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Critiques de Robert Muchembled (38)
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Une histoire de la violence, de la fin du M..

Au départ spécialiste de l’histoire des sorcières et, par voie de conséquence, de la torture, d’une certaine façon, Robert Muchembled s’est rapidement attaqué à la violence en général, et ce dans une approche transchronologique. C’est le sujet de cette monographie titrée « Une histoire de la violence, de la fin du Moyen Âge à nos jours ».



Faire de la violence un objet d’histoire de plein exercice est une bonne initiative, il est vrai. Toutefois, j’ai été constamment gêné, dans cet ouvrage, par l’approche de Robert Muchembled : définitivement je n'aime pas "son" histoire de la violence (titre plus logique pour moi que "une histoire de la violence"). Je suis loin d’être un spécialiste évidemment, mais je remarque déjà qu’il affirme beaucoup et se justifie rarement : je sais que nous avons là un ouvrage davantage destiné au « grand public » (mettons tous les guillemets possibles) qu’une monographie habituelle, mais quelques notes de bas de page pour citer les sources utilisées n’auraient pas fait de mal, loin de là. Et puis, cette manie de justifier le choix de ce sujet par l’actualité m’horripile, je l’avoue. Qu’elle est agaçante, cette façon de vouloir absolument se mettre en porte-à-faux avec le « sentiment dominant » et, pour cela, de tourner l’usage des sources vers un but donné à l’avance ! Sur la manière, je suis donc bien peu en phase avec cet historien.

Sur le fond, il faut reconnaître que sa spécialité est foisonnante d’idées et ô combien passionnante. Robert Muchembled tente de montrer que les ressorts de la violence (brutalité, homicide et crimes en tous genres) sont constamment en baisse depuis le Moyen Âge. Ce qui me gêne à nouveau, c’est qu’il se rallie à la fameuse théorie de la « civilisation des mœurs » chère à Norbert Elias en son temps. Cette thèse veut que la société humaine (occidentale surtout, avouons-le) se régule au fil des siècles pour garantir un contrôle social accentué, notamment sur les « adolescents mâles et célibataires » comme l’affirme l’auteur. De nombreux historiens de l’époque moderne étayent plus ou moins ces dires, avec notamment des concepts comme « l’honneur », plus ou moins fort au XVIe siècle. Le plus agaçant est de voir Robert Muchembled tenter d’adapter tout cela à notre XXIe siècle et d’expliquer les pseudo-résurgences de violence visibles dans le phénomène des banlieues et qu’on pourrait imaginer dans le terrorisme actuel.



Les analogies prêtées par cet ouvrage à la violence au fil des siècles me gênent considérablement et étayer une loi universelle sur son évolution me semble toujours aussi peu plausible, mais plutôt dangereuse. Sans aller jusqu’à tout nier, de telles affirmations ne visent-elles pas à rejeter en bloc tout changement de notre société qui serait considéré comme de la violence par une partie de la société ? (Toute allusion à un certain type de théories, visant à conserver ce que certains jugent comme « l’ordre naturel des choses », est bien évidemment involontaire et inconsciente…)



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La séduction : Une passion française

Robert Muchembled est historien. Il a pourtant choisi l’essai pour traiter du thème de “La séduction, une passion française”.

Il s’en explique dans la première phrase : “Pourquoi écrire un essai sur la séduction à la française ? Parce que j’estime qu’elle constitue un élément moteur de l'identité nationale” et plus loin : “ J’aurai pu tenter de le montrer en utilisant la technique de l’historien, que je pratique depuis un demi-siècle. J’ai cependant pensé qu’un ouvrage bardé de références textuelles et de notes de bas de page ne rendrait pas justice à un thème aussi somptueux et risquerait d’ennuyer le lecteur en voulant trop exposer, pas à pas, son importance primordiale”.

L’auteur fait donc un pas de côté par rapport à l’histoire.

Il fait aussi un pas de côté quant au sujet car s’il existe de nombreuses histoires de la sexualité, l’auteur choisit de braquer son microscope sur la séduction, préalable à la sexualité.



Pourtant l’histoire n’est pas absente de cet ouvrage : “Car il s'agit toujours (pour moi) de puiser dans le passé de quoi interroger et comprendre le présent.”



Débutant son étude en 1515, l'auteur nous parle d'abord du monde rural, faisant montre de moultes expressions grivoises du XVIIème siècle : “le pain des pauvres”, “de l'andouille après souper” ou “mettre le diable en enfer”... mais ce siècle marque aussi un changement sous l’effet du christianisme : “Le prêtre s’installe en quelque sorte, au chevet du lit conjugal”.



L’essayiste s’affranchit-il trop des contraintes ? Il est parfois difficile de suivre les sautes de siècles, les retours en arrière et les anecdotes personnelles contemporaines, si bien que la partie historique “Le roi séducteur” m’a paru un peu foutraque et les références à la généalogie royale trop pointues.

Je retiendrai qu’à cette époque les rois donnaient l'impulsion séductrice, qu’Henri IV était “plus proche du satyre que du chevalier servant” et que Louis XIV s’est comporté “toute sa vie comme le suprême mâle alpha”.



Les analyses du chapitre suivant “La séduction capitale” sont complexes, donnant à la ville de Paris un rayonnement érotique.

Comme tout le livre, ses idées sont difficiles à synthétiser et je me contenterai de l’illustrer (cf. citations) et de vous donner le code des mouches posées sur le visage : ”Vers 1654, la séduction qu’elles irradient comprend sept variations : à l’exception de ‘“assassine”, ronde, nichée à divers endroits, notamment près du sein, les autres occupent une place fixe ; la “passionnée” au coin de l’oeil ; la “galante” au milieu de la joue ; la “baiseuse” à proximité de la bouche ; la “coquette” sur les lèvres ; la “receleuse” au dessus d’un bouton ; l'”effrontée” sur le nez “.

Ce chapitre est riche du regard décalé sur l’histoire de notre civilisation appréhendée par l’angle de la séduction.



Le dernier chapitre est inspiré par l’expérience personnelle de Robert Muchembled, le “je” de la séduction.

Il s’en explique : “J’ai imaginé de recourir à une sorte de “bio-histoire”, susceptible de démêler pour le public les deux faisceaux de fils dont la mystérieuse convergence produit un tel type d’ouvrage : le vécu personnel du rédacteur et le thème qu’il développe.”

Cette partie, celle de notre époque, est la plus facile à partager.

L’auteur montre notamment comment l’affirmation de la séduction féminine interroge la masculinité jusque là dominante.



Finalement, l’essai est assez pointu et sa généralisation délicate.

L’auteur tombe parfois dans ce qu’il voulait éviter : “En m’écartant de la forme historique trop corsetée, je ne jette nullement aux orties la quintessence de cette séduisante discipline, désirant simplement la faire partager davantage au delà des initiés…”

Il trouvera son public auprès des étudiants en histoire, sociologie, ethnographie, anthropologie…

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L'invention de l'homme moderne

J'ai découvert les travaux de Robert Muchembled lorsque j'étais étudiante en Histoire moderne.



Cet historien utilise toutes les sources à sa disposition (archives judiciaires, inventaires après décès, journaux, œuvres littéraires et bien d'autres) pour leur faire raconter non pas leur aspect matériel ou juridictionnel, mais les mentalités et sociabilités de l'époque moderne. La période qui court du XVème au XVIIIème siècle a connu de nombreuses mutations en matière religieuse, sociale, et même politique.



Robert Muchembled retrace ces évolutions à plusieurs vitesses selon les populations pour démontrer ce qu'avance le titre : L'Invention de l'homme moderne.



L'historien sait rendre tout son jus aux sources historiques pour donner à voir ces siècles passés. J'aime beaucoup don stule si vif et plaisant. Son ouvrage fourmille d'extraits de sources et d'anecdotes qui rendent nos ancêtres si vivants et finalement pas si éloignés de nous. L'invention de l'homme moderne est aussi instructif que passionnant à lire. Il fait partie de ces historiens qui entreprirent d'aller à la recherche d'autres sources, plus variées, et de les faire parler autrement pour aborder des sujets plus intimes de l'homme.
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Une histoire du diable

Le diable est-il encore à nos trousses ? Ce livre en raconte les allées et venues, des grotesques personnages que l'on moquait au Moyen-Âge, survivance de légendes anciennes, aux satanistes américains, pointe de l'iceberg d'une société encore fascinée par l'incarnation du mal, par la lutte, si photogénique, du bien et du mal. Retraçons quelques étapes. Tout se cristalise à la fin du seizième siècle pour faire du dix-septième le siècle du diable, d'un diable effrayant, partout rôdant, et auquel on croit dur comme fer, en ces temps sombres de guerres de religion, au point de brûler ses adeptes, les sorcières, dans de grandes cérémonies publiques. Le corps, celui de la femme bien sûr, est le lieu par où le diable pénètre en nous, le lieu où il pervertit, le lieu de dégoût. Petit à petit pourtant, alors que déjà s'amorce le recul de la religion chrétienne, le diable se cache. Il devient toujours plus une force intérieure, un être en nous, une présence du mal en chacun. La figure extérieure se fait moins épouvantable, le diable est amoureux, il est à nouveau dupé, il est un beau jeune homme torturé, il est, au vingtième siècle, vendeur de bières et de savonnettes. A-t-il disparu ? Evidemment non, la ruse la plus maligne du diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas. Il est passé de mode aujourd'hui en Europe, où ses avatars sont regardés avec distance, ironie ou humour, alors qu'il règne encore, serial killer ou alien, dans la pure Amérique qui, seule pour le monde entier, se bat contre les forces des ténèbres.

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Une histoire du diable

Reprenant une partie de son travail sur les origines de la chasse aux sorcières, Robert Muchembled porte un regard original sur la question de la représentation du diable en étudiant l'évolution de l'histoire sociale, culturelle et intellectuelle de la société occidentale depuis le XIIe siècle jusqu'à nos jours.



C'est avec la prudence qu'il convient aux chercheurs que Robert Muchembled nous propose Une histoire du diable. Ainsi que l'historien l'explique dans son introduction, les références en la matière sont si nombreuses qu'il est impossible de proposer une étude exhaustive de toutes les représentations du diable qu'il nous est donné à lire. Argumentant son analyse autour des manifestations intellectuelles et culturelles qui ont durablement marqué le deuxième millénaire en Occident, l'auteur décortique au long de son étude, la littérature, la peinture, mais aussi le cinéma, la publicité et la BD.



Très dense, cette analyse de Robert Muchembled m'a semblé ambitieuse. Les références ne manquent pas. Pourtant, couvrir l'histoire du diable de la culture occidentale du XIIe siècle à nos jours est un difficile exercice lorsque l'analyse se fait en 400 pages. Jusqu'au XIXe siècle, j'ai trouvé l'argumentaire pertinent et précis. Par contre, le glissement de l'étude vers les médias contemporains ne m'a pas convaincue : il aurait fallu pour cela consacrer un livre entier à chacun des chapitres du livre. Les liens établis entre l'héritage culturel, historique, religieux, sociologique, politique des pays abordés sont extrêment complexes et je ne partage pas les idées de l'auteur, notamment en ce qui concerne les deux derniers chapitres. En fait, je me demande si l'engouement pour les romans noirs, les films fantastiques, la recrudescence les légendes urbaines, etc... ont réellement un rapport avec le diable. Les références sont citées tout azimut et le lien entre les différentes formes d'expression autour du thème n'est pas toujours évident. Le monde occidental tel que nous le connaissons aujourd'hui est évidemment le résultat des constats fait par l'auteur, mais la fascination actuelle que connait la société occidentale pour les produits dérivés du diable ne semblent pas à mon sens forcément liés à l'inconscient collectif tel qu'il est abordé dans l'analyse. Bref, ce livre fourmille de références notables et d'anecdotes passionnantes mais le sujet ne se prête pas à un ouvrage si succinct.
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Une histoire du diable

Connu pour ses travaux sur les sorcières – comme historien, pas comme inquisiteur –, Robert Muchembled propose de retracer l’histoire du Diable et de ses représentations depuis le XIIe siècle.

Le bouquin est correct mais Bob nous a habitués à mieux. Ses recherches sur la violence, sur les sorcières, sur l’opposition entre culture des élites et culture populaire, oui, mais le Diable sur une échelle chronologique aussi ambitieuse, mouais… Peut-être s’agissait-il d’un ouvrage de commande pour surfer sur la vague millénariste annonçant l’apocalypse, la fin du monde, la libération de Satan, bref toutes les fariboles autour de l’an 2000, l’année du dépôt légal (“comme par hasard”, diraient nos chers amis complotistes). Voilà qui expliquerait certains défauts.





Jusqu’au Xe siècle, le Diable n’existe pas. Pas dans le livre en tout cas. Le siècle suivant est expédié pour annoncer que la figure du Diable est floue, multiple parce que pas encore trop fixée, et concurrencée par une tripotée de bestioles du petit peuple (elfes, gobelins, kobolds).

Nous arrivons au XIIe siècle où la figure du Diable va commencer à prendre forme et se définir petit à petit autour de deux images concurrentes : la monastique, avec du péché et du Mal dedans, et la populaire, décontractée, pleine d’histoires mettant en scène un Malin pas très futé (un comble !), grotesque et rigolo.

Tout ça à vitesse grand V en un seul chapitre, avant d’embrayer sur le XVe siècle. Attends, on n’était pas au XIIe ? Les numéros XIII et XIV sont passés où ? À peine évoqués.

La tranche moderne XVe-XVIIIe est excellente quant à elle. Normal, il s’agit de LA période de Muchembled, on sent qu’elle l’intéresse (tout comme on sentait que la précédente ne l’intéressait pas). On voit à la fin du Moyen Âge le Diable se fixer pour de bon sur l’apparence qu’on lui connaît et, au plan des mentalités, devenir la figure du Mal absolu, soit un bon moyen de terrifier le pékin pour qu’il se tienne à carreau. Loin des angelots joufflus, des harpes et de la lumière, le christianisme de l’époque est une religion fondée sur la peur. En témoigne la chasse aux hérétiques et aux sorcières : si tu déconnes, tu finis en enfer… et on t’aide à t’y rendre sur l’air de Allumez le feu.

Le processus de starification de Satan atteint son apogée au XVIe siècle, qui marque aussi le pic des procès pour sorcellerie. On sait que les historiens pourraient donner des leçons de recyclage à tous les écologistes de la planète. Muchembled enfourche son cheval de bataille comme Carabosse son balai et offre à ses sorcières chéries un traitement de faveur avec un développement maousse.

On enchaîne sur la fracture amorcée au XVIIIe siècle avec les Lumières et poursuivie au XIXe avec le positivisme et le laïcisme. Le Diable glisse de la sphère religieuse globale pour s’individualiser au cas par cas et devenir le démon intérieur.

Au XXe siècle, patatra, le bouquin part en vrille totale pour devenir un catalogue d’œuvres, surtout axé sur les arts visuels populaires (en clair, un peu de BD et beaucoup de cinéma, ce dernier se taillant la part du lion). Un feu d’artifice de titres, de titres et encore de titres, pour ainsi pas d’analyse ou alors superficielle. À courir trop de lièvres à la fois, Bobby finit par n’en attraper aucun. Certaines pistes m’ont laissé dubitatif : je cherche encore le rapport entre le Diable et les légendes urbaines.





Je ressors donc de cette lecture mi-figue mi-raisin, avec la sensation que le pacte n’a pas été respecté. En guise de XIIe-XXe, on se retrouve surtout avec du XVe-XVIIIe. Soit un ouvrage bancal, très dense, détaillé et pertinent sur la partie centrale, trop rapide sur l’amont et foutraque sur l’aval. Si prêcher pour sa paroisse est dans le ton pour une Histoire du Diable, il n’en reste pas moins dommage d’avoir sabré la période médiévale et de s’être égaré dans la contemporaine pour ne se concentrer que sur la moderne.

Après, vu le peu de titres sérieux sur le sujet où les productions de guignols sont légion, on se contentera de ceui-ci, stimulant, documenté et pourvu d’une abondante bibliographie pour compléter les lacunes qu’il affiche.
Lien : https://unkapart.fr/une-hist..
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La sorcière au village : XVe-XVIIIe siècle

Dans cet ouvrage historique appuyé sur de nombreuses sources, Robert Muchembled démolit de nombreux clichés folkloriques.

Non, la chasse aux sorcières n'est pas un phénomène médiéval. C'est à l'Epoque Moderne que les bûchers s'allument en Europe, au XVIème et au XVIIème siècles, en même temps que la Renaissance ou les découvertes scientifiques majeures.

En s'appuyant sur les sources judiciaires, des récits de procès, des traités délirants de démonologie des inquisiteurs (comme le Marteau des Sorcières, véritable best-seller du XVème siècle), il montre que nous n'avons qu'une image médiatisée, construite, des sorcières, par le regard d'hommes cultivés, urbains, qui jugent des paysannes issues de milieu rural étant leur communauté par leurs soins. Cette chasse aux sorcières est d'abord une chasse aux femmes libres indépendantes, aux veuves trop âgées pour avoir un "intérêt" reproductif ou être contrôlée par un père ou un mari. Et elle se place dans un contexte trouble - épidémies, guerres de religion, dans les périphéries moins bien contrôlées par les pouvoirs. Ces femmes marginales sont prises comme boucs émissaires pour rétablir l'unité des communautés.

Une oeuvre intéressante, facile d'accès même pour des non-historiens, qui permet de démolir certaines images toutes faites dans une période où les sorcières redeviennent un sujet - les sorcières, ou les femmes puissantes ?
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La civilisation des odeurs

Très bon ouvrage historique sur les odeurs. Une étude intéressante sur le rapport odeurs femmes, sur les diktats de la mode, le rapport à la jeunesse, à la vieillesse.
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Une histoire de la violence, de la fin du M..

UNE HISTOIRE DE LA VIOLENCE PAR R. MUCHEMBLED

Édition du Seuil, Points, collection Histoire, 2008.



Robert Muchembled est un historien français, né en 1944 à Liévin. Il s’est spécialisé dans l’histoire des mentalités, s’inscrivant dans la lignée des historiens de la Nouvelle Histoire qui ont commencé à professer et à écrire à la fin des années 1960 ( Geroges Duby, Emmanuel Leroy Ladurie, Jacques Le Goff, Pierre Goubert …). Il est professeur d’Histoire Moderne à l’Université de Paris XIII ( Paris-Nord ).

Agrégé d’histoire puis docteur d’État, il oriente ses travaux vers l’histoire sociale, l’anthropologie du pouvoir, la criminalité, les oppositions entre culture populaire et culture des élites. Son champ de prédilection s’étend des années 1400 à 1600, et plutôt dans le Nord de la France: l’Artois, la Picardie. Mais aussi la Belgique, et les Pays Bas.

Ses principaux ouvrages sont: « La sorcière au village », « Une histoire du diable », « Magie et sorcellerie en Europe », « L’orgasme et l’Occident », « L"invention de l’homme moderne »….



« Une histoire de la violence » est organisée en 9 chapitres, chacun subdivisé en deux ou trois sous-parties. Le premier des chapitres s’interroge sur ce qu’est la violence et le dernier naturellement sur la possibilité de l’éradiquer totalement.

Le titre en lui-même peut appeler à controverse: est-il possible de faire l’histoire de la violence ? D’ailleurs Robert Muchembled se garde bien de l’intituler « L’histoire de la violence ».

Il nous propose donc UNE histoire de la violence: où ? quand ? Qu’est ce qui est violence qu’est-ce qui ne l’est pas ? Quelle évolution, quels changements dans l’espace temps et territorial ? Quels types de violence les sociétés vont-elles criminaliser ou pas ?

R. Muchembled nous donne un premier avertissement: les sources historiques ne vont livrer que ce qu’il appelle un « chiffre noir »: qui ne rend compte que d’une partie des faits. Parce que d’une part toutes les sources ne sont pas explorées, et que par ailleurs la totalité des faits de violence ne vont pas jusqu’au judiciaire, à la criminalisation et resteront donc inconnus. Ils ne sont pas « visibles ». Tel un iceberg, la violence ne laisse apparaître qu’une infime partie de sa réalité.

Ensuite, ce qui est crime de nos jours, ne l’était pas autrefois.



L’auteur cible l’Europe de la Pologne à l’Angleterre, et de la Norvège à l’Espagne, un territoire arpenté par les historiens depuis longtemps. Il s’impose une limite temporelle: la sortie du Moyen Age jusqu’à l’après-guerre avec une prédilection pour le cœur de la période: le 16 ème et le 17 ème siècle, périodes de grands mouvements sociaux et de bouleversements culturels: l’Europe connaît des changements économiques, des conflits religieux; elle voit la naissance de l’État moderne, les grandes conquêtes extra-européennes. Tout ces événements font de cette période un moment clé de notre histoire.



R. Muchembled envisage donc une société médiévale où la violence, plutôt la brutalité, parcourt toutes les strates de la société et est un moyen pour les jeunes gens non mariés d’exprimer leur vigueur et de séduire leurs partenaires féminines dans une société où la sexualité n’est pas entièrement bridée. Elle est un moyen pour les jeunes mâles de montrer leur valeur et qu’ils sont aptes à prendre la place des pères. En aucun cas il ne s’agit, d’une part de contestation sociale, ni d’autre part de donner vraiment la mort: bousculades, coups, premier sang, gestes d’évitement, permettent de limiter les conséquences funestes entre garçons d’un même village.

La morale chrétienne peine encore à éradiquer les mœurs traditionnelles et archaïques qui valorisent donc une violence codifiée, qui vise à blesser plutôt qu’à tuer et qui oppose la plupart du temps des jeunes gens de la même communauté.

Ce monde médiéval se défoule, s’exprime collectivement dans les danses, les fêtes, les jeux, à la taverne, sur la place publique où se mettent en scène les combats des jeunes coqs avec l’accord tacite des hommes mariés et en situation de domination.



L’auteur oppose à cette société la naissance d’un nouvel ordre, qui répond à de nouveaux besoins, à la fois réclamé par les élites urbaines de chaque couche sociale et par la montée en puissance de l’État moderne. En cela il s’inscrit contre la vision de Michel Foucault qui voyait seulement la puissance castratrice d’un État dominateur et tout puissant écraser les populations. Pour Muchembled, il y a une sorte de contrat tacite, de contrat social avant l’heure, entre les classes bourgeoises citadines et le pouvoir.

La violence codifiée entre les jeunes mâles, une certaine liberté sexuelle vont être complètement bannies et réprimées: la criminalisation des agressions physiques, des meurtres et des violences diverses transfère aux mains de la justice royale, impériale ducale ou locale pour les Cités-États, la charge de rendre ces comportements anciens inacceptables.

Par ailleurs, l’infanticide se trouve lui aussi criminalisé et la plupart des femmes jugées et condamnées le sont pour cette raison. R.Muchembled y voit l’autre pan de la normalisation de la société: la surveillance de la sexualité des jeunes femmes.

Et contrairement aux thèses de Foucault, R.Muchembled montre que les condamnations à mort pour actes de violence ( meurtre ) ou pour infanticide suivent des courbes descendantes. Les mises à mort certes existent mais restent un

« spectacle » à la fois exceptionnel et suffisamment impressionnant pour effrayer ceux qui seraient tentés de franchir le Rubicon.

Le but étant de réguler les mœurs, d’apaiser les relations sociales et de permettre le règlement des conflits devant les tribunaux avant qu’ils ne dégénèrent. On entre dans le « civilisation des mœurs » cf Norbert Elias. ( « La civilisation des mœurs », Paris, Calman-Lévy, 1974)



Donc pour Robert Muchembled, une histoire de la violence c’est une histoire de sa criminalisation et des différentes formes de violence qui tour à tour apparaissent comme hautement condamnables: par exemple en Angleterre au

18 ème siècle, les condamnations à mort vont concerner les atteintes aux biens plus que les homicides qui se raréfient.



R. Muchembled évoque également l’extrême violence autorisée par les sociétés jusqu’en 1945: le duel, pratique française brutale et volontairement donneuse de mort, la militarisation des sociétés européennes en vue de conquêtes extra-territoriales, les révoltes paysannes, les guerres façonnent un sujet puis un citoyen apte à donner la mort dans certaines circonstances validées par la société. Il distingue dans les derniers soubresauts du 20 ème siècle, les échos de la lutte acharnée pour pacifier les mœurs sociales et la survivance de pratiques traditionnelles anciennes.



Il semble parfois y avoir des contradictions entre la violence des sociétés et les courbes descendantes d’homicides. La séparation entre violence autorisée par les États et violence traditionnelle semble parfois bien floue. Car même si les homicides diminuent, on ne peut s’empêcher de relever que les hommes entre la fin du Moyen Age et 1945 vivent des périodes particulièrement troublées et violentes.



Le texte dans ses deux derniers chapitres ouvre des perspectives intéressantes sur la naissance et le développement de la littérature « noire » : le succès des romans policiers avec leur cohorte de détectives, de Sherlock Holmes, à Hercule Poirot en passant par Maigret, et Marlowe n’est-il pas la preuve de déplacement de la violence vers des formes littéraires, oniriques ?

Le bandit bien-aimé se mue en justicier et Vidocq illustre cette transition le plus parfaitement. L’image du policier, du détective permet de satisfaire les pulsions de violence dans un cadre légitime et parfaitement inoffensif.



Mais la plus grande question qu’il reste à nos sociétés occidentales à résoudre c’est comment sublimer les pulsions juvéniles qu’elles orientaient autrefois vers la guerre. Comment éviter que la violence ne déborde des stades, des banlieues, ou ne soit exclusivement refoulée dans les marges de la société, stigmatisant les jeunes hommes de ces milieux ? R. Muchembled termine son essai sur les « bandes de jeunes « et s’interroge sur les réponses que nos sociétés vont apporter à ces phénomènes.

Intellectuellement stimulant,l’essai nous amène à nous interroger: peut-on parler de la violence en général ? Qu’en est-il dans les autres sociétés ( autre temps, autre lieux ) ?

Comment canaliser cette violence ?

Ne concerne-t-elle que les jeunes gens entre 15 et 30 ans ? Est-elle seulement liée à des temps de fortes pressions démographiques où les jeunes, surtout les cadets, peinent à trouver une place ou n’héritent pas de leur père, ou se marient très tard. Qu’en est-il de la violence patriarcale exercée sur les jeunes gens ? De la violence au sein du foyer domestique, envers les jeunes enfants ? De celle exercée à l’encontre des femmes par les hommes de tous âges ?

Aujourd’hui: peut-on faire le lien entre l’émergence de mouvements extrêmes ? Le Nigéria par exemple connaît une explosion démographique immense. La pression est forte et les jeunes gens peinent à trouver leur place dans la société . N’est-ce pas justement ce pays que les exactions de Boko Haram touchent de plein fouet ? Que les jeunes filles sont également les cibles privilégiée de ce mouvement, dont on ferait bien d’étudier la composante démographique.



Et dans nos sociétés ? Ne voit-on pas réapparaître des formes archaïques d’agressivité entre jeunes gens et de contrainte de la liberté des filles dans certaines couches sociales.

R.Muchembled ne cache pas également que l’éradication de la violence, de la liberté de se défendre ou de montrer sa place dans le groupe sont une des composantes de la lutte des classes: ne faut-il pas maîtriser les jeunes mâles des classes dites

« dangereuses », au 19 ème siècle, c’est-à-dire,les ouvriers ?



Le livre, une fois la dernière page, tournée, nous laisse face à plusieurs problématiques: la persistance sur le très long temps de pratiques et de mouvements profonds. Qui penserait voir dans les deux derniers conflits mondiaux un écho de la lutte entre les pères et les fils trop nombreux qui veulent une place au soleil, ou de la brutalisation des sociétés européennes en vue de conquérir la planète ? Réfléchissons aussi sur ceux que nous considérons comme des groupes « dangereux » dans nos villes et nos cités ? Comment alors faire place à ces jeunes ? Responsabiliser, poursuivre le lent chemin de la pacification des mœurs qu’ont accompli, malgré tout, les sociétés européennes jusqu’à maintenant, intégrer les jeunes gens dans la cité sont les défis de nos sociétés post-modernes.



Catherine Calvel
Lien : http://desmotsdeuxfemmes.wor..
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Une histoire du diable

Connu pour ses travaux sur les sorcières – comme historien, pas comme inquisiteur –, Robert Muchembled propose de retracer l’histoire du Diable et de ses représentations depuis le XIIe siècle.

Le bouquin est correct mais Bob nous a habitués à mieux. Ses recherches sur la violence, sur les sorcières, sur l’opposition entre culture des élites et culture populaire, oui, mais le Diable sur une échelle chronologique aussi ambitieuse, mouais… Peut-être s’agissait-il d’un ouvrage de commande pour surfer sur la vague millénariste annonçant l’apocalypse, la fin du monde, la libération de Satan, bref toutes les fariboles autour de l’an 2000, l’année du dépôt légal (“comme par hasard”, diraient nos chers amis complotistes). Voilà qui expliquerait certains défauts.





Jusqu’au Xe siècle, le Diable n’existe pas. Pas dans le livre en tout cas. Le siècle suivant est expédié pour annoncer que la figure du Diable est floue, multiple parce que pas encore trop fixée, et concurrencée par une tripotée de bestioles du petit peuple (elfes, gobelins, kobolds).

Nous arrivons au XIIe siècle où la figure du Diable va commencer à prendre forme et se définir petit à petit autour de deux images concurrentes : la monastique, avec du péché et du Mal dedans, et la populaire, décontractée, pleine d’histoires mettant en scène un Malin pas très futé (un comble !), grotesque et rigolo.

Tout ça à vitesse grand V en un seul chapitre, avant d’embrayer sur le XVe siècle. Attends, on n’était pas au XIIe ? Les numéros XIII et XIV sont passés où ? À peine évoqués.

La tranche moderne XVe-XVIIIe est excellente quant à elle. Normal, il s’agit de LA période de Muchembled, on sent qu’elle l’intéresse (tout comme on sentait que la précédente ne l’intéressait pas). On voit à la fin du Moyen Âge le Diable se fixer pour de bon sur l’apparence qu’on lui connaît et, au plan des mentalités, devenir la figure du Mal absolu, soit un bon moyen de terrifier le pékin pour qu’il se tienne à carreau. Loin des angelots joufflus, des harpes et de la lumière, le christianisme de l’époque est une religion fondée sur la peur. En témoigne la chasse aux hérétiques et aux sorcières : si tu déconnes, tu finis en enfer… et on t’aide à t’y rendre sur l’air de Allumez le feu.

Le processus de starification de Satan atteint son apogée au XVIe siècle, qui marque aussi le pic des procès pour sorcellerie. On sait que les historiens pourraient donner des leçons de recyclage à tous les écologistes de la planète. Muchembled enfourche son cheval de bataille comme Carabosse son balai et offre à ses sorcières chéries un traitement de faveur avec un développement maousse.

On enchaîne sur la fracture amorcée au XVIIIe siècle avec les Lumières et poursuivie au XIXe avec le positivisme et le laïcisme. Le Diable glisse de la sphère religieuse globale pour s’individualiser au cas par cas et devenir le démon intérieur.

Au XXe siècle, patatra, le bouquin part en vrille totale pour devenir un catalogue d’œuvres, surtout axé sur les arts visuels populaires (en clair, un peu de BD et beaucoup de cinéma, ce dernier se taillant la part du lion). Un feu d’artifice de titres, de titres et encore de titres, pour ainsi pas d’analyse ou alors superficielle. À courir trop de lièvres à la fois, Bobby finit par n’en attraper aucun. Certaines pistes m’ont laissé dubitatif : je cherche encore le rapport entre le Diable et les légendes urbaines.





Je ressors donc de cette lecture mi-figue mi-raisin, avec la sensation que le pacte n’a pas été respecté. En guise de XIIe-XXe, on se retrouve surtout avec du XVe-XVIIIe. Soit un ouvrage bancal, très dense, détaillé et pertinent sur la partie centrale, trop rapide sur l’amont et foutraque sur l’aval. Si prêcher pour sa paroisse est dans le ton pour une Histoire du Diable, il n’en reste pas moins dommage d’avoir sabré la période médiévale et de s’être égaré dans la contemporaine pour ne se concentrer que sur la moderne.

Après, vu le peu de titres sérieux sur le sujet où les productions de guignols sont légion, on se contentera de ceui-ci, stimulant, documenté et pourvu d’une abondante bibliographie pour compléter les lacunes qu’il affiche.
Lien : https://unkapart.fr/une-hist..
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Magie et sorcellerie en Europe du Moyen Age..

Très bon livre. Très instructif pour ceux qui voudraient connaître le monde de la sorcellerie à travers l'histoire..
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Insoumises

Une 4ème de couverture trompeuse vis à vis du contenu. En caricature, la femme à travers les siècle : la sainte ou la putain. Libre (mais sexuellement uniquement) ou manipulatrice, les portraits ne sont pas très positifs ... ou même factuels

A la marquise de Pompadour, Catherine de medicis, etc... sont associés les termes "Vengeance" "Manipulation" "arrivisme" "séduction" "flatterie". Elles (et bien d'autre) n'ont pas fait pire que les hommes d'habitude donné en grand visionnaire ...



** Et donner Maupassant en défenseur de la femme, Maire-Claire en revue libératrice et mettre au même niveau la pilule et les bas nylon... Fort !
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Insoumises

Dans cet ouvrage, l'historien R. Muchembled se penche sur la condition féminine en France, au fil des siècles, et veut mettre en évidence les femmes qui ont tenté de s'extraire de la domination masculine. En fait, il n'y a que très peu de documents à ce sujet avant la Renaissance; et on ne sait à peu près rien du tout sur la vie des paysannes qui constituaient une part très importante de la population. On trouve seulement quelques traces de l'influence de ces femmes, qui pouvaient être guérisseuses ou jeteuses de sort dans les villages et les petites villes.

On en sait beaucoup plus sur les favorites qui menaient les rois par le bout du nez. L'auteur mentionne aussi les (pseudo)sorcières et insiste beaucoup sur les possédées du XVIIème siècle: certaines d'entre elles se faisaient une gloire de renier le (pseudo)démon. Aux siècles suivants des femmes émancipées, notamment quelques actrices célèbres, ne faisaient pas fait mystère de leurs moeurs très libres; elles se comportaient comme des femmes entretenues à grands frais par les nobles et les personnes très riches. En France, l'idéal d'une épouse soumise, chaste et surprotégée, a été promu par l'Eglise catholique. Mais dans le même temps, l'adultère des hommes – mais aussi des femmes ! – de la classe dominante a été très tôt considéré avec beaucoup d'indulgence, malgré une réaction moralisatrice vers la fin du XIXème siècle. La dernière partie du livre est consacrée aux conquêtes sociales des femmes, à leur progressive émancipation sexuelle, surtout au XXème siècle... sans oublier les revendications féministes les plus affirmées qui s'expriment présentement. On évoque aussi (sans la nommer) la question générale du "genre": le rôle respectif des hommes et des femmes, dans les initiatives sexuelles – plus ou moins en liaison avec une approche éthologique.

J'ai trouvé ce livre vraiment intéressant et assez objectif. Mon principal reproche, c'est qu'il s'appuie un peu trop sur des cas exceptionnels: des femmes célèbres sortant du lot, qui ne sont pas représentatives de l'ensemble de la gent féminine.
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La civilisation des odeurs

Les odeurs sur 500 ans,mais aussi les potions et auttes miasmes,époques glorieuses du pet fiérot et puant.Dommage qu.il ne remonte pas à nos jours,Beau travail,complet et plaisant.

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L'invention de la France moderne. Monarchie..

Muchembled Robert - "L’invention de la France moderne : monarchie, culture et société (1500-1660)" – Armand Colin/VUEF, 2002 (ISBN 978-2200252823) réed de l’éd de 1995 - Collection U – Histoire



Un bon manuel, un bon tour d’horizon de cette époque, avec certains traits originaux. Facile à lire.

C’était du temps où Robert Muchembled écrivait des livres d’historien, avant de sombrer dans de vagues considérations «civilisationnistes» brassant tout et rien…

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La séduction : Une passion française

Merci à Babelio et aux éditions Les Belles lettres pour l’envoi de ce livre, dense, riche et très documenté.



Pour être honnête, je m’attendais plutôt à un beau livre avec moult illustrations commentées par un historien : c’est ce que laissait présager pour moi la couverture. Mais c’est parce que j’ai choisi ce livre à distance ; en librairie l’erreur n’aurait pas été la même.

Il s’agit en fait d’un essai sur la séduction en France de la Renaissance à nos jours. L’auteur part de la séduction au village (les sujets ruraux sont sa spécialité, on le comprendra vite !), évoque ensuite la séduction à la Cour et chez les puissant, et finit son étude sociologique par la séduction féminine. Les 80 dernières pages sont dédiées à son parcours d’historien, qui permettent de mieux comprendre son analyse.



Le propos est agréable à lire : l’auteur ne manque pas d’humour, le style est dynamique… bref, on ne s’ennuie pas !



J’ai tout de même regretté que les quelques illustrations (on en aurait aimé beaucoup, beaucoup plus !!!) n’aient pas de renvoi depuis le texte. L’auteur assume l’absence de notes de bas de page (soit), mais dommage qu’il ne soit pas plus illustré (et pourquoi pas plus régulièrement dans le texte au lieu d’un seul cahier central ?) (surtout qu’il devait y avoir matière à illustrer…).



La partie finale sur son histoire est certes intéressante pour comprendre l’évolution dans l’étude de l’histoire et dans les carrières académiques dans la 2nde moitié du XXe siècle… mais je n’ai pas forcément vu l’apport pour le propos du livre. Il digresse parfois longuement sur la politique moderne, se livre à quelques jugements que j’ai trouvés péremptoires (Angela Merkel incompétente, …) et hors-sujets. De cette partie finale, je retiens une idée intéressante, un peu osée peut-être, mais innovante : la France, cette grande patrie séductrice par rapport à ses voisins occidentaux… où les chats sont en nombre dominant par rapport aux chiens, de caractère plutôt soumis… intéressant, pourquoi pas … ? A creuser.



Par contre, je m’interroge sur l’interprétation donnée à la fontaine de Versailles la Pyramide… Guide à Versailles, j’ai lu beaucoup de documentation, et à son sujet, je n’ai trouvé que des descriptifs parlant de tritons (en bas) et d’écrevisses (en haut), pour faire court… bien loin de la représentation des femmes dominées qui soutiendraient la Cour et les autres ordres… d’où vient cette interprétation ??



Pour conclure, c’est un ouvrage plaisant, argumenté, dynamique, qui se lit fort bien, mais à prendre avec recul et à vérifier… comme toute œuvre scientifique ma foi !
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La séduction : Une passion française

Quand un historien, universitaire de renom, s'empare d'un sujet aussi guilleret que celui de la séduction, on peut craindre un essai sociologique bourré de tableaux et de graphiques, orienté sur l'étude démographique avec une flopée de notes en bas de pages et de références érudites.

Divine surprise, ce n'est pas cela du tout, mais un récit ludique et enlevé qui fait parcourir l'histoire de France présentée sous l'angle du rapport entre hommes et femmes.

De la Renaissance où la séduction nait dans l'univers galant et libéré de la Cour raconté avec malice par Brantôme, au Grand Siècle où la personne du Roi conquérant des coeurs, s'impose en modèle, de la légèreté mutine du Siècle des lumières jusqu'à la folie débridée de la Belle Epoque et des années folles, Robert Muchembled analyse avec finesse et humour l'évolution des rapports entre les sexes, illustrant son propos des dictons maternels qui constituent un hommage appuyé à ses origines.

Pour parler de l'époque contemporaine, il n'hésite pas à se mettre en scène et à évoquer ses expériences personnelles et là, le récit devient absolument délicieux car il est émaillé de références cinématographiques , littéraires et culturelles qui parlent encore à chacun d'entre nous.

Ce livre mis à l'honneur par la Revue Historia devrait connaître un succès bien mérité et il est dommage que la Saint Valentin soit déjà passée car il aurait vraiment constitué le cadeau idéal à offrir à son amoureux(se).

Un mot encore pour la coquine illustration de couverture qui donne vraiment envie de garder cet ouvrage dans sa bibliothèque pour le lire, le relire et le faire partager à tous ceux qui nourrissent une curiosité légitime pour la vie quotidienne de ceux qui nous ont précédé.
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Société, cultures et mentalités dans la France ..

Un bon livre pour les étudiants en histoire, mais pas que. C'est un livre très enrichissant sur nos ancêtres dans la France moderne, très facile à suivre même pour ceux qui ne sont pas étudiants et qui ne manquera pas de surprendre le lecteur.

Nos ancêtres comme on ne les imaginait pas... vraiment.
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Madame de Pompadour

Robert Muchembled, dans une biographie aussi fluide que fouillée, va beaucoup plus loin que ces reflets étoilés. En historien rigoureux et scrupuleux, il cherche à cerner la vraie Madame de Pompadour.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Passions de femmes au temps de la Reine Mar..

Décevant car écrit comme un catalogue de chroniques ultra détaillées comme des relevés comptables...
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