Le criquet de fer marque dès ses premières pages, ses premiers mots, sa cruelle nature, ou sa cruauté naturelle.
Récit d'une enfance où les seules joies éprouvées viennent de la souffrance des autres, de la puissance de son corps imposée aux éléments, aux êtres vivants plus faibles, le criquet de fer raconte, à travers les yeux d'un gamin, les privations subies par l'arrivée des "bédouins" dans un village syrien proche de la frontière turque.
Bien éloignée des analyses géopolitiques et des concertations politiques, la situation décrite ici l'est sans fard, sans frontière ni perspectives : seuls subsistent les barbelés qui tranchent la chair, la nécessité de se nourrir, les exactions commises par des hommes qui viennent et disparaissent.
Profondément écoeurant et insupportable, le criquet de fer laisse entrevoir le monde dans lequel naissent et grandissent des enfants qui n'ont d'autres choix que la survie, et dans lequel tout amour est absent et semble relégué à une lubie intellectuelle intégrée à grands renforts de romans, d'art et de littérature délicats.
Comment dès lors, dénoncer cette cruauté, quand elle transpire de toute part, de tout ce qu'ont connu ces enfants que l'on ne peut s'empêcher de voir dans toutes les zones aujourd'hui sujettes à des conflits sans fin ?
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Salim Barakat passe par le monde animal pour mieux suggérer celui des hommes. Cette morale noire s’abstient de tout signe de commisération.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Le Khabour est un prince parmi les fleuves, large et fougueux comme une tempête. Sur ses deux rives se serrent les peupliers reliés entre eux par des fourrls de ronces aux rouges mûres sauvages, ou bien les saules pleureurs qui lâchent vers l'eau leur feuillage semblable à une chevelure.