Citations de Rene Denfeld (180)
n’existait rien qui pût se comparer au papillon : c’était une créature unique qui ne ressemblait à nulle autre. Ce n’était pas seulement en raison des ailes, couvertes de milliers de minuscules écailles qui diffractaient la lumière. C’était dû à la vraie nature de ce corps complexe, des yeux qui discernent tout, des antennes. Ils se posaient sur la table et lui souriaient, leurs pattes égrenant des notes de musique.
Ça l’aidait à se souvenir qu’en ce monde il y a des gens qui sont gentils. Elle ne les considérait pas comme responsables de ce qui se passait. Ils étaient trop occupés à s’entraider.
Ce qui appartenait à la nuit était censé demeurer secret. Comme ce qui s’était passé avec Teddy, son beau-père. Celia avait commis l’erreur d’en parler. Elle avait appris que les gens qui vivent le jour ne veulent pas savoir ce qu’il advient pendant la nuit.
Certains se disaient orphelins, mais elle pensait qu’ils ne l’étaient vraisemblablement pas. Orphelins de cœur, peut-être.
Au-dehors de la pièce en béton, l'avocate entendit un cri perçant qui se répercuta dans tout le bâtiment et fit s'envoler les pigeons posés sur le toit. Partout où des gens l'entendirent, ils s'immobilisèrent, sachant qu'il n'existait aucun son comparable au monde : le désespoir d'une mère. ( p 251/ 252 )
Elle ne croyait pas à la résilience. Elle croyait en l’imagination.
« Comment faites-vous pour les retrouver ? » lui demanda la mère.
Elle leur adressa un sourire lumineux. « Parce que je connais le chemin de la liberté. »
Avez-vous conscience que la joie c’est la vie et que la vie c’est l’amour ?
Cela, je le sais : aussi loin que l’on ait couru, aussi longtemps que l’on ait été perdu, il n’est jamais trop tard pour être retrouvé.
Quand je lis des livres qui parlent d’amour, je sais qu’ils disent la vérité. Cette vérité m’étreint le cœur à m’en faire mal. J’essaie de la voir à travers mes yeux, levés vers le plafond de pierre de ma cellule, et je me demande: quel effet ça fait, de ressentir l’amour? Quel effet ça fait, d’être reconnu?
La dame n'a pas encore perdu le son de la liberté. Quand elle rit, on entend le vent dans les arbres et l'eau qui éclabousse le trottoir. On se souvient de la douce caresse de la plume sur le visage et du rire qui éclate en plein air, de toutes ces choses que dans ce donjon, nous ne pouvons jamais ressentir.
Il y a des prisons dans les prisons, des murs dans les murs et ici tu apprends que le pire des donjons peut être la pièce qui a le plus de fenêtres. Tu franchis un mur et tu en trouves un autre devant toi, tu es comme un enfant dans un labyrinthe, perdu à jamais.
- Vous n'avez pas été envoyés en prison pour y subir une punition. C'est la prison qui est la punition, dit un gardien qui leur fait face. Tirez-en le meilleur parti possible.
Je ne peux plus penser à ce monde du dehors, il est trop vaste, il me fait peur. C'est un cirque effréné qui résonne de l'affrontement des idées et des êtres. Depuis que j'ai neuf ans, j'ai passé mon temps enfermé quelque part. Je suis habitué à ces pièces contenues dans d'autres pièces, elles-mêmes contenues dans des enceintes de barbelés électrifiés. Les murs que d'autres trouveraient suffocants sont devenus mes poumons.
Des heures durant, je songeais comme il était étrange que certaines lettres soient muettes, tout comme certaines parties de notre existence. Ceux qui ont fait les dictionnaires ont-ils décidé que la langue devait refléter nos vies, ou est-ce juste un hasard ?
Elle a le regard de qui a bu au canon d'un fusil et a trouvé cela délicieux. Ses yeux sont emplis d'une étrange tristesse, on dirait qu'elle s'émerveille de toute la beauté et de toute la souffrance du monde.
Comme c'est étrange que les morts pèsent plus que les vivants. On pourrait penser que c'est l'inverse, et pourtant non. C'est l'âme qui donne au corps sa légèreté, son caractère aérien. Lorsque l'âme le quitte, le corps n'a plus rien et ne souhaite plus que retourner à la terre. C'est pour ça qu'il est si lourd. p. 41
tu dis ça pour que je t'accepte dans mon lit ? lui demanda-t-elle d'une voix débordant d'émotion.
- Non.D'un ton affectueux. je dis ça pour que tu m'acceptes dans ton cœur.
Que font les enfants ? Ils jouent. Même dans les pires taudis, ils transformeront des tas d'ordures en châteaux, des bâtons en armes de guerre redoutables. Parmi les enfants qu'elle avait retrouvés, ceux qui s'en sortaient le mieux à longue échéance étaient ceux qui avaient découvert un moyen de jouer.
C'était une petite maison jaune donnant sur une rue déserte. Elle dégageait une impression de découragement, mais de cela, Naomi avait l'habitude. La jeune mère qui ouvrit la porte était frêle et paraissait beaucoup plus âgée qu'elle ne l'était. Ses traits semblaient tirés et fatigués.
« C'est vous qui retrouvez les enfants », dit-elle.
Elles s'assirent sur un canapé dans la salle de séjour vide. Naomi remarqua un tas de livres d'enfants entassés sur la table près d'un fauteuil à bascule. Elle aurait pu jurer que rien n'avait changé dans la chambre de la fillette. [...]
« Comment faites-vous pour les retrouver ? » lui demanda la mère.
Elle leur adressa un sourire lumineux. « Parce que je connais le chemin de la liberté. »
Le père cligna des yeux. Il connaissait l'histoire de son passé.