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Critiques de Rebecca Lighieri (405)
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Une fratrie soudée pour tout surmonter !

En vacances près de Marseille, j'ai embarqué avec moi ce texte de Rebecca Lighieri, pseudonyme de Emmanuelle Bayamack-Tam, sans savoir à quoi m'attendre. Pourtant, le titre donne le ton. Cette lecture a été éprouvante par la violence qui se dégage de ce roman. J'ai été happé par l'écriture et la vie de ces personnages.

C'est Karel, le narrateur, un enfant et un adulte perdu. Avec sa sœur Hendricka et son frère Mohand, ils vivent dans les quartiers Nord, sous les coups et humiliations de leur père et la folie de leur mère. Leur seul refuge est le passage 50 où parmi les gitans, ils trouvent un semblant de famille. Le roman débute par l'assassinat du père et Karel remonte le temps jusqu'à ces 7 ans pour nous expliquer la vie de cette fratrie.

Le rythme est rapide, la décennie 90 défile sous nos yeux. Ce roman social est très sombre, noir, réaliste ? On veut savoir comment Karel, Hendricka et Mohand vont se construire, comment ces enfants détruits vont évoluer, car ils rêvent d'une vie normale, ils envient une vie normale. Des personnages féminins forts et positifs gravitent autour d'eux, Yolanda, Shayenne.

Il y a de nombreuses références populaires ou littéraires. La sexualité des personnages féminins comme masculins est crue, violente, assumée. Ce roman raconte la misère, la folie, des relations humaines qui se vivent avec les tripes. Certains passages sont marquant : L' épisode de la rencontre entre Karel et Gabrielle très douloureux. L'installation dans le nouvel appartement émouvant.

Je retiendrai les liens d'amour très forts qui unissent cette fratrie dans la même haine du père, l'esprit de résilience pour pouvoir s'en sortir. La violence de vouloir s'en sortir et faire mentir le déterminisme social. Un espoir ?

Un texte difficile, puissant avec des personnages que l'on oublie pas !
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Les garçons de l'été

J’ai entendu Emmanuelle Bayamack-Tam alias Rebecca Lighieri dans l’excellente émission « la source » de Céline Coulon sur France Inter. Cette émission est une de mes sources 😉 pour mes choix de plumes féminines et je dois dire que je suis enchantée de ses recommandations (Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Sandrine Colette … )

Dans la famille Chastaing, j’appelle Mylène, la mère de famille. Bourgeoise tirée à quatre épingles, a étudié la pharmacie, elle a d’ailleurs rencontré son époux sur les bancs de l’université. Elle ne vit que pour ses enfants, la maison, elle cuisine, elle traque la saleté, une espèce de Bree van de Kamp dont je me demande d’ailleurs si l’autrice ne s’est pas inspirée pour croquer Mi, comme l’appelle ses enfants.



Le père, Jérôme, pharmacien, honnête homme, aime son épouse, ses enfants, sportif, entretient une relation avec une ex-copine de classe, aime pousser ses enfants à se surpasser.



Le fils ainé : Thadée, jeune homme parfait aux yeux de sa mère, sportif aguerri, excellent surfeur, mais la réalité est loin d’être aussi idéale que l’image d’Epinal décrite par Mylène.



Le fils puiné : Zachée, un an de moins que son frère, total opposé de son aîné, tendre et doux, calme et posé, excellent surfeur lui aussi



Et enfin la cadette : Ysé, une douzaine d’années, haut potentiel sans aucun doute, observe avec beaucoup d’attention et d’a propos le microcosme dans lequel elle vit.



Gravitent autour de cette famille Jasmine et Cindy, les petites amies des deux garçons, les grands-parents et quelques amis de classe, de fac, de surf.

Sous un titre qui pourrait faire penser à une romance, Olivia de Lamberterie écrit pour Télématin en 4ème de couverture : Du Stephen King à la française. Et sincèrement, pour une fois, je suis plutôt d’accord avec elle. Je ne suis pas une experte de Stephen King, j’ai plutôt pensé à la plume de Laura Kasischke mais en tout cas une plume efficace et liminaire.



C’est un roman choral, chaque membre de la famille prend la parole une ou plusieurs fois pour commenter les situations vécues par toute la famille. Chaque personnage est terriblement décrit, tout ce que j’aime y est présent : une psychologie particulièrement fouillée, des âmes torturées pour lesquelles on prend parti ou pas, mais on ne peut pas y rester indifférent.



Enormément d’humour malgré l’atmosphère terriblement lourde. J’ai adoré Ysé, son détachement, sa froideur, son intelligence, vraiment une grande réussite que cette gamine.

J’ai tout apprécié dans ce livre. Même le vocabulaire spécifique au surf ne m’a pas dérangé, je me suis sentie tellement impliquée dans le livre que je lisais ces pages en me représentant les surfeurs sur les vagues, se donnant rendez-vous dans des spots connus ou à l’inverse, essayant de protéger leurs plages préférées des surfeurs du dimanche.



Je vous le recommande chaudement, vraiment !!



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Les garçons de l'été

J’ai aimé ce livre. Au contraire des autres commentaires, j’ai aimé le style de l’auteur et son écriture -je ne vous cache pas que toutes les vulgarités m’ont quand même un peu perturbée je n’ai pas l’habitude. il est vrai que le vocabulaire et les expressions ne changent pas d’un personnage à l’autre, ce qui ne permet pas de se plonger totalement dans le personnage que l’on lit. mais l’histoire m’a fait voyager sous fond diabolique. On en apprend toujours plus sur les personnages et c’est vraiment happant, inquiétant. cependant, pour moi, la fin n’a aucun sens et j’étais extrêmement déçue. Je ne sais pas si c’est moi, mais je n’ai pas tout compris. Je me souviens encore me rappeler de détails en pensant que ceux ci auraient une incidence sur la fin mais ce n’était pas le cas et je suis resté sur ma faim.



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Il est des hommes qui se perdront toujours

Trois enfants. Une fille et deux garçons. Hendricka, Karel et le petit dernier nommé Mohand.



Nés dans la mauvaise famille, le désastre, la mauvaise étoile. Un père, Karl Claeys, triste blague belge venue se crasher dans la cité Antonin Artaud après une diagonale Amblève > Marseille. Cité fictive qui ressemble à beaucoup d'autres et où les fulgurances côtoient la folie sans savoir qui engendre quoi.



Loin du centre-ville, sur les contreforts du massif de l'Etoile. Un genre de Notre-Dame-Limite d'où Notre-Dame se serait enfuie en hurlant, hirsute et affolée. Un de ces territoires relégués géographiquement et socialement.



Dans ses bagages Karl a emporté ses combines foireuses, de l'héroïne, sa shooteuse ainsi qu'une capacité hors-du-commum à bousiller les gens qu'il fréquente. Et en premier lieu, sa femme Loubna rencontrée sur place et leurs trois enfants qui cohabitent avec lui, passagers involontaires et résignés de sa méchanceté brute.



Le narrateur sera Karel, l'aîné. Il nous parle depuis un futur où le monstre a été terrassé comme dans L'Odyssée par un assassin nommé "personne". Il se livre à l'orée de sa vie d'adulte à un psy, remontant le fil de sa courte histoire. 20 ans de cauchemar pour une fratrie en proie à la violence d'un père, au silence d'une mère et à l'indiffèrence presque unanime du monde autour. École comprise.



Marseille est encore une fois un théâtre antique à ciel ouvert, décor d'une tragédie implacable. Elle n'est pas vraiment agissante dans ce livre, cela aurait très bien pu se passer ailleurs. Seuls quelques évènement historiques viennent saupoudrer le texte et l'ancrer. Elle se contente d'accueillir et de tendre les bras aux personnages.



Sa géographie accompagne leurs évolutions et avant tout celle de Karel : d'Antonin Artaud au Boulevard Sakakini puis à la rue Consolat. On se rapproche du centre-ville au fur et à mesure que la vie évolue, qu'on trouve un emploi, qu'on emménage avec sa copine et que l'on tente d'oublier sa cité crasseuse. Sociologie des rues.



Pourtant les dieux ne perdent jamais de vue les enfants Claeys et s'acharnent sur cette famille en déchaînant les éléments sur elle. Des ciels d'orage où Zeus lance son foudre, ulcéré par tant de brutalité et d'immoralité réunies dans une même famille. Les Atrides ou les Labdacides n'ayant rien à lui envier.



Deux enfants à la beauté divine (Apollon et Artemis ? Mais Karel et Hendricka ne sont pas des jumeaux) et un autre disgracieux, voué aux tourments physiques et moraux (Héphaistos ?). Un père qui dévore ses enfants. (Cronos ?)



Des origines nébuleuses d'hommes et de femmes fuyant leurs destins et brouillant les pistes en les croisant. Les lignées de deux familles qui s'ignorent et se cherchent. (On pense à Oedipe pour les origines opaques )



Meurtre, sacrifice pour refaire souffler le vent de la vie au milieu du désespoir, (Iphigénie) adultères. Mythologie incarnée et douloureuse.



J'ai été un peu décontenancé. le voyage m'a plu mais les personnages avec qui je l'ai fait me laissent perplexes. Et avant tout Karel. Karel le fracassé et son acronyme évocateur.



Il a vécu une enfance terrible avec sa soeur et son frère à subir la colère et la bêtise crasse d'un père fide fade et colérique. Dur de vivre dans la peur constante de ses crises de folie...



Comme si cette violence était un pays dans lequel lui, son frère Mohand et sa soeur Hendricka avaient appris à vivre, en se blotissant dans les infractuosités du terrain : une mère dépassée, soumise et mutique ; un camp de gitan derrière la colline ; ou la fuite loin de ce monde que l'on attend, que l'on prépare et que l'on souhaite.



On se cache dans ce roman, on se terre. On dissimule aux autres ses envies, sa vérité, pas toujours très belle. On change de noms pensant que le destin perdra ainsi notre trace en feuillettant le bottin mondain, ce bal maudit. On ment comme on soupire.



Mon enfance a été trop heureuse et c'est ce détail qui m'empêche d'accepter le résultat d'une telle opération, à savoir que les brimades continues, les coups et l'humiliation au quotidien ne peuvent que très rarement donner des adultes calmes, pacifiques et altruistes.



A partir du chapitre "Les filles en "i" m'a colère n'a cessé de monter. Un personnage a brusquement fait une embardée. On la pressentait mais pas à ce point. J'en suis arrivé à l'insulter. Je l'ai même invectivé en le questionnant par écrit sur les pages du livre, inscrivant des "Et toi connard ?" dans la marge. Ça ne m'arrive pas si souvent...



C'est dur de suivre un protagoniste qui nous tend, nous énerve. Ah Karel. Mec. Assume. Arrête de ne penser qu'à ta jolie petite gueule 5 minutes...oui c'est Caporal bobo qui te parle au talkie, tu sais ? de ceux que tu détestes et jalouses ? Mais je sais, je n'ai aucun mérite de parler depuis là d'où je parle. Donc je ferme ma gueule et je te regarde faire des roues arrière improbables avec ta vie et surtout celle des autres. Spectateur qui se mord les lèvres du gâchis en puissance et de l'accident ferroviaire qui ne manquera pas de se produire.



Rebecca Lighieri nous bouscule, volontairement, dans nos certitudes et dans notre confort. On se questionne, on s'étonne, nos appuis sont moins assurés, comme si l'autrice nous avait placé une bonne balayette et attendait, goguenarde, notre réaction.



L'auteur parle d'une "suspension du jugement" qu'elle revendique envers ses personnages que la vie, la société, a priori ont déjà jugé et marginalisé. Elle ne tient pas à surcharger leurs barques. Juste les mettre à l'eau, les voir nager. Ou couler.



Le titre n'est d'ailleurs pas une affirmation pour elle. Il reste une interrogation à laquelle on peut répondre ou pas. Les Hommes, au sens de l'espèce restent à définir. Karel, Karl, Mohand, Loubna ? Tout le monde ?





Quelque chose m'a manqué pourtant dans le rythme sans que je ne puisse vraiment mettre le doigt dessus. Je pense que malheureusement certaines scènes, presque des tableaux, viennent nuire au rythme global du roman. C'est tellement fort, que cela casse le fil du récit, le rend trop fin. Comme des diamants trop lourds sur un collier. Cela peut arriver en peinture, où un morceau de bravoure tout virtuose soit-il, peut venir casser l'unité.



Ces passages sont forts, bien écrits. Ils font sauter l'électrocardiogramme qui ensuite paraît étrangement plat. C'est dur à dire mais certains passages sont trop puissants vis à vis du reste et notamment du 3ème tiers du roman et de la fin qui s'essouflent un peu à mon goût.



C'est le défaut d'une qualité. Ce n'est moins bon que parce que cela cohabite avec du précieux, pas parce que c'est moyen.



J'ai d'ailleurs vraiment aimé la plume de l'autrice. Pleine de jus. Les personnages persistent et m'interpellent régulièrement dans ma vie de tous les jours. Je vois des Karel assez souvent ou je crois en voir lors de mes errances. Plus rarement un Mohand au visage abimé. Beaucoup de chair et de vie données à ces enfants que l'on suit dans leur adolescence ("la mue périlleuse") et dans leurs premières années d'adultes qui ne sont pas les plus simples à vivre non plus. Une tendresse particulière pour l'opulente Choucha.



Puis il y a des scènes très marquantes.



Bouleversantes même.



Certaines violentes, d'autres moins mais intenses toujours. Sexe, shoot, aggression, mise à mort.



De ces paroxysmes acrobatiques où le ridicule guette à chaque adjectif, Rebecca Lighieri se sort très bien, arrivant à ses fins et plongeant les lecteurs dans ce fort courant.



Pas de "Bad sex in fiction award" pour Mme Lighieri donc.



En ce qui concerne la marge accueillante et les exclus inclusifs...j'aimerais y croire mais je ne suis pas totalement convaincu. Cynos de Berge Rase me souffle doucement à l'oreille des réflexions empoisonnées et sarcastiques. Si seulement...



Une autre petite remarque (oui ça fait beaucoup mais je l'aime bien ce livre je le redis) qui m'a fait un peu cligner de l'oeil comme un cornichon trop vinaigré : le mot "go" n'est, à mon avis, pas apparu à Marseille en 1990. Cela est bien plus récent. A moins que ce ne soit le Karel narrateur du 21ème siècle qui l'utilise ? Même réflexion pour "bicrave" en 1998. Je n'ai commencé à l'entendre que vers 2005 et pas sur Marseille dans un premier temps. Pour finir le mot "terma" ??? J'ai toujours dit "tarma" en ce qui me concerne.



Lighieri dit qu'elle a remarqué qu'elle se réservait pour les narrateurs masculins, pour une certaine noirceur. Plus percutante, plus romancée et moins poétique que Bayamack-Tam. Elle se permet plus de violence physique comme dans un pulp. Elle écrit "sous pseudo", et loue l'effet "stupéfiant" que cela convoque chez elle et qui la déshinibe. La trame est déjà présente contrairement aux livres de Bayamack- Tam qui se forgent "chemin faisant".



Philippe Lançon dit que "Lighieri est la version pop de Bayamack-Tam".



Et en parlant de pop, la musique et les chansons des années 1980 à 2000 sont au centre de ce roman. Rebecca Lighieri a construit l'histoire autour d'elles, les laissant infuser dans son esprit pour en colorer les atmosphères, souligner des ambiances et convoquer les souvenirs, pour les chanceux nés dans ces décennies ; pour le meilleur et pour le pire dit-elle. Elle a failli nommer chaque chapitre du titre d'une de ces chansons mais a renoncé en route, craignant l'aspect trop systématique.



Ce livre, malgré quelques irritations, me donne très envie de lire assez vite autre chose de l'autrice quel qu'en soit le nom. Par ricochets, l'envie aussi de découvrir Antonin Artaud dont le titre est une citation et dont L ADN triple fait de poésie, de drogue et de folie irriguent ce roman.



Quelques details amusants aussi, comme la famille Sastre, gitans du passage 50 aux goûts vestimentaires très marqués et dont le nom signifie "tailleur" en espagnol.



Le pseudo Lighieri aussi qui fait de l'œil à Dante Alighieri.



Je relirai sûrement certains passages bouillonnants, comme on va au musée revoir une oeuvre qui nous a touché.



En tout cas, une lecture qui ne m'a pas épargné. J'aime.









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Les garçons de l'été

Voici un livre pour lequel je n'aurai eu aucun intérêt du début à la fin. C'est long et ennuyeux.

Il faut dire aussi que je ne connais rien au surf, que ce sport impressionnant ne m'attire pas et ce n'est pas le livre qui m'en aura donné le goût. On y retrouve un monde fermé, réservé aux initiés.

Quant aux personnages, surfeurs ou pas, ils ne sont pas sympathiques.

Au final, il n'y a que le titre qui est beau !

En ce qui concerne la critique d'Olivia de Lamberterie en quatrième de couverture qui annonce un Stephen King à la française, cela laisse perplexe.

En tout cas, voici un livre qui a rejoint directement la caisse des livres à revendre. Il n'aura même pas eu le droit de faire un passage dans la bibliothèque !

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Qu’est-ce qui peut sauver les enfants nés sous une mauvaise étoile ? Qui pour prendre soin de Karel, Hendricka, et leur petit frère handicapé Mohand, enfants d’un couple maltraitant et drogué jusqu’à l’os ? Dans les quartiers Nord de Marseille, les gitans voisins de la cité Artaud où essaient de grandir les trois gamins, sont les seuls à prendre soin d’eux. L’école ? Malgré les bons résultats de Karel, il est destiné par essence au même lycée pro que ses copains. Les services sociaux ont sans doute d’autres urgences à gérer. Karl, le père, tente de monnayer la beauté métisse de ses deux aînés en leur faisant courir les castings. Ça marche pour Hendricka, qui devient une star. Karel arrête l’école à 16 ans, beau gosse / bad boy typiquement marseillais, officiellement en couple avec la bouillante Shayenne, la petite sœur de son meilleur pote gitan.

Il s’en veut de gâcher sa vie. Il s’en veut de n’avoir jamais réussi à protéger Mohand de la cruauté de son père, de la surprotection toxique et toxicomane de sa mère, il s’en veut de tromper Shayenne, il s’en veut de sentir monter en lui la même violence que son père. Y a-t-il une malédictions pour les garçons comme lui, comme Michael Jackson, comme Marvin Gaye ?

C’est mon premier Rebecca Lighieri, et je suis sous le choc. Ce ne sera pas le dernier !
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Les garçons de l'été

Méfiez vous de la couverture…Rebecca Lighieri signe un roman fort et noir. Surtout noir.



Marquée par cette fine complexité donnée aux personnages et à leurs liens, j’avais adoré « Il est des hommes qui se perdront toujours ». J’avais été profondément attirée par cette capacité de Rebecca Lighieri à nous faire partager - nous lecteurs- leurs états internes et les interactions entre pensées et comportements. J’avais aimé aussi le cadre peint par l’écrivaine, les images et les odeurs prêtaient aux décors ; cette écriture simple, fluide mais à la profondeur certaine.



J’ai pu, à mon plus grand bonheur, retrouver ces points dans cette nouvelle lecture. Les personnages d’une même famille pensent et interagissent entre la Côte Basque et la Réunion. A ce propos, l’auteure nous présente - au fil des lignes - une fresque familiale aux accents de réalité (très sordide certes), soutenue par l’organisation des chapitres, donnant la parole à chacun en fonction de l’avancée de l’histoire. On sent, on vibre, on frissonne, on s’émerveille - parfois- au fil des scènes et des décors.. On surfe aussi beaucoup dans ces lignes. A travers elles, on cherche un vocabulaire spécialisé, une figure, une vague et l’on peut voir - si notre imagination nous le permet- ces jeunes surfer.



Seulement voilà il y a un hic. Plusieurs, peut-être ? J’ai eu l’impression - surtout à la fin du roman - que, cette fois-ci, c’était trop. Si je plussoie la finesse de l’humain dans les livres de l’auteur, et cette riche dé- construction des problématiques posées par la condition humaine (liens familiaux, deuil, parentalité, désir, moral etc…) je dois aussi reconnaître qu’à la fin je n’y ai plus cru. Le tableau devient trop noir, presque invraisemblable… Je n’en dirai pas plus, laissant aux lecteurs intéressés le plaisir de la découverte…
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Husbands

L'histoire commence bien, avec la description des 3 protagonistes et de leur malêtre, et jusqu'à leur rencontre "IRL" et le premier "cocufiage".

Ensuite, lorsqu'un des protagoniste perd la tête et vire "psychopathe", on vire au polar des plus banals, sans être nul, mais sans grand intérêt.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Très dur mais cependant il m'a semblé receler un espoir sombre, un espoir quand même. Je n'ai croisé personne qui ait connu une vie aussi dure, j'ai donc apprécié cette plongée dans cette enfance terrible. Je n'ai pas pu mettre cette histoire loin de moi, comme je peux le faire en lisant certains romans noirs.

En quasi ombres chinoises, les personnages secondaires semblent tirer leur épingle du jeu sans se poser trop de questions : après tout pourquoi pas ? Cela vaut mieux que le désespoir.

« Noir c'est noir » ….

On ne se rend pas compte de la chance qu'on a quand on vit loin de toute cette horreur.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

C'est un roman assez marquant niveau violence dans un contexte familial bien compliqué avec maltraitance et drogue.

C'est vraiment un roman noir avec des personnages complexes et notamment ce petit Mohand, très touchant, L'histoire se passe par ailleurs dans un quartier de Marseille malfamé, rajoutant une couche de violence au roman.

A leur manière, les 3 enfants vont s'en sortir, mais à quel prix..., chacun à sa manière a sa part d'ombre.

Et bien sûr il y a Karel, le plus imprévisible et difficile à cerner et qui m'a bien désarçonné dans ma lecture.
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Husbands



Un livre abandonné d'une auteure que j'aime tant ... pourtant.

Les regards croisés de 3 maris ... blessés. Aigris , floués.

et leur plongée dans le monde virtuel de sites echangistes .. du Caudalisme ... Les mots sont âpres, mais surtout l'ambiance sordide ...

JE n'ai pu . Ou peut-être , ... n'etait ce pas le moment de cette lecture
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Ce livre a été un véritable coup de coeur ! J’étais déjà intriguée par le résumé mais alors ça a été une vraie claque quand j’ai commencé à lire l’histoire.

Ici, on découvre Karel, un jeune homme qui vit dans une cité de Marseille, et qui grandit avec son frère et sa soeur dans un foyer où leur père fait régner la terreur. Un jour, ce dernier est retrouvé mort. C’est un acte salvateur pour Karel, mais qui a commit cet assassinat ?

Au travers des yeux du protagoniste, on découvre sa propre histoire, celle de sa famille. On suit ses angoisses, ses peurs de ressembler à son père qui est cruel, sans pitié et vraiment détestable. La façon dont il traite ses enfants, surtout le dernier, Mohand, qui est handicapé, m’a véritablement mis en colère. On se rend compte que cet homme a un impact tous les jours sur Karel, sur ce qu’il fait, sur ce qu’il pense. Il est hanté par les actes de ce dernier mais aussi par ses propres pensées, ses propres pulsions violentes.

J’ai beaucoup apprécié le style d’écriture, je trouve qu’il colle complètement à Karel, avec des mots crus, des expressions particulières, je dirais que c’est écrit comme ça serait raconté à l’oral. Il y a des scènes qui m’ont révolté, j’ai eu les larmes aux yeux mais je l’ai lu d’une seule traite parce que je voulais absolument savoir ce que réservait l’avenir à Karel, à sa fratrie, et bien sûr, découvrir celui qui a tué leur père. Pour ma part, cette découverte est presque reléguée au second plan parce que suivre Karel, Hendricka et Mohand, leur enfance saccagée, leur passage à l’âge adulte pas vraiment plus serein, c’est ce qui m’a le plus plu. Je me suis sentie plongée au creux de son esprit, et j’ai trouvé que c’était très juste. La fin m’a laissé sans voix, sans souffle, et avec un sentiment d’injustice.


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Husbands

L'écriture de Rebecca Lighieri, je m'en souviens encore. J'ai lu "Il est des hommes qui se perdront toujours" l'année dernière. Et ça avait été une claque. Je m'étais promis de lire "Les garçons de l'été" rapidement. Et puis vous savez, la vie passe...

Je ne savais pas qu'elle s'était initié au polar et lorsque j'ai vu son nom dans le rayon je me suis dis : le polar, je suis certaine que ça lui va bien.



Dans Husbands, j'ai retrouvé sa plume sans tabou, ciselée et crue. Celle qui te fais te demander si ces phrases n'ont pas été écrites par un homme rempli de rage. J'ai retrouvé cette boulimie, ce besoin d'avaler les pages sans ressentir la moindre sensation de satiété, ses fins de chapitre où l'on se dit : non j'en veux encore.



Dans ce roman choral, nous rencontrons 3 hommes :

▪️ Farouk est professeur de lettres, amoureux de sa femme comme au premier jour, père solide et confiant jusqu'à ce qu'il fasse une découverte macabre.

▪️ Reynald est le manager de sa femme Lauriane, chanteuse à succès. Il enrage lorsqu'il se rend compte que celle-ci a rencontré un autre homme.

▪️ Laurent vient des quartiers nord, sa vie professionnelle et l'environnement de sa femme lui a permis d'avoir une vie confortable et respectable. C'est en perdant son travail qu'il se rend compte que cette vie n'a jamais été la sienne.



C'est sur un forum que ces trois se rencontre. Un forum de caudalistes (je vous laisserais le soin de découvrir ce dont il s'agit si vous n'êtes pas déjà au courant :)). C'est bien connu, le virtuel pousse à se dévoiler. Après tout, ces 3 hommes ont en commun une colère, une déception provoquée par le sexe féminin, ils ont été bafoués. Ca rassemble ! Ils se sentent compris, en sécurité, ils échangent, se rencontrent et se dévoilent. Jusqu'au jour où l'un d'entre eux va commettre l'irréparable.

La structure nous fait comprendre les 3 points de vues d'une histoire qui, dès le début, n'a rien de sain, et c'est là toute la richesse du récit.



Encore une fois, Lighieri vise juste. Elle sait comment tenir son lecteur en haleine et le captiver. Elle ne fait jamais dans le pathos. Elle est brute, elle brusque et elle le sait. S'intéresser aux cercles caudalistes était osés, mais ce n'est pas le cœur du roman. Au final, il n'a permis qu'à rassembler ces 3 hommes au bord de la crise de nerfs. Ces hommes qui n'auraient jamais du se rencontrer. On réalise à quel point Internet nous a permis de nous rapprocher, de faire des rencontres improbables, de se sentir "à l'abri" derrière l'écran alors qu'au final, nous n'en sommes que plus vulnérable non ?



Une très bonne lecture. Ce deuxième roman confirme mon intérêt pour cette autrice dont le style se démarque. "Les garçons de l'été" remontent dans ma liste et j'espère que cette autrice remarquable atterrira dans la votre.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Entre les années 80 et 2000, Karel (le narrateur), Hendricka et Mohand sont trois enfants des quartiers Nord de Marseille, maltraités par leur violent père Karl, belge d’origine, ayant épousé la docile et silencieuse Loubna, kabyle. Ce métissage a sublimé les deux aînés que le père ne cesse de traîner de casting en casting, tandis que le dernier est né avec divers handicaps, qui lui valent la haine et les humiliations de son père. Tous les trois essaient de survivre à leur enfance dévastée, entre violence, pauvreté, toxicomanie, injustice et indifférence.



C’est un roman noir dans lequel sont dépeintes la dureté et la violence du monde social. À l’inverse de ma précédente lecture de cette auteure ("Les garçons de l’été") qui prenait place au sein d’une famille très aisée, celle-ci se déroule dans un environnement pauvre, le foyer habitant à la frontière d’un bidonville occupé par une communauté de gitans sédentarisés. J’ai apprécié cette différence de contexte social choisie au départ, puisqu’on retrouve, in fine, la même noirceur de l’âme chez des personnages de ces deux livres.



L’immersion dans la période décrite est très réussie, grâce à des références sportives et musicales connues de tous. J’ai également apprécié la lutte incessante que mène Karel contre lui-même et contre les gênes destructeurs hérités de son père, qui le ramènent un peu plus chaque jour vers le schéma familial, qu'il tente pourtant de fuir inlassablement.
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Les garçons de l'été

Diabolique ! Il y a cette famille bien sous tous rapports avec le papa pharmacien très amoureux de sa femme et de sa maîtresse, la mère universitaire qui a choisi de rester à la maison pour s'occuper des enfants et s'habille de twin-sets coordonnés, les deux fils ainés, plus beaux et surfeurs que nature et puis la petite sœur, diablement attachante, un peu bizarre avec son goût prononcé pour les lézards morts et les trucs un peu glauques, son vocabulaire châtié. Il y a la jolie villa à Biarritz, les plages et les vagues, le vocabulaire et technique du surf et la fissure provoquée par l'accident au cours duquel Taddé va perdre une jambe de par la faute d'un requin gourmand. La fissure ne cesse de se creuser et la famille part en cacahouète. Zach le frère cadet ne sait plus que faire pour faire tenir sa famille debout, et aider son frère à se relever. Il y a aussi Cindy la surfeuse amoureuse, Anouk la tatoueuse et la fin de l'été. Et la fin de l'adolescence.

Le roman est découpé en chapitres racontés chaque fois par un protagoniste différent. Fouillé, fluide, cru parfois, on ne le lâche pas. La dernière partie est racontée par Ysé la petite sœur qui doit se construire toute seule dans cette famille explosée et donne la chair de poule tout en remplissant le lecteur d'une empathie infinie. Imparable !
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Waouh! Quelle claque, ce roman!

Marseille, au coeur des années 80, Karel, Hendricka et Mohand grandissent dans une famille où règnent la pauvreté et la violence. Leur quotidien, c'est les coups, les insultes, la drogue, la folie .... mais aussi des moments d'amour et d'amitiés avec les gitans installés pas loin.

Comment peut-on grandir quand on n'a pas été aimé ? Comment se construire quand les valises sont aussi lourdes ?

Un roman, coup de poing, à lire absolument !
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Étonnant roman, particulièrement noir, particulièrement sombre mais totalement addictif, à l’écriture très fluide et qui se dévore littéralement.

Rebecca Lighieri nous plonge dans la cité fictive Antonin Artaud à Marseille, entre les années 80 et 2000, et nous fait suivre l’enfance et l’adolescence chaotiques d’une fratrie, Karel, Hendricka et le petit dernier, Mohand, infirme, souffrant tous trois de l’extrême maltraitance paternelle ainsi que d’une forme d’indifférence de la société.

Extrême pauvreté, drogue, sida, violence… Rien de leur est épargné. Leur combat à tous les trois, unis par un lien indéfectible, sera de s’en sortir mais surtout d’échapper à ce père monstrueux, leur plus grande crainte étant de lui ressembler.

Un roman dont le lecteur ne sort pas indemne et qui interroge nécessairement.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Depuis hier je reste hantée par cette fin qui m'a mis le coeur à l'envers, cette plongée dans la fratrie de Karel, Hendricka et Mohand est un terrible voyage au coeur de la violence, de l'humiliation, des coups et de la haine paternelle, de l'indifférence et la folie d'une mère dont l'instinct déviant ne s'éveille qu'au contact de son cadet handicapé, exaltée par le pouvoir que lui confère la souffrance de son enfant.



Dans les années 80, au coeur des cités délaissées de Marseille ces trois êtres dysfonctionnels tentent de grandir, de se construire , ils affrontent leurs démons , les séquelles du désamour, et tentent d'exister dans ce monde qui n'a pas voulu d'eux.

Leurs liens sont indéfectibles et apportent beaucoup de lumière à ce roman dur dans lequel il n'est pas aisé de prendre du recul.



Et si le ton peu sembler cru il n'en est pas moins touchant, prenant les tripes un peu plus à chaque page. Je n'ai pas envie d'en dire plus tellement cette lecture a été intime pour moi et m'a ému si profondément que c'est en fait difficile d'en parler.

Enorme coup de cœur ♡♡♡
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Une petite pause dans la lecture des séries The Mortal Instruments pour lire un livre que je devais lire dans la cadre de mon cours de français. Dans tout le panel de lecture qu'on a à faire, c'est celui qui me tentait le plus grâce à son titre qui m'a tout de suite tapé dans l'oeil et à son résumé très énigmatique et beau. Donc j'avais pas mal d'attentes dans ce roman, attentes qu'il a vraiment bien relevé et je n'ai pas été déçue !

La plume de l'autrice, qui est très poétique, brut, impactante et qui contraste avec le langage cru employé par les personnages, nous emmène dans la vie de Karel, habitant dans une cité à Marseille.

La première page s'ouvre sur une question autour de laquelle va naviguer l'histoire : ''Qui a tué mon père ?''. Sous cet angle, on pourrait croire à un roman policier mais c'est tout le contraire : Karel, le narrateur, va nous faire vivre le parcours de sa vie qui est semée d'embûches ainsi que de violences, et nous présenter des personnages tous différents, apportant des aspects variés et des nuances indispensables à l'histoire.

Le récit se construit en plusieurs phases, chacune abordant un sujet différent et un questionnement essentiel.

On commence par suivre l'enfance horrible de Karel, battu par son père et ignoré par sa mère. Son enfance détruite va le briser de l'intérieur et être responsable de ses choix d'avenir ainsi que de la plupart de ses actes.

Ensuite, on découvre un Karel adolescent vivant son premier amour et tous les émois qui vont avec. Dans cette partie, l'autrice nous parle du dévouement amoureux, qui peut être étouffant, des promesses qui se voulaient éternelles, de la passion, de ruptures et d'un questionnement incessant à propos de l'avenir, de ses possibles et de son incertitude.

Enfin, c'est un Karel adulte qui se présente à nous, ayant commis une chose affreuse dont il ne peut se défaire. On va nous dévoiler Karel, confronté à ses démons, à cette action qui le détruit petit à petit et à sa capacité de résilience.

Ce roman m'a marqué et touché, davantage que ce à quoi je m'attendais. La détresse de Karel, qu'on ressent tout au long de l'histoire, est très impactante, et les sujets traités avec brio par l'autrice sont extrêmement importants.

Le langage est très cru et vulgaire par moment, peut-être même un peu trop, mais j'ai aimé le fait que la réalité de la vie soit représentée avec son côté très dur et impitoyable, mais aussi avec les moments de douceur et de répit qu'elle peut offrir.

J'ai été très surprise par le côté de la narration, que j'ai trouvé poétique, brut et fascinant ; ça rend le roman addictif et certains passages vraiment émouvants.

Ce fut une très belle découverte !
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Les garçons de l'été

Découvert par vos critiques.

C'est intrigant comme mes sentiments ont changé au fur et à mesure de la lecture. Par contre la lecture a été addictive et il est difficile de quitter le livre.

Le style est très agréable, bien écrit. Un très bon moment de lecture.
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Elle rejoint le groupe impressionniste et s'intéresse à des thèmes très variés: des compositions d'intérieurs, de théâtre, d'opéra, et surtout des portraits, avec notamment sa sœur pour modèle. Il s'agit de: indice 🗽

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