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Critiques de Ronan Gouézec (44)
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Masses critiques

J'ai laissé passer plusieurs semaines entre la lecture des deux ouvrages de Ronan Gouézec, "Rade amère" et "Masses critiques".

Non pas que le premier roman de Ronan Gouézec m'ait déplu, bien au contraire.

Mais c'est un récit policier fort, sombre, épais et dense.

Disons qu'une deuxième tartine de Maroilles à suivre, c'est un peu trop pour la petite nature que je suis.

Et que j'ai eu peur de gâcher le plaisir d'y revenir ...

J'y suis pourtant revenu.

D'aillleurs, on revient toujours à Brest lorsque l'on a eu la chance d'y passer.

Brest est une ville particulière, une ville qui n'est plus tout à fait à terre, une ville qui déjà semble avoir appareillé vers d'autres ailleurs ...

Et les mots de Ronan Gouézec lui collent bien à la peau.

Cela commence par un pont lessivé par les paquets de mer.

Pourtant mille fois décrites par d'autres écrivains, les images d'éléments déchainés semblent ici renouveler l'exercice.

Et, Ronan Gouézec s'y affirme comme une véritable plume marine ... tourmentée mais marine.

Le premier Chapitre est un véritable exercice de style, une scène qui prend aux tripes et nous laisse, comme l'aîné des frères Banneck, groggy au bord de la côte.

Car le vieux Banneck et ses deux fils se sont mis au sec sur une roche.

Le vieux est au fond !

Et René Joffre, un restaurateur avec lequel ils étaient en compte a refusé son aide ...

"Masses critiques" est un roman policier sombre, violent et colérique.

Il est captivant et remarquablement bien écrit.

Peut-être même trop bien écrit, car parfois l'opulence de la description et la richesse du style en viennent à polluer un peu la clarté du récit.

Sous la plume de Ronan Gouézec, les mots semblent se solidifier dans ces descriptions.

Point trop n'en faut !

Cependant, une fois lancé, le récit se révèle passionnant.

La lectrice, le lecteur se doutent bien que ça va mal finir ...

Ronan Gouézec n'est pas un auteur de demi-mesure.

Il n'est pas du genre à ménager ses personnages.

Il va leur charpenter une vraie stature, leur imposer son intrigue policière et tragique.

En arrière-plan, Brest est là, bien présente en toile de fond avec son tram tout récent.

Brest qui ne semble pas bouger.

Brest en a vu d'autres mais tout de même.

Brest où ont disparu les pompons rouges, les mâtures de son arsenal et quelques uns de ses emblématiques bouquinistes.

Un serrurier-rempailleur de chaises m'a autrefois vendu quelques bons vieux introuvables avant que je ne parte en mer.

C'était cela Brest, une rue de la soif qui se terminaient dans une boutique de vieux livres ; du soleil, de la pluie et de la brume tout à la fois et la mer Zizou qui vendait des frites aux marins en piste jusqu'au petit matin dans une baraque en tôle au bas de la rue de Siam ...

Quoi qu'il en soit, le livre de Ronan Gouézec , s'il fait la part belle à la cité, ne donne pourtant pas dans la moindre nostalgie.

Et surtout, il n'est pas à confondre avec toute cette littérature policière locale de gare dont les titres semblent rebondir d'un calembour à un autre.

Il y a fort à parier que l'auteur de "Rade amère" et "Masses critiques" se taille bientôt une belle renommée dans le genre.

Si ce n'est déjà fait ! ...





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Rade amère

Comme d'habitude le ciel dégringole sur Brest.

Il est de ces nuits où parfois "il y pleut la mer" !

"Rade amère" est un roman de Ronan Gouézec, paru en 2018 dans la collection "Rouergue Noir".

C'est un roman policier, un roman à l'ambiance moite et poisseuse où l'on ne découvre que petit à petit les ressorts d'intrigue.

Ronan Gouézec ne distille qu'au compte-goutte, et très adroitement, les éléments de mise en place de son récit.

Ce qui ne veut pas dire qu'on s'y ennuie.

Deux histoires y sont menées en parallèle.

Caroff est un pêcheur qui a merdé, qui subit les assauts de la mer, du banquier et d'une bande de malfrats avec lesquels il a eu tort de s'accoquiner.

Brieuc, lui au contraire, a eu l'idée qu'il fallait avoir eue d'ouvrir un service de taxi à travers la grande rade.

L'heure prévue d'abordage entre les deux hommes et leurs embarcations a été calculée pile au vingtième chapitre de manière à embrayer sur un épilogue implacable et inaccoutumé.

Ronan Gouézec a écrit là un véritable Western maritime, un roman dur et nerveux, un récit cependant que les faiblesses des personnages viennent remplir d'humanité.

Les liens qui se tissent n'ont de prime abord aucune évidence mais finalement viennent étoffer un récit riche en rebondissements.

"Rade amère" un roman policier, l'élément maritime n'y étant introduit qu'en guise de décor.

A aucun moment la vie des pêcheurs n'y est décrite, ni envisagée.

Une seule chose est sûre, c'est qu'il est difficile de tenir debout sur un pont secoué par la mer, et lessivé par pas ses vagues !

Le style d'écriture de Ronan Gouézec est très particulier.

Il sent la pluie qui alourdit le caban, il est plein de remugles de sueur et de bière, plein de bruits de luttes et de murmures d'espérances.

On est loin de la carte postale, ce récit est une plongée dans la Bretagne des barbares !

Tout changement de décor mis à part, ce livre m'a fait penser à "la Horse" de Michel Lambesc, et avec un peu moins de raisons à "Canicule" de Jean Vautrin.

Il est à signaler que "Rade amère" n'a rien à voir avec ces livres policiers locaux dont les titres à tiroirs ont envahi quelques étagères de libraires, des rayons entiers de l'épicerie dite culturelle, les boîtes à livres de nos quartiers et quelques-unes des caisses des brocanteurs les moins bibliophiles.

Ce roman policier a du sang dans les veines, une véritable nervosité et un rythme heurté.

En un autre temps, cela lui aurait sans nul doute ouvert les portes de quelque belle et noire collections, sans code barre bien entendu ... Une belle réussite pour un premier roman !
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Rade amère

Entre la rade de Brest et la presqu'île de Crozon, Ronan Gouézec nous plonge dans cet univers humide, venteux baigné de la lumière que renvoie la mer d'Iroise au gré de ses humeurs. Il réussit à nous faire espérer pour ses personnages mûs par l'impérieuse nécessité de s'en sortir. Comme ils sortent du goulet de la rade pour se refaire une vie. Gouézec nous fait sentir la houle, passant de la tension extrême où le pire semble sûr, puis nous rassérénant avec la belle histoire de René et Josette qui finissent leur vie parallèle à celle de Jos et Babeth qui commencent la leur. Pas de place pour la mièvrerie, les mots sont comptés et nous suffisent pour nous amener vers la fin avec une certaine impatience qui ne réussit pas à dissiper l'inquiétude de l'inéluctabilité.
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Rade amère

Sans lendemain, c’est une plongée vintage dans les romans noirs américains et les films noirs des années.

Sans lendemain, c’est une histoire d’amours contrariées au fin fond de l’Arkansas.

Sans lendemain, c’est la chute inexorable dans un puits de mensonges d’une femme jusque là sans histoires.

Sans lendemain, c’est un pasteur fanatique à qui l’on dirait bien deux mots sur sa façon puritaine de voir les choses. Sans lendemain, c’est l’opiniâtreté à la Fargo d’une enquêtrice par qui le désastre arrive.

Sans lendemain, c’est un regard sur la condition déplorable des femmes dans le sud profond des Etats-Unis dans les années.

Sans lendemain, c’est un hommage aux films de série B diffusés dans les petits patelins et qui tentaient de résister à la censure morale et guindée de l’époque.

Sans lendemain, ça finit mal, mais vous l’aviez sûrement pressenti.



Troisième roman de Jake Hinkson, Sans lendemain a reçu le Grand prix de la littérature policière 2018.
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Masses critiques

Masses critiques est le second romand de Ronan Gouézec qui me tombe entre les mains. Ronan Gouézec est finistérien et cela transpire dans ses écrits.



Un premier chapitre intitulé Corps et Biens : « Le filet s’écrase sur le plancher poisseux. Il glisse aussitôt hors de portée, tant le roulis est fort. Les paquets de mer arrivent, entassés en grand désordre de verts ténébreux, de gris charbonneux. De temps à autre une explosion mousseuse vient franger les voûtes de ces cathédrales romanes en folle procession. C’est une dentelle délicate et éphémère. Les lames se précipitent. Elles s’empilent, s’assemblent en blocs denses quasi solides. Un monticule liquide est en train de naître. C’est le rejeton boursouflé et gueulard d’une mer furibonde. Il n’en finit pas de s’édifier, de s’écrouler sur lui-même avant de rouler et de se reconstituer un peu plus loin, crachant et grondant. »



Une histoire poisseuse : entre une fratrie haineuse qui pratique la pêche illégale, René le restaurateur extorqué, et Marc, son ami d’enfance, conseiller financier, qui porte son obésité comme une colère en cocotte-minute.

Un croisé-décroisé entre tout ce petit monde, violent, iodé et sans concession.



Ronan Gouézec dépeint une atmosphère brestoise de bout du monde où la météo n’est guère tendre avec les autochtones. Morceaux choisis :



« Un grain subit roule vers lui en ronflant depuis le goulet, brouillant le regard retrouvé. Il vient s’abattre sur la ville et épuiser sa mauvause humeur. Cela ne durera pas. »



« Des rafales brèves mais puissantes annoncent un nouveau grain qui arrive en roulant des épaules lourdes et massives.

Il faut vite se mettre à l’abri. »



« Le gris de la mer s’est mué en un bleu ardoise très foncé, presque noir, moucheté de blanc. Il se fond dans le ciel sombre et très bas. Un clapot court et agressif s’est levé. »



« Des rayons de soleil industrieux et dardés cherchent à percer entre les masses cotonneuses lourdes et noires à leurs marges. Cela s’insère et se diffuse. C’est maintenant une lame incandescente et large qui se déploie et tranche dans la densité sombre. »



Un roman incisif, houleux, où la vengeance se déguste en fond de cale par 4 mètres de creux. Ça secoue !
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Rade amère

Caroff est au bord du gouffre : à cause d'un accident qui a coûté la vie d'un jeune matelot, ce pêcheur est cloué au port, malmené par la ville de Brest qui ne lui pardonne pas cette mort. Les dettes s'accumulent, et si Caroff se recentre sur sa femme Marie et leur fille, la situation est préoccupante. Caroff accepte alors un marché tangent, et bascule alors définitivement dans un engrenage infernal. Jos Brieuc quant à lui a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure : il devient taxi de mer. A la croisée des chemins, les destins des deux hommes vont se croiser.



La plongée dans cet univers maritime est immédiate tant le style de l'auteur s'adapte aux embruns et aux temps et personnages tourmentés de l'histoire.



Ce que j'ai moins aimé :



La fin. Les pluies bretonnes cinglantes semblent avoir profondément atteint le moral de l'auteur...



Bilan :



Un roman noir très bien maitrisé.
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Masses critiques

Comme dans Rade amère, le précédent roman de Ronan Gouézec, le livre s'ouvre sur une scène d'anthologie : ici, une tempête en mer d'Iroise et le naufrage d'un bateau de pêche. L'écrivain a cette habileté, mais aussi ce talent, de nous projeter immédiatement dans son univers. C'est une affaire de style et Ronan Gouézec maîtrise un style à la fois ample et percutant. Lorsqu'il nous parle des éléments de sa Bretagne occidentale, du vent, de la mer, de la dureté du relief, sa phrase se fait aérienne, liquide, rugueuse. Quand il entreprend de cerner les travers d'une société gangrenée par l'argent, la rentabilité, l'épate, les mots sont durs, incisifs, ravageurs et le détail se fait assassin. le style au service du fond, un fond qui explore les marges, que ce soit le braconnage, les réussites bâties sur du sable, la souffrance au travail ou encore le handicap d'un corps hors norme.

La masse critique est la quantité de matériaux fissiles nécessaire pour déclencher une réaction en chaîne et une explosion. Ronan Gouézec, à la manière d'un entomologiste, va suivre le parcours de ses personnages, chargés comme des bombes nucléaires et hautement inflammables. le ton est juste, la mécanique de haute précision et le résultat conduit à un embrasement général. Cependant, dans une surenchère de noirceur, l'auteur pratique une politique de la terre brûlée à laquelle aucun de ses personnages ne survivra. Fallait-il aller jusque-là ? Je n'en suis pas certaine.

Petit clin d'oeil à Rade amère, les lecteurs croiseront Brieuc, le patron du bateau-taxi.
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Rade amère

Nous voici en terre bretonne, et même au bout du bout du Finistère, pour ce roman situé à Brest. Laissez de côté les enclos paroissiaux, la dentelle de pierre des clochers, les plages balayées de soleil, Ronan Gouézec nous propose un autre embarquement, sur un vaisseau fantôme, le Marie-Gaëlle, un fileyeur maudit depuis la mort en mer de son mousse de seize ans. Après cette tragédie, le patron du bateau, Caroff, est marqué du sceau de l'infamie par toute la communauté des gens de mer. Désespéré, il est prêt à tout pour sauver sa famille de la misère, réarmer le navire et retrouver une place parmi ses congénères. Quant à Jos Brieuc, autre laissé-pour-compte, il se sent également prêt pour un nouveau départ après un divorce et des rêves de transat engloutis avec sa librairie. Il démarre son activité de bateau-taxi avec l'espoir de vivre enfin en paix avec lui-même.

Mais, en mer, les coups de tabac sont sans merci et les pirates aussi. L'intrigue, lestée de toute la fatalité collée aux perdants, étend ses tentacules mortifères pour frapper les faux espoirs.

Âpreté, brutalité, désespérance, Ronan Gouézec écrit avec beaucoup de style un roman noir qui ne fait aucune concession à la rédemption, sinon au travers de la mort.
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Rade amère

la premiere scene se deroule a brest et se poursuit dans la rade de brest. Ca sent le ciel gris , le ciré trempé , la tabac mouillé et les chopes pleines de houblon trouble . Le decor est planté , le lecteur n a plus qu a se laisser aller dans une promenade maritime mouvementée menee par ronan gouezec. Au fil des pages, on se doute que brieuc ( notre héros) va trouver sur son chemin un autre marin, caroff. Privé de bateau, il est regardé d un drole d air depuis que son mousse est passé par dessu bord. CAroff rame aussi pour s en sortir financierement, pour larguer les amarres avec la poisse , il va tremper dans un trafic et croiser des petites frappes qui finalement ont le coeur tendre. Voila pour la trame di livre. L auteur embarque son monde comme les petits bateaux font du yo-yo sur les vagues puissantes . On se sent aussi petits que les marins face a l immenseté et à la dangerosité de l ocean
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Rade amère

Premier roman de Ronan Gouézec, « Rade amère » ausculte la souffrance d’un homme désemparé. Depuis la mort accidentelle d’un matelot, dont on lui attribue la responsabilité par imprudence, il erre dans Brest, sans le sou et sans emploi. Il sent le regard des autres qui, silencieusement, le jugent. Pour garder la tête hors du bouillon des reproches tacites, il peut compter sur Marie, son épouse, et sur leur fille. Pour survivre dans une société qui ne laisse aucun répit aux faibles, ils occupent un mobil home momentanément installé dans un terrain- vague. Ils manquent de tout et subsistent avec de maigres moyens, sans aucune assistance extérieure. Pour améliorer le quotidien, Caroff sait qu’il n’a pas d’alternative. L’argent rentre uniquement par le travail. C’est alors qu’il croise le regard de Jos Brieuc, un type avec lequel il n’aurait rien eu à partager. Sous un ciel maussade, l’auteur nous parle d’un drame contemporain et met en scène un père et époux qui affronte sa douleur et ses démons, qui aimerait trouver une issue à ses dilemmes pour le salut des siens mais qui, inexorablement, se fracasse contre chacune de ses tentatives. Il y a aussi l’océan omniprésent, qui rappelle le drame passé, éclairé par mille lueurs, avec des reflets moirés et qui jamais n’oublie.
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Rade amère

Pour pallier tout manque si d'aventure la Covid nous faisait la mauvaise blague de nous obliger à un nouveau repli sur soi , j'approvisionne abondamment ma PAL ces derniers temps . Parmi mes dernières "prises" , un premier roman , " Rade amère " de Ronan Gouezec... Une couverture "inquiétante " , une quatrième de couverture alléchante et ...me voici parti ...en Bretagne ...C'est le soir , il pleut et tout ce que l'on peut faire , c'est se laisser tenter par un repas dans un des nombreux estaminets qui bordent le port ...Poussons la por......Le bruit , la lumière, les cris , les rires gras , vulgaires , la fumée , l'odeur âcre de transpiration , les regards simplement curieux , ou mauvais ou lubriques s'abattent sur vous , vous absorbent , vous traînent sans aucune pitié....Jour de grande marée, vous y êtes dans la tourmente , vous n'en sortirez plus avant de tourner la dernière page , c'est trop tard , ouvrir cette porte a scellé votre destin et celui de Brieuc et Caroff , deux hommes qui ne se connaissent pas , n'ont aucune raison de se rencontrer mais qui poursuivent une même chimère , se reconstruire et prendre " un nouveau départ " .Pour eux deux , l'espoir est à portée de mains mais l'océan et les " marées humaines " sont des adversaires redoutables . La quête a un prix et la note risque d'être " salée " .

Ce roman , à n'en point douter , est un roman noir , un vrai . Un de ces romans où espoir et malheur semblent liés et les noeuds de la corde sont serrés.

L'histoire , en elle - même n'est pas exceptionnelle , assez convenue et sans grand envolée. Non , pour le fond , pas d'emballement . On ne s'ennuie pas , certes , mais il manque un petit " je ne sais quoi " qui aurait pu ....Que les lecteurs sont exigeants , c'est incroyable....

L'atmosphère, par contre , est pesante en permanence , ce qui , vous le reconnaîtrez, est tout de même un élément essentiel dans " un roman noir " .L'auteur possède une " belle plume " et son style nous accroche , nous ramène sans cesse vers cette masse grondante comme l'océan , hurlante comme les hommes avec un petit éclair d'espoir , l'amitié entre Caroff et Toni ...c'est bien peu et , pour le pardon , il faudrait .....

Un bon roman pour les amateurs du genre mais....munissez - vous de l'imper , du ciré, des bottes car ça décoiffe....Avec , en plus , le masque , le flacon de gel , vous êtes parés. Bienvenue à Brest et " attachez vos ceintures " , ça va tanguer ....

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Masses critiques

René Joffre, restaurateur, possède un bel établissement. Mais si sa femme lui demandait comment il a pu l’acheter, il serait certainement embarrassé pour lui avouer que les Banneck lui ont fait un prêt. Traiter avec les Banneck qui vivent de pêches illicites est très dangereux quand on est en dette avec eux ; pas de sentiment quand il s’agit de récupérer leur argent.



René ne soupçonne pas que la mort du père Banneck va l’entraîner dans une spirale de haine et de violence.



Un roman noir à l’écriture caustique sans fioriture qui provoque un vibrant ressenti au lecteur.

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Masses critiques

Le père Banneck n’aurait pas dû prendre la mer ce jour-là. Coutumier des pêches illégales et juteuses, il est parti en mer par grosse tempête sur son rafiot pourri que le sale temps ballote comme une coquille de noix. L’inévitable se produit : le rafiot sombre et le père avec. Par miracle, les deux fils s’en sortent. Apprenant cela, René, restaurateur en vue dans la rade de Brest, et qui a maille à partir avec les Banneck depuis belle lurette, se croit sauvé de leurs chantages et extorsions à répétition. C’est sans compter sur l’esprit de vengeance que les fils Banneck ont hérité de leur père et que l’accident va raviver. René compte alors s’appuyer sur son ami de toujours, Marc. Mais ce dernier est-il réellement fiable ?



Après « Rade amère » paru en 2018 et couronné par le Prix de la Roquette, Ronan Gouézec revient avec un deuxième roman « Masses critiques ». Et celui-ci est tout aussi captivant : il s’agit d’un roman noir dense, qui se savoure d’une seule traite, par petites goulées âpres.



« Masses critiques » c’est d’abord un roman d’atmosphère, celle d’un univers replié sur lui-même que l’espoir semble avoir déserté en cette terre du bout du monde, frappée par les tourments climatiques, vent, pluie, froid, … sans fin. Ces conditions qui modèlent la végétation, façonnent aussi les mentalités de ses habitants, les burinant comme des blocs de granit. Dans ces contrées arides, l’emploi est rare, reste précaire, surtout quand on vieillit ou qu’on se démarque d’une manière ou d’une autre, par exemple par l’obésité. Alors on cherche l’argent, où qu’il se cache et quelle que soit la manière de l’atteindre.



Face à l’adversité, la nécessité de survivre en milieu hostile, on se serre les coudes, qu’on soit frères de sang comme les Banneck ou de cœur comme René et Marc. Page après page, Ronan Gouézec peint des personnages empêtrés en eux-mêmes, avec eux-mêmes et les autres, protagonistes qui luttent pour s’en sortir et continuer à croire en la vie. Son style fabuleux décrit aussi joliment les paysages maritimes que les territoires obscurs de chacun et le roman file, inexorablement, vers sa chute, dépliant les ressorts d’une noirceur qui viendra exploser en filaments brillants, éclairant, pour une fois, la nuit sans fin.



De bout en bout, un grand bravo pour cette œuvre éblouissante qui dit à merveille l’obscur et la beauté de l’humain, intriqués.
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Masses critiques

Page 56 et déjà fatigué par ce style amphigourique, ce ramassis de lieux communs, de ces phrases attrape-tout qui se perdent en détails inutiles, de ces accents qui se veulent hugoliens, mais qui ne sont que l'enflure verbale d'un instit bas breton.Certains - exécrables - s'écoulent parler, Ronan Gouézec s'admire écrire. Et, bien sûr, Le Télégramme (de Brest et de l'Ouest) ne peut que formuler une critique dithyrambique pour cet ecrivaillon local. Gast ! Un instit de Briec, cela ne peut être que du bon !

C'est sans doute parce que les Éditions du Rouergue sont la filiale lowcoast d'Acte Sud que ce livre n'est pas publié par la maison mère.
Lien : https://noel.sagel@orange.fr
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Masses critiques

Le même coup de poing que "Rade amère".
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Masses critiques

Rade amère, le roman précédent de Gouézec, m'avait laissé un sentiment ambigu. Une rare qualité d'écriture, un vrai sens de l'humain, mais une intrigue assez limitée. A la réflexion, après lecture de Masses critiques, peut-être m'étais-je laissé aller à penser que ce titre paru dans la collection Rouergue noir se devait d'être un polar construit et assuré. Ce qu'il n'était pas… et ce que n'est pas non plus Masses critiques.

Avec ce dernier livre, Gouézec construit un drame ; un terrible drame porté par la dureté des hommes et les caprices du destin.



Dés les premières pages, la qualité d'écriture de Gouézec éclate. Chaque paragraphe est ciselé. On sent les vagues se jeter contre le granit breton, la tension entre les êtres, leur indéfectible amitié aussi.

Le clan des Banneck, braconniers des mers, est mené par le père dur et alcoolique, avec ses deux fils, l'aîné, copie du père, qui ne connaît que la violence comme de fonctionnement, et le jeune qui peine à imposer ses velléités d'indépendance. Un trio qui se fracasse une nuit comme leur bateau contre les rochers affleurant dans le goulet où ils ratissent les fonds marins. Le père y passe. Le petit est sorti de l'eau par son aîné plus mort que vif. Banneck junior appelle René, qui est en dette avec eux pour les sortir de cette mouise.

René, restaurateur, a pu construire et développer son affaire avec l'argent des Banneck, et leurs pêches hors saison et hors taxes. Mais depuis il subit pression, brimades et anxiété. L'occasion est trop belle de s'émanciper de ces butors. Il refuse de les aider.

Marc, largement plus du quintal, enveloppé par un corps qu'il traîne comme il peut et qui lui vaut dans son dos commentaires et railleries, sent venir le plan de licenciement massif dans son entreprise. Depuis l'enfance, il est lié à la vie à mort avec Marc. Ces deux-là n'ont pas besoin de se parler.

Pourtant René n'a rien dit à Marc de ses accords avec les Banneck et de leurs intimidations. Pourtant Marc n'a rien dit à René de ses examens à l'hôpital de la ville. Inutile d'alerter le copain.



Gouézec s'insère dans les pensées de ses personnages avec talent. La brutalité gratuite de l'aîné des Banneck, dont le seul référentiel a été son père monolithique. Le petit frère Banneck qui veut s'émanciper, trouver de l'air, échapper à un avenir tout tracé. René, l'apeuré qui décide puisque le destin semble lui être favorable, de désormais vivre sans arrières pensées, et sans téléphone qui sonne en pleine nuit pour déverser des menaces. Marc, profondément observateur des autres, qui devine et qui est toujours là pour René. L'obèse, raillé par les autres, en soutien de son ami d'enfance, restaurateur en difficulté.



Gouézec a un réel talent pour arriver à décrire si finement l'âme humaine. Il sait aussi habilement placer son intrigue dans une Bretagne maritime qu'il ne nomme pas vraiment, mais qui, quand on connaît Brest, est magnifiquement représentée. Il conduit son histoire tel les actes d'un opéra menant inéluctablement à un drame final. Terriblement noir, mais aussi terriblement juste.

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Masses critiques

"Choc de titans !" Quatre hommes liés par le sang, la haine et l'amitié vont s'affronter sur fond de tempête en mer d'Iroise. Un roman noir rugueux qui ménage au fil des pages des éclaircies lumineuses.
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Masses critiques

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Mer d'Iroise démontée , roches aiguisées , vent hurlant par une nuit sans lune , c'est le décor apocalyptique d'où surgissent les terribles frères Banneck .

Braconniers des Abers , usuriers sans scrupules , ils sont les dignes héritiers d'un patriarche alcoolique et violent .



Tout près de là , à Brest , vivent René et Marc liés depuis l'enfance par une amitié fraternelle indéfectible .

René et son épouse tiennent un restaurant à poisson , très coté , face à la rade.

Marc , lui , travaille dans une agence comme conseiller financier. Son travail l'ennuie et sa copine a pris le large .

La famille de son ami est donc devenue son refuge quasi quotidien .

Faire bonne chère est un plaisir commun aux deux amis qui d'ailleurs en imposent par leur exceptionnelle corpulence . Détail qui , au fil du récit a son importance .



Peu à peu , on va découvrir les sources d'un conflit , des côtés sombres et des secrets larvés .

Une intrigue âpre de thriller qui va parfois prendre des allures de western .

Des masses qui s'affrontent tant physiques que mentales, des caractères trempés , entiers , pugnaces , têtus , obstinés mais surtout animés par la vengeance et la haine . Un choc de titans , extrême .



Excellent moment de lecture .

Ayant déjà beaucoup aimé " Rade amère " , j'avais hâte de retrouver la très belle prose de Ronan Gouézec . Mais là , je trouve le roman encore plus abouti avec beaucoup de sensibilité , de profondeur , de délicatesse aussi . Il nous offre une analyse fine du caractère de ses personnages qui évoluent dans une mise en scène aussi subtile que surprenante .



Autre petite saveur , j'y ai souvent vu l'ombre de Franck Bouysse , version gens de mer ...

Mais , on ne s'y trompe pas : Ronan Gouézec a son style , déjà une signature semble-t-il .

Atmosphère ...



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Masses critiques

Amis des mouettes rasant les trottoirs alors qu'un ciel gris menace, fans de cette Bretagne rude des bords de mer où quelques vieux chalutiers continuent désespérément leur va en vient dans un port envahi de bateaux industriels, lecteurs friands d'ambiances sombres où même un bon plat de crustacés ne parvient pas à faire oublier la noirceur d'âmes où mijotent de vieilles rancoeurs, amateurs de la noirceur à la Simenon et de radiographie de notre société à la Houellebecq ( qui aurait pris du bromure et enfilé un ciré jaune). " Masses critiques" a énormément de chance de vous plaire.

Cependant, bien que publié dans la collection noire des éditions du Rouergue, on ne retiendra que la couleur, l'intrigue n'étant au final que très peu policière ou criminelle. Donc, pour caricaturer, aucune belle jeune femme mystérieuse se morfondant dans une belle baraque aux lourds secrets, aucun flic fringant, cabossé, alcoolo ou séducteur, pas de serial killer sadique, bipolaire, machiavélique, aucun détective privé se distrayant de sa vie en EHPAD en enquêtant sur le voisinage ( en 2019 il ne reste plus que des seniors pour endosser ce rôle).

Ronan Gouézec choisit plutôt de nous entraîner dans le sillage de deux hommes au physique n'ayant pas le droit aux magazines de papier glacé, dont la rondeur sera proportionnelle à l'humidité ambiante, héros à l'empathie aussi forte pour le lecteur que leur amitié. A travers eux, dans les embruns glacés d'une côte bretonne, nous sera décrit un monde de moins en moins fraternel, où les humains n'ont même plus le travail pour donner un sens à leur vie de galère, où l'amitié viendra se fracasser à l'impitoyable noirceur de relations où l'argent, l'amour et la colère formeront un cocktail qui les entraîneront dans les abysses de la vengeance.

C'est noir, très noir...et humide, de cette humidité qui poisse, qui refroidit les coeurs autant que les corps. Alors, que rien ne laisse espérer une lumière, le roman accroche le lecteur grâce à une écriture précise et dense, restituant avec force et émotion cette atmosphère de bout du monde, de bout d'un monde, d'une amitié maltraitée. La magnifique écriture de Ronan Gouézec nous plonge dans une histoire terriblement humaine où, comme sur le bord d'une falaise, le vertige nous saisit.

Peut être pas franchement policier mais formidablement littéraire, "Masses critiques" nous offre un surprenant séjour breton !
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Masses critiques

Recevoir un roman intitulé "Masses critiques" dans le cadre d'une opération masse critique (merci à Babelio et aux Editions du Rouergue au passage), c'est plutôt amusant, non ?



Marc et René sont deux amis de trente ans, mais des vrais, unis, même si chacun a ses petites secrets. Et en face d'eux, il y a deux frères, les Banneck, dont l'aîné est du genre brutal, ivre de vengeance. L'affrontement (ou les affrontements plutôt) semblent inévitable(s). Haine et aveuglement sont mêlés, les rôles s'inversant après un terrible drame. Ce ne sera pas le dernier...



"Masses critiques" est une histoire forte, âpre, très sombre, possédant néanmoins quelques moments de franche lumière. L'écriture est très belle, brute, sèche, iodée. Les personnages sont bien campés, plutôt des taiseux, pleins d'une colère sourde, si difficilement contenue. Des personnages qui évoluent au fil de l'histoire, on trouve une forme de rédemption chez certains. Mais la colère et la violence les dépasseront...



Un roman assez remarquable donc, à lire de préférence avec du Miossec en fond sonore...
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