cybernétique se développe, Thinking Eternity est un très bon thriller, bien rythmé avec une histoire plutôt originale et bien construite mêlant science, religion et éthique. J’ai beaucoup apprécié le parcours parallèle des deux personnages, avec une préférence pour celui de Diane. Si globalement j’ai aussi aimé suivre le personnage d’Adrian, si l’idée en soi d’un nouveau mouvement mondial le Thinking est intéressante, sa propagation, le côté religieux que prend le mouvement, et le côté gourou d’Adrien… le mouvement ne m’a pas passionné.



Je ne sais pas si la fin est prévisible pour ceux qui n’auraient pas lu au préalable Eternity Incorporated. L’ayant lu et sachant que ce roman était un prequel, j’ai rapidement vu venir où l’histoire allait. Malgré cela, ça a été une très bonne lecture et je ne sais pas si un autre tome est prévu, mais je ne serai pas contre un autre roman dans cet univers, après ce prequel, pourquoi pas une suite à Eternity Incorporated ?


Lien : http://raconte-moi.net/2017/..
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Thinking Eternity

La manière dont l'auteur a construit la trame de son livre le rend très agréable à lire. L'évolution de ses intelligences artificielles, depuis celles totalement asservies à l'homme jusqu'à celles capables de sentiments et qui dépasseront leur créateur, est vraiment réaliste. Cependant, petit bémol qui m'a empêché d'attribuer cinq étoiles à cet ouvrage, la manière dont est décrite la naissance puis l'expansion planétaire du mouvement du thinking (une sorte d'enseignement scientifique pour le plus grand nombre) me parait trop facile et peu crédible. Cependant, c'est avec hâte que j'attends de me plonger dans "Eternity Incorporated", la suite du même auteur.
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