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Critiques de Sandrine Bourguignon (17)
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Quelque part dans la nuit des chiens

La nuit, forteresse géante où cogne sur les murs blindés la jérémiade des rebuts, des fous, des parasites.



On les entend les chiens, ils hurlent comme des loups en cage. La souffrance est une plaie ouverte d'où coule une hémorragie sans fin.



L'hopital psychiatrique dans la nuit, dans les murs ouvrent ses grilles pour soigner des âmes en peine et en déroute. Médicaments, camisole, mutisme, ils finissent tous encore plus fous.



La psychologue Claire a en charge les patients de l'hôpital psychiatrique, sauver les âmes, les guérir, les comprendre. Surtout lui, Anthony 19 ans qui lui rappelle l'enfant qu'elle n'a pas eu il y a 19 ans... Il a toujours eu beaucoup d'amour à donner, Anthony et personne qui n'en a jamais voulu de son amour.

Alors dans la cage aux fous, dans la cage de ceux qui vivent mal avec la souffrance, de ceux qui écorchent leur peau à la lame du chagrin, il y a tous les fantômes, les vampires partout qui menacent entre les murs. La guerre est intérieur. Anthony et les autres autant de colis en souffrance en transit dans les non-lieux du no man's land.



La marge est faible et fragile entre Claire et ses patients. L'écho du malheur résonne en elle, les orgues jouent la pléiade de la mélancolie, elle tombe, se relève, espère, désespère. Ses doigts se crispent et se détendent : index, majeur, annulaire, auriculaire et retour.



Nous voilà plongés dans le noir à entendre les plaintes, les gémissements, les appels à l'aide, plongés dans une brume puissante à la force de mots saccadés. Une logorrhée de mots à maux qui fait de ce roman un récit sanglant et poignant au coeur même de ces laissés pour compte dont le bonheur n'a pas voulu d'eux.



Index, majeur, annulaire, auriculaire et retour.



Quelque part dans la nuit des chiens...



Aboient,

Dorment,

Agonisent,

Supplient,

Espèrent,

Dorment,

Hurlent,

Cognent,

Espèrent,



Oui, quelque part au bout de la nuit, la lumière les attend.
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Quelque part dans la nuit des chiens

Tu vois, Léo, cela faisait longtemps que je n'avais pas pris la peine de t'écouter. Toi l'anar..

C'est ce livre qui m'a rappelé combien tes mots me bouleversaient, et ce matin, ta voix me rappelle la violence et l'ennui...



«  Nous de l'autre côté de la terre et des phrases

Nous des marges Nous des routes Nous des bordels

intelligents



O ma soeur la Violence nous sommes tes enfants

Les pavés se retournent et poussent en dedans  »



Tu sais, Claire, il faudrait être bien endurci et imperturbable pour ne pas prendre en pleine face, ton dévouement aux fous, tes amours fichues, ta pudeur, cette blessure...



« Cette blessure

Où meurt la mer comme un chagrin de chair

Où va la vie germer dans le désert

Qui fait de sang la blancheur des berceaux

Qui se referme au marbre du tombeau

Cette blessure d'où je viens »



Et toi, Antony, que dire de tes peines, de ces tracas qui te lassent et te fracassent, de ta folie...



« La chaise de Van Gogh où tu ne t'assieds pas

Les souliers de Vincent que tu ne chausses pas

L'oreille de ce mec qui ne t'écoute plus

Ces corbeaux dans le blé d'une toile perdue



Je ne m'arrête plus quand je vois la folie

Je fais ses commissions et couche dans son lit »



Et vous, Monsieur Zed, le Cyclope, Fatima et Papillon, comment ne pas être touché par vos aberrations, par votre perdition, par votre désespoir, par votre solitude...



« il est inutile de regarder

devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour. Et...



La solitude... »



Alors, oui, Sandrine, j'ai aimé votre premier livre, j'ai aimé ces mots que vous jetez sur la page blanche comme Van Gogh, au couteau, peignait de gestes saccadés et furieux les près, les champs, le ciel...Et peu importe si vos phrases sont tordues, dédaigneuses de la syntaxe et tellement déroutantes. Elles sont à l'image d'une volonté non-conformiste, d'une révolte qui couve, tout le long du roman. Révolte contre cette loi passée sous le gouvernement Sarkozy, loi « relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge. », qui donne bien trop de pouvoir au préfet, amoindrit celui des psychiatres et transforme le milieu psychiatrique en milieu carcéral.



Merci à l'opération Masse Critique, aux éditions Sulliver pour l'envoi de ce roman fort. Et merci bien sûr à Dixie qui par son merveilleux texte m'a donné envie de lire « Quelque part dans la nuit des chiens »
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Quelque part dans la nuit des chiens

Tu vois c'est rien que ça

c'est rien que de la folie

enfermer pour sécuriser

soigner contre son gré

alors tu écris

entre en résistance

Outre-noir sans mémoire

fausseté sur les mots

brossés dénaturés

en HP jeté-e-s là

blanches et blasées

Quelque part

dans la nuit

des chiens



Sandrine

Bourguignon



Tu vois c'est rien que ça

c'est rien qu'un boulot

t'es là derrière mon dos

les mains crispées

brûlées par le thé

à faire semblant d'écouter

pendant que je crache

haines et souffrances

tu panses



Fatima



Tu vois c'est rien que ça

c'est rien que des mots

des silences et des non-dits

qui gueulent à chialer

à me faire cramer la peau

le crâne à vif

moitié de cheveux fondus

qui me tuent



Antony



Tu vois c'est rien que ça

c'est rien que l'eau salée

le matin dans la gorge

coulent quarante ans

sans embruns

l'oeil absent aux aguets

veille et vacille

Monsieur Zed

toujours en vie



Cyclope



Tu vois c'est rien que ça

c'est rien qu'un livre offert

pour mon anniversaire

que j'ai pas su lâcher

écorchée par les mots

à distance vouloir rester

c'est sans compter

les yeux rivés s'accrochent

aux pages qui filent

et tissent la vie

de Claire et ceux-nous-autres écorchés

paumés comme des chiens

Quelque part

dans la nuit



Dixie pour dire Ellane Merci
Lien : http://page39.eklablog.com/q..
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Quelque part dans la nuit des chiens

Ce roman est une claque magistrale que je viens de me prendre en pleine figure.

C'est un livre qui me parle tellement, qui parle de la souffrance psychique mais aussi de son traitement dans les hôpitaux psychiatriques et dans le monde en général, de l'indifférence et du désespoir qui peut nous habiter.

C'est d'un style violent, haché, percutant, mais poétique et toujours criant de vérité.

C'est un texte qui dénonce notamment la violence d'une politique ultra sécuritaire, qui est plein de bon sens et d'humanité.

C'est émouvant, c'est beau, c'est triste, c'est vrai, c'est sensible.

C'est un texte parfait, un réel coup de coeur mais surtout un coup au coeur.

Je sors réellement chamboulée de ma lecture, c'est un livre que je n'oublierai pas de sitôt...
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Quelque part dans la nuit des chiens

J'ai pas pu ! Pas pu venir écrire une critique à chaud, parce que le coeur gros comme la terre, parce que l'esprit chamboulé, l'âme déchiré par ce que je venais de lire... Et même là, à froid, je peux pas... Je ne peux pas trouver les mots, les phrases, qui mettront en évidence la claque littéraire que je me suis prise... Je peux pas pas... parce que ce livre m'habite encore et m'habiteras longtemps ! Très difficile pour moi de trouver l'angle à prendre, de rendre mon ressenti, et pourtant, je ne suis pas avare de mots habituellement.



Ce livre m'a déchiré, chamboulé, bouleversé... Cette histoire, ces histoires ont résonné dans ma chair, dans mon coeur, dans mon âme... Chaque parcelle de ma peau a frisonnée. Chaque phrase m'est apparu comme un écho venu de je ne sais où. Des mots qui vont droit au coeur et vous le broie. Tout a fait du sens pour moi, tout ! Et Bourguignon écrit tellement bien... ce genre de style incisif, intrusif, martelé, brut, à vif, poignant...



J'y arrive pas ! J'ai beau essayé... ma critique s'arrête ici... parce que j'ai encore le coeur qui bat à cent à l'heure en repensant à ce livre... parce que j'ai les yeux qui baignent, parce que mes doigts s'arrêtent sur chaque mot, parce que tout ce que je peux en dire de plus c'est que c'est un livre à mettre dans toutes les mains... Un vrai de vrai coup de coeur... Et pour piquer une phrase d'Ariane84, un véritable coup au coeur !
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Quelque chose dangereuse

Affûtés. Coupants. Aiguisés. Tranchants.

Tels sont les mots de Sandrine Bourguignon. Une écriture au service d'une histoire vraie, d'un drame passé, un sujet malheureusement toujours d'actualité. Un féminicide. Celui d'une mère. Celle de l'auteure.

L'occasion de nous offrir le portrait d'une femme libre, vivante et attachante. Une issue connue d'avance mais un enjeu dramatique soutenu par les maux de l'auteure qui, dans le récit qu'elle adresse à sa mère, nous font part de sa désolation et reconstruction.
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Quelque part dans la nuit des chiens

C’est difficile de dire en quelques lignes tout le bien que je pense de cet ouvrage. J’ai vraiment adoré, le style, le rythme, l’histoire, les personnages, tout. J’ai replongé le nez dedans pour citer quelques passages, et me suis retrouvée en train de le relire, avec le même plaisir et la même stupeur que la première fois.

Sandrine Bourguignon écrit cette histoire tout en pudeur, en retenue, sans cri, en douceur, dans un style éminemment poétique. L’ouvrage n’est pas structuré en chapitres. Les phrases sont posées, proposées, les unes à la suite des autres, il manque parfois des mots de liaison ou des signes de ponctuation. Le résultat en est la connexion entre 2 mots, pour leur sonorité, pour leur sens : « Claire a frémi tremblé failli défaillir ». Les paragraphes forment une suite d’associations avec un fil directeur pas vraiment académique.



Claire laisse, tant qu’elle le peut, de la place à ses patients, du silence, une présence. Et on a l’impression que l’auteure fait la même chose. Au travers de cette écriture, le roman se lit comme on parle, presque à haute voix, et un rythme se crée, comme on psalmodie, laissant la place au lecteur de se projeter sur le texte, avec ses propres idées, associations, connexions. Les mots entrent en résonance avec nos émotions. Ses personnages, Monsieur Zed, le Cyclope, Fatima, Papillon, toutes ces intimités brisées qu’elle croise, sonnent juste (d’après le 4ème de couverture, l’auteure « anime des ateliers d’écritures dans diverses institutions psychiatriques »).

Et au milieu de cette histoire qui nous entraine par son rythme, sa légèreté de style et sa profondeur de propos, des phrases en gras, pleines de démagogie, de chiffres, de mesures, de factuel rationalisant, agressent nos yeux et heurtent la lecture. Ce sont des extrait d’un discours sur « l’asile sécuritaire » dont on saura pour quoi et par qui il a été prononcé à la fin de l’ouvrage. J’ai quand même envie de dire que ce discours a été prononcé à Antony… bien sûr. L’alternance des tons, des propos, agit comme des chocs.

L’ensemble forme un tout sombre et sublime, désespérant mais sobrement révoltant, triste mais si magnifique.



A noter, le titre du livre, qui m’a pas mal intrigué au départ, est tiré d’une chanson de Léo Ferré intitulée « Il n’y a plus rien ».
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Quelque part dans la nuit des chiens

Il est des livres qui nous parlent, qui nous chamboulent, qui nous percutent. De ces livres, il est bien souvent compliqué de parler ou bien même d'expliquer pourquoi leurs lectures nous provoquent tant d'émotions. Quelque part dans la nuit des chiens est de ces livres et me voilà devant ma page blanche à expliquer l'inexplicable...



Humain, voilà le mot qui me vient au moment d'écrire ma critique. Humain, toutes les personnes malades ou non, étrangers ou non, dans la pseudo normalité ou non : nous sommes tous humains et en tant que tel nous devrions être traités. Humain comme les mots de ce livre qui nous livre le quotidien dans un hôpital psychiatrique.



Et pourtant... inhumain. Inhumain le discours sécuritaire qui sert de fil conducteur au livre. Inhumain, la façon dont les malades sont parfois traités au nom des idées sécuritaires bien pensantes. Inhumaines les situations quand l’hôpital n'a plus les moyens de faire face et de soigner les patients comme il le devrait.



Claire, psychologue nous livre une part d'elle même et une part de la vie de ses patients : une part d'humanité dans un monde qui ne sait plus ce que ce mot veut dire.



Sandrine Bourguignon frappe et frappe juste. Percutant et rythmé, son récit ne vous laissera pas indemne. Alors venez, venez rencontrer Antony, Monsieur Zed, le Cyclope ou Fatima. Venez et réfléchissez, les traitons-nous comme nous le devrions...
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Quelque part dans la nuit des chiens

Tout d'abord, je remercie les éditions Sulliver et les organisateurs de l'opération Masse Critique de m'avoir permis de faire cette belle découverte littéraire.



En filigrane, un discours : celui prononcé par Nicolas Sarkozy le 2 décembre 2008, après qu'un patient schizophrène ait poignardé un étudiant à Grenoble. Discours qui donna lieu en 2011 à la "Loi relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge", loi qui instaure la notion de soins sans consentement.

Ce discours accompagne l'auteure et son personnage, Claire, tout au long du récit, et ce sont deux points de vues qui s'opposent au fil de la lecture : la vision de l'homme politique, son (non) regard sur la psychiatrie, les moyens qu'il entend mettre en œuvre pour améliorer la qualité des soins, un regard totalement décalé de la réalité... Réalité qui nous est dépeinte au travers du regard de Claire qui elle, la vit au quotidien.

Claire est psychologue dans une unité de soins psychiatriques. Professionnelle, profondément sensible et empathique, impliquée dans son travail ; humaine avant tout, avec son histoire, ses problèmes, ses fêlures. On devine une femme à fleur de peau, à la fois forte et vulnérable, bienveillante à l'égard de ces patients qu'elle s'attache à écouter et considérer, simplement, dignement ; une femme touchée par leurs maux, indignée par l'impuissance, l'incompétence, l'incapacité à soigner.

Cette réalité, Sandrine Bourguignon nous la décrit à l'hôpital, dans l'intimité, à travers les ressentis, les mots, c'est aussi la rencontre avec Antony, la frontière entre deux mondes...

Une écriture singulière, subtile et percutante, Quelque part dans la nuit des chiens est un récit fin et poignant dont je recommande la lecture
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Le nom d'un fou s'écrit partout

Apprendre à voir et à écouter



« Vous avez décidé à soixante-dix-sept ans d’écrire votre vie, et vous dites que ce projet aura habité votre esprit comme une chauve-souris s’agrippe aux combles d’une vieille maison. Écrire comme elle vole, à l’aveugle, à l’estime et guidée par son propre cri ». Dans une adresse à Fernand Deligny, Sandrine Bourguignon donne corps à une biographie pleine de mots et d’images, d’enfants et d’adolescents, de miettes et d’un fil rouge.



Je souligne le rythme propre de l’autrice, la scansion des phrases, le choix des mots. Elle suit le fil d’une vie, fait sienne l’autre langue. Elle donne à lire la longue attente de l’enfance, l’écriture à l’intérieur « du trou du langage », le silence et les mots, les odeurs transformées en phrases, « Je ne fais pas une enquête sur votre vie, vous n’êtes ni coupable ni suspect et vous avez droit à vos jardins. Secrets »…



L’exil d’un enfant, la citadelle d’une enfance, la vie en contrebande, les traces qui persistent en nous, le monde construit contre l’égarement dans le monde, la découverte de l’asile, « Le nom d’un fou s’écrit partout », l’écriture comme une baleine blanche, la désertion, « Vous prenez la tangente et vous déviez. Dévissez », la brèche aux loups, l’ouverture d’une porte, la réparation de quelque chose, l’autre cours de la vie.



« Il faudrait pouvoir faire tourner la terre dans l’autre sens mais pour le moment, il y a cet oiseau, mauvais augure, qui insiste et revient taper à la fenêtre de votre existence ».



La vie continue, le cri retenu, le souffle au cœur du langage, les fantômes marchand vers la mer, l’écriture, le temps de l’Occupation, la vie à contresens, l’extermination douce des fous, l’écriture comme unique recours, « légitime défense », le ravissement du mot échappement, le bâti du monde et le béton des hommes.



Sandrine Bourguignon suit le parcours, « par un long détour, peut-être », le sens de l’humain, l’éradication des parasites de l’enfance, les conditions sociales des enfants, les tris et les vomissements, « Vous dites que c’est à vomir et vous vomissez », le je et le « nous anonyme », la force de l’imagination, l’être au monde comme poète, les acrobaties adaptatives et ceux qui ne les réussissent pas, l’écriture et Les Vagabonds Efficaces, les interstices dans le rétrécissement général des vies, la langue creusée, les ricochets, le changement de la lumière du monde, l’enfant autiste, les béances, l’usage de la camera et du film, les rencontres, les mots cailloux, le fil de l’existence perdue, l’enfant déserté, les autres boussoles pour d’autres points cardinaux, les rescapés… « Il est quatre trente du matin et c’est l’heure où vous mourrez ».



Un portrait au sens plein d’une représentation qui n’en reste pas à la surface.



L’imagination sans la violence de ceux qui forcent les portes.
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Quelque chose dangereuse

Une première page assassine, sans sommation : la mort « réelle et constante » d'une femme, une rivière en crue, un avis d'expulsion. Damned ! Où sommes-nous ? Que s'est-il passé ?

Dans la maison de son enfance, juste avant l'engloutissement par la crue, une femme ouvre les cartons des archives de sa mère, assassinée il y a vingt ans de cela. Elle nous raconte sa vie, leur vie. Elle nous dresse le portrait d'une femme incroyablement libre, lumineuse, vivante, attachante. le texte adressé de la fille à sa mère, en forme de reconstitution, de reconstruction, est criant de vérité. Bien que nous connaissions l'issue fatale, la tension dramatique est constante. Les dernières pages sont particulièrement difficiles à tourner, comme si nous pouvions suspendre le temps et empêcher le drame d'advenir.

L'écriture est d'une poésie et d'une force inouïe, Sandrine Bourguignon aime les mots, elle joue avec et les enchante.

Un texte détonant, déflagrant, désarmant. Magnifique.
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Quelque part dans la nuit des chiens

Un livre magnifique qui raconte tout en pudeur et en retenue la vie tout simplement la vie d’une psychologue face à des malades auxquels elle apporte une attention plus que ce qui est dans les manuels. Elle ne vit que pour eux.

Tout le roman est interrompu très souvent avec les phrases du discours du président de la République Sarkozy le 2 décembre 2008 à l’hôpital psychiatrique d’Antony, quelques jours après qu’un patient se soit échappé et poignardé un étudiant à Grenoble. C’est dans la note de l’éditeur à la fin du roman …

L’Assemblée, en écho avait voté une loi reprenant entre autres la « notion de soins sans consentement » un collectif de 39 professionnels qui refusent les projets sécuritaires qui font du malade une personne qu’il faut enfermer »

L’auteure dont c’est le premier roman nous entraine dans cet univers douloureux avec énormément d’humanité. A lire .
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Le nom d'un fou s'écrit partout

" Si l’enfermement n’est pas une hypothèse, l’asile, lui, devient une tentative puis une certitude. « […] car en vérité l’asile est le seul endroit au monde où vous vous êtes un jour senti à l’abri. / Des hommes. » Il est le refuge à l’intérieur duquel l’aventure est permise pour écrire cette langue à venir. La marge de manœuvre possible. Sandrine Bourguignon coupe certaines de ses phrases avec un artifice parfois maladroit alors que la simplicité lui va si bien. La discrétion avec laquelle elle mène son récit fait résonner d’autant plus fort les quelques moments où elle se laisse apparaître en la compagnie des manuscrits qu’elle parcourt. « Dans votre vie. La mienne. » La solitude de Deligny grandit à mesure que l’auteure interroge la peur de l’oubli. « Vous aurez été de ces écritures à l’encre sympathique, qui n’auront laissé de traces, nulle part. » Nulle part, si ce n’est jusqu’à aujourd’hui dans ce livre."
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Quelque chose dangereuse

Dans la maison qu'elle vide, car elle va être engloutie par les eaux, la narratrice évoque sa relation particulière à sa mère, victime d'un féminicide. Dans son quatrième roman, grâce à l'originalité du style et la force des sentiments, Sandrine Bourguignon nous entraîne dans un récit bouleversant.

A partir d'une histoire vraie, d'un crime perpétré à Rueil-Malmaison des années auparavant, surgit un magnifique portrait de femme.

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Quelque part dans la nuit des chiens

J'avais choisi ce roman car le sujet me semblait intéressant. Quand j'ai lu la 4eme de couverture nous annonçant l'histoire de Claire, psychologue sensible et humaine qui essaie de sauver son patient, j'ai tout de suite eu très envie de découvrir ce livre. J'étais impatiente de me plonger dans ce monde. Mais dès les premières pages j'ai été surprise et déstabilisée par le style de l'auteur qui a choisi d'adopter une écriture syncopée, télégraphique pour un livre de 153 pages sans aucun chapitre. Cette plume peu commune m'a posé un réel problème de lisibilité et de compréhension. J'ai donc fait une coupure, une grande pause au milieu du roman et demandé quelques conseils à des amis lecteurs afin de pouvoir terminer le livre dans un meilleur état d'esprit. J'ai repris la lecture en faisant abstraction du style, en me concentrant sur l'histoire et les personnages et je l'ai fini d'une traite. D'ailleurs je pense que ce roman doit se lire mieux sans interruption. J'ai apprécié certaines choses : il y a des émotions, de la poésie, les personnages qui sont décrits avec une certaine douceur et beaucoup de sensibilité. Mais attention car en se retrouvant aussi proche de personnages bancals et psychologiquement déséquilibrés le lecteur risque de se retrouver face à son propre côté sombre. Ce roman n'a pas été un coup de cœur pour moi, je reste marquée par la difficulté du style d'écriture et le pessimisme de l'histoire. Pour finir quand même sur une note positive, je relèverais un court passage que j'ai beaucoup aimé : "En débarrassant la table elle se dit que parfois, la vie c'est comme la mousse au chocolat, ça ne prend pas, une chiasse molle, on a pourtant mis tous les ingrédients. Une question de tour de main sans doute. Un savoir-faire, le savoir-vivre."
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Le nom d'un fou s'écrit partout

Texte magnifique à la découverte d'un personnage hors du commun, Fernand Deligny. A travers des archives et sur le mode du vouvoiement, Sandrine Bourguignon produit une biographie aussi peu conventionnelle que le parcours de celui qu'elle suit à la trace à dans ses errements, ses intuitions géniales comme ses échecs, sa vision particulière de l'autisme, ses livres, ses films. Un vrai voyage.
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Le nom d'un fou s'écrit partout

Le nom d’un fou s’écrit partout est la biographie de Fernand Deligny, né en 1913, mort en 1996, homme passionné et passionnant, ayant consacré une bonne part de sa vie à recueillir dans divers lieux ouverts et expérimentaux des enfants autistes et psychotiques, dans des conditions très précaires. Il a également écrit, filmé, il s’est battu contre l’ordre établi. Il a croisé Jean Oury et Felix Guattari, François Truffaut et d’autres personnalités marquantes de l’après-guerre. Il fut communiste (« un prêt à penser à votre mesure. Vous l’attrapez comme un vieux chandail élimé à portée de main sur le cintre »). A sa mort, il laissa des enfants, les siens et ceux qu’on lui confia, dont il prit soin selon des méthodes peu orthodoxes. Il laissa des livres plus ou moins confidentiels, plus ou moins obscurs, et des kilomètres de bobines.

Il rappelle parfois François Augiéras, dont il est contemporain et vécut dans une extrême pauvreté.

Les engagements de l’homme, sa quête de liberté résonnent particulièrement avec notre époque de restrictions tous azimuts.

Mais le livre de Sandrine Bourguignon tient et retient aussi par sa langue. Précise, heurtée. Posant des points où on ne les attend pas comme des butées dans un mur – tous les murs auxquels se heurta Fernand Deligny au long de sa vie. Dans ce récit au « vous » adressé et nourri des notes autobiographiques déposées à l’IMEC, Sandrine Bourguignon livre des réflexions sur la vie, sur la langue, l’écriture qu’on pourra aisément faire nôtres.

« On ne sait jamais ce qui manque à nos existences. On sait bien sûr qu’il y manquera toujours quelque chose. Quelqu’un. On sait que nous sommes bâtis sur un ratage, un loupé, on sait les bras morts. »

« L’écriture comme unique recours.

Légitime défense. »



Le texte est entrelardé de titres et inter-titres qui sont des citations de Deligny. « Quelque chose en nous reste béant, et voilà tout », « à fous perdus », « à bout d’âme, comme on dit » « il faut de tout pour tracasser le monde ». À défaut de l’autobiographie sans cesse remise sur le métier par Deligny, et jamais achevée, on pourra lire Graine de crapule, on pourra s’étonner, s’enthousiasmer, rêver sur ces lignes d’erre – magnifiques cartes dessinant les parcours des enfants autistes sur le site où ils vivent et que Deligny considérait comme retranscription d’un langage non verbal. « Je crois que vous venez de découvrir le langage parfait. Une langue sans aucun mot et où tout serait dit »

Deligny fut une personnalité hors norme, fuyant toute autorité, toute institution, et notamment l’institution psychiatrique (« ce que nous voulons c’est apprendre aux gosses à vivre, pas à mourir, les aider, pas les aimer »). Sandrine Bourguignon lui rend le plus beaux des hommages par ce texte de poète, à l’écriture singulière.



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