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Citations de René Daumal (312)


Un bon pot-au-feu vaut tout de même mieux qu’une philosophie menteuse
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René Daumal
Voyant qu’on est rien, on désire devenir,
Désirant devenir, on vit.
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On jouit de tout dans toutes les rues, on a du sang dans les yeux, on se bat à coups de coeurs arrachés, et l'on est encore grimaçant de colère parce que la terre reste ferme, que le sang chaud parfume l'air et que les fleurs des pêchers sentent bon. Alors, au détour du sentier où l'on essaie d'étrangler le printemps, on trouve un caillou à la bonne odeur de terre mouillée qu'on se met à adorer éperdument.
"Ceci est le chant de l'homme qui ne ressemble à personne et à qui personne jamais plus ne ressemblera", m'a dit la voix de l'ortie blanche.
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René Daumal
Sous un thorax d'oiseau le vide
sans bornes a cessé de bourdonner.
Mille loups aveugles dans cette soupente !
et moi qui n'ai plus le souffle.
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Mais où sont ses lèvres blondes
et l'odeur d'argile mouillée de ses mains,
et ses yeux bourdonnants d'univers ?
J'ai désappris à le voir,
je vais donner du front dans des faces absurdes,
dans des lilas de peau vivante,
et des instruments ridicules,
je suis affreux.
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« Quand les pieds ne veulent plus vous porter, on marche avec sa tête. » Et c'est vrai. Ce n'est peut-être pas dans l'ordre naturel des choses, mais ne vaut-il pas mieux marcher avec la tête que penser avec les pieds, comme il arrive souvent?
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On ne peut pas rester toujours sur les sommets. Il faut redescendre...
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L'alpinisme est l'art de parcourir les montagnes en affrontant les plus grands dangers avec la plus grande prudence.
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René Daumal
Je suis mort parce que je n'ai pas le désir,
Je n'ai pas le désir parce que je crois posséder,
Je crois posséder parce que je n'essaye pas de donner,
Essayant de donner on voit qu'on n'a rien,
Voyant qu'on n'a rien, on essaye de se donner,
Essayant de se donner, on voit qu'on n'est rien,
Voyant qu'on n'est rien, on désire devenir,
Désirant devenir, on vit.
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- Cet endroit, monsieur, n'a que trois portes de sortie, dit un des costauds. La folie et la mort.
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René Daumal
Les quatre temps cardinaux

La poule noire de la nuit
vient encore de pondre une aurore.
Salut le blanc, salut le jaune,
Salut, germe qu’on ne voit pas.

Seigneur Midi, roi d’un instant
au haut du jour frappe le gong.
Salut à l’œil, salut aux dents,
Salut au masque dévorant, toujours !

Sur les coussins de l’horizon,
Le fruit rouge du souvenir.
Salut, soleil qui sait mourir,
Salut, brûleur de nos souillures.

Mais en silence je salue la grande Minuit,
Celle qui veille quand les trois s’agitent.
Fermant les yeux je la vois sans rien voir par-delà les ténèbres,
Fermant l’oreille j’entends son pas qui ne s’éloigne pas.
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René Daumal
Brève révélation sur la mort et le chaos

Toi qui t'es oublié dans ce tombeau mouvant,
c'est à moi que je parle et mon double me tue,
dans l'air statue de sel et dans l'eau bulle,
lorsque le ciel sera mêlé à l'océan,
le sel dans l'eau partout sans membres distingués
et sans cœur et sans nom, étendu — est-ce moi ?
est-ce toi, la bulle à l'air rendue
sans sa peau d'argent?
Une voix dernière, la nôtre,
pour vider toutes les larmes d'un seul coup,
et ni moi ni toi, attention:
LA BOUCHE AURA MANGÉ L'OREILLE. LA VOIX VERRA.
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Peuple intellectuel de Paris, je t’ai bien regardé. J’ai failli pleurer, et je n’ai pas manqué de rigoler, toujours bien amèrement. Je me suis fichu de ta gueule, et tu m’as fait de la peine. Tu n’es que quatre ou cinq à avoir fait ma connaissance, mais ça ne fait rien, je ferai mon effet quand même.
Tu as eu pas mal d’occasions de te retourner les yeux au dedans et de voir, tu as reçu du Doute et de l’Angoisse de sacrés coups : ça ne t’a rien fait. La question du sort de l’espèce humaine peut se poser chaque jour sous ses formes les plus sanglantes, l’abêtissement sous ses aspects les plus noirs te menace, tu t’en moques. Tu tombes dans le panneau.
Il y en a même beaucoup, chez toi, qui ne sortent pas des vieux panneaux. Il y a un Grand Penseur, qu’il se dit, un grand phare cérébral et solitaire, qu’il se croit ; il a consacré à la philosophie une longue vie de labeur, bien qu’il exagère, mais lorsqu’il parle de l’amour humain, ou de toute autre manifestation de la vie, il se révèle un collégien de quinze ans. Il y a encore deux ou trois Grands Poètes (qu’ils se disent, mais non mutuellement) qui lâchent leur lyrisme ou épluchent leurs vieilles cervelles avec le même désarroi qu’ils ont à serrer les cordons de leurs bourses gonflées, même s’ils crient misère. Cela est de tout temps, et chacun mettra les noms qu’il voudra, obscurs ou illustres, sur ces types-passe-partout.
Mais il y a aujourd’hui chez toi, peuple intellectuel de Paris, quelques abrutissements particulièrement en vogue contre lesquels, par simple acquit de conscience, je voudrais vous mettre en garde, vous les quatre ou cinq camarades qui avez fait plus ou moins ma connaissance. Je veux parler d’une mystique à vomir, d’un occultisme à relents scatologiques (n’est-ce pas, camarade qui as assisté à l’expérience ?) de toutes ces pseudo-religions qui sont l’opium des intellectuels que de vieilles faiblesses morales empêchent seules de se livrer aux diables chimiques de quelques alcaloïdes. Ça pullule dans Paris. Il y a un an déjà, ou plus, une grappe visqueuse de larves à figures vaguement humaines avait délégué auprès de moi un de ses moins pustuleux représentants. Si je me souviens bien, il voulait fonder une nouvelle religion, une École de la Sagesse (sic), avec le concours d’un Grand Initié authentique, et il prétendait, avec une naïveté qui ne suscite en moi aucune tendresse, que si j’entrais dans leur Cercle ésotérique, cela pourrait me faire le plus grand bien. J’ai sans doute eu tort d’être poli avec l’émissaire de ce nid de vampires, mais pourtant mon silence obstiné semble avoir vaincu leur patience. Mais comme d’autres reviennent à la charge trop souvent, et que je préférerais ne pas passer à la manière violente, je leur dis ici que toutes leurs religions, leurs mystiques, leurs astrologies, leurs sagesses, leurs initiés crasseux, leurs lamas antisémites, leurs brahmanes constipés, j’en jetterais des tonnes au fumier pour un seul sourire, un sourire d’un homme qui cherche durement, maladroitement, mais sans peur d’être face à face avec soi-même et le silence ; un sourire qu’il pourrait avoir, en me rencontrant, d’avoir trouvé enfin un vrai idiot comme lui.
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Les premiers jours, le bavardage éperdu des milieux intellectuels parisiens est intolérable ; on bavarde de tout par peur d’un silence où la pensée, toujours gênante, pourrait se glisser. Et puis on s’habitue. On apprend à faire tantôt l’idiot, tantôt l’intelligent, selon les besoins. Et quand quelqu’un vient vous dire que « ce sont seulement des questions de vocabulaire qui nous séparent », on finit par se résigner à ne pas dire que ce sont parfois aussi des questions de désinfection.
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René Daumal
La véritable nuit est dans le cœur des fleurs, des grandes fleurs noires qui ne s'ouvrent pas.
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Nous nous levâmes tous, car il y avait pour chacun de nous plusieurs choses urgentes à faire. Il y avait beaucoup de choses à faire pour vivre.
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- Quand il est seul, le microbe (j'allais dire l'homme) réclame une âme soeur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme soeur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens : un veut être deux ; deux veut être un.
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Il s'était assis, et je vis que cet homme devait avoir une raison en acier pour résister à la pression de la folie qui bouillonnait en lui.
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"Mais voyez l'insondable veulerie de l'homme : tous les moyens qui lui sont donnés pour se tenir éveillé, il finit par en orner son sommeil. On porte le cilice comme on porterait un monocle, on chante les matines comme d'autres vont jouer au golf. Ah ! si les savants d'aujourd'hui, au lieu d'inventer sans cesse de nouveaux moyens de rendre la vie plus facile, mettaient leur ingéniosité à fabriquer des instruments propres à tirer les hommes de leur torpeur ! Il y a bien les mitrailleuses, mais cela dépasse de trop le but..."
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Et tous ces bâtiments abandonnés attendaient tranquillement la pétrification ou la digestion par la flore et la faune marine, la désagrégation et la dispersion de substance qui sont les fins dernières de toutes choses inertes, eussent-elles servi aux plus grands desseins. (p. 114)
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