Citations de S. J. Watson (270)
Ce matin, j'ai demandé à Ben s'il avait été moustachu. Je me sentais encore en plein confusion, ne parvenant pas à démêler le vrai du faux. Je m'étais réveillée tôt et, contrairement aux jours précédents, je n'avais pas pensé que j'étais encore une enfant. Je m'étais sentie adulte. J'avais une sexualité.
J'ai fermé les yeux. Je ne me rappelais rien de l'accident, de la collision, je ne ressentais aucune colère, aucun malaise. En fait, j'éprouvais seulement une sorte de regret lancinant. Un vide. Une ridule sur la surface du lac de la mémoire.
Ce n'est pas la vie. C'est une existence où l'on saute d'un moment au suivant sans la moindre idée de son passé et sans le moindre projet pour l'avenir. C'est comme cela que j'imagine l'existence des animaux. Le pire c'est que je ne sais même pas ce que je ne sais pas. Peut être y-a-t-il des tas de choses qui vont me faire grand mal. Des choses dont je n'ai même pas encore rêvé.
je prends conscience, avec une soudaine clairvoyance, que nous portons des masques, tous, tout le temps.
nous présentons un visage, une version de nous-même au monde, aux autres. nous affichons un visage différent en fonction de ceux que l'on côtoie et de ce que l'on attend de nous. même lorsque nous sommes seuls, nous portons un autre masque encore, la version de nous-même que nous préférons.
Le froid me donne un coup de fouet et je réussis à ne pas trébucher. J’agite l’écran éclairé du portable en criant ; cette fois, j’ai de la chance. La voiture ralentit et finit par s’arrêter ; puis une grande silhouette apparaît. Je pense instantanément aux femmes que j’ai filmées dans les rues, aux mystérieux véhicules qui s’arrêtaient à côté d’elles dans le noir, aux ombres énigmatiques à l’intérieur qui parfois voulaient leur faire du mal.
Pas loin d’ici, il y a des adolescents qui font la queue devant des boîtes de nuit, les filles ne portant pas grand-chose de plus que leur maquillage, une jupe courte, des talons et un petit haut au-dessus du nombril. Les garçons ont plus de chance avec leur tee-shirt et leur jean, mais pas beaucoup plus. Je les imagine très bien, j’ai peut-être même fait partie de leur bande, autrefois, frissonnant non pas à cause de la température, mais de l’excitation de la soirée qui s’annonçait.
J’essayai de voir les choses du bon côté. J’étais indemne. Haletante, mais vivante. Mes doigts agrippés au volant saignaient abondamment ; ma peau me brûlait à cause du froid. Il fallait que je fasse quelque chose. Je ne pouvais pas parcourir la distance à pied, mais je ne pouvais pas non plus rester éternellement assise dans ma voiture. Et l’obstacle qui m’avait envoyée dans le décor était toujours là.
Je ne dois pas m’endormir. Je le sais, c’est évident. On en connaît tous, des histoires de ce genre. Où des gens qui sont prisonniers finissent par ne plus essayer de s’enfuir. Ils cèdent à l’épuisement et ferment les yeux. Le corps lâche. Ils meurent.
Lorsqu’elle est revenue à elle, elle était incapable de communiquer son nom, son adresse, son lieu de naissance et elle affirme ignorer totalement comment elle s’est retrouvée dans cette petite ville côtière.
Elle est extrêmement angoissée, terrifiée devant les visages nouveaux, et fait preuve de réticence à parler. Les médecins n’ont repéré aucune blessure et, selon la police, rien ne suggère une piste criminelle.
Elle se voit de loin, comme si elle figurait dans un documentaire. Elle est couchée là, dans le noir, les yeux ouverts, les lèvres bleues. On la trouvera demain matin, congelée. Cela ne serait pas si mal.
Mais… non. Elle ne va pas mourir ici, pas comme ça. L’énergie lui revient, une décharge d’adrénaline, et elle se remet debout à grand-peine. Elle marche doucement, un pied après l’autre, puis recommence, encore et encore, jusqu’à ce qu’enfin elle parvienne au carrefour, qu’elle examine d’un regard fiévreux. Elle tremble, même si elle n’éprouve pas de peur. Elle ne ressent rien. Elle pose son sac à dos par terre, puis tend le bras, le pouce dressé.
P386
La mémoire me revient.
P380
Tu n'as pas besoin d'Adam. Tu m'as moi maintenant nous sommes ensemble. tu n'as pas besoin d'Adam, tu n'as pas besoin de Ben.
P161
Je ne sais pas si je te l'ai dit ce matin. Aujourd'hui c'est mon anniversaire.
P71
Nous ne savons pas si tu étais en train de traverser la rue ou si la voiture qui t'a heurtée était montée sur le trottoir mais, de toute façon tu as dû passer par-dessus le capot. Tu étais gravement blessée les deux jambes cassées, un bras et une clavicule.
Les secrets finissent-ils toujours par se savoir ?
Voilà ce que je suis. Un animal. Vivant un moment après l'autre, un jour après l'autre, essayant de donner un sens au monde dans lequel il se trouve.
Et j'ai envie de lui expliquer qu'une personne ne peut pas être tout, pas tout le temps.
Deux erreurs ne s'annulent pas, mais peut-être rentent-elle la situation plus équilibrée.
Ce matin, aux premières heures du jour, je me suis réveillée il était allongé à mes côtés. Un étranger, à nouveau
Nous changeons toujours les faits, nous réécrivons toujours l'histoire pour nous rendre la vie facile, pour la faire coincider avec la version des événements que nous préférons. Nous le faisons automatiquement. Nous inventons des souvenirs. Sans y penser. Si nous nous répétons suffisamment souvent que quelque chose a eu lieu, nous finissons par le croire, et ensuite nous pouvons nous en souvenir.