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Citations de Salman Rushdie (668)


François Busnel : " Quichotte " est un passionnant voyage dans l'Amérique de Trump , un voyage au pays des fake news , de la post vérité , des faits alternatifs .... Comment est né ce roman ?

S . Rushdie : Au départ , j'ai eu la sensation d'écrire un essai sur ce qui venait d'arriver avec l'élection de Trump . Sous la forme d'un récit de voyage . Je m'étais dit qu'il serait intéressant de refaire le voyage en Amérique de Tocqueville ( De la démocratie en Amérique ) , mais dans une autre direction : je serai parti de New-York pour aller vers l'Ouest . Je me souviens que pour mes 66 ans , j'ai eu le fantasme de " faire " la route 66 . Je ne l'ai Jamais faite ...... Et je me suis toujours senti un peu piteux de ne pas avoir été au bout de ce rêve . Alors j'ai dit à mon plus jeune fils , Milan , qui avait 18 ans : " veux tu venir avec moi ? " .J'avais dans la tète que le regard d'un jeune homme sur l'Amérique serait intéressant . Il m'a aussitôt répondu : " Oui super " , puis " mais , papa , c'est toi qui va conduire ? " Mais assez vite , j'ai changé d'avis quant à mon projet de départ . Mon outil le plus important , c'est l'imagination . Si je me limite aux circonstances réelles , à ce que je vois , je fais du journalisme . C'est très bien , mais ce n'est pas mon travail qui est d'écrire des romans ....

Hasard , nous fêtions à ce moment là le double anniversaire de Cervantès et de Shakespeare Qui sont tous les deux morts en 1616 . J'ai donc relu " Don Quichotte " cinquante ans après ma première lecture et j'ai découvert un livre extraordinaire ! J'ai donc écrit la version imaginaire de ce voyage à la manière de Quichotte et de Sancho .
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Il pensa: la vie n'est que fureur. La fureur - sexuelle, œdipienne, politique, magique, brutale - nous hisse à nos plus subtils sommets et nous précipite dans nos plus vulgaires abîmes. C'est de la fureur que naissent la création, l'inspiration, l'originalité, la passion, mais aussi la violence, la douleur, la destruction implacable et l'échange de coups dont on ne se remet jamais. Les Furies nous traquent ; Shiva danse sa danse furieuse pour créer et aussi pour détruire. Mais peu importe les dieux ! Sara fulminant contre lui représentait l'esprit humain sous sa forme la plus pure, la moins socialisée. C'est cela que nous sommes, ce que nous déguisons en nous polissant - la terrible bête humaine qui est en nous, le seigneur-créateur, autodestructeur et sans entraves. Nous nous hissons l'un et l'autre jusqu'aux cimes de la joie. Nous nous dépeçons l'un l'autre sans pitié.
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Un exemplaire de son roman avait été cloué sur un morceau de bois et enflammé : crucifié puis immolé . C'était une image qu'il était incapable d'oublier : ces visages heureux de leur colère , s'en réjouissant , croyant que leur identité provenait de leur rage .........

Il regarda son livre brûler et pensa bien sûr à Heine : " S'ils brûlent des livres , ils finiront par brûler des gens " . Cette phrase extraite " D'Almansor " , écrite de manière prophétique plus d'un siècle avant les bûchers nazis et gravée plus tard à même le sol de l'Opernplatz de Berlin à l'endroit même de l'ancien autodafé nazi , la verrait-on un jour inscrite sur le trottoir du Tyrls pour commémorer ce méfait moins important certes , mais tout de même honteux ? Non se dit-il , sans doute pas . Même si le livre brûlé dans " Almansor " était le coran , et les brûleurs de livres des membres de l'inquisition .
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Cette histoire [celle du roman] parle de notre passé, d’une époque si lointaine qu’il nous arrive parfois de nous disputer quant au fait de savoir si on doit l’appeler histoire ou mythologie. Certains d’entre nous parlent de contes de fées. Mais il est un point sur lequel tout le monde est d’accord : raconter le passé, c’est aussi raconter le présent. Raconter quelque chose d’imaginaire, c’est aussi raconter la réalité.
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Voici donc l'histoire d'une jinnia, une grande princesse du peuple des jinns, connue sous le nom de Princesse de la Foudre parce qu'elle maîtrisait le tonnerre, qui aima un mortel il y a bien longtemps, au XIIe siècle, comme nous allons le raconter, et de ses nombreux descendants, de son retour dans notre monde après une longue absence où elle tomba de nouveau amoureuse, du moins un certain temps, avant de partir en guerre. C'est aussi l'histoire de nombreux autre jinns, mâles et femelles, certains qui volaient et rampaient, des bons et des méchants et d'autres qui étaient étrangers à toute morale, et c'est enfin l'histoire de cette période de crise, de cette époque chaotique que nous appelons le temps des étrangetés, laquelle dura deux ans, huit mois et vingt-huit nuits, c'est à dire mille nuits plus une. Et s'il est vrai que nous avons vécu un autre millénaire depuis cette époque, nous sommes tous à jamais transformés par ces temps-là. Pour le meilleur ou pour le pire ? C'est à notre avenir d'en décider.
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Dans l'Angleterre du XXVIIème siècle,Matthew Hopkins "le responsable de la chasse aux sorcières" avait mis au point un procédé pour détecter la sorcellerie.On lestait la femme accusée,de pierres et on la jetait dans une rivière ou un lac.Si elle flottait,c'était une sorcière et elle méritait le bucher.Si elle coulait et se noyait,c'est qu'elle était innocente.
A présent c'était lui qui était sur la sellette.
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La littérature s'efforçait d'ouvrir l'univers, d'augmenter, ne serait-ce que légèrement, la somme de ce que les êtres humains étaient capables de percevoir, de comprendre, et donc, en définitive, d'être
La grande littérature s'aventurait aux frontières du connu et repoussait les limites du langage, de la forme, des possibilités pour que le monde se sente plus grand, plus vaste qu'auparavant. On était cependant à une époque où les hommes et les femmes étaient poussés vers des définitions plus étroites d'eux-mêmes, où ils étaient encouragés à revendiquer une seule identité, Serbes ou Croates, Isréliens ou Palestiniens, Hindous ou Musulmans ou Chrétiens ou Baha'i ou Juifs, et plus leur identité rétrécissait, plus le risque de conflit entre eux était grand.
La vision qu'avait la littérature de la nature humaine encourageait la compréhension, la sympathie, l'identification avec des gens différents, mais le monde poussait les gens dans la direction opposée, vers l'étroitesse, la bigoterie, le tribalisme, l'esprit de culte et la guerre....
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"L'Inde Mère avec son faste criard et son mouvement inépuisable, l'Inde Mère qui aimait, trahissait, mangeait et dévorait ses enfants puis qui les aimait de nouveau, ses enfants dont les relations passionnées et les querelles sans fin allaient bien au-delà de la mort; elles s'étendaient dans les immenses montagnes comme des exclamations de l'âme, et le long des larges fleuves charriant miséricorde et maladie, et sur les plateaux arides ravagés par la sécheresse sur lesquels des hommes entamaient la terre stérile à la pioche; l'Inde Mère avec ses océans, ses palmiers, ses rizières, ses buffles aux trous d'eau, ses grues aux cous comme des portemanteaux perchées sur la cime des arbres, et des cerfs-volants tournant hauts dans le ciel, et les mainates imitateurs, la brutalité des corbeaux au bec jaune, une Inde Mère protéenne qui pouvait devenir monstrueuse, qui pouvait n'être qu'un ver sortant de la mer [...], qui pouvait devenir meurtrière, qui dansait avec la langue de Kali et le regard qui louche pendant que mourraient les multitudes; mais au-dessus de tout, au centre exact du plafond, au point où convergeaient les lignes de toutes les cornes d'abondance, l'Inde Mère avec le visage de Belle." (p. 77)

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La naissance est-elle toujours une chute ?
Les anges ont-ils des ailes ? Les hommes peuvent-ils voler ?
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[...] nous possédons déjà ce que nous cherchons ardemment.
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-OxyContin, Khandaan; ils donnent énormément, dit-elle, jouant son atout. Leur nom de famille jouit d'un tel respect. Tu n'aimerais pas que le tien en jouisse, lui aussi?
-De quoi me parles-tu? dit-il, l'air intéressé à présent.
'Ils ont tellement, tellement d'ailes. Une aile du Metropolitan Museum qui porte leur nom. Une aile du Louvre également et aussi une aile de la London Royal Academy. Un oiseau qui a tellement tellement d'ailes peut voler tellement tellement haut.
-Nous ne sommes pas des oiseaux. Nous n'avons pas besoin d'ailes.
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Elle avait toujours la réputation de l'ensorceleuse, qui pouvait jeter une maladie si on ne s'inclinait pas sur le passage de sa litière, une sorcière qui avait le pouvoir de transformer les hommes en serpents du désert quand elle en avait assez d'eux, et de les attraper par la queue et de les faire cuire avec leur peau pour son dîner.
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Voilà ce qu'il m'a dit. Qu'il veut accomplir un rite de purification personnelle avant de s'embarquer dans sa quête incertaine. Pays indien, ne cesse-t-il de répéter même si je lui demande d'arrêter de faire cette blague, elle ne marche pas. Il veut s'asseoir, jambes croisées dans le cœur du cœur du pays et invoquer les précurseurs de la quête. Je ne vois pas de qui il veut parler. Si, je vois. Il pense à Jason à bord de la nef Argo en route pour la Colchide afin de trouver la Toison d'or, à messire Galaad, le seul chevalier de la Table ronde à l'esprit assez pur pour qu'on lui permette de voir le Graal. Il a la tête pleine de ces sornettes. Le voyage des Trente Oiseaux pour retrouver le Simurgh, le dieu-oiseau. Le cheminement de Christian, le pèlerin vers la Cité céleste. Et naturellement la quête des femmes. Rama à la recherche de Sita qui a été enlevée. Mario, le plombier, escaladant tous les niveaux pour sauver la princesse Pêche du méchant Bowser. Et le poète italien, D. Alighieri, traversant l'Inferno et le Purgatorio pour retrouver sa béatifique Béatrice au Paradiso.
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Nos petites vies sont peut-être le maximum que nous soyons en mesure de comprendre.
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Dieu est mort et l'identité remplit le monde.
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Qu'est ce qu'une bonne vie ? Quel en est le contraire ? Voila des questions auxquelles il n'est pas deux hommes qui apporteront la même réponse. En ces temps de lâcheté qui sont les nôtres, nous refusons d'accepter la grandeur de l'Universel pour soutenir et glorifier nos sectarismes locaux, aussi est-il peu de choses sur lesquelles nous puissions nous mettre d'accord. En ces temps dégénérés qui sont les nôtres, des individus qui ne poursuivent que la vanité et le profit personnel - des individus creux et grandiloquents pour qui il n'existe rien d'interdit si cela peut faire avancer leur cause mesquine - vont se présenter comme de grands leaders et des bienfaiteurs agissant pour le bien commun et accusant tous ceux qui s'opposeront à eux de mensonge, de jalousie, de mesquinerie, de stupidité, de rigidité, et au prix de l'exact renversement de la vérité, de malhonnêteté et de corruption.
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L'horloge a toujours quarante minutes de retard, elle est bien élevée, elle n'aime pas être à l'heure.
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(Au député noir Bernie Grant). "Brûler des livres, avez-vous déclaré à la Chambre des Communes, un jour exactement après la fatwa, "n'est pas une question qui intéresse les Noirs". Les objections que soulève une telle pratique sont la preuve, disiez-vous, "que les Blancs veulent imposer leurs valeurs au monde." Je me rappelle que bien des leaders noirs, Martin Luther King par exemple, on été assassinés pour leurs idées. Appeler au meurtre d'un homme en raison de ses idées devrait dès lors apparaître à un observateur extérieur stupéfait comme une chose qu'un député noir devrait trouver horrible. Pourtant, vous n'avez pas protesté. Vous représentez, Monsieur, le visage inacceptable du multiculturalisme, sa transformation en idéologie du relativisme culturel. Le relativisme culturel est la mort de la pensée éthique, il défend le droit des prêtres tyranniques à exercer leur tyrannie, celui des parents despotiques à mutiler leurs filles, celui des bigots à détester les homosexuels ou les Juifs, parce que c'est inhérent à leur culture d'agir ainsi.

p. 279
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Selon une certaine façon de voir les choses, l'homme qui a pour but de se créer s'approprie le rôle du Créateur ; c’est anormal, un blasphémateur, l'abomination des abominations. D'un autre point de vue, on peut imaginer en lui du pathos, de l'héroïsme dans sa lutte, dans sa volonté de prendre des risques : tous les mutants ne survivent pas. Ou bien, considérons-le sous un angle socio-politique : la plupart des migrants apprennent, et peuvent devenir des masques. Nos descriptions fausses, pour contrecarrer les mensonges inventés à notre sujet, cachent pour des raisons de sécurité nos moi secrets.
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"C'est malsain, déclara-t-il. Toute cette ségrégation des deux sexes. Il ne peut rien en sortir de bon."
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