Robert de Laroche et
Jean Michel Labat : Lagune vénitienne
Olivier BARROT présente le livre de Robert de LAROCHE et de
Jean Michel LABAT paru aux éditions Casterman "Lagune vénitienne".
Venise n’est plus qu’une vieille courtisane ruinée et dont le pouvoir s’en va, mais qu’on ne s’y trompe pas : cela la rend plus âpre encore à conserver et à défendre le peu qu’il lui reste.
Le chat dispose d'un nombre élevé de vocalisations, parmi lesquels on peut distinguer trois catégories principales selon l'origine du son : les ronronnements et murmures, qui s'effectuent bouche fermée ; les miaulements, au cours desquels la bouche s'ouvre puis se ferme ; enfin les cris, feulements et sifflements, pendant lesquels la bouche reste ouverte et tendue.
Entrée "Cri et feulement"
Le chat noir le plus scandaleux de l'histoire de la peinture. En 1863, quand Manet expose son Olympia, on crie à la provocation. Une femme nue, une gouvernante noire un bouquet de fleurs à la main, et ce minet noir maigrelet tout hérissonné! C'était trop d'insinuations... Le minet fit couler beaucoup d'encre et on soupçonna Manet d'appeler trop ouvertement un chat un chat.
Le choix m'était laissé entre le déshonneur, mais je n'avais pu m'y résoudre, ou le suicide qui demande un courage très bref, mais dont je ne me sentais pas capable avant une tentative de sauvetage... Mais encore, laquelle ?...
Une chose m'a aidée à reconquérir l'énergie qu'il fallait pour vivre. C'est l'idée que nous n'avons de bonheur ici-bas que juste ce qu'il en faut pour ne pas épuiser nos forces et nous permettre de supporter notre part de malheur. Quand on est bien pénétré de cette vérité essentielle, on ne peut plus se sentir visée d'une façon particulière, personnelle et spéciale, par un sort hostile. On sait que tout ce qui arrive fait partie d'une somme d'évènements dont chacun porte sa part, que le bonheur ne réside que dans les joies intérieures, et qu'elles seules sont durables.
Qu'on l'aime ou qu'on l'abhorre, force est de constater que le chat est omniprésent dans nos sociétés occidentales. Toutes les fermes abritent au moins un chat, plus souvent une petite colonie. Il a adopté nos descentes de lit et les coussins du salon, et même les laboratoires de recherche ont trouvé un intérêt à son étude. Mais parallèlement nous vivons entourés de chats revenus à la vie sauvage et qui, à l'occasion, gardent des interactions et des échanges avec nos compagnons. Voilà une particularité qu'aucun autre animal domestique ne partage. Le chat, à la fois domestique et sauvage, présent et absent, visible et caché, familier et secret, social et solitaire, est lui-même porteur d'ambivalence.
"Le chat raconté"
Marie n'était pas courtisée que par de doux rêveurs. Elle avait également un soupirant plus prosaïque, bien décidé à se faire aimer pour des raisons sérieuses. Il l'attendait toujours à la sortie des artistes, avec obstination.
- Epousez-moi, Mademoiselle, lui répétait-il. Je possède un appartement moderne avec les W.-C. sur le palier, vous n'aurez pas besoin de descendre dans la cour.
Malgré cette vision de luxe effréné, Marie ne succomba pas.
Les gens vont bouffer, boire, et surtout ne comprendront rien ! Car ils ne comprennent pas, c'est ça le plus dur. Ceux qui pigent vous font un triomphe à tout casser et les autres restent là comme des noix !
Ainsi, lorsque "Elle" (Yvonne Printemps) lui demande de porter son collier d'émeraudes pour duper le Batron d'Agnot (Urban), Marie s'écrie :
Hein, je n'ai pas l'air d'une reine,
Avec ce collier d'émeraudes,
Plus grosses que des mirabelles ?
Quelle reine je vous rappelle ?
A quoi Printemps répond, impavide :
La Reine Claude !
- "Oui, oui, Monsieur, je suis une emmerdeuse !" criai-je un jour à un directeur qui me trouvait exigeante quant à la lumière, à l'orchestre, au décor. "Mais bénissez les artistes qui sont... ce que j'ai dit. Ce sont celles qui ne se foutent ni de leur art, ni du public, ni même de vous !"
Je n'avais pas encore de voiture, je n'en avais pas les moyens. Un soir, je sors du théâtre, et je m'apprête à héler un taxi. Autour de moi, il y avait pas mal de gens qui me regardaient, et j'entends : "Oh ! t'as vu, c'est pas une grande vedette, elle a même pas sa voiture." Piquée dans mon orgueil, le lendemain, je loue une somptueuse automobile. Et à la fin du spectacle, mon frère Paul, en livrée - nous avions tout combiné - se précipite pour m'ouvrir la portière, casquette à la main. Avant de monter dans la voiture, j'ai eu le temps d'entendre un spectateur qui disait à sa compagne : "Tu vois, sur scène, elle a l'air gentille et simple, proche de nous. C'est du bluff. Regarde-moi cette voiture : putain comme les autres, oui !"