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Citations de Ryûnosuke Akutagawa (114)


Sur cette réflexion, revint, insidieuse, l'inquiétude dont il s'était laissé un moment distraire par les bruits du dehors. Mais, cette fois, c'était le désir de ne pas être servi trop tôt en gruau d'ignames qui l'emportait, jusqu'à en devenir une obsession. La réalisation devenue si aisée de son rêve de toujours ne rendait-elle pas dérisoire la patience avec laquelle il l'avait attendue? La marche idéale de l'évènement ne pourrait-elle donc être ainsi: un obstacle imprévu viendrait d'abord rendre vain son espoir de manger du gruau d'ignames, puis, cet obstacle levé, il pourrait enfin se mettre à table tranquillement ? (P.131)
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Pour rester avec elle, il se sentait capable de tout abandonner.
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Malheureusement pour eux, les dieux ne peuvent pas, comme nous, se suicider...
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Les étincelles déchiquetaient toujours la pluie. Il avait beau interroger la vie, rien ne lui faisait particulièrement envie. Mais ces étincelles violettes - ces étincelles extraordinaires qui fusaient dans l'espace -, il aurait, fût-ce au prix de sa vie, voulu les saisir dans sa main.
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Décidément, la beauté de la laideur échappe aux peintres qui ne savent que barbouiller.
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Leurs yeux se souriaient avec satisfaction. À cet instant, une ombre noire se profila sur le papier de la porte coulissante juste derrière Yoshikatsu ; alors qu'elle posait la main sur la cloison en s'apprêtant à la faire glisser, l'ombre s'effaça tout d'un coup : la robuste silhouette d'Hayami Tôzaemon s'encadra alors au seuil de la pièce. Sans son arrivée, Kuranosuke aurait peut-être pu savourer indéfiniment, dans la douce et bienheureuse chaleur du printemps, le sentiment de fière satisfaction qui l'habitait. Mais en même temps que le large sourire qui s'épanouissait sur le visage débordant de santé de Tôzaemon, la réalité fit intrusion sans se gêner entre Kuranosuke et Chûzaemon. Ni l'un ni l'autre n'en eurent évidemment le moindre soupçon.
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Kandata cria avec fureur:
"C'est moi qui l'ai vu en premier! Arrêtez, n'approchez pas, redescendez!"
Les autres âmes, avides de leur propre salut, n'écoutaient pas.
Un amas de corps, souillé par la haine et l'avidité,
mais habité par l'espoir continuait de s'agrandir autour du fil.
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En même temps que l'homme s'affaissait, je me retournai vers la femme, le sabre ensanglanté à la main. Mais alors ! Quoi ?.. elle avait disparu ! De quel côté s'était-elle enfuie ? Je l'ai cherchée un peu partout parmi les sapins. Mais le tapis de feuilles mortes de bambou ne portait pas de traces. Mes oreilles ne perçurent que les râles de l'homme qui agonisait.
(extrait du conte "Dans le fourré" qu'adapta Kurosawa Akira pour son film Rashômon)
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Enfin au pied du sapin j'ai péniblement soulevé mon corps épuisé devant moi, luisait le poignard que ma femme avait laissé tomber. Le saisissant je l'ai enfoncé d'un coup dans ma poitrine. Quelque chose comme une boule âcre et chaude est monté jusqu'à ma gorge. Mais je ne ressentis aucune douleur. À mesure que ma poitrine refroidissait, le silence des alentours devenait encore plus profond. Ah ! quel silence Dans le ciel au-dessus de ce fourré à l'ombre de la montagne, pas un oiseau ne venait chanter. Seul, à travers les bambous et les sapins, errait le dernier rayon du soleil déclinant. Ce rayon, lui aussi, pâlissait... Je ne voyais plus ni bambous ni sapins. Étendu sur la terre, j'étais enveloppé d'un silence profond. Juste à cet instant, quelqu'un, à pas furtifs, s'est approché de moi. J'ai essayé de tourner la tête vers lui. Cependant, une obscurité diffuse m'entourait déjà. Quelqu'un, ce quelqu'un, d'une main invisible, a retiré doucement le poignard enfoncé dans ma poitrine. Dans ma bouche de nouveau le sang afflua. Ce fut la fin. J'ai sombré dans la nuit des limbes pour n'en plus revenir...
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Depuis cinq ou six ans, Goi était étrangement attiré par le gruau d'ignames. C'est une bouillie de riz préparée avec des morceaux d'ignames dans du jus de cannelle. À cette époque, ce plat était considéré comme le mets le plus délicat que l'on pût servir même sur la table de l'Empereur. Ce n'était donc qu'une fois par an et à l'occasion d'une fête exceptionnelle qu'un homme comme Goi pouvait en manger. Et même en une telle circonstance, il en obtenait si peu qu'à peine s'il pouvait en humecter ses lèvres. C'est pourquoi, depuis fort longtemps, il avait un désir unique : se rassasier de gruau d'ignames. Bien sûr, il ne s'en était ouvert à personne. Lui-même n'avait pas, semble-t-il, une nette conscience qu'il s'agît là du but de sa vie. Mais il n'empêche qu'il ne vivait que dans ce but. Il arrive parfois qu'un homme consacre sa vie entière à un désir qu'il ne pourra peut-être jamais réaliser. Celui qui se moque d'une telle illusion ne connaît rien à la vie.

(Gruau d'ignames)
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"La vie d'un idiot"_

Il commença à souffrir d'insomnies. Ses forces physiques commencèrent aussi à décliner. Divers médecins lui avaient diagnostiqué deux ou trois maladies différentes chacun : hyperchlorhydrie, atonie gastrique, pleurésie sèche, neurasthénie, conjonctivite chronique, fatigue cérébrale...
Mais lui savait fort bien quelles étaient les racines de son mal : La honte de soi et la peur des autres ; les autres... cette société qu'il méprisait !
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"La vie d'un idiot"_

Les fous étaient tous vêtus d'un même vêtement gris. La grande salle déjà déprimante en soi ne l'en était que davantage.
Installé à l'orgue, l'un des fous jouait avec ferveur un cantique. Au milieu de la pièce, un autre dansait, ou plus exactement se démenait en tous sens.
Il observait ce spectacle en compagnie d'un médecin au teint vermeil.
Sa propre mère, dix ans plus tôt, ne différait en rien de ces êtres. En rien...
Dans leur puanteur, il retrouvait parfaitement celle de sa mère.
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"Engrenage"_

Je partis à travers le corridor désert rejoindre la chambre que j'avais réservée. Ce couloir me faisait davantage songer à une prison qu'à un hôtel. On m'avait apporté dans ma chambre, chapeau, manteau et sacoche. Quand j' aperçus le manteau accroché au mur, j'eus l'impression de me voir moi, debout.
Je m'empressai de le fourrer à l'intérieur de l'armoire qui se dressait dans un coin de la pièce. Je m'approchai alors du miroir et restai longuement à contempler mon double. Le miroir reflétait un visage osseux et décharné. L'image d'un asticot se dessina alors nettement dans la tête de l'homme qui se trouvait devant la glace.
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Il rencontra une femme qui pouvait, même par l’esprit, se mesurer à lui. Mais il composa un poème lyrique - Celle qui vient du nord - et échappa ainsi quelque peu à ce danger. Il éprouva la même douloureuse sensation que s’il ôtait d’un tronc d’arbre une écorce de glace étincelante.


Emporté par le vent le chapeau de paille,
Sur le chemin un jour retombera
Que m’importe mon nom
Je n’adore que le tien.
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Je peuplais l’univers du récit d’animaux surnaturels; l’un d’eux n’était du reste rien d’autre que mon autoportrait
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Même s’il était vain de lutter, les passagers ne pouvaient néanmoins rester sans rien faire. C’est pourquoi, dès qu’ils avaient un moment, ils se livraient à la chasse aux poux. Du plus considérable au plus humble, du premier vassal au porteur de socques, chacun se mettait nu et attrapait ci et là les bestioles pour en remplir au fur et à mesure sa tasse à thé. Un konpira-bune dont les grandes voiles captent les rayons du soleil hivernal de la Mer intérieure et à son bord, une trentaine d’hommes en pagne déambulant une tasse à la main, occupés à débusquer les poux sous les cordages, derrière l’ancre : quiconque à notre époque imagine pareille scène la trouvera d’emblée ridicule, mais face à la « nécessité », n’importe quelle entreprise peut se révéler sérieuse, aujourd’hui comme avant la Restauration de Meiji.
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(…) tout ce que l’expédition comptait de samouraïs avait le corps criblé de piqures, les ventres et poitrines étaient uniformément rouges et enflés au point qu’on eût dit que ces guerriers souffraient de la rougeole.
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De surcroît, il y avait à bord quantité de poux. Notez, ce n'était pas des poux de bonne composition, restant cachés dans les coutures des habits. Ils grouillaient sur les voiles. Sur les bannières. Sur le mât. Sur l'ancre. En forçant un peu le trait, disons qu'on ne savait plus si ces bateaux servaient à transporter des hommes ou à promener des poux.
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"Il arrive parfois qu'un homme consacre sa vie entière à un désir qu'il ne pourra peut-être jamais réaliser. Celui qui se moque d'une telle illusion ne connaît rien à la vie."
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Le chien habitué aux coups n'ose pas s'approcher du morceau de viande qu'on lui jette rarement.
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