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Citations de René Daumal (312)


Alors que la philosophie enseigne comment l'homme prétend penser, la beuverie montre comment il pense.
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Il était tard lorsque nous bûmes. Nous pensions tous qu'il était grand temps de commencer. Ce qu'il y avait eu avant, on ne s'en souvenait plus. On se disait seulement qu'il était déjà tard. Savoir d'où chacun venait, en quel point du globe on était, ou si même c'était vraiment un globe (et en tout cas ce n'était pas un point), et le jour du mois de quelle année, tout cela nous dépassait. On ne se soulève pas de telles questions quand on a soif.
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Les chaussures, ce n’est pas comme les pieds : on n’est pas né avec. On peut donc les choisir. Laisse-toi guider pour ce choix par les personnes expérimentées d’abord ; puis par ta propre expérience.
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Lorsque tu vas à l’aventure, laisse quelque trace de ton passage, qui te guidera au retour : une pierre posée sur une autre, des herbes couchées d’un coup de bâton. Mais si tu arrives à un endroit infranchissable ou dangereux, pense que la trace que tu as laissée pourrait égarer ceux qui viendraient à la suivre. Retourne donc sur tes pas et efface la trace de ton passage. Et même sans le vouloir on laisse toujours des traces. Réponds de tes traces devant tes semblables.
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L’alpinisme est l’art de parcourir les montagnes en affrontant les plus grands dangers avec la plus grande prudence. On appelle ici art l’accomplissement d’un savoir dans une action.
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La désillusion

Blanc et noir et blanc et noir,
attention, je vais vous apprendre à mourir,
fermez les yeux, serrez les dents,
clac ! vous voyez, ce n’est pas difficile,
il n’y a là rien d’étonnant.

Je vous parle sans passion,
noir et blanc et noir et blanc,
clac ! vous voyez qu’on s’y fait vite,
je vous parle sans amour,
et pourtant vous savez bien…
- il faut être évident jusqu’à l’absurde -

Blanc et noir et blanc et noir et noir et blanc,
si nos âmes échangeaient leurs corps,
il n’y aurait rien de changé,
alors ne parlez plus de corps ni d’âmes.

Blanc, noir, clac ! c’est la seule chose
qu’ensemble nous pouvons comprendre,
(mais n’est-ce pas qu’il n’y a là rien de tragique ?)

Je vous parle sans passion
blanc, noir, blanc, noir, clac,
et c’est mon éternel cri de mourant,
ce cri blanc, ce trou noir…
Oh ! Vous n’entendez pas,
vous n’existez pas,
je suis seul à mourir.

RENE DAUMAL
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- Excuse-moi, mon vieux, je cherche la sortie.
C'était justement la chose à ne pas dire. Trois costauds jaillissent des ombres, attrapent Gocourt au collet :
- La quoi ? Tu cherches la quoi ?
- La sortie, je vous dis.
- Cet endroit, Monsieur, n'a que trois portes de sortie, dit un des costauds. La folie et la mort.
Je compte sur mes doigts, je me trouve très intelligent et je demande :
- Et la troisième ?
Alors ils se jettent sur moi, me mettent leurs grosses pattes sur la bouche, m'empoignent comme un brancard mou, grimpent un sale petit escalier raide, (...) on arrive en haut tout déséquilibré, c'est une soupente, avec une porte basse et l'écriteau : I N F I R M E R I E

(...) je passe entre deux rangs de lits de fer où étaient couchés les malades, les blessés, les détraqués, les dessoulés, enfin tous ceux qui avaient insisté pour sortir.
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René Daumal
Je ressemble toujours à qui j'aime.
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"Tel homme s’éveille, le matin, dans son lit. A peine levé, il est déjà de nouveau endormi ; en se livrant à tous les automatismes qui font que son corps peut s'habiller, sortir, marcher, aller à son travail, s'agiter selon la règle quotidienne, manger, bavarder, lire un journal – car c’est en général le corps seul qui se charge de tout cela –, ce faisant il dort. Pour s’éveiller il faudrait qu’il pensât : toute cette agitation est hors de moi. Il lui faudrait un acte de réflexion. Mais si cet acte déclenche en lui de nouveaux automatismes, ceux de la mémoire, du raisonnement , sa voix pourra continuer à prétendre qu’il réfléchit toujours; mais il s’est encore endormi. Il peut ainsi passer des journées entières sans s’éveiller un seul instant. Songe seulement à cela au milieu d'une foule, et tu te verras environné d'un peuple de somnambules."
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Après

Je vais renaître sans cœur,
toujours dans le même univers,
toujours portant la même tête,
les mêmes mains,
peut-être changées de couleurs,
mais cela même ne me consolerait point.
Je serai cruel et seul
et je mangerai des couleuvres
et des insectes crus.
Je ne parlerai à personne,
sinon en paroles d’insectes
ou de couleuvres nues,
en mots qui vivront et riront malgré moi.
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Nomme si tu peux ton ombre, ta peur
et montre-lui le tour de sa tête,
le tour de ton monde et si tu peux
prononce-le, le mot des catastrophes,
si tu oses rompre ce silence
tissé de rires muets, — si tu oses
sans complices casser la boule,
déchirer la trame,
tout seul, tout seul, et plante là tes yeux
et viens aveugle vers la nuit,
viens vers ta mort qui ne te voit pas,
seul si tu oses rompre la nuit
pavée de prunelles mortes,
sans complices si tu oses
seul venir nu vers la mère des morts -
dans le cœur de son cœur ta prunelle repose -
écoute-la t’appeler : mon enfant,
écoute-la t’appeler par ton nom.
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