Puis il referma la porte et se glissa dehors vers son destin.
Les traces de ses pas s'effaçaient derrière lui grâce à la diligence de la neige. Les maisons, qui semblaient pourtant si proches, s'estompaient, à peine les avait-on dépassées. Vers le nord se dessinait un couloir que le regard creusait dans le noir. C'est du moins ce que ressentait Békas en avançant péniblement. Il ouvrait grand les bras sans parvenir à toucher aucun mur.
Il s'agenouilla près du matelas, rabattant sur ses cuisses son épais manteau :"Comment te sens-tu ?" Elle continuait de le fixer, toujours confuse. Sa lèvre inférieure trembla à deux reprises. Il détourna son regard et dévora des yeux la forme enveloppée qui reposait près d'elle.
La chose ne prit que quelques secondes. Békas fut si rapide qu'il n'eut pas conscience de ce qu'il lui arrivait, mais après que la fille l'eut violemment repoussé, il ressentit l'appétit éternel du corps : explorer ce qu'on ne cesse de découvrir.
Comme à son habitude, mollah Benav, le fils de Kojaré, essaya d'arborer un air digne. Il sourit sans découvrir ses dents qu'il avait grandes et solides, puis leva les mains et murmura la première sourate du Coran.
Le pouls de Békas battait de façon désordonnée, et son souffle devenait saccadé. S'il avait connaissance de la chose, il lui restait à en découvrir l'arôme, et un léger mouvement de son corps y suffisait.
Le Khabour est un prince parmi les fleuves, large et fougueux comme une tempête. Sur ses deux rives se serrent les peupliers reliés entre eux par des fourrls de ronces aux rouges mûres sauvages, ou bien les saules pleureurs qui lâchent vers l'eau leur feuillage semblable à une chevelure.
Il laissa monter dans l'air les volutes de ses soucis, féconds comme les graines de potirons autour des étangs.
En remettant la petite plume grise qui s’était élevée dans les airs bien à sa place, tout au fond
Quelques jours avant le prétendu départ de son fils Mem pour cette prétendue île, après cette nuit durant laquelle ce dernier, résistant aux cris tentateurs des chacals, avait dû lutter pour ne pas quitter son lit et rejoindre la meute…
Combien de fois, sous le regard vert et froid de mon frère, j’ai eu la sensation de m’envoler, sans pourtant m’élever d’un pied au-dessus du sol !