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Critiques de Rebecca Lighieri (405)
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Wendigo

Selma est une ado lambda, avec une vie lambda. Son grand frère, Ivo, a quelque chose de mystérieux, de distant, de fuyant. Elle va finir par enquêter et découvrir une vérité à laquelle elle ne s'attendait pas.



On embarque pour une immersion dans notre monde mais avec des métamorphes et un léger aspect mythologique. Très franchement, l'univers de Rebecca Lighieri aurait eu le mérite d'être plus développé, ce qui aurait donné plus de poids à son discours autour du respect de la nature et aurait rassasié ma curiosité sur ses métamorphes.



Dans sa forme actuelle, son roman a pas mal de longueurs, n'aborde le coeur du sujet qu'à la deuxième moitié de l'histoire et, finalement, l'aborde de façon très succincte. Elle pose les bases de quelque chose, sans que ce soit super original non plus, mais sans l'étoffer. Ça m'a intriguée mais sans me passionner. On peut tout de même reconnaître que le style de l'autrice est fluide et accessible.



J'ai reçu ce roman ado grâce à Babelio et à L'école des loisirs et je les en remercie.
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Les garçons de l'été

Je ne m’attendais pas à lire des pages aussi sombres, à lire une superposition d’éléments perturbant. J’ai plongé dans ce livre insidieux les yeux fermés pensant que j’allais être emporté dans un récit doux avec une intrigue bénigne. À ma grande surprise les pages s’assombrissent progressivement à l’image de « the shining ».

Je me demandais où se trouvait la fin de la folie durant l’entièreté de ma lecture. Le début et la fin s’opposent comme deux oxymores coexistants dans la promiscuité.

C’est un livre que l’on doit idéalement lire sans se douter de la noirceur qu’il dissimule sous ce titre aux airs innocents.

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Les garçons de l'été

L'histoire ? Mylène et Jerôme sont les parents comblés de Thadée, Zachée et Ysé. De beaux enfants, une belle maison, la vie parfaite à Biarritz. Sauf que Thadée et Zachée, en surfeurs accomplis, partent à la Réunion...et là, c'est le drame. Thadée se fait attaquer par un requin et est grièvement blessé.



Ce drame va faire voler en éclats la famille parfaite qui n'était pas si parfaite que cela. (J'aime beaucoup ce type d'histoires où les fissures s'agrandissent au fur et à mesure pour faire voler en éclats le fragile équilibre.)



Rebecca Lighieri dépeint admirablement le retentissement d'un drame pareil sur chaque membre de la famille, en confiant la narration de chaque chapitre à un personnage différent à chaque fois. Un roman choral, donc.

J'ai beaucoup aimé ce roman grâce à cette histoire originale, ses personnages et surtout cette plume précise, sensible, parfois caustique et acerbe.



Une belle réussite, malgré un léger bémol pour la fin qui m'a paru parfois un peu too much.
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Les garçons de l'été

Voici un livre pour lequel je n'aurai eu aucun intérêt du début à la fin. C'est long et ennuyeux.

Il faut dire aussi que je ne connais rien au surf, que ce sport impressionnant ne m'attire pas et ce n'est pas le livre qui m'en aura donné le goût. On y retrouve un monde fermé, réservé aux initiés.

Quant aux personnages, surfeurs ou pas, ils ne sont pas sympathiques.

Au final, il n'y a que le titre qui est beau !

En ce qui concerne la critique d'Olivia de Lamberterie en quatrième de couverture qui annonce un Stephen King à la française, cela laisse perplexe.

En tout cas, voici un livre qui a rejoint directement la caisse des livres à revendre. Il n'aura même pas eu le droit de faire un passage dans la bibliothèque !

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Ce livre a été un véritable coup de coeur ! J’étais déjà intriguée par le résumé mais alors ça a été une vraie claque quand j’ai commencé à lire l’histoire.

Ici, on découvre Karel, un jeune homme qui vit dans une cité de Marseille, et qui grandit avec son frère et sa soeur dans un foyer où leur père fait régner la terreur. Un jour, ce dernier est retrouvé mort. C’est un acte salvateur pour Karel, mais qui a commit cet assassinat ?

Au travers des yeux du protagoniste, on découvre sa propre histoire, celle de sa famille. On suit ses angoisses, ses peurs de ressembler à son père qui est cruel, sans pitié et vraiment détestable. La façon dont il traite ses enfants, surtout le dernier, Mohand, qui est handicapé, m’a véritablement mis en colère. On se rend compte que cet homme a un impact tous les jours sur Karel, sur ce qu’il fait, sur ce qu’il pense. Il est hanté par les actes de ce dernier mais aussi par ses propres pensées, ses propres pulsions violentes.

J’ai beaucoup apprécié le style d’écriture, je trouve qu’il colle complètement à Karel, avec des mots crus, des expressions particulières, je dirais que c’est écrit comme ça serait raconté à l’oral. Il y a des scènes qui m’ont révolté, j’ai eu les larmes aux yeux mais je l’ai lu d’une seule traite parce que je voulais absolument savoir ce que réservait l’avenir à Karel, à sa fratrie, et bien sûr, découvrir celui qui a tué leur père. Pour ma part, cette découverte est presque reléguée au second plan parce que suivre Karel, Hendricka et Mohand, leur enfance saccagée, leur passage à l’âge adulte pas vraiment plus serein, c’est ce qui m’a le plus plu. Je me suis sentie plongée au creux de son esprit, et j’ai trouvé que c’était très juste. La fin m’a laissé sans voix, sans souffle, et avec un sentiment d’injustice.


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Les garçons de l'été



Ou comment un titre et une couverture hyper estivaux s’avèrent être une histoire profonde et gluante de rivalité fraternelle.

J’étais loin d’imaginer entrer dans pareille histoire, deux frères qui cherchent leur place dans une famille a priori classique. La chute et le déclin de personnalités mangées par le chagrin et les accidents de la vie.

La manipulation et la toxicité en prime… A découvrir !
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Un style vivant, une famille de 3 enfants maltraités par le père. La mère n'intervient quasi jamais sauf pour le dernier, Mohand qui a de nombreux problèmes de santé.

Ils vivent près de Marseille, pas loin d'un camp de gitans où, sans en informer leurs parents, les enfants retrouvent des amis.

Beaucoup de sexe chez ces jeunes, ce qui n'est pas ma tasse de thé et déforce le récit. Finalement c'est glauque et on passe de coucheries en coucheries avec un vocabulaire vraiment très cru.

Pour réussir un roman est-il indispensable de glisser des scènes crues ?

Déçue et prête à abandonner la lecture. Écœurement ressenti. J'ai été jusqu'au bout sans plus d'intérêt. Non, vraiment un livre à oublier.

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Un livre passionnant.

L’action se situe à Marseille, et c’est doublement intéressant, car ce n’est pas Paris, et d’autre part parce qu’il s’agit de ma ville de naissance.

L’action se situe dans un quartier de laissés pour compte sociaux, des gitans et un couple mixte, Loubna et Karl, père indigne, et leurs trois enfants, qui partent dans la vie avec un sacré handicap, sauf que deux d’entre eux, un garçon et une fille sont très beaux. Le troisième, par contre, cumule les problèmes…

On suit les péripéties de la famille, à travers des événements de la vie marseillaise, comme cette finale de foot de 93…



J’ai lu des articles très élogieux sur le livre ; perso j’en recommanderai la lecture

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Il y a des hommes qui se perdront toujours est le titre de Rebecca Lighieri qui raconte les tribulations d’une fratrie dans les quartiers Nord de Marseille à l’aube des années 90.



Karel, Hendricka et Mohand grandissent dans un immeuble de la cité phocéenne avec pour figures parentales une mère complètement soumise aux accès de colères et à la folie d’un père abusif, alcoolique et franchement détestable.



Alors comment se construire et ne pas reproduire un schéma paternel dévastateur en ayant grandit dans un climat de peur et de destruction permanente?

Aux grés des histoires d’amour, des rencontres et des drames que vivent ces enfants, l’auteur nous raconte une histoire de violence intra-familiale comme il en existe beaucoup. Elle peint également une enfance avec ses souvenirs, ses joies, ses peines ses doutes; qu’on traine avec soi comme de véritables boulets dans sa vie d’adulte.



Bouleversant de vérité et criant d’une réalité de violence inouïe, ce roman noir est écrit avec beaucoup de subtilité et sans fioritures. Un style épuré et cinglant mais pas simpliste pour autant qui réussit à toucher profondément son lecteur. Cela en devient poétique parfois dans la façon dont l’autrice raconte les événements et l’introspection du personnage principal.



Des histoires d’amour dans le chaos, une alliance indefectible, des amitiés salvatrices, une fratrie contre l’indicible sur fond de pauvreté et d’insalubrité qui vous marqueront probablement autant que moi.

En effet, ce roman initiatique m’a complètement embarqué avec lui et ce, depuis les premières pages, avec un espoir latent que tout finisse par aller pour le mieux pour ses personnages meurtris mais courageux; sans grande conviction aucune.


Lien : http://www.chroniquesdurenar..
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Ce roman pourrait être la chronique d’une famille sous emprise et comment s’en échapper ?



L’emprise d’un père aussi sombre que cruel. Il traîne ses deux aînés, Karel le narrateur et Hendricka sa sœur, tous les deux d’une beauté sans nom, de casting en casting espérant vainement qu’ils deviennent suffisamment célèbres pour vivre sur les revenus de ses rejetons. Quant au plus jeune, Mohand, porteur de plusieurs malformations, au mieux il l’ignore, au pire il le violente à un point absolument inimaginable. Le plus souvent, cet homme, que ses enfants n’arriveront jamais à appeler papa, passe son temps à leur hurler dessus, à les dévaloriser, à leur tenir des propos orduriers qui les terrorisent. Les scènes de violence parentale sont juste terribles et insupportables.



Leur mère subit aussi les affres de cet homme ignoble mais laisse faire. Elle aura parfois été « joyeuse, un peu folle, attentive et tendre » mais la plupart du temps elle fut « muette, lointaine, retirée en elle-même ».



Dans cette cité très défavorisée de Marseille, ces trois enfants se débrouillent seuls. Ils vont traîner chez les gitans d’à côté chez qui ils trouvent un semblant de famille, de solidarité et d’amour.



Par les mots de Karel, on les voit grandir, évoluer, partir, s’extirper de ce domicile familial abhorré. Ils apprennent à vivre malgré tout. Karel exprime le sentiment d’avoir, telle une épée de Damoclès au-dessus de la tête, inscrit dans ses gènes la violence de son géniteur.



C’est parfois insoutenable mais on poursuit notre lecture malgré tout, happé par une écriture déchaînée mais parfaitement maîtrisée pour illustrer à la fois la violence et les états d’âme de ces enfants martyrs. Le tiraillement de Karel entre cet héritage paternel et l’aspiration à une vie normale est magistralement décrit.



Beaucoup de justesse et de délicatesse (oui vous avez bien lu, un peu comme la douceur dans un monde de brutes !) pour décrire cet univers sombre (sans être glauque).



Remarquable !
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Karel vit dans la cité Antonin Artaud, quartier nord de Marseille. Sa mère ne se préoccupant que de Mohand, son frère cadet handicapé, il est confronté très jeune à la dureté de la vie, les addictions de ses parents toxicomanes, la cité, le sida...

Hendricka, sa soeur, et lui même ont un physique marquant et leur père les poussent à faire des castings, sans grand succès au début. Parfois pourtant le hasard des rencontres fait bouger les lignes... mais devenu aide soignant, Karel se sentira toujours has-been et seul...



Un roman d'apprentissage qui présente les problématiques des familles évoluant dans les cités, leurs violences, qui induisent la détresse, la peur et toutes les violences intra familiales.

Une histoire sensible sur la solitude, le mépris des classes sociales, un récit tout en finesse qui suggère plutôt que décrit cette souffrance.

Belle découverte du hasard. A lire.
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Les garçons de l'été

Au départ une famille à qui tout semble réussir : ils sont beaux, intelligents, voire brillants et semblent tous épanouis par leurs activités diverses.



Mais c’est sans compter le talent de Rebecca Lighieri pour nous emmener, que dis-je nous emporter, dans son univers à la fois si singulier, à la fois surprenant et parfois même truculent. Le livre aurait pu s’appeler « les apparences » (mais c’était déjà pris). Car vous l’aurez deviné, rien de ce que Mylène, la mère quelque peu névrosée, Jérôme, le père à la double vie, Thadée, le magnifique aîné aux penchants scatologiques, Zachée le cadet qui paraît presque le plus normal de tous et enfin Ysé, la petite sœur aux dessins pour le moins étranges.



Les apparences vont se fendiller au fur et à mesure que les protagonistes relatent à tour de rôle les événements de cet été pas comme les autres, enfin leur perception. C’est sûr que tout le monde ne se fait pas croquer la jambe par un requin tous les jours. Car c’est bien cette attaque sur la jambe de Thadée qui va venir bouleverser les équilibres et nous faire passer de la lumière à l’ombre, frôlant ainsi le monde des sept pêchés capitaux (nous laisserons de côté la gourmandise et l’avarice).



Les différents protagonistes sont vus par des prismes différents et leur donnent une profondeur incroyable.



J’ai adoré cet univers si singulier, à la fois féroce, diabolique, glaçant et tout à fait addictif. La qualité littéraire n’est pas en reste et c’est un vrai bonheur !



Je recommande !
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Un vrai coup de cœur et une lutte avec moi même pour pas lire le roman en une seule fois ...



On m'a offert ce roman et j'avoue que je l'avais un peu laissé de côté car tous ces romans sur Marseille ont le don de me décevoir voire de m'énerver tellement je ne retrouve jamais la vraie vie et les quartiers de ma ville. Mais cette fois ce n'est pas le cas. On retrouve vraiment l'ambiance de Marseille, la vie dans les quartiers Nord à la fin du siècle dernier est vraiment décrite à la perfection. Je ne sais pas si l'auteur s'est inspiré d'un vrai quartier de Marseille (tout du long j'ai un peu pensé à La Savine avec le massif de l'étoile ...) mais ce qui est sûr c'est que le sujet est travaillé.



En dehors du lieu, j'ai vraiment aimé suivre l'histoire de ce jeune qui n'a rien pour réussir dans sa vie. Le roman décrit son enfance atroce et les répercussions que cela aura tout au long de sa vie. Du moins dans son adolescence et sa vie de jeune adulte. Tous les personnages gravitant autour de lui sont également torturés et ravagés par la vie. C'est dur, c'est noir mais ça ne tombe jamais dans le pathos.

Pour l'illustrer, il suffit de voir le rapport qu'entretient le personnage avec les gens de la société moyenne (même si tout est relatif car à Marseille la classe moyenne est souvent la classe populaire ailleurs) ou bourgeoise. Il la jalouse, parfois il la méprise et a envie de prendre leur place, mais il n'est jamais question d'une haine facile du bobo comme on peut le lire dans d'autres romans de ce genre.



Bref, un livre vraiment noir, mais où j'ai souvent souri tant l'auteur arrive avec des détails à décrire les petites habitudes des habitants de Marseille, que l'on dévore ! Je vais vraiment aller découvrir ses autres romans.
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Les garçons de l'été

Récit polyphonique, Les garçons de l’été est une surprise sidérante dans le traitement de son sujet et le parti-pris par l’auteure. Une famille aisée de Biarritz voit leur vie chamboulée quand le fils ainé se fait dévorer la jambe par un requin à La Réunion. Perte des rêves, chamboulement familial, le vernis se craque et les rapports se modifient. « Du Stephen King à la française » dit Elle sur la quatrième de couverture. S’il faut bien attendre la dernière partie pour voir apparaitre une ambiance à l’auteur horrifique, ce récit gratte là où la plaie est béante. Entre conflits, illusions familiales, jardins secrets, emprise, harcèlement, Rebecca Lighieri mène le lecteur à la baguette et l’entraîne dans un dédale au suspense acéré. Du grand art.
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Les garçons de l'été

Ce roman qui débute sur nos plages landaises, fait une escale décisive à l'ile de la Réunion, pour se terminer à Biarritz ...de quoi susciter l'attention!!

Thadée et Zachée, beaux comme des dieux, ados brillants, gâtés par la vie, vénérés par leur mère, consacrent l'essentiel de leur temps à surfer. Mais un jour, tandis qu'ils surfent à la Réunion, Thadée est victime d'un requin, celui ci lui emporte une jambe. Il subit alors une amputation.

Et là, commence le cauchemar, les masques tombent, surtout celui de Thadée, il apparaît mythomane, manipulateur, pervers, ingérable et surtout invivable, sa fiancée Jasmine, terrorisée par ce nouveau tyran s'éclipse. Zachée, submergé par le malheur de son frère s'autorise à peine à vivre. Pour resserrer les liens, les frères partent au Portugal, surfer du lourd, le gros...mais là, va se rejouer en huis clos, la tragédie antique, l'histoire biblique du frère jaloux. Et c'est Isé, la petite sœur spectatrice de l'explosion de la famille qui nous conte la fin de l'histoire🌪 ...que je me garderai de dévoiler !

Une fin digne d'un thriller de Stephen King.

La jalousie est au centre de ce roman, c'est fort, c'est dense et bien construit, rien n'est laissé au hasard, jusqu'aux prénoms des héros ...une sorte de ré écriture intelligente du mythe fondateur d'Abel et Caïn.

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Rien que le titre est fort. Ce livre violent mais grandiose est un roman noir et brûlant. Brûlant par sa férocité, par la cruauté paternelle, la perversité maternelle, par l’ambivalence des personnages, leurs traumatismes destructeurs. Brûlant par l’environnement sombre, restreint et réducteur dans lequel essaie de grandir et surtout de survivre une fratrie. Tout le roman se déroule dans les quartiers Nord de Marseille, sans même que le héro n’ait jamais vu cette ville. J’ai suivi les péripéties toxiques de trois jeunes gens pendant les vingt premières années de leurs vies. Deux frères et une soeur à qui personne n’a jamais appris à aimer. Seul le lien qui les unit tous les trois dans une haine ravageuse envers leur père leur permet d’affronter les difficultés. Quant à l’aîné, la culpabilité qu’il éprouve à n’avoir pas su défendre ses frère et sœur le ronge profondément. Ils ont malgré tout chacun trouvé un moyen d’échapper à leur quotidien terrible peuplé d'humiliations, de violences, de maltraitances, et rempli du manque d'amour.

Le roman est écrit dans le langage cru de la rue et la cité . Poésie et finesse ne sont pas de mise entre ces pages et pourtant l’auteure a réussi à humaniser la déshumanisation de ces vies.

Un roman saisissant qui ne laisse pas indifférent.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Le roman de REBECCA LIGHIERI commence sur la mort du père qui a été assassiné, mais par qui ?

Son narrateur est Karel un garçon à la beauté foudroyante qui habite la cité Antonin Artaud dans les quartiers Nord de Marseille. Il a grandi comme il a pu entre deux parents toxicomanes au côté de sa soeur Hendricka aussi somptueuse que lui et de Mohand leur benjamin infirme rejeté par le père.

Tous les trois trouvent refuge chez une communauté de gitans sédentarisée dans un lieu encore plus déshérité que la cité. Ils y recherchent le calme, un peu d'affection et de la nourriture lorsqu'il n'y a plus rien dans le frigo de leur appartement.



REBECCA LIGHIERI aborde les questions du déterminisme social et familial.

La crainte d'avoir reçu la violence en héritage. La souffrance et la honte que ressentent ces enfants fracassés.



Roman noir qui raconte l'enfance dévastée, l'injustice, la drogue.

Je dois dire que j'ai beaucoup de mal à me faire un avis sur ce roman. Je n'ai pas détesté mais je ne suis pas non plus été enthousiasmée.

J'ai beaucoup de mal avec le langage ordurier voire vulgaire et ce roman en est comblé mais j'ai cependant ressenti de l'empathie pour Karel qui recherche l'amour, l'affection et qui se demande souvent s'il parviendra à vivre "normalement".



Je pense qu'il faut lire ce roman pour s'en faire sa propre idée. En ce qui me concerne, ces trois phrases dans le 4e de couverture "l'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée" m'ont interpellé. Elles m'ont donné envie de lire ce roman et je ne le regrette pas.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

« Qui a tué mon père ? ». Ainsi commence l'incroyable histoire racontée par le plus âgé des fils du mort, une belle ordure que tout le monde détestait.

Quartiers nord de Marseille dans les années 1980. Karel, Hendricka et Mohand vivent dans une famille déglinguée et rongée par la drogue. Si les deux premiers sont beaux comme le jour, le cadet souffre de multiples problèmes : « malformation cardiaque, déficience auditive, fente palatale, imperforation de l'anus... ». Alors que Karl le patriarche tente d'exploiter les atouts de ses aînés en leur faisant courir les castings, il va s'acharner sur le dernier à coups d'insultes et de torgnoles. Mohand se réfugiera dans les bras de Loubna la mère qui trouvera dans les déficiences de son benjamin un sens à son existence et une manière d'être enfin utile.

Comment peut-on s'en sortir quand on vit dans la misère et sans affection ? La grâce de la fille va faire sensation au cinéma ; Mohand va intelligemment tirer parti de ses défauts et de ses dons de guérisseur. Quant au narrateur, il craint d'avoir hérité des gènes de violence de son père. Avec lui, nous allons vivre avec les marginaux et les laissés-pour-compte qui essaient tant bien que mal de sortir de leur condition comme les rappeurs qu'ils écoutent en boucle. Dans ce roman d'apprentissage, il y a de la fureur, de la haine mais aussi de l'amour, de la poésie et de la joie, celle que diffusent les Gitans du « passage 50 » que Karel fréquente.

Et, comme dans tous les récits de Rebecca Lighieri, le pseudo, ou d'Emmanuelle Bayamack-Tam, le vrai nom, il est question de différences que l'on tente, malgré les vicissitudes, de transformer en atouts. Il faut alors une grande capacité de résilience car l'enfance marque à tout jamais l'adulte en devenir. « La seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée » écrit l'auteure.



EXTRAIT

L'amour éternel, c'est des conneries. C'est la haine, qui est éternelle.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Rebecca Lighieri brosse un tableau noir de la France en marge, marge qui a tendance à s’étendre alors que nous sommes au XXIème siècle.

Dans la famille Claeys les parents sont un couple mixte, le père Karl est Belge, la mère Loubna est Kabyle. Ils ont eu trois enfants : Karel, Hendricka et Mohand. Si les deux aînés sont très beaux, le petit dernier lui est polyhandicapé et la mère va concentrer sa vie sur lui.

« Mon père est mort et c’est un bon début », voici ce que pense Karel en apprenant que son paternel a été assassiné, caillassé dans la décharge qui jouxte l’immeuble dans lequel ils ont vécu.

Le narrateur Karel nous raconte leur vie sur une vingtaine d’années (1980-2001).

Des trois enfants c’est lui l’aîné qui ressasse sa colère, sa culpabilité et surtout une immense solitude qui lui colle aux baskets tant il se sent différent de ce qu’il considère comme la norme. L’observation lui renvoie des images et des émotions qu’il appréhende comme autant de coup de poignard ; l’extrait ci-dessous m’a bouleversé par sa justesse.

« […] je me rends compte qu’ils sont probablement père et fils. Tandis que le plus âgé s’acquitte des formalités de check-out, le monde bascule et je m’assieds précipitamment dans l’un des fauteuils qu’ils viennent de quitter. C’est trop pour moi, la tendresse des regards qu’ils échangent, leur complicité palpable, le souci qu’ils ont l’un de l’autre, et jusqu’à ce geste, impensable et fou ; le pouce du père venant caresser la joue du fils, pour y essuyer une larme que je n’aie pas vue. Je ne saurai jamais quel malheur vient de frapper ces deux hommes. J’ai juste la certitude qu’ils vivent un moment dramatique de leur existence, et qu’à leur insu j’en ai été le témoin. »

Sa vie, c’est la misère, la faim et les fringues des autres que l’on porte jusqu’à l’usure. Les parents entre drogue et alcool n’offrent rien à leurs enfants.

Le père est extrêmement violent physiquement et moralement, la mère passive voire complice, les enfants apprennent vite à esquiver autant que possible, et cherchent ailleurs ce qu’ils n’ont pas chez eux et pour cela ils vont rejoindre une communauté de gitans installée près d’un bidonville. Cela devient vite leur deuxième famille.

Le père a une ambition pour Karel et Hendricka, il veut en faire des stars comme son idole Céline Dion.

Hendricka fera du cinéma, Karel choisira le métier d’aide-soignant, l’envie d’être utile et Mohand lui aussi se fera une vie, je n’en dirai pas plus.

Ils vont avoir la liberté que confère l’indifférence dans la mesure où il n’y a pas d’amour, il leur faut éviter d’être chez eux au mauvais moment.

Karel est le plus émouvant dans la mesure où il est paralysé par la peur d’avoir en lui les gènes de « cette » violence, seul héritage qui lui semble dévolu. Il culpabilise jusqu’à la paralysie vis-à-vis de Mohand, qui lui a un avis plus libre, il a tant souffert de ses handicaps et des humiliations qui allaient avec qu’il a développé une philosophie toute personnelle et il n’a aucune rancune envers son frère et sa sœur.

Hendricka va s’émanciper dès son premier succès, elle s’éloigne, même si elle revient de temps à autre, mais elle trace sa route.

Karel lui est seul, terriblement seul. C’est ce sentiment qui domine un roman d’une belle construction et d’un langage qui colle au sujet.

L’auteur ne fait pas de surenchère dans la violence, elle suggère n’étale pas, et cela renforce son propos.

Elle nous fait vivre la vie de ses enfants qui grandiront trop vite, sans l’amour fondateur, sans les bases d’une famille sur lesquelles ils pourraient s’appuyer. Ce sont souvent les enfants qui serviront d’adultes aux parents ; rôles inversés, famille dysfonctionnelle.

En avril le jour des obsèques de Karl, ce n’est pas le printemps, le ciel est noir, il fait froid et c’est un vent aigre qui les enveloppe. Un temps à l’image de la vie que leur a infligé ce géniteur qui n’a pas su ou pu être un père.

Alors oui la question du déterminisme se pose, et Karel a raison d’avoir peur. La rage contracte sa vie quoi qu’il fasse, où que ses pas le mènent.

Une belle maîtrise dans la noirceur et cela jusqu’à l’ultime page qui m’a saisie en plein cœur.

Un grand roman sur la solitude engendrée par une enfance dont on ne guérit jamais.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 16 août 2020.

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Je n'ai pas les mots pour Rebecca Lighieri, si ce n'est que j'en veux encore, de ses mots à elle.



Le précédent roman de l'écrivaine (sous ce pseudonyme-ci), Les Garçons de l'Eté, avait été un foudroiement pour moi, non pas à une mais à deux reprises. J'avais été subjuguée par la radicalité de ses personnages, de sa plume, de son atmosphère, par sa violence aussi, son audace enfin.

Au risque de ne surprendre absolument personne, le charme a opéré une fois de plus avec cet ouvrage-ci, d'une façon tout à fait différente, mais tout aussi marquante.



Comme dans les Garçons, on retrouve la plage, mais celle-ci n'a rien avoir avec le sable fin et les vagues voluptueuses de la Réunion. Non, ici, c'est Marseille, et on n'est même pas si près de la plage en fait, puisque ce sont les quartiers Nord, les fameux, ceux desquels personne ne veut parler et encore moins s'approcher. Karel, lui, il y est né, et en plein dedans, premier d'une fratrie de trois livrée à un père violent et à une mère plus qu'effacée, anéantie.



Karel est un enfant magnifique. Sa petite soeur aussi. On a envie d'y voir une chance, mais on comprend bien vite que ça n'est qu'un coup du sort de plus, comme une ultime provocation d'une ironie cruelle.

Karel est beau, oui. Mais comme il se le répète lui-même, il n'aurait pu en profiter qu'en naissant sous la bonne étoile. La sienne est brisée, malade et toxique. La sienne ne fera que rendre son joli visage étrange et dissonant. La sienne ne brille déjà plus depuis longtemps.



Karel n'a pas vraiment d'espoirs, alors il préfère s'armer. Il lit, beaucoup. Veille sur sa petite soeur, son petit frère aussi, quoique celui-ci, malade, reste couvé par leur mère. La vie est épouvantable, maculée de punitions, de violences, d'alcool et de dégringolades successives. Mais Karel grandit, pas le choix. Il apprend surtout. Et il attend.



C'est un roman brutal, formidablement intense, qui imprime sa marque sur le lecteur dès la toute première page avec l'annonce de l'assassinat du père de Karel par un meurtrier inconnu, et le début immédiat de la longue décortication de la famille traumatisante dans laquelle les trois protagonistes évoluent, ou plutôt demeurent coincés. L'écrivaine taille dans le vif, insuffle toute son énergie et son vocabulaire chirurgical dans la bouche d'un Karel tour à tour froid, attentif, aimant ou tout simplement ignoble, malmené par une éducation dont il n'a retenu que ce dont il ne veut pas, une ville qu'il ne connaît que trop bien et un destin dont personne ne lui a promis qu'il pourrait le rendre paisible. Il s'évade, trouve une deuxième famille au sein d'une communauté de Roms, gitans et manouches, prend son mal et son impatience et les fait bouillir dans un coin en attendant son heure.



C'est un roman qui bouille, justement, de rage, de frustration, d'injustice, sans devenir plombant pour autant. Il reste possible que sa lecture soit éprouvante pour certains, mais la narration de Karel, dans son côté impitoyable, parvient à délier l'intrigue avec une telle fluidité et une telle évidence que l'on se retrouve pris presque malgré soi dans son flot de souvenirs, et qu'on s'y fait, à défaut de s'y trouver bien. C'est une histoire de résilience, bien sûr, mais aussi et surtout de rejet, de tout ce qu'on ne pourra jamais accepter, de malaise et de lutte. C'est une accumulation d'erreurs parsemée de quelques éclats de bravoure, une assertion sublime et répétée de la volonté de Karel de s'en sortir, de chercher mieux encore, d'échapper à ce dont il sait très bien qu'il le poursuivra toujours. On a envie de voir en Rebecca Lighieri une sorte d'héritière du roman social naturaliste à la Zola, et oui, bien sûr, c'est très galvaudé que de le lire, mais c'est la même puissance, le même déferlement de violence, la même noirceur et la même lucidité que dans les Rougon-Macquart, c'est la détresse de Gervaise le long du boulevard Poissonnière, les cris et les odeurs du marché des Halles dans Le Ventre de Paris, la puissance et la contrainte de Nana.



Le texte est dur, vraiment dur parfois, sans non plus devenir glauque ou oppressant. L'histoire a parfois tendance à s'appesantir parfois un peu trop sur les tourments sentimentaux et sexuels de Karel, mais on peut aussi le voir comme un choix de narration, un éclairage de l'un des seuls "outils de puissance" que Karel tente (en vain) de reconquérir, prisonnier des idées préconçues, des standards et des canons qu'il charrie avec lui depuis son enfance et son adolescence.



C'est un roman qu'on dévore sans pouvoir s'arrêter, porté par la plume dynamitaire de Lighieri, un récit désenchanté, certes, mais qui opère tout de même une certaine forme de magie. Une histoire qui enseigne, je crois, qu'il ne faut sans doute pas croire aux miracles, et certainement pas en attendre pour commencer à vivre sa vie, mais qu'il n'est pas exclu que l'on puisse en rencontrer un ou deux, un jour, et que cette petite possibilité impossible puisse contribuer à éclairer l'existence d'une certaine forme de lumière.
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