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Critiques de Ronan Gouézec (44)
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Masses critiques

Masses critiques est le second romand de Ronan Gouézec qui me tombe entre les mains. Ronan Gouézec est finistérien et cela transpire dans ses écrits.



Un premier chapitre intitulé Corps et Biens : « Le filet s’écrase sur le plancher poisseux. Il glisse aussitôt hors de portée, tant le roulis est fort. Les paquets de mer arrivent, entassés en grand désordre de verts ténébreux, de gris charbonneux. De temps à autre une explosion mousseuse vient franger les voûtes de ces cathédrales romanes en folle procession. C’est une dentelle délicate et éphémère. Les lames se précipitent. Elles s’empilent, s’assemblent en blocs denses quasi solides. Un monticule liquide est en train de naître. C’est le rejeton boursouflé et gueulard d’une mer furibonde. Il n’en finit pas de s’édifier, de s’écrouler sur lui-même avant de rouler et de se reconstituer un peu plus loin, crachant et grondant. »



Une histoire poisseuse : entre une fratrie haineuse qui pratique la pêche illégale, René le restaurateur extorqué, et Marc, son ami d’enfance, conseiller financier, qui porte son obésité comme une colère en cocotte-minute.

Un croisé-décroisé entre tout ce petit monde, violent, iodé et sans concession.



Ronan Gouézec dépeint une atmosphère brestoise de bout du monde où la météo n’est guère tendre avec les autochtones. Morceaux choisis :



« Un grain subit roule vers lui en ronflant depuis le goulet, brouillant le regard retrouvé. Il vient s’abattre sur la ville et épuiser sa mauvause humeur. Cela ne durera pas. »



« Des rafales brèves mais puissantes annoncent un nouveau grain qui arrive en roulant des épaules lourdes et massives.

Il faut vite se mettre à l’abri. »



« Le gris de la mer s’est mué en un bleu ardoise très foncé, presque noir, moucheté de blanc. Il se fond dans le ciel sombre et très bas. Un clapot court et agressif s’est levé. »



« Des rayons de soleil industrieux et dardés cherchent à percer entre les masses cotonneuses lourdes et noires à leurs marges. Cela s’insère et se diffuse. C’est maintenant une lame incandescente et large qui se déploie et tranche dans la densité sombre. »



Un roman incisif, houleux, où la vengeance se déguste en fond de cale par 4 mètres de creux. Ça secoue !
Lien : https://deambulationsrennais..
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Masses critiques

°°° Rentrée littéraire 2019 #16 °°°



Ça démarre par une tempête tonitruante, des éléments déchainés en pleine nuit, une mer furibonde qui fait chavirer un bateau de pêche. Comme un tocsin qui retentirait pour annoncer les destins fracassés, un gâchis irrémédiable.



C'est un roman noir, très noir, admirablement construit. A partir de cette retentissante scène inaugurale, une tension sourde monte, on sait, on sent que ça va déraper, on attend de découvrir comment, pourquoi, avec quelles conséquences la gorge nouée.



Mais cette noirceur est éclairée par la profonde humanité qui affleure dans chaque page. Car c'est le coeur des hommes qui intéresse profondément l'auteur. Sa façon de tisser les liens entre ses cinq personnages, amis ou ennemis, est très forte. Chacun est traité avec beaucoup de dignité et de tendresse, avec une psychologie fouillée, leur parcours n'est pas linéaire mais évolue au fil des événements. Des êtres de chairs, imparfaits, qui trahissent, pleurent, se débattent .



Bien sûr, il y a les bons, Marc en tête, le généreux, plein d'assurance malgré son obésité, intelligent et fin, un magnifique personnage. Mais surtout, Ronan Gouézec nous offre un «  méchant » extraordinaire, le frère aîné Banneck, bloc monolithique de haine et violence qui se fissure jusqu'à devenir terriblement touchant. C'est rare en littérature de lire de tels mots pour décrire un être qui a semé le malheur dans les chapitres précédents :



« Ils s'étaient assis en silence. Et, très vite, ça aussi c'était inédit, une ou deux larmes avaient tenté une sortir sur le visage de Banneck aîné. Elles n'avaient pas pu rouler bien loin sur la peau tannée du grand frère, trop de rides, de cicatrices, d'obstacles à leur progression, de fierté aussi. Alors elles étaient restées accrochées au niveau des pommettes comme deux perles de givre, bientôt fondues et évaporées sans qu'il y touche, tant le sang qui circulait sous le cuir était vif et chaud. »



L'écriture de Ronan Gouézec offre un grand plaisir au lecteur dès les premières phrases. Très souvent, au fil de ma lecture, je me suis délectée de sa plume précise, généreuse, élégante.



Un roman intense et beau construit comme une tragédie universelle. Une belle réussite.
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Masses critiques

.

Mer d'Iroise démontée , roches aiguisées , vent hurlant par une nuit sans lune , c'est le décor apocalyptique d'où surgissent les terribles frères Banneck .

Braconniers des Abers , usuriers sans scrupules , ils sont les dignes héritiers d'un patriarche alcoolique et violent .



Tout près de là , à Brest , vivent René et Marc liés depuis l'enfance par une amitié fraternelle indéfectible .

René et son épouse tiennent un restaurant à poisson , très coté , face à la rade.

Marc , lui , travaille dans une agence comme conseiller financier. Son travail l'ennuie et sa copine a pris le large .

La famille de son ami est donc devenue son refuge quasi quotidien .

Faire bonne chère est un plaisir commun aux deux amis qui d'ailleurs en imposent par leur exceptionnelle corpulence . Détail qui , au fil du récit a son importance .



Peu à peu , on va découvrir les sources d'un conflit , des côtés sombres et des secrets larvés .

Une intrigue âpre de thriller qui va parfois prendre des allures de western .

Des masses qui s'affrontent tant physiques que mentales, des caractères trempés , entiers , pugnaces , têtus , obstinés mais surtout animés par la vengeance et la haine . Un choc de titans , extrême .



Excellent moment de lecture .

Ayant déjà beaucoup aimé " Rade amère " , j'avais hâte de retrouver la très belle prose de Ronan Gouézec . Mais là , je trouve le roman encore plus abouti avec beaucoup de sensibilité , de profondeur , de délicatesse aussi . Il nous offre une analyse fine du caractère de ses personnages qui évoluent dans une mise en scène aussi subtile que surprenante .



Autre petite saveur , j'y ai souvent vu l'ombre de Franck Bouysse , version gens de mer ...

Mais , on ne s'y trompe pas : Ronan Gouézec a son style , déjà une signature semble-t-il .

Atmosphère ...



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Masses critiques

Recevoir un roman intitulé "Masses critiques" dans le cadre d'une opération masse critique (merci à Babelio et aux Editions du Rouergue au passage), c'est plutôt amusant, non ?



Marc et René sont deux amis de trente ans, mais des vrais, unis, même si chacun a ses petites secrets. Et en face d'eux, il y a deux frères, les Banneck, dont l'aîné est du genre brutal, ivre de vengeance. L'affrontement (ou les affrontements plutôt) semblent inévitable(s). Haine et aveuglement sont mêlés, les rôles s'inversant après un terrible drame. Ce ne sera pas le dernier...



"Masses critiques" est une histoire forte, âpre, très sombre, possédant néanmoins quelques moments de franche lumière. L'écriture est très belle, brute, sèche, iodée. Les personnages sont bien campés, plutôt des taiseux, pleins d'une colère sourde, si difficilement contenue. Des personnages qui évoluent au fil de l'histoire, on trouve une forme de rédemption chez certains. Mais la colère et la violence les dépasseront...



Un roman assez remarquable donc, à lire de préférence avec du Miossec en fond sonore...
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Masses critiques

Rade amère, le roman précédent de Gouézec, m'avait laissé un sentiment ambigu. Une rare qualité d'écriture, un vrai sens de l'humain, mais une intrigue assez limitée. A la réflexion, après lecture de Masses critiques, peut-être m'étais-je laissé aller à penser que ce titre paru dans la collection Rouergue noir se devait d'être un polar construit et assuré. Ce qu'il n'était pas… et ce que n'est pas non plus Masses critiques.

Avec ce dernier livre, Gouézec construit un drame ; un terrible drame porté par la dureté des hommes et les caprices du destin.



Dés les premières pages, la qualité d'écriture de Gouézec éclate. Chaque paragraphe est ciselé. On sent les vagues se jeter contre le granit breton, la tension entre les êtres, leur indéfectible amitié aussi.

Le clan des Banneck, braconniers des mers, est mené par le père dur et alcoolique, avec ses deux fils, l'aîné, copie du père, qui ne connaît que la violence comme de fonctionnement, et le jeune qui peine à imposer ses velléités d'indépendance. Un trio qui se fracasse une nuit comme leur bateau contre les rochers affleurant dans le goulet où ils ratissent les fonds marins. Le père y passe. Le petit est sorti de l'eau par son aîné plus mort que vif. Banneck junior appelle René, qui est en dette avec eux pour les sortir de cette mouise.

René, restaurateur, a pu construire et développer son affaire avec l'argent des Banneck, et leurs pêches hors saison et hors taxes. Mais depuis il subit pression, brimades et anxiété. L'occasion est trop belle de s'émanciper de ces butors. Il refuse de les aider.

Marc, largement plus du quintal, enveloppé par un corps qu'il traîne comme il peut et qui lui vaut dans son dos commentaires et railleries, sent venir le plan de licenciement massif dans son entreprise. Depuis l'enfance, il est lié à la vie à mort avec Marc. Ces deux-là n'ont pas besoin de se parler.

Pourtant René n'a rien dit à Marc de ses accords avec les Banneck et de leurs intimidations. Pourtant Marc n'a rien dit à René de ses examens à l'hôpital de la ville. Inutile d'alerter le copain.



Gouézec s'insère dans les pensées de ses personnages avec talent. La brutalité gratuite de l'aîné des Banneck, dont le seul référentiel a été son père monolithique. Le petit frère Banneck qui veut s'émanciper, trouver de l'air, échapper à un avenir tout tracé. René, l'apeuré qui décide puisque le destin semble lui être favorable, de désormais vivre sans arrières pensées, et sans téléphone qui sonne en pleine nuit pour déverser des menaces. Marc, profondément observateur des autres, qui devine et qui est toujours là pour René. L'obèse, raillé par les autres, en soutien de son ami d'enfance, restaurateur en difficulté.



Gouézec a un réel talent pour arriver à décrire si finement l'âme humaine. Il sait aussi habilement placer son intrigue dans une Bretagne maritime qu'il ne nomme pas vraiment, mais qui, quand on connaît Brest, est magnifiquement représentée. Il conduit son histoire tel les actes d'un opéra menant inéluctablement à un drame final. Terriblement noir, mais aussi terriblement juste.

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Masses critiques

René Joffre, restaurateur, possède un bel établissement. Mais si sa femme lui demandait comment il a pu l’acheter, il serait certainement embarrassé pour lui avouer que les Banneck lui ont fait un prêt. Traiter avec les Banneck qui vivent de pêches illicites est très dangereux quand on est en dette avec eux ; pas de sentiment quand il s’agit de récupérer leur argent.



René ne soupçonne pas que la mort du père Banneck va l’entraîner dans une spirale de haine et de violence.



Un roman noir à l’écriture caustique sans fioriture qui provoque un vibrant ressenti au lecteur.

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Masses critiques

Page 56 et déjà fatigué par ce style amphigourique, ce ramassis de lieux communs, de ces phrases attrape-tout qui se perdent en détails inutiles, de ces accents qui se veulent hugoliens, mais qui ne sont que l'enflure verbale d'un instit bas breton.Certains - exécrables - s'écoulent parler, Ronan Gouézec s'admire écrire. Et, bien sûr, Le Télégramme (de Brest et de l'Ouest) ne peut que formuler une critique dithyrambique pour cet ecrivaillon local. Gast ! Un instit de Briec, cela ne peut être que du bon !

C'est sans doute parce que les Éditions du Rouergue sont la filiale lowcoast d'Acte Sud que ce livre n'est pas publié par la maison mère.
Lien : https://noel.sagel@orange.fr
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Masses critiques

Amis des mouettes rasant les trottoirs alors qu'un ciel gris menace, fans de cette Bretagne rude des bords de mer où quelques vieux chalutiers continuent désespérément leur va en vient dans un port envahi de bateaux industriels, lecteurs friands d'ambiances sombres où même un bon plat de crustacés ne parvient pas à faire oublier la noirceur d'âmes où mijotent de vieilles rancoeurs, amateurs de la noirceur à la Simenon et de radiographie de notre société à la Houellebecq ( qui aurait pris du bromure et enfilé un ciré jaune). " Masses critiques" a énormément de chance de vous plaire.

Cependant, bien que publié dans la collection noire des éditions du Rouergue, on ne retiendra que la couleur, l'intrigue n'étant au final que très peu policière ou criminelle. Donc, pour caricaturer, aucune belle jeune femme mystérieuse se morfondant dans une belle baraque aux lourds secrets, aucun flic fringant, cabossé, alcoolo ou séducteur, pas de serial killer sadique, bipolaire, machiavélique, aucun détective privé se distrayant de sa vie en EHPAD en enquêtant sur le voisinage ( en 2019 il ne reste plus que des seniors pour endosser ce rôle).

Ronan Gouézec choisit plutôt de nous entraîner dans le sillage de deux hommes au physique n'ayant pas le droit aux magazines de papier glacé, dont la rondeur sera proportionnelle à l'humidité ambiante, héros à l'empathie aussi forte pour le lecteur que leur amitié. A travers eux, dans les embruns glacés d'une côte bretonne, nous sera décrit un monde de moins en moins fraternel, où les humains n'ont même plus le travail pour donner un sens à leur vie de galère, où l'amitié viendra se fracasser à l'impitoyable noirceur de relations où l'argent, l'amour et la colère formeront un cocktail qui les entraîneront dans les abysses de la vengeance.

C'est noir, très noir...et humide, de cette humidité qui poisse, qui refroidit les coeurs autant que les corps. Alors, que rien ne laisse espérer une lumière, le roman accroche le lecteur grâce à une écriture précise et dense, restituant avec force et émotion cette atmosphère de bout du monde, de bout d'un monde, d'une amitié maltraitée. La magnifique écriture de Ronan Gouézec nous plonge dans une histoire terriblement humaine où, comme sur le bord d'une falaise, le vertige nous saisit.

Peut être pas franchement policier mais formidablement littéraire, "Masses critiques" nous offre un surprenant séjour breton !
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Masses critiques

J'ai laissé passer plusieurs semaines entre la lecture des deux ouvrages de Ronan Gouézec, "Rade amère" et "Masses critiques".

Non pas que le premier roman de Ronan Gouézec m'ait déplu, bien au contraire.

Mais c'est un récit policier fort, sombre, épais et dense.

Disons qu'une deuxième tartine de Maroilles à suivre, c'est un peu trop pour la petite nature que je suis.

Et que j'ai eu peur de gâcher le plaisir d'y revenir ...

J'y suis pourtant revenu.

D'aillleurs, on revient toujours à Brest lorsque l'on a eu la chance d'y passer.

Brest est une ville particulière, une ville qui n'est plus tout à fait à terre, une ville qui déjà semble avoir appareillé vers d'autres ailleurs ...

Et les mots de Ronan Gouézec lui collent bien à la peau.

Cela commence par un pont lessivé par les paquets de mer.

Pourtant mille fois décrites par d'autres écrivains, les images d'éléments déchainés semblent ici renouveler l'exercice.

Et, Ronan Gouézec s'y affirme comme une véritable plume marine ... tourmentée mais marine.

Le premier Chapitre est un véritable exercice de style, une scène qui prend aux tripes et nous laisse, comme l'aîné des frères Banneck, groggy au bord de la côte.

Car le vieux Banneck et ses deux fils se sont mis au sec sur une roche.

Le vieux est au fond !

Et René Joffre, un restaurateur avec lequel ils étaient en compte a refusé son aide ...

"Masses critiques" est un roman policier sombre, violent et colérique.

Il est captivant et remarquablement bien écrit.

Peut-être même trop bien écrit, car parfois l'opulence de la description et la richesse du style en viennent à polluer un peu la clarté du récit.

Sous la plume de Ronan Gouézec, les mots semblent se solidifier dans ces descriptions.

Point trop n'en faut !

Cependant, une fois lancé, le récit se révèle passionnant.

La lectrice, le lecteur se doutent bien que ça va mal finir ...

Ronan Gouézec n'est pas un auteur de demi-mesure.

Il n'est pas du genre à ménager ses personnages.

Il va leur charpenter une vraie stature, leur imposer son intrigue policière et tragique.

En arrière-plan, Brest est là, bien présente en toile de fond avec son tram tout récent.

Brest qui ne semble pas bouger.

Brest en a vu d'autres mais tout de même.

Brest où ont disparu les pompons rouges, les mâtures de son arsenal et quelques uns de ses emblématiques bouquinistes.

Un serrurier-rempailleur de chaises m'a autrefois vendu quelques bons vieux introuvables avant que je ne parte en mer.

C'était cela Brest, une rue de la soif qui se terminaient dans une boutique de vieux livres ; du soleil, de la pluie et de la brume tout à la fois et la mer Zizou qui vendait des frites aux marins en piste jusqu'au petit matin dans une baraque en tôle au bas de la rue de Siam ...

Quoi qu'il en soit, le livre de Ronan Gouézec , s'il fait la part belle à la cité, ne donne pourtant pas dans la moindre nostalgie.

Et surtout, il n'est pas à confondre avec toute cette littérature policière locale de gare dont les titres semblent rebondir d'un calembour à un autre.

Il y a fort à parier que l'auteur de "Rade amère" et "Masses critiques" se taille bientôt une belle renommée dans le genre.

Si ce n'est déjà fait ! ...





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Masses critiques

Une nuit, alors que la mer est déchaînée sur les côtes bretonnes et que le père Banneck et ses fils voguent pour une pêche interdite, l'ivresse du vieux ne pardonne pas, il sombre avec le bateau. Il sont alors livrés à eux-mêmes, sans plus d'embarcation. L'aîné des deux frères est un écorché, qui se jette à corps perdu dans une bataille contre René Joffre, le restaurateur du coin avec qui ils se sont associés pour lui livrer du poisson, souvent hors périodes légales. Le Joffre serait le responsable de tous leurs maux, et aurait toujours une dette envers eux. Quand René est contacté par le fils Banneck en détresse, il décide d'arrêter toute liaison avec cette famille de la terreur. Mais le fils Banneck ne l'entend évidemment pas de cette oreille.





Après les deux premiers chapitres, nous voilà complètement embarqués dans le roulis, les embruns, la pluie, la mer hurlante, et au milieu de la rage de cette famille d'hommes à vif. Ce roman qui prend des allures de thriller puise sa force dans les descriptions des paysages, des situations, des éléments, des personnages. De sa plume acérée, l'auteur se plaît à user de tous les ressorts poétiques et dramatiques pour nous situer une ambiance.



Ensuite c'est aussi un roman, certes noir, sur la fraternité. Celle très tourmentée des frères Banneck, entre la rage du grand et l'envie de libération du joug familial pour le cadet. Une relation forte, blessée, abîmée. Il y a aussi celle de cette amitié fraternelle qui lie les deux gros, René Joffre le restaurateur, et Marc, son ami d'enfance, en proie à des questionnements professionnels et sentimentaux. Une belle relation faite d'écoute, de soutien, d'affection.



Et puis il y a les soifs de vengeance, les destins liés, les saluts compromis, et puis il y a la difficile vie.



C'est le meilleur roman que j'ai lu depuis un moment, un livre qui se vit, que l'on veut lire à haute voix, qui nous transporte et nous fait trembler. Un très beau tableau mouvant, un très beau roman.


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Masses critiques

"Choc de titans !" Quatre hommes liés par le sang, la haine et l'amitié vont s'affronter sur fond de tempête en mer d'Iroise. Un roman noir rugueux qui ménage au fil des pages des éclaircies lumineuses.
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Masses critiques

Le père Banneck n’aurait pas dû prendre la mer ce jour-là. Coutumier des pêches illégales et juteuses, il est parti en mer par grosse tempête sur son rafiot pourri que le sale temps ballote comme une coquille de noix. L’inévitable se produit : le rafiot sombre et le père avec. Par miracle, les deux fils s’en sortent. Apprenant cela, René, restaurateur en vue dans la rade de Brest, et qui a maille à partir avec les Banneck depuis belle lurette, se croit sauvé de leurs chantages et extorsions à répétition. C’est sans compter sur l’esprit de vengeance que les fils Banneck ont hérité de leur père et que l’accident va raviver. René compte alors s’appuyer sur son ami de toujours, Marc. Mais ce dernier est-il réellement fiable ?



Après « Rade amère » paru en 2018 et couronné par le Prix de la Roquette, Ronan Gouézec revient avec un deuxième roman « Masses critiques ». Et celui-ci est tout aussi captivant : il s’agit d’un roman noir dense, qui se savoure d’une seule traite, par petites goulées âpres.



« Masses critiques » c’est d’abord un roman d’atmosphère, celle d’un univers replié sur lui-même que l’espoir semble avoir déserté en cette terre du bout du monde, frappée par les tourments climatiques, vent, pluie, froid, … sans fin. Ces conditions qui modèlent la végétation, façonnent aussi les mentalités de ses habitants, les burinant comme des blocs de granit. Dans ces contrées arides, l’emploi est rare, reste précaire, surtout quand on vieillit ou qu’on se démarque d’une manière ou d’une autre, par exemple par l’obésité. Alors on cherche l’argent, où qu’il se cache et quelle que soit la manière de l’atteindre.



Face à l’adversité, la nécessité de survivre en milieu hostile, on se serre les coudes, qu’on soit frères de sang comme les Banneck ou de cœur comme René et Marc. Page après page, Ronan Gouézec peint des personnages empêtrés en eux-mêmes, avec eux-mêmes et les autres, protagonistes qui luttent pour s’en sortir et continuer à croire en la vie. Son style fabuleux décrit aussi joliment les paysages maritimes que les territoires obscurs de chacun et le roman file, inexorablement, vers sa chute, dépliant les ressorts d’une noirceur qui viendra exploser en filaments brillants, éclairant, pour une fois, la nuit sans fin.



De bout en bout, un grand bravo pour cette œuvre éblouissante qui dit à merveille l’obscur et la beauté de l’humain, intriqués.
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Masses critiques

Le même coup de poing que "Rade amère".
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Masses critiques

Comme dans Rade amère, le précédent roman de Ronan Gouézec, le livre s'ouvre sur une scène d'anthologie : ici, une tempête en mer d'Iroise et le naufrage d'un bateau de pêche. L'écrivain a cette habileté, mais aussi ce talent, de nous projeter immédiatement dans son univers. C'est une affaire de style et Ronan Gouézec maîtrise un style à la fois ample et percutant. Lorsqu'il nous parle des éléments de sa Bretagne occidentale, du vent, de la mer, de la dureté du relief, sa phrase se fait aérienne, liquide, rugueuse. Quand il entreprend de cerner les travers d'une société gangrenée par l'argent, la rentabilité, l'épate, les mots sont durs, incisifs, ravageurs et le détail se fait assassin. le style au service du fond, un fond qui explore les marges, que ce soit le braconnage, les réussites bâties sur du sable, la souffrance au travail ou encore le handicap d'un corps hors norme.

La masse critique est la quantité de matériaux fissiles nécessaire pour déclencher une réaction en chaîne et une explosion. Ronan Gouézec, à la manière d'un entomologiste, va suivre le parcours de ses personnages, chargés comme des bombes nucléaires et hautement inflammables. le ton est juste, la mécanique de haute précision et le résultat conduit à un embrasement général. Cependant, dans une surenchère de noirceur, l'auteur pratique une politique de la terre brûlée à laquelle aucun de ses personnages ne survivra. Fallait-il aller jusque-là ? Je n'en suis pas certaine.

Petit clin d'oeil à Rade amère, les lecteurs croiseront Brieuc, le patron du bateau-taxi.
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Rade amère

Comment rebondir pour envisager un avenir lorsque la vie vous accable et que l’horizon fait le gros dos comme une mer déchainée ? Qu’est-ce-qui fait que vous défiez l’adversité ? Comment un homme puisse imaginer se sortir de son enfer en entrant dans un autre ?

C’est pourtant ce que Caroff, héros de cette histoire, va penser ! Pour se remettre de la mort accidentelle de son matelot qui l’a mis au ban de la petite société de pêcheurs et de son univers, il accepte de faire le passeur, sorte de go-fast maritime, et espère ainsi avoir les moyens de tourner la page pour envisager une autre vie avec sa femme, dont il forme un couple fusionnel, et leur petite fille, le soleil de leur union.

Du coup, racontez ainsi, l’histoire apparaît biscornue et irréelle ! Mais, c’est sans compter sans le talent de l’auteur qui signe ici son premier roman. Ronan Gouézec réussit à endormir tous nos signaux, à justifier l’injustifiable et à nous faire trembler pour ce héros si entier.

En suivant Caroff, on suit aussi un autre homme, Brienc, qui essaye lui aussi de tourner la page de l’adversité mais, lui, en toute légalité. Est-ce que ces chemins identiques feront la différence. Je vous laisse le découvrir !

Ronan Gouézec nous entraîne au milieu de cette mini-société d’hommes de mer confrontés à la rudesse du travail, où la parole est accessoire et où le courage est omniprésent. Ici, peu de dialogue mais des descriptions superbes qui immergent le lecteur dans cet univers particulier au cœur de cette nature omniprésente. Le film de cette histoire s’écrit avec des mots mais se déroule avec des images! Tenu en haleine jusqu’à la fin, Rade amère porte bien son nom !
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Rade amère

Brieuc, Caroff, la rade de Brest et le Sud qui s’invite sur cette pointe bretonne sous de funestes auspices.



Un hiver breton dégoulinant d’humidité. Petite parenthèse bretonne : pour faire mentir tous les clichés ce n’est pas systématique !



Joss Brieuc vient de pénétrer dans l’univers bruyant et surchauffé d’un bar-restaurant brestois. Dehors, des bourrasques de vent charrient des pluies collantes gorgées d’iode et de sel. Il rumine sa solitude et s’apprête à entamer le lendemain une reconversion professionnelle en s’installant comme bateau-taxi autour de la rade.

Caroff a tragiquement perdu en mer son tout jeune matelot. Rejeté violemment par son entourage, il se terre dans un misérable mobil-home. Pour offrir à sa femme et sa petite puce un plus bel avenir, il fait le choix hasardeux de tremper dans un dangereux trafic proposé par une crapule du Sud.



L’auteur déroule ce roman noir en nous guidant tout au long d’une succession de scènes très imagées. Scènes de bar, de navigation, de zone portuaire ou de port de plaisance, d’amitié ou de vie de famille écorchée, de déchaînements météorologiques, de balade venteuse sur l’île de Sein, de violence…

Il exploite à merveille les préjugés de certaines personnes du Sud vis-à-vis de la Bretagne avec des clichés criants de vérité.

L’écriture est surprenante. Jurons, langage familier contemporain et phrases descriptives travaillées et poétiques se côtoient en un mélange détonant et vivant qui finalement colle parfaitement aux différentes ambiances rencontrées.



C’est un premier roman prometteur qui, bien au-delà de l’intrigue qui est prévisible, m’a surtout plu dans la perception des différentes atmosphères. Entre les masses d’eau de la mer d’Iroise et celles déversées par un ciel aux différentes variations de gris, le chaos tempétueux s’installe dans cette rade amère.

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Rade amère

« Qui voit Sein voit sa fin ».



Brieuc et Caroff sont dans une mauvaise passe. Ces deux Finistériens voient dans la mer une planche de salut. Brieuc sort d'une rupture difficile et a cédé sa librairie pour créer une activité de bateau-taxi. Caroff est miné par la pire des infamies pour un marin-pêcheur : il a perdu un homme d'équipage en mer. Privé de son chalutier, il vivote avec sa femme et sa fille jusqu'au jour où un inconnu lui propose de participer à un trafic lucratif. Mais confier son destin à la mer n'est pas sans danger. Elle peut se déchaîner sans délai et écraser les existences comme de modestes rafiots.



La rade, c'est celle de Brest et on se plait dans ce roman à passer le goulet pour naviguer en mer d'Iroise, au large de l'île de Sein. Ronan Gouézec décrit le port et son environnement et les conditions de vie pénibles des travailleurs de la mer.



L'auteur réussit à créer des atmosphères particulières, et cela commence dès les premières lignes, sous une pluie furieuse, dans un rade du port dont on devine l'humidité, l'exiguïté, le brouhaha. On ressent une tension qui porte en elle les germes de l'histoire à venir.



J'ai trouvé que les émotions des personnages étaient rendues avec beaucoup de justesse. Certaines scènes sont cocasses, je pense notamment à l'improbable rencontre entre un marin-pêcheur et deux « cailleras ». L'auteur sait également s'amuser des clichés sur la Bretagne. D'autres scènes sont poignantes ; les deux protagonistes feront des rencontres qui les guideront vers la voie d'une renaissance précaire.



Un « roman de mer », un roman amer, parfaitement maitrisé, dans lequel je vous invite à embarquer.

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Rade amère

La quatrième de couverture laisse imaginer un roman policier sur fond maritime. On est plutôt dans le drame humain. Un drame bien noir, sur fond de vagues de la mer d’Iroise, aux reflets bleus-gris.



Caroff est un patron pécheur brestois pour qui les choses ont mal tourné. Accident en mer – de sa responsabilité disent ses collègues, qui le fuient désormais. Caroff n’a plus de bateau, plus d’avenir, que des dettes. Alors quand un gars du Sud vient lui proposer une combine pour le renflouer, il pense à sa femme, à sa fille … et à une nouvelle vie ailleurs.

Jos Brieux commence, lui, une nouvelle activité de bateau-taxi dans la rade de Brest. Un boulot pour effacer le départ de l’être aimé. Le premier client de Jos est un petit couple de retraités de Camaret, dont le mari René se rend régulièrement au CHU de Brest suivre une chimiothérapie. Rapidement le courant passe avec le malade. Jos enchaîne les sorties en mer et les rencontres.

Ces deux destins tourmentés vont se croiser quelque part entre le goulet de la rade et le grand large.



Ronan Gouézec déroule son histoire d’une belle plume. Évidemment la pluie est là, les embruns aussi ; les machines des navires sont huilées, les bars remplis de fortes personnalités pas toujours commodes. Il y a même de quasi passagers clandestins : deux gamins pas sortis de l’enfance, ratés scolaires, trimbalant chaînes et breloques sur leur haut de survêt, ignorant tout des choses de la mer, même si celle-ci est à quelques centaines de mètres de leur cité.

Le résultat final n’est toutefois pas totalement concluant. A soigner la forme du récit, Gouézec oublie un peu d’avancer l’intrigue. Laquelle d’ailleurs se résume à fort peu de choses, et part parfois dans le caricatural.

Ce sont les quelques moments d’amitié entre Jos et René, l’ancien, qui touchent le plus le lecteur. Quelques moments de grâce lors d’une ballade à l’île de Sein; quelques moments de vie arrachés à la maladie.
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Rade amère

Depuis un accident qui a coûté la vie à son jeune matelot, Caroff est un marin mis au rebut. Il survit dans un mobil-home, face à la rade de Brest, à l’écart du monde et de tout horizon d’avenir. Ce qui le tient en vie, c’est son miracle : celui de sa fille et de sa compagne. Quand sa route croise celle de Delmas, délinquant en apprentissage, Caroff voit dans la combine douteuse qu’il lui présente l’occasion de se racheter. Il reprend la mer sur son bateau qu’il avait laissé sombrer, flanqué des deux acolytes de Delmas, aussi jeunes et béotiens que dangereux. Du ciel plombé de Brest, l’espoir semble avoir du mal à percer et, pourtant, Caroff se surprend à rêver d’un ailleurs…



J’ai pu découvrir ce roman en avant-première grâce à une opération « Masse Critique ».

« Rade amère » est le premier roman de Ronan Gouézec, auteur finistérien qui aime à pratiquer le vagabondage côtier et littéraire. Pour une première, c’est une réussite totale, de bout en bout !

Ce roman entremêle, de façon réussie, différentes dimensions.

« Rade amère » se veut un polar et en livre tous les ingrédients : un homme désespéré, au bout du rouleau, coincé dans la rade de Brest et mis au ban de la société ; un malfrat qui fait ses premières armes en organisant un trafic de drogue à distance, coaché par son oncle ; des complices, jeunes trafiquants d’une cité brestoise en mal d’action. Les rouages de l’action se mettent en place progressivement, et le suspens monte crescendo, l’auteur tenant en haleine le lecteur jusqu’au bout.

« Rade amère » est aussi un roman social qui explore différents territoires en marge de la société : celui d’un homme qui a – presque – tout perdu ; ceux des hors-la-loi qui dessinent leur propre géographie ; ceux qui essaient de se créer un nom et une activité rentable, voire utile, dans les clous de la légalité.

Mais « Rade amère » est d’abord et avant tout un roman noir qui sonde les failles de l’âme humaine, ses deuils impossibles, ses douleurs bien arrimées, son envie de s’en sortir quoi qu’il en coûte. Et ce roman noir sort du lot en ce sens que l’auteur insuffle une touche personnelle, vécue, c’est-à-dire ici maritime, à l’intrigue. Derrière chaque description, chaque action, la mer, en ce qu’elle a de libérateur ou d’enfermant, est présente et on sent sa pulsation, le souffle de ses vagues jusque dans les maisons. En creux des mots qui se déploient linéairement, on entend la pluie marteler ses notes lancinantes, l’humidité remonter des fonds de la rade de Brest, le vent cingler les mâts et les hommes, le calme soudain et radieux des eaux à l’étale ; et l’on se laisse porter par la plume voyageuse de l’auteur et l’on se prend à guetter dans le ciel du Finistère nord une éclaircie, une accalmie pour des protagonistes auxquels on s’attache.

« Rade amère » est un polar intensément maritime et humain qui fait vibrer de bout en bout…



Je tiens à remercier Babelio et les éditions du Rouergue pour ce formidable moment de lecture.
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Rade amère

La Feuille Volante n° 1300



Rade Amère- Ronan Gouezec – Rouergue noir.



La rade, c'est celle de Brest, une ville de marins battue par les vents de l'océan où vivent deux personnages, Jos Brieuc, un ancien libraire divorcé qui a fondé une entreprise de taxi maritime. Il est à ce point seul qu'il s'accroche encore désespérément à son ex-épouse et que les yeux d'une simple passante suffisent à le bouleverser. Pour lui la vie ressemble à une véritable galère. Caroff, un ancien marin-pêcheur qui, il y a quelques années a voulu braver la mer en furie et a perdu un matelot de seize ans. Cette mort lui colle à la peau, il est rejeté par ses anciens collègues, n'ose plus sortir en mer et depuis, sans travail, il vit avec sa femme et sa fille dans un pauvre mobile-home, rêve de remettre son vieux rafiot à la mer pour peut-être gagner l'Irlande et laisser derrière lui cette vieille histoire. Ces deux hommes, cabossés par la vie, qui ne se connaissent pas et qui n'ont à priori aucune chance de se rencontrer vont pourtant se croiser par le plus grand des hasards . Il y a aussi un troisième personnage, un petit délinquant, Delmas, qui propose à Caroff un travail pas très net, une combine tordue, des colis à récupérer en mer et qu'il va cependant accepter parce qu'il pense que cela peut arranger les choses pour lui. En fait, elle va les compliquer, le faire sortir d'un enfer pour le précipiter dans un autre. Pourtant, même si ce « travail » n'est pas très clair au début, Caroff choisit de s'y impliquer, d'y voir une chance pour lui et pour sa famille. Il prend les choses en mains, les organise, dirige et même transforme les deux loubards d'une cité voisine que Delmas lui a adjoint pour le surveiller. Eux qui n'avaient jamais mis les pieds sur un bateau deviennent ses matelots puisque, pour donner le change, Caroff reprend la mer sur son vieux rafiot et pose à nouveau ses casiers au large. Cette activité, pour marginale qu'elle soit, fait de lui un homme nouveau, déterminé à se sortir de l'adversité, d'envisager une nouvelle vie en Irlande.



Ce livre est le premier roman de l'auteur. On sent les embruns, la pluie bretonne, le bruit du ressac, l'écume des vagues, le cris des goélands, on navigue entre les balises du chenal et le lecteur apprend des détails techniques de navigation, de timonerie, de mécanique puisque Gouezec, lui-même Breton, sait de quoi il parle.



Ces deux histoires sont, sans mauvais jeu de mots, des tentatives de « remises à flot » face à l'adversité qui frappe les hommes au cours de leur vie. Tout au long de ce roman, le lecteur a de la sympathie pour Caroff et pour Brieuc qui cherchent à s'en sortir, même si ce dernier poursuit ce but louable sur un terrain délictueux où l'argent est trop facilement gagné. Ils sont tous les deux marqués par la poisse et on sent bien que, quoiqu'ils fassent, qu'ils ne parviendront jamais à s'en sortir. C'est un peu comme si toutes leurs tentatives étaient d'avance promises à l'échec et l'épilogue est là pour conclure à sa manière que ces hommes sont destinés à être le jouet du hasard et de la malchance. Cette prise de conscience donne le vertige.



Le style est celui d'un roman noir mais avec des moments émouvants et poétiques parfois et aussi avec des parenthèses en italique, comme si une petite voix extérieure ponctuait la pensée de chacun.





© Hervé Gautier – Décembre 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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