Lison...passe haut la main une batterie d'examens et de tests. Pas si faciles d'ailleurs, parce que pour sélectionner la chair fraîche à expédier à Hitler, il faut du personnel qualifié. Une semaine plus tard, la revoilà dans la place, assidue et attentive. Rarement vit-on secrétaire aussi ponctuelle, collègue aussi serviable, toujours prête à donner un coup de main à l'une, à l'autre - excellent prétexte pour fureter un peu partout, chercher le défaut dans la cuirasse. (page 117)
Terroristes, disaient les chleuhs. Et ils ne plaisantaient pas, ces salauds, parce que les représailles suivaient. À l'époque, Lucien n'avait aucune conscience politique. Pas étonnant qu'il ait jugé que l'attitude des communistes ne rimait à rien : pour deux ou 3 soldats boches abattus au pifomètre, on comptait les fusillés par dizaines, dont une majorité de militants de leur parti. C'est seulement à son retour de Mauthausen qu'il a compris, quand un responsable lui a livré la clé du système :
- les otages, ça faisait des martyrs, et les martyrs, ça faisait des recrus. Pour un de nos camarades qui tombait sous les balles, dix nouveaux adhéraient. On gagnait largement au change, tu comprends ?
- Cent mille fusillés, quand même ! a objecté Vollard, s'attirant une moue condescendante :
- Compte dix fois moins, c'est plus proche de la réalité, et vois le résultat : aujourd'hui le Parti est pas loin du million de cartes ! Cent mille fusillés,ça voudrait dire dix millions d'adhérents...(page 115)
Augustin Trapenard abordait le thème des espions et de l'espionnage sur le plateau de la grande librairie. À cette occasion, il recevait Rémi Kauffer pour son livre Les espions de Cambridge publié en septembre 2022 aux éditions Perrin qui raconte l'histoire de ce “club des cinq”, des étudiants anglais recrutés par les maîtres-espions de Staline. Une histoire d'espionnage digne des plus grands films.