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Citations de Roger Frison-Roche (394)


"Y me la baillent belle avec leurs sacrés bals ! Double peine ce matin ! Non ! Mais regardez moi ça ! Comme si la rue était un dépotoir public ! Bande de noceurs va, ça ne pense qu'à faire la bombe.
- Pas tous, Fabien, pas tous ! Interrompit l'un des pirates. Heureusement qu'il y en a encore pour faire les courses, sans quoi il ne nous resterait plus qu'à émigrer pour vivre. Qu'ils viennent nombreux ! Tu sais bien qu'on retire du profit grâce à tous ces monchus qui laissent leurs sous dans la vallée. Faut bien que jeunesse se passe ! D'abord, y sont en vacances, et ça doit pas toujours être drôle pour eux dans les villes. Faut bien leur laisser un peu de bon temps. D'ailleurs tu sais, bon ou mauvais, ils finissent toujours par y revenir à la montagne."
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Mais l’ascension de Pétrarque ne fut qu’un jaillissement de l’intelligence ! Il fallait, pour s’exprimer ainsi, un être d’élite. Pétrarque reste cité parmi les initiés et, s’il est plus célèbre par ses amours que par ses ascensions, il n’en reste pas moins qu’il nous montre tout ce que nous aurions gagné si Saint-John Perse ou Mallarmé avaient essayé de gravir nos cimes. 
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— Voyez-vous, oncle, le vertige, les pieds gelés, les risques, ça a certainement été créé pour vous donner du goût à la vie. C'est seulement lorsqu'on est mutilé ou appauvri physiquement qu'on se rend compte de la valeur de l'existence.
— Somme toute, en suivant ton raisonnement, la vie ne vaut d'être vécue que du jour où on risque de la perdre ?
— Presque ! La vie doit être une lutte continuelle. Malheur à ceux qui ne combattent pas ! qui se laissent aller aux choses faciles !
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Ils volaient depuis deux heures et avaient dépassé Hay River, lorsque le ciel subitement sembla se désintégrer. Il se déchirait en traînées lumineuses qui s'effilochaient, puis se reformaient en rideaux scintillants de pierreries – mauves, dorées, violettes –, en somptueuses robes de féerie, en traînes impériales de velours amarante, et ces draperies, qui s'accrochaient très haut, dans le cosmos, aux myriades d'étoiles et de planètes, semblaient parfois issues des nébuleuses puis tout à coup flotter sur la terre comme si au contraire elles émanaient des sources mêmes du magma. Désormais on pouvait distinguer tous les détails du relief, la plaine sans fin des eaux glacées du grand lac, les archipels couverts de forêts, les roches nues moutonnées qui entourent Yellowknife ; c'était un paysage grandiose, exaltant, que contemplait Bruno, haletant d'émotion. Une nuit de lumière.
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Tu voulais la liberté, je te l'apporte. Là où nous allons, il n'y a pas d'autre servitude que la loi de la forêt, la loi de la nature qui modèle les hommes ; on la subit, mais on la subit sans contrainte parce qu'elle est la vérité.
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La bise de l'est venue du grand lac pénétrait toujours plus âpre et glaciale sous les arbres de la forêt. Rosa se dressa, jeta de nouvelles branches sur le foyer et vint s'accroupir devant les braises qui craquaient doucement, ouvrant des gueules pavées de rubis, laissant filtrer à travers leurs crevasses de minces filets de fumée bleuâtre. Maintenant le feu reprenait avec une ardeur nouvelle et Rosa contemplait, avec une joie toujours renouvelée, le mystère qui d'une branche sèche fait un éblouissement de formes et de beauté ; une flamme torturée, frémissante, qui chuinte et pleure parfois comme un nouveau-né, puis lance des étincelles et se consume en une fumée bleue irréelle…
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Pierre Servettaz venait d'éprouver la satisfaction la plus complète qui
puisse être réservée à un alpiniste, celle de marcher en premier de cordée.
Il avait cessé de suivre aveuglément, en toute quiétude, en tout sécurité ;
il était devenu le chef, celui qui commande, qui combat,
qui prend ses responsabilités et de qui dépendent les vies qui lui sont confiées.
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ça fait mé pi pas pi ! Étrange locution en patois du pays, qu’on emploie à tout bout de champ et qui est presque intraduisible ; elle signifie : « évidemment tout n’est pas pour le mieux, ça pourrait être meilleur, mais comme on n’y peut rien, il faut s’en contenter »
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Chamonix Mont-Blanc dort. Ses lourds hôtels sans style sans grâce, confortables et impersonnels baignent dans une vapeur ténue qui monte de l’Arve grondante, s’épand sur la station masque le ciel. Si l’on en juge par cette clarté translucide qui tombe d’en haut d’une blancheur laiteuse, filtre à travers le brouillard et se diffuse dans les rues auxquelles elle donne des aspects de nefs de cathédrale, si l’on observe la danse ruisselante des atomes sur les rayons de clarté, et les mille cristaux de gelée blanche qui scintillent sur les toits, on peut prédire à coup sûr que le soleil ne tardera pas à percer. Il fait un froid de loup et bien qu’on ne soit qu’aux tout premiers jours de septembre, on se croirait à la Saint-Michel. Sur la place, tout est calme ; l’église sarde avec son clocher bulbeux veille sur la population cosmopolite qui dort dans les palaces. Tous ces grands oisifs de la terre, couchés depuis quelques heures à peine, ne connaîtront jamais l’heure exquise des matins éclatants de pureté. L’horloge du clocher est encore éclairée et son cadran lumineux. entouré d'un halo, transparaît dans le brouillard ; mais déja, par delà la nappe de brume, le bulbe de cuivre qui s’effile en pointe au sommet du clocher reflète plus de clarté, commence à se dorer de lumière.
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Tout à coup rendus à eux-mêmes, ils perçurent à nouveau les clarines qui assemblaient en musique pour le grand bal de printemps les bruits imperceptibles du renouveau, la poussée des bourgeons sur les frênes, les fleurs de merisier ouvrant leur corolles, associés au plain-chant du vent dans les sapinières...
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Car de toute sa vie il n'avait souhaité autre chose que vivre en paix et en homme lire et c'était cela qui lui était refusé partout.
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La corde n'est plus qu'un lien morale entre les grimpeurs.
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Elle verse le premier verre de thé bouillant,le hume en faisant claquer ses lèvres charnues; elle ferme à demi ses yeux de gazelle passés au khôl.
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De ces sortes d'histoires, on rentre tous ou on ne rentre pas.
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Ils étaient au sommet. Ils dominaient le monde, mais avant tout, ils avaient conscience de s'être dominés, d'avoir triomphé des obscures règles qui interdisent aux hommes de se dépasser.
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Beaufort la contemplait avec intérêt : il ne pouvait s'empêcher de la trouver belle dans sa longue tunique indigo descendant jusqu'aux pieds par-dessus le sarrouel noué à la taille, fendue de chaque côté des aisselles jusqu'à l'aine et laissant voir presque en son entier la courbe parfaite du dos, le ventre plat, le buste provoquant.
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Le véritable courage e consiste-il à triompher de la peur ?
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Puis le soleil triomphait, et tout riait à nouveau dans la montagne. Aline arrachait des touffes de rhododendrons, s'en couvrait par jeu, et ses lèvres étaient aussi vivaces que le rouge des fleurs. Pierre songeait qu'elle était plus belle et plus désirable qu'il n'eut jamais souhaité, sans doute parce que dans la minute présente la montagne et l'amour se rejoignaient pour le combler et le griser. Et tout deux fermaient les yeux pour mieux sentir le violent parfum des herbages, et percevoir l'invisible caresse de la brise sur leurs visages bronzés de soleil.
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Derrière eux, l'amphithéâtre des cimes et des aiguilles, des dômes éclaboussant de lumière, des clochetons et des doigts gantés de velours blanc, des clochers et des gendarmes effilés comme des glaives, se détache en festons sur un ciel bleu très clair ; les glaciers blanchis à neuf par la tourmente coulent dans la vallée, craquent et gémissent, écartant de leur poussée millénaire les forêts où la dorure brûlée des mélèzes habillés d'automne alterne avec la houle éternellement verte des épicéas. Les autos cornent sur la route et un petit train joujou, tout bleu et blanc, disloque ses vieux wagons sur la voie étroite, dans un fracas d'essieux grinçants, mêlé au ronronnement monotone de ses machines électriques.
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Ils doublèrent un nouveau cap, la vallée sinusoïdale s'élargit, et les chutes apparurent. Elles barraient toute la vallée.
La Nahanni s'y jetait du haut d'une barre rocheuse de plus de cent mètres de hauteur en deux cascades séparées par une grande aiguille rocheuse. Ses eaux étaient projetées avec violence dans une sorte de glissière lisse comme les parois d'un canal, et cela leur conférait une vitesse hallucinante. Sautant la falaise, elles se brisaient cent mètres plus bas sur d'énormes blocs de schistes noirs ; un nuage de vapeur d'eau s'élevait du pied des chutes (trois fois plus hautes que celles du Niagara) sur près de cinquante mètres de hauteur. Le soleil y jouait dans une lumière irisée qui décomposait le prisme, formant un arc-en-ciel d'une durée soutenue qui joignait les deux rives (Première partie - La rivière aux sortilèges - chapitre XI).
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