Citations de S. K. Tremayne (142)
Je me dis que, en un sens, ces gadgets sont un peu comme des animaux domestiques, en moins exigeants et moins contraignants, qui font des choses agréables et utiles. Des chiens qu'on n'aurait pas besoin de sortir mais qui vont chercher l'équivalent des balles de tennis, des pantoufles ou des "journaux"...
Un site de rencontre pourra-t-il me guider, telle une marraine de conte de fées version numérique brandissant une baguette d'algorithmes étincelants, vers un nouveau compagnon ?
...je suis journaliste freelance. J'ai choisi de m'établir à mon compte quand l'expression "freelance" est devenue une sorte de mauvaise blague : "free" comme "libre", certes, mais aussi comme "gratuit". Vu les tarifs dérisoires pratiqués dans la profession, l'écriture s'apparente plutôt à une forme d'esclavage.
Quand on est assis dans un avion qui s'écrase, on a beau attacher sa ceinture, ça sert a rien
La mort de nos proches est bien plus terrible que la nôtre et, oui, l’amour est une forme de suicide : quand on aime vraiment, on se détruit soi-même, on rend les armes, on tue délibérément quelque chose en soi.
Il n’y a pas eu d’accident, Kath. Tu as essayé de quitter ton mari et ta fille, de te détruire, de tout anéantir. Tu as voulu te suicider. Et personne ne sait pourquoi. »
« Il n’y a pas eu d’accident, Kath. Tu as essayé de quitter ton mari et ta fille, de te détruire, de tout anéantir. Tu as voulu te suicider. Et personne ne sait pourquoi. »
Mon père, bien sûr, n'a jamais eu besoin de prétexte. Vingt minutes après notre arrivée au pub, il en est déjà à son troisième ou quatrième verre, et je vois de minuscules gouttes de sueur perler sur son front alors qu'il se dispute avec Angus. Ils ne se sont jamais entendus. Deux pseudo-mâles dominants. Un combat de cerfs dans les forêts de Waternish.
- Est-ce qu'elle va enfin surmonter le choc, Adam? Quand elle s’apercevra que je suis toujours là, est-ce qu'elle cessera d'imaginer le pire?
Son visage se ferme.
- Non, répondit-il d'un ton glacial. Non elle n'ira pas mieux.
Il se redresse, se dirige vers l'évier et saisit un mug orné du logo de l'aquarium de Plymouth suspendu à un crochet sous le placard. Quand il reprend la parole, sa voix est plus froide et sèche que jamais.
- Tous ses mensonges n'arrangent rien, au contraire.
Il se tourne vers moi.
- Ecoute, Kath, le moment est venu. Il y a quelque chose que tu dois savoir à propos de ton accident.
La confusion de ses sentiments était pareille à un feu humide sur la lande, dégageant plus de fumée que de chaleur, qui menaçait de l'étouffer, anéantissait l'espoir, consumait tout.
Les nuages gris au-dessus de ma tête m'évoquent toujours un couvercle de cercueil, mais devant moi, plus près de la côte, le soleil brille, illuminant le patchwork doré des champs, les doux reliefs des basses terres.
Si seulement il en allait de même pour l'amour, songea-t-il en s'engageant de nouveau sur la route des macchabées. Si seulement on pouvait le réparer, le rétablir, le restaurer...Mais quand la confiance n'existait plus dans un couple, dans une famille, que devenait-on ? Quand les relations se teintaient de défiance, voire de mépris, où est-ce que ça menait ? Vers quelles sombres contrées ?
Il était d'humeur encore plus sombre que les pins et, pour une fois, ne parvenait pas à se vider la tête dans la nature sauvage de Dartmoor.
Tout en roulant, j’aperçois le long de la route des corneilles perchées sur les poteaux téléphoniques, qui m’observent.Silhouettes noires. Yeux noirs .
Je déteste ce nouveau chaos mental, ce sentiment bizarre, depuis l’accident, que mon esprit est devenu semblable à l’un de ces grands placards de cuisine dans la grande maison victorienne de ma mère, sur la côte à Salcombe. Ils étaient poussiéreux, encombrés de tout un bric-à-brac, et, chaque semaine, ma chère maman écolo, hippie dans l’âme, y dénichait un pot de moutarde bio ou de miel de Manuka dont elle avait oublié l’existence et s’exclamait : « Tiens, je ne me souvenais pas qu’on avait ça ! »
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C’est l’impression que me donne mon cerveau aujourd’hui : je ne sais pas trop ce qu’il contient. J’y entrepose des choses qui ont tendance à s’égarer, ou alors j’en découvre certaines qui sont souvent inutiles, périmées, éminemment déplaisantes.
Mon propre cerveau me joue des tours.
Je les entends toujours bavarder et pouffer. Mon soulagement est inexprimable. Ce n'est pas ce que j'avais en tête; ce n'est pas la scène idyllique dont j'avais rêvé:deux gamines en train de gambader sur notre magnifique île, ramassant des palourdes et des porcelaines, essayant de repérer les phoques qui remontent le courant depuis Kinloch. Non, elles sont toutes les deux captivées par un iPad, à l'intérieur. Elles pourraient être à Londres, voire n'importe où. Mais peu importe, parce que ce moment pourrait marquer le début d'une renaissance.
Quoi qu'il en soit, il est tout le temps irritable ou distant. Il me fait penser à Torran sous l'orage - sombre, repliée sur elle-même, presque rebutante.
Après avoir relevé sa capuche, Angus précédé par le faisceau de sa lampe, affronta les bourrasques en direction de la chaussée. C'était bien une pluie typique d'Ornsay en hiver - diluvienne, du genre à vous mouiller deux fois : quand elle tombait, et quand elle giclait sur les rochers et la vase.
Que peut-on ressentir quand on ne sait pas qui on est ? Quand on ne sait pas quelle version de soi est morte ?
Qui sont tous ces gens, avec leur gaieté de façade et leurs petits mensonges aimables ? Je ne leur en suis pas moins reconnaissante de leur présence, qui retarde le moment inévitable, le contrecoup que je sais imminent. Alors je serre des mains et accepte de les paroles de consolation, avant de monter dans une voiture garée près de la grille de l'église. Josh nous conduit, Lydia et moi, au Selkie, où Molly et lui nous ont aidés à organiser une sorte de veillée. Angus y emmène mes parents. Il en profitera sûrement pour se quereller avec mon père pendant le trajet.