Citations de Rutger Bregman (165)
L'extrême pauvreté, le nombre des victimes des guerres, la mortalité infantile, la criminalité, la faim, le travail des enfants, les décès dus aux catastrophes naturelles et le nombre de crashs aériens ont tous chuté au cours des dernières décennies. Nous n'avons jamais été aussi riches, en sécurité et en bonne santé.
Pourquoi nous l'ignorons ? C'est bien simple : parce que les infos ne parlent que des exceptions. Attentats, violences, catastrophes : plus un événement est exceptionnel, plus il a de chances de faire la une.
Si nous "croyons" que la plupart ses gens sont mauvais, c'est ainsi que nous allons nous traiter mutuellement. Du coup, nous allons flatter chez chacun et chacune, les plus vils instincts.
Nos lointains ancêtres ont rarement mis l'individu sur un piédestal. Les chasseurs et cueilleurs du monde entier, des toundras glacées aux déserts brûlants, croyaient que tout était lié. Ils concevaient l'être humain comme faisant partie d'un tout beaucoup plus vaste, comme étant relié à tous les animaux, à toutes les plantes ainsi qu'à la Terre-Mère.
Car il n'y a rien de plus puissant que des gens qui font ce qu'ils font "parce qu'ils ont envie de le faire".
Au cours des dernières décennies, les centres-villes ont été défigurés les uns après les autres par d'énormes panneaux publicitaires. Si quelqu'un recouvre votre maison de graffitis, on appelle cela du vandalisme. Mais lorsqu'il s'agit de publicité, on peut sans problème en barbouiller l'espace public. les économistes parlent alors de "croissance".
Premièrement : à quel point notre vision de l’humanité est déformée, et comment des journalistes en mal de sensations en jouent. Et deuxièmement : à quel point nous pouvons compter les uns sur les autres en cas d’urgence. (page 215)
Lorsqu’un chercheur dépeignait l’être humain comme un primate sanguinaire, ses recherches étaient souvent reprises par les journalistes. Mais lorsque l’un ou l’autre de ses collègues livrait un tableau moins sombre, presque personne ne l’écoutait. (pages 104-105)
En temps normal, l'être humain fonctionne constamment en miroir. Si quelqu'un rit, nous rions aussi. Si quelqu'un bâille, nous bâillons aussi. Mais les puissants réagissent bien moins souvent en miroir. C'est comme s'ils n'étaient plus reliés aux autres. Comme si on avait débranché le cordon.
Trop de militants écologistes sous-estiment la résilience de l’être humain. Et je crains que leur cynisme ne fonctionne comme une prophétie autoréalisatrice, un nocebo qui nous décourage, et qui ne fasse qu’accélérer le réchauffement de la planète. Le mouvement pour le climat a lui aussi besoin d’un nouveau réalisme. (page 156)
Le meilleur exemple de la vraie nature de l'État est peut-être la Grande Muraille de Chine. Cette merveille du monde n'a pas seulement été construite pour se protéger des "barbares", mais aussi conçue par les autorités pour enfermer leurs propres sujets. L'Empire chinois était la plus grande prison à ciel ouvert du monde.
Le lien entre l'exposition des enfants à des images violentes et la manifestation ultérieure de comportements agressifs est plus solide que celui entre amiante et cancer, ou entre ingestion de calcium et masse osseuse.
L'idée selon laquelle les gens seraient naturellement égoïstes, agressifs et portés à la panique est un mythe tenace. Le biologiste Frans de Waal appelle cela la "théorie du vernis". La civilisation ne serait qu'une mince couche qui se craquellerait à la moindre anicroche. En réalité, c'est l'inverse : c'est précisément lorsque les bombes tombent du ciel ou lorsque les digues rompent que le meilleur en nous affleure à la surface.
La lutte et la concurrence jouent un rôle évident dans l'évolution de la vie, mais tous les étudiants en biologie apprennent dès la première année que la coopération est beaucoup plus importante.
Ce dont je n’avais pas encore conscience à l’époque, c’est que le communisme – du moins selon la définition officielle – est un système couronné de succès depuis des siècles. Cela n’a de fait rien à voir avec l’Union soviétique. D’ailleurs, nous le pratiquons tous les jours. (page 330)
L'être humain s'est fixé sur un territoire et a inventé la propriété privée. À partir de ce moment, notre instinct de groupe a perdu de son innocence. Additionné à la pénurie de ressources et à une organisation hiérarchique, il s'est transformé en poison.
Ainsi des criminels de guerre comme Adolf Hitler et Joseph Goebbels étaient de parfaits exemples de personnalités narcissiques paranoïaques et avides de pouvoir. Les dirigeants d’Al-Qaïda et de Daech sont eux aussi manipulateurs et égocentriques. Eux non plus ne ressentent guère de compassion et ne doutent presque jamais. (page 245)
L’image dépeinte par les médias est invariablement l’inverse de ce qui se produit réellement après une catastrophe. (page 25)
Les plus belles choses dans la vie sont celles dont on reçoit davantage à mesure qu'on les donne : la confiance, l'amitié, la paix.
Le pouvoir semble agir comme une sorte d'anesthésiant qui nous coupe des autres.
Actuellement, près d’un quart de la population carcérale mondiale se trouve derrière les barreaux d’une prison américaine. (page 367)