Rudolf Steiner

Les moyens de la science moderne ne permettent pas de distinguer entre la nécessité historique de César et celle de fumer un cigare de plus.

Or, même si l’âme ignore dans la conscience ordinaire l’inspiration par l’« autre moi », cette inspiration n’en est pas moins présente dans les profondeurs de l’âme ; seulement cette inspiration ne consiste pas en pensées ou en paroles intérieures, mais elle se fait sentir par des actions ou des événements. C’est cet « autre moi » qui conduit l’âme aux faits particuliers de sa destinée et qui suscite en elle des facultés, des aspirations, des aptitudes, etc…

Tout homme porte aussi en son être intérieur, outre (nous l'appellerons ainsi) l'homme qu'il est tous les jours, un homme supérieur. Cet homme supérieur reste caché jusqu'à ce qu'on l'éveille. Et chacun est le seul à pouvoir éveiller soi-même en soi cet homme supérieur.

« Sur terre nous avons besoin de champs qui produisent les fruits indispensables à la vie physique ; les âmes des défunts ont également besoin de champs où ils peuvent récolter certains fruits nécessaires à leur vie entre la mort et une nouvelle naissance. Le regard du clairvoyant qui observe les âmes des défunts peut voir que ce sont les âmes humaines durant leur sommeil qui jouent le rôle de champ ensemencé dont les morts ont besoin. […] Lorsque nous nous endormons le soir nous pouvons nous dire : c’est le moment où les pensées et les idées qui ont accaparé notre conscience à l’état de veille se mettent à vivre, deviennent pour ainsi dire des êtres vivants. Les âmes des défunts accourent et prennent part à ces idées. La vision de ces idées constitue leur nourriture.

Le sentiment d’amour ou même simplement de sympathie que nous entretenons à l’égard d’un mort constitue pour lui effectivement un soulagement et élimine les obstacles qui entourent son parcours.

Nous verrons plus loin dans ces aphorismes que le « moi » que l’homme identifie dans la vie ordinaire avec son vrai être, n’est pas son « vrai moi », mais la réflexion du « vrai moi » dans le monde physique-sensible.

Nous pouvons aider le mort en nous faisant intérieurement une image de lui tel qu’il était de son vivant, et en prenant un livre de science spirituelle pour lui en faire la lecture, pas à haute voix mais à voix basse. […] Nous ne devrions pas négliger de faire la lecture aux morts ou d’avoir en pensée des échanges avec eux.

En levant notre regard vers des hommes de génie, on voit aussi le mystère des morts précoces grâce auxquelles le génie est possible. Nous nous disons alors que la mort précoce est intégrée avec sagesse dans le tissu de la vie. Car dans la mort précoce se trouvent les germes des prédispositions psychiques dont doit se nourrir le développement de l’humanité.

Ce qui ferait donc défaut à l’humanité, si tout le monde mourait vieux, c’est la différenciation que chacun apporte avec lui à partir du monde spirituel lorsqu’il s’incarne. Il manquerait la possibilité d’avoir les prédispositions qui sont des dons du monde spirituel. Les êtres humains arriveraient sur terre tous semblables, indifférenciés, et ne se distingueraient ensuite que par les diverses conditions de vie et la diversité des apprentissages ; pour l’essentiel ils se comporteraient tous pareillement. Le karma les guiderait vers le matériel génétique parental qui leur correspondrait.

Lorsque l’on a atteint un grand âge, le corps physique est vieux et le corps éthérique, jeune. […] On peut dire véritablement : un homme vieux, gris, ridé, voit fleurir, comme se rafraîchir, son corps éthérique ; car le corps astral doit s’habituer à vivre dans le corps éthérique dans lequel se présente déjà un élément germinatif.

Dans l’organisme éthérique de l’homme les forces et phénomènes de l’ambiance pénètrent aussi intimement que les pensées dans l’organisme physique. Mais ils ne se comportent pas comme des pensées, ils vivent avec et dans l’âme comme des êtres. Il s’ensuit que la connaissance occulte requiert une force intérieure supérieure à celle qui permet à l’âme de se maintenir indépendante en face des pensées. La préparation à la vraie clairvoyance consiste principalement dans un renforcement de l’âme, de sorte que l’individualité n’est pas seulement garantie en face des pensées, mais elle l’est aussi en face des forces et des êtres du monde élémentaire apparaissant dans sa conscience comme faisant partie d’elle-même.

Le « matérialisme » comme « phénomène de spiritophobie » est un chapitre important de la psychologie.

Quand on cultive en soi ce sentiment de confiance dans la pensée, on s’aperçoit que la pensée n’existe pas seulement dans l’âme comme une force qu’on développe, mais qu’elle peut aussi, pleinement indépendante, former le support d’un être cosmique, mais d’un être cosmique qu’il s’agit d’atteindre grâce à des efforts laborieux, si l’on veut vivre dans quelque chose qui appartient à la fois à l’homme et au cosmos.

Nous portons en nous le ciel, parce que nous en avons fait l’expérience avant d’entrer dans notre existence physique.

Il y a d’abord le petit germe humain. A ce germe humain s’unit quelque chose de considérablement grand et important, quelque chose qui s’est d’abord mystérieusement préparé dans les lointains infinis du cosmos et qui s’est ensuite de nouveau condensé. Une fois que l’homme s’est ainsi dilaté jusque vers la sphère stellaire, il commence de nouveau à se condenser. Il passe par les sphères de Saturne, de Jupiter, de Mars, du Soleil, de Vénus, de Mercure et de la Lune ; il devient de plus en plus petit. […] La Terre peut parfaitement fournir les forces dont les sens et le système nerveux ont besoin, mais tout ce qui se structure autour d’eux doit être puisé dans le lointain cosmique.

Si, enrichi par ces réflexions, l’homme contemple la nature, il peut arriver à s’oublier lui-même et tout ce qui est en lui, et éprouver son corps comme une portion du monde extérieur. S’il médite ainsi sur les rapports de, son être intime et sur ceux qui le relient à la nature, il acquiert en lui-même la connaissance de ce que l’on peut appeler son corps physique.

[…] Au même titre que les oiseaux sont chassés par la fumée des cheminées, le bonheur et la fraîcheur d’âme, l’harmonie et plus généralement la richesse de la vie intérieure doivent nécessairement dépérir sous l’influence de la civilisation matérialiste, si la science de l’esprit ne réussit pas à apporter à l’âme humaine la spiritualité dont elle a besoin.

Par exemple, un malheur nous frappe. Dans un premier temps, la seule chose qui compte, c’est le sentiment du malheur. Nous le supportons mal. Si nous savions pourquoi, avant la naissance, pendant des siècles et des décennies, nous avons tout arrangé pour être frappés par ce malheur, nous serions mieux à même de le supporter. Nous saurions que ce malheur est une épreuve qui nous permet de nous perfectionner.

Il est très difficile de parler de cette autre vie en se servant du langage courant, car notre terminologie est formée à l’intention du monde dans lequel nous vivons depuis la naissance jusqu’à la mort ; notre langage s’applique essentiellement aux choses de ce monde.

La position des planètes [au moment de la naissance d’un homme] indique au fond ce que l’homme lui-même avait gravé préalablement dans ces sphères. Du point de vue de l’astrologie, cette position, mais également la position des planètes par rapports aux étoiles fixes, constituent une sorte d’indication de ce que nous avons-nous-mêmes gravé dans les différentes sphères.