AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4.43/5   7 notes
Résumé :
Avec Nouvelles du Japon, découvrez un nouveau pan de la littérature japonaise. Une sélection de nouvelles inédites en français pour savourer le meilleur des écrivains japonais classiques et contemporains.
Les Poux de Akutagawa Ryunosuke.
Traduction Catherine Ancelot.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Les pouxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?
« le 26 de la onzième lune de l'an 1 de l'ère Genji, une troupe du clan de Kaga, affectée à la protection de Kyōto, appareilla dans le delta de l'Ajikawa à Ōzaka afin de prendre part à l'expédition entreprise pour châtier le clan de Chōshū ; à sa tête se trouvait le gouverneur d'Osumi, premier vassal du fief ».
C'est par cet incipit quelque peu belliqueux que débute cette courte et malicieuse nouvelle de Ryûnosuke Akutagawa, intitulée Les poux, et qui m'a enthousiasmé.
En merveilleux conteur, Akutagawa nous entraîne à bord de cette flotte à l'époque féodale, la date bien sûr ne vous aura pas échappé. Cependant, j'ai vu ici comme un clin d'oeil satirique de l'auteur en direction de nos époques contemporaines.
Or donc, au moment où nous nous apprêtions à vivre une bataille navale mémorable entre les deux clans, voilà qu'un ennemi improbable s'invite à bord : des poux...!
Il y en avait des milliers, il y a en avait partout, dans le bateau, sur les voiles, dans les cordages, dans les vêtements... Il y a en avait partout. Vraiment partout ? Oui partout, je vous le dis ! Là aussi ? Oui pardi ! Même au fond de la cale il y en avait.
De mémoire de samouraïs, nous ne nous étions jamais grattés autant...
Brusquement, la guerre se déplace d'un cran, un autre ennemi apparaît dans le collimateur et va occuper l'esprit et les doigts à vif de nos amis samouraïs...
Deux thèses vont alors s'affronter : celle d'une étrange et secret personnage, Mori qui propose de choyer les poux et nullement de les chasser, les accueillir sur soi afin d'y puiser un réchauffement contre la morsure du froid... Il fallait y penser, non ? Mais ce serait trop simple de rallier tout l'équipage à cette noble cause. Voilà brusquement que l'équipage se fissure, l'autre moitié est vite tentée pour suivre la thèse d'un autre personnage non moins étrange, un certain Inoue Tenzō, qui plaide l'idée du poux façon apéritif. « Comment dire ? Un goût de riz grillé et pilé, avec un fond de gras ». J'ai connu une Polonaise qui en prenait au p'tit déjeuner...
J'ai adoré découvrir l'univers de Ryûnosuke Akutagawa dans cette courte nouvelle ciselée à merveille comme une fable terrible sur l'humanité.
Vous en reprendrez bien encore un peu ? Je parlais bien sûr d'un des propos de cette nouvelle craquante à souhait sous la dent : « Y a-t-il sur ce bateau quelqu'un qui ne soit pas redevable aux poux de leurs bienfaits en les mangeant, vous rendez le mal pour le bien. »
Commenter  J’apprécie          4415
Je déteste les poux, ce sont vraiment des petites bêtes déplaisantes, répugnantes. Rien que d'en parler, j'ai une envie irrépressible de me gratter.
Les critiques de mh17 et Berni_29 ont eu cet effet-là. Elles m'ont aussi donné envie de lire cette petite nouvelle extraite du superbe site nouvellesdujapon.

*
Nous sommes en 1864.
Deux bateaux prennent la mer avec à leurs bords, de vaillants samouraïs qui s'en vont combattre un clan rival.
De loin, lorsqu'ils quittent la baie d'Osaka, ces navires ont fière allure avec leurs beaux étendards rouge et blanc qui flottent au vent.

Mais en y regardant de plus près, le lecteur se rend très vite compte que la vie à bord va être éprouvante, qu'ils devront endurer de nombreuses souffrances, telles que le froid, la promiscuité, une nourriture infecte. Les marins vont également voyager, serrés comme des sardines en boîtes, soumis à des conditions d'hygiène les plus précaires, assaillis par des odeurs pestilentielles et surtout par des légions de poux.

« Notez, ce n'était pas des poux de bonne composition, restant cachés dans les coutures des habits. Ils grouillaient sur les voiles. Sur les bannières. Sur le mât. Sur l'ancre. En forçant un peu le trait, disons qu'on ne savait plus si ces bateaux servaient à transporter des hommes ou à promener des poux. »

Imaginez ses fiers marins assiégés par une armée de poux.
Imaginez ses valeureux soldats cloqués par des dizaines et des dizaines de morsures sur tout le corps.

« … tout ce que l'expédition comptait de samouraïs avait le corps criblé de piqûres, les ventres et poitrines étaient uniformément rouges et enflés au point qu'on eût dit que ces guerriers souffraient de la rougeole. »

Et ce qui devait être une vendetta contre un clan rival va se transformer en une guérilla sans merci contre ces petits parasites envahisseurs.

Comment faire pour se débarrasser de ces bestioles qui leur empoisonnent la vie ?
Deux positions antinomiques vont alors naître pour traiter ce problème avec rapidité et efficacité.
L'auteur dresse ainsi deux portraits singuliers, ceux de Mori et Inoue, les deux marins à l'initiative de ces deux idées.
Je vous laisse les découvrir, ainsi que tout ce qui va en résulter.

*
Cette petite nouvelle de Ryunosuke Akutagawa est très plaisante, mais laisse aussi un sentiment contradictoire.
En effet, le lecteur est à la fois amusé par le ridicule de la situation et par le ton humoristique de cette histoire subtilement ironique. Mais le récit est également terriblement affligeant, porteur d'une triste fatalité.

Cette petite nouvelle se lit en moins de cinq minutes seulement. N'hésitez pas à la découvrir.
Lien : https://nouvellesdujapon.com..
Commenter  J’apprécie          4036
En lisant cette nouvelle vous serez pris d'une irrépressible envie de vous gratter. Je vous aurai prévenus ! Akutagawa (1892-1927) est un conteur de génie. Cette courte nouvelle que vous pouvez lire ou écouter gratuitement en est le témoignage. L'action se passe à l'époque féodale « le 26 de la onzième lune de l'an 1 de l'ère Genji » mais ne vous y trompez pas l'ami Akutagawa nous parle bel et bien de son époque (1916). La nouvelle est ciselée, pleine de malice, drôle et terrible à la fois.
Or donc à cette époque deux clans se livrent une féroce bataille navale. Les bannières rouges et blanches claquent fièrement dans le vent. Mais pour l'équipage des deux bateaux venus soutenir le clan de Kaga, c'est une autre affaire. Ils sont trente huit coincés comme des sardines dans l'espace central encombré de baquets de radis fermentés puants. Et puis ils claquent des dents y compris les petits jeunes des provinces du nord habitués au froid. Mais ce n'est pas le tout les amis. A bord, il y a quantité de poux, mais alors partout, partout, partout grouillant sur les voiles, sur les bannières, sur le mât, sur l'ancre et bien sûr pullulant dans les vêtements des passagers. Ils se dénudent tous y compris les fiers samouraïs, endurant le froid glacial et livrent en pagne une guerre sans merci à la vermine. Peine perdue, il en vient toujours plus. Mais, sur le bateau de Tsukuda, le samouraï Mori, un curieux personnage, ne chasse pas les poux. Il a en effet une théorie tout à fait originale qui va faire des émules. Cependant ce Précurseur génial aura bientôt un rival qui proposera une autre théorie non moins originale qui vous ouvrira l'appétit croyez-moi…
Commenter  J’apprécie          3631

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Même s’il était vain de lutter, les passagers ne pouvaient néanmoins rester sans rien faire. C’est pourquoi, dès qu’ils avaient un moment, ils se livraient à la chasse aux poux. Du plus considérable au plus humble, du premier vassal au porteur de socques, chacun se mettait nu et attrapait ci et là les bestioles pour en remplir au fur et à mesure sa tasse à thé. Un konpira-bune dont les grandes voiles captent les rayons du soleil hivernal de la Mer intérieure et à son bord, une trentaine d’hommes en pagne déambulant une tasse à la main, occupés à débusquer les poux sous les cordages, derrière l’ancre : quiconque à notre époque imagine pareille scène la trouvera d’emblée ridicule, mais face à la « nécessité », n’importe quelle entreprise peut se révéler sérieuse, aujourd’hui comme avant la Restauration de Meiji.
Commenter  J’apprécie          4612
(…) tout ce que l’expédition comptait de samouraïs avait le corps criblé de piqures, les ventres et poitrines étaient uniformément rouges et enflés au point qu’on eût dit que ces guerriers souffraient de la rougeole.
Commenter  J’apprécie          300
De surcroît, il y avait à bord quantité de poux. Notez, ce n'était pas des poux de bonne composition, restant cachés dans les coutures des habits. Ils grouillaient sur les voiles. Sur les bannières. Sur le mât. Sur l'ancre. En forçant un peu le trait, disons qu'on ne savait plus si ces bateaux servaient à transporter des hommes ou à promener des poux.
Commenter  J’apprécie          134

Videos de Ryûnosuke Akutagawa (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ryûnosuke Akutagawa
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature japonaiseVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (11) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
890 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *}