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Citations de Roland Giguère (26)


Roland Giguère
J’ERRE
  
  
  
  
Je ne vous suis plus

je ne vous suis plus dévoué
je ne vous suis plus fidèle
j’erre à ma guise enfin
hors des sentiers bénis

j’erre aux confins de ma vie

j’aime aussi
comme je n’ai jamais aimé
la ligne courbe du destin
le silence des puits
j’erre
malgré tout ce que je dis
entre le début et la fin
entre vos mains tendues
et vos yeux qui se ferment
sous le poids de minuit

j’erre
parmi mes oiseaux favoris
les herbes fines qui se lèvent
au jour dit

j’erre
parmi les pauvres ormes
et les pins dégarnis
sans voir le sapin qui jaunit

j’erre parmi mes amis les meilleurs
que pourtant je tiens pour vigies

mais j’erre

j’erre toujours entre vos dires

j’erre pour ne pas mourir
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Cartes postales - extraits
   
Je ne suis pas où vous pensez. Pays perdu, pays ruiné. Le soleil, ici, perce et tue. Comme chez vous la neige. Plages inutiles. Sable. Mes paysages sont vos yeux, votre dernier regard à l’orée de l’érablière. Je ne voyage pas, je m’absente.
     
     
Quel monument! De pierre dure, de main d’homme et de taille vive. Les veines de marbre coulent au plus clair de la nuit. Le granit avance, sans faille, jusqu’au bord de la mer. Comment dormir ici quand la pierre veille?
     
     
La plage recommandée n’est plus saine depuis plusieurs années déjà. Il faut se tourner vers l’intérieur des terres où le vert a encore forme de feuilles. J’ai découvert un étang vierge; mais il n’y a pas de quoi jubiler : il tiendrait dans votre main.
     
     
Peine perdue que cet éloignement. Et pourtant, on succombe à l’attrait. Sortir. Comme si l’on vivait mieux ailleurs. Voir autre chose qui nous est toujours familier et nous reflète... Courir. Courir avec son ombre toujours devant qui trébuche sur la moindre brindille et finit par fondre au soleil.
     
     
Enfin quelque chose de neuf et d’inattendu! Une maison pour papillons, sans toit, sans murs, sans portes ni fenêtres. On aurait dit un sanctuaire. Les touristes faisaient la queue avec leurs appareils photographiques. Les papillons étaient blancs sur fond d’ouate. Il était midi.
     
     
On m’a parlé d’un château qui serait un lieu privilégié, quoique d’architecture banale. Ceux qui le visitent en ressortent bouleversés et n’oublient jamais le guide. Je n’irai pas. Je ne veux pas passer le reste de ma vie avec un guide; je préfère ma mémoire défaillante et veux tâtonner à ma guise.
     
     
Un repas sans histoire, au restaurant. Les Convives que vous connaissez bien. La table tournait et je n’étais pas à ma place; je n’étais pas dans mon assiette non plus. Je n’avais d’appétit que pour ma maison de papier. Je ne me souviendrai que du vin qui avait la couleur de votre robe.
     
     
J’ai beaucoup aimé ce quartier à l’ombre de la montagne. Humidité des pauvres. Plaisirs sombres. Ruelles remplies de cris fauves. Jeux défaits. Lune blême. Une vie sans quartier.
     
     
(p. 185-188)
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La porte fermée aux hurlements, face au feu intérieur, la solitude vient, lisse et ronde comme un galet.

Le soleil entre.

La mer roule ses vagues sur le tapis. Un coquillage tombe du miroir et c'est une île heureuse qui apparaît avec son collier de corail bleu. Sur le rivage, l'ample démarche des femmes qui attendent le sel du jour. Le silence prend le large, large et profond silence. Le cœur tangue et bat la vague. La main gouverne, gouverne et repose. Tout repose.
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Peut-être aussi les volcans viendront-ils nous enseigner à brûler les remparts qui nous cernent et la lave ouvrir la brèche que nous n'aurons pas su ouvrir au jour désigné; mais s'il faut attendre l'éruption, ce sera alors à nos propres risques et, dans ce cas, mieux vaut pour nous la provoquer et s'en rendre maître dès sa naissance. À nous d'ouvrir le feu! C'est alors que nous désignerons aux flots déchirant de la lave les chemins qu'ils doivent prendre et que nous aurons eu le temps de creuser, à la forme de nos désirs. La lave ira où nous voulons qu'elle aille, nous la ferons descendre dans la nuit opaque qui aveugle nos actions, et, quand tout sera fini, cristallisé, refroidi, il n'y aura pas de ruines mais de magnifiques dessins de feu durci qui porteront l'empreinte de l'homme libre.
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le temps traverse le brasier et noircit
à l'aube nous fouillerons la cendre
pour célébrer la dernière étincelle

nous jaillirons ensemble.
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Quand nous vivrons d'étincelles
au coeur du tableau noir
quand nous vivrons d'étoiles
dans nos jours sans fin
quand nous vivrons de tout et de rien
nous serons libres comme l'amour
dans les draps du vent
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Le grand jour


Plus tard le ciel déchiré de cris
plus tard les enfants nus
plus tard les bruits légers des belles rencontres
plus tard les poignets cernés par l’amour
plus tard la pitié des affamés
plus tard le livre comme un oiseau blanc
plus tard le culte des innocents

beaucoup plus tard
au moment de la grande clarté
au moment de la grande éclipse
les éclats de lune répandus par le soleil
et les traits de plumes sur les murs froissés
traits rouges rapides cruels
et plume d’hirondelle
immobile au sommet des taudis
pour entretenir le bleu des toiles
pour supporter le toit absent
longues absences d’autrefois
d’aujourd’hui et de toujours

beaucoup plus tard
le ciel déchiré de cris
déchiré comme une aile.
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Roland Giguère
Main d'oeuvre

La main saigne au coeur du faire
la main traverse l'épreuve
la main signe à l'encre noire
et creuse sa ligne de vie
sur le cuir verni.

Main de gloire couronnée d'agates
main de taille et de coupe
main de cisaille et de burin
main de berceau
main de plomb pour suivre l'oeil vif
main pour prendre et donner à voir
main de pierre calcaire où s'inscrit la mémoire
main forte d'ombres et d'éclairs
main à la roue libre
main à l'étoile (...)
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Ces rêves étaient bien les nôtres
nous avons tourné la page hier
mais nous n’avons pas fermé le livre
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Ne vous figurez pas que j’invente
tous ces mots étaient là
entre les plis du lit
la nui renaît toujours
dans des draps nouveaux
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Mot à mot j’ai appris à vivre
pas à pas je suis revenu
à mon chant de silence
je ne cherche plus le verbe
qui va tuer la phrase.
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Il n’y avait rien dans ces sentiers battus
pas de traces pas de pistes pas de mots
que nos pas qui allaient vers le nord
en silence vers l’étoile aperçue.
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Gardez vos rêves et vos espoirs
gardez tout ce que vous pouvez
dans cette avalanche d’un soir
gardez la dernière lettre effacée.
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Imaginez la vie
sans l’arbre qui vous cache
imaginez la nuit
sans l’ombre d’un doute.
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Pour ta réalité offerte
mille légendes dorées
pour ta beauté secrète
une ceinture d'astres légers
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Il vécut vingt ans avec une paille dans l'oeil
puis un jour il se coucha
et devint un vaste champ de blé.
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Tout l'or des matins s'évapore
arrive la saison des vents d'ombre
où la nuit interminable hurle à la fenêtre
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la soie des soirs nous attend
au long des jours d'ennui
la soie des soirs au coin des yeux
comme une eau promise

et le matin fine aiguille pour percer
le ballon des rêves si léger
si léger
qui nous portait si haut et si loin
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Adieu

Je n’ai plus que tes yeux
pour fermer la nuit
je n’ai plus que ta bouche
pour ouvrir le jour
je n’ai plus que tes mains
pour prendre le large
et me perdre à jamais
dans les remous du temps

je n’ai plus que ton amour
qui coule dans mon sang
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La main au cœur

Comme la main creuse sa ligne de vie
sur le cuivre verni
comme la main cherche
dans les fibres du poirier
le fruit du hasard
comme la main trace sur la pierre calcaire
un moment de pur désir
comme la main glisse sur la soie
et laisse l’empreinte infinie du destin

la main sait toujours où elle va
dans l’âme blanche du papier
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