Citations de Ryōkan Taigu (171)
La tombée du jour -
dans le jardin seulement
le chant des insectes
l'automne s'en va
ma nostalgie
à qui la confier?
Dedans une neige
Dedans une neige
légère est établi
l’ensemble des mondes.
Et, là-dedans, cette autre
neige éphémère qui tombe.
/ Traduction: Alain-Louis Colas
J'habite une forêt profonde
Les glycines poussent chaque année un peu plus
Nulle préoccupation mondaine ne m'atteint
Parfois un bûcheron chante
Je recouds ma robe de moine au soleil
Je lis des poèmes à la lumière de la lune
Je voudrais dire aux hommes
Que pour être heureux peu de choses sont nécessaires.
L'automne bientôt
avec ce qu'il met au coeur
de si désolant.
Quand sur les petits bambous
la pluie devient sonore.
Le vent de l'été
apporte dans ma soupe
des pivoines blanches
Ceux dont la pratique bouddhique est sans défaut existent, dit-on,
Mais sans que mes yeux jamais les aient pu même entrevoir.
En croyant au moi,
l'on se révèle d'autant
plus inconsistant.
Dans ce rêve qu'est le monde,
un fantôme d'existence
Le voit-on serein
qu'il est aussitôt couvert,
le ciel de l'automne.
Et dans la mondanité,
le coeur humain, n'est-ce pas !
A ceux qui partout
sont aux affaires publiques,
je m'adresse ainsi :
votre esprit originel,
surtout, ne l'oubliez pas !
O pruniers en fleur,
Soyez pour mon vieux coeur
La consolation !
Mes amis d'ancienne date
A présent m'etant ravis
Cette fraîcheur dans la limpidité du ciel
Et cette plainte dans le cri des oies sauvages.
Cette rapidité dans le déclin du jour
et ce sifflement du vent perçant mon habit.
Cet accroissement de l'obscurité nocturne
Et cette étendue dans l'éclat de la rosée.
Moi, je quitte aussi ces lieux pour m'en retourner.
Vide et silence dans ma cahute fermée...
Je voudrais dire aux hommes
Que pour être heureux peu de choses sont nécessaires.
Aujourd’hui existent
Un éveil soudain et un éveil graduel.
Des systèmes religieux apparaissent,
Et, pour cette raison, se divisent.
Aussitôt, ils en font des normes.
Que les religions qui suivent les normes,
L’appréhendent ou non,
La réalité, elle, poursuit son cours.
je suis venu ici avec mon bol...
je suis venu ici avec mon bol
l’automne est frais, c’est le huitième mois
dans le jardin dépouillé les piquants des châtaignes ressortent
sous le ciel haut le chant des cigales a cessé
ma nature ignore la passion
debout, assis, ma pensée est vaste
les huit rouleaux du soûtra du Lotus,
à la tête de mon lit ; certains roulés, d’autres déroulés.
/ Traduit du japonais par Cheng Wing fun et Hervé Collet
Plus d'un, cette nuit,
se passera de sommeil.
Attendant ainsi
que s'élève sur les monts
la lune, pour l'admirer.
Les montagnes et les rivières sont mes voisins
Les nuages voilent mon ombres sur le chemin
Un oiseau me frôle sur le rocher
Je traverse le village perdu dans la neige avec mes sandales de paille
Au printemps je chemine avec ma canne dans un champ plein de soleil
Limpide. Si on saisit sa véritable nature
Les fleurs sont des poussières du monde.
Souvent je monte au temple de la grande compassion
Contempler les nuages et les brumes
Les pins et les cyprès sont vieux de mille ans
Un vent souffle depuis des milliers de générations.
Qu'elle tombe alors
sur ce toit de belles planches,
la pluie serait bienvenue.
Ainsi vous-même,
vous auriez de quoi rester
ici un moment de plus !
Des choses présentes
il nous faut uniquement
avoir le souci :
point ne revient le passé,
point n'est connu l'avenir.
Réparant le toit
mes boules d'or rabougries
le vent froid d'automne