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Critiques de Scholastique Mukasonga (326)
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La vache du roi Musinga et autres nouvelles..

J'ai voulu approfondir mes lectures sur l'Afrique qui sont pauvres. Mais ce recueil m'a déçue. Peut-être le genre nouvelles me convient-il mal. Je n'ai pas adhéré aux deux premières, le style conte africain ne m'a pas emballée, je l'ai trouvé peu fluide. En revanche j'ai bien aimé la troisième, beaucoup plus réaliste. Malgré cette impression en demies teintes je pense retenter cet auteur avec son roman "Notre-Dame du Nil".
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La vache du roi Musinga et autres nouvelles..

C'est par la petit porte de la nouvelle que Mukasonga nous fait entrer dans le Rwanda d'avant génocide. L'écriture est fluide, rapide, évocatrice. Les personnages sont palpables. Et le cadre raconté ne ressemble pas à ce qu'on a l'habitude de lire.



De ses trois très courtes nouvelles, que je ne raconterai pas, on aperçoit un pays en pleine mutation. Malgré le regard enfantin, quelque chose de sombre se dégage de ces contes envolés et presque féériques.



Autant dire qu'on a envie de découvrir toute son oeuvre après cette (si) brève rencontre.
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Notre-Dame du Nil

C'est [la] montée en puissance de l'horreur, mais aussi l'histoire complexe du "pays aux Mille Collines" que Scholastique Musakonga nous conte avec une grande finesse.
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Notre-Dame du Nil

Il aura fallu moins de dix pages à Scholastique Mukasonga pour planter tout le décor du livre.

Des « demoiselles promises à un beau mariage » et qui savent ce qu’elles valent car, pour leurs pères tous haut placés, le mariage c’est de la politique. Une statue, Notre-Dame du Nil, inaugurée en grande pompe au temps de la colonisation et qui porte les traits d’une femme tutsi. Un vieux blanc illuminé qui reconnaît dans cette statue une déesse égyptienne. Des photos englouties sous la poussière avec des personnages barrés d’un gros trait rouge.

Gloriosa qui dit en riant : « Un coup de stylo, un coup de machette, et pffft…, fini les Tutsi. » Et Veronica qui se demande quand, sur la photo de classe annuelle, elle sera « elle aussi barrée d’un trait rouge ».

Après, il nous restera à suivre Gloriosa, Modesta, Goretti, Veronica, Immaculée, Godelive, Virginia et les autres dans le quotidien de leur existence de pensionnaires et la montée progressive d’un racisme tantôt rampant, tantôt virulent, qui mènera plus tard au génocide que l’on sait.

Roman ou histoire réelle ? Le livre ne le dit pas ; c’est sur internet qu’on apprend qu’il s’agirait d’un roman. Parlons alors d’une histoire romancée : ce serait sans doute plus juste.

Un livre « à l’ombre des jeunes filles en fleurs » et à l’ombre d’une sourde violence. Une ombre qui s’assombrit au fil des pages et par moment nous prend à la gorge.

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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame du Nil, Prix Renaudot 2012, premier roman de Scholastique Mukasonga est également le nom de ce pensionnat catholique de jeunes filles perché sur une colline qui reçoit l'élite féminine du pays, le Rwanda. Y sont scolarisées les filles de notables, de militaires, de commerçants, et de politiques, Hutus. Cette institution est tenue par des enseignants français et des religieuses belges et il ne peut y avoir plus de dix pour cent d'élèves Tutsis, dont font partie Veronica et Virginia. L'histoire se passe dans les années 1970. Gloriosa, fille de ministre Hutu va distiller peu à peu sa haine des Tutsi, persuadée de leur nocivité, et se dresser face à Veronica et Virginia. Les sœurs belges et les professeurs français, se garderont bien d'intervenir, préférant fermer les yeux, lorsque les troubles éclateront.

J'ai été touchée par ces jeunes filles qui, pour certaines ne connaissaient que la vie au village et découvraient là d'autres façons de vivre. J'ai participé avec elles au partage des provisions préparées par leurs mères et ainsi appris à connaître les principaux mets consommés au Rwanda, participé également à la décoration de leur coin de dortoir avec quelques photos de chanteurs. J'ai aussi assisté à leurs premiers émois d'adolescentes, à la découverte de leur corps et leurs premiers amours, et à leur rêve de vie en Europe.

Et puis il y a la pluie : « La pluie pendant de longs mois, c'est la Souveraine du Rwanda, bien plus que le roi d'autrefois ou le président d'aujourd'hui, la Pluie, c'est celle qu'on attend , qu'on implore, celle qui décidera de la disette ou de l'abondance... »

Ce roman, par le biais de cette micro société représentée par ce pensionnat nous amène à entrevoir comment ce génocide a pu avoir lieu, comment la division des classes, la disparité économique et ne l'oublions pas le colonialisme ont créé un terreau toxique propice au ressentiment, et sur lequel la haine ethnique a pu se développer et se renforcer.

Scholastique Mukasonga décrit dans ce récit tout en finesse la progression de la haine qui va déclencher un vrai massacre. Elle parvient de façon magistrale à nous faire comprendre cette montée en puissance de l'horreur; cette vague de violence qui emporte le pays dans les années qui suivent la décolonisation, prémices du génocide qui surviendra vingt ans plus tard en 1994, génocide que l'auteure a subi de plein fouet, près de trente membres de sa famille y ont péri, dont sa mère. Si elle n'avait pas été alors en France, elle y aurait également laissé la vie...

Ce pourrait être un récit sur la vie quotidienne de jeunes filles dans un pensionnat mais les tensions entre Tutsis et Hutus qui sous-tendent celle-ci en font un huis clos poignant et qui nous tient en haleine jusqu'au bout, ce conflit fratricide étant le sujet principal du roman.

J'ai eu la chance de voir le film éponyme réalisé par Atiq Rahimi, belle adaptation du roman. Lire le roman et voir le film, c'est l'idéal !


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Notre-Dame du Nil

Au Rwanda, le lycée Notre-Dame du Nil forme l'élite féminine du pays. Une élite majoritairement Hutu, avec un petit quota pour les Tutsis. Deux pour vingt. Et l'année entière pour que grandisse la haine...



Le début du livre s'ouvre sur l'origine de ce lycée et sa fonction. Un lycée pour les filles uniquement "c'est pour les filles qu'on a construit le lycée bien haut, bien loin, pour les éloigner, les protéger du mal, des tentations de la grande ville", pendant que les garçons restent en bas, dans la capitale. Perché sur la montagne, à 2500 mètres près de la source du Nil, d'où son nom, il s'agit de faire en sorte que ces demoiselles acquièrent une bonne éducation et fasse un beau mariage. "Les pensionnaires du lycée sont filles de ministres, de militaires haut gradés, d'hommes d'affaires, de riches commerçants. Le mariage de leurs filles, c'est de la politique." Mais il y a aussi quelques jeunes filles -une minorité- qui ne doivent leur présence qu'à leurs bons résultats scolaires. Le lycée est l'occasion de leur inculquer à toutes les bonnes manières, mais aussi et surtout d'appréhender un mode de vie à l'occidentale, qui sera indispensable à leur vie future, quand elles seront mariées. La nourriture, si différente de celle de leurs mères, le fait de ne pouvoir dormir à plusieurs dans le même lit comme elles le feraient chez elles, tout est source de chamboulements des repères.



Quant aux adultes qui entourent les jeunes filles, ils ne sont pas toujours très respectables, malgré les apparences. Le père Herménégilde, par exemple. Dans son discours de bienvenue, à la rentrée, il se vante d'avoir inspiré les idées du Manifeste des Bahutu (rédigé en 1957 par neuf intellectuels hutus, fortement chrétiens). Il exprime des idées anti-tutsis, même si ce n'est pas toujours de façon très explicite. Mais aussi et surtout, son attitude envers les jeunes filles est loin d'être celui qui convient à un homme d'Eglise. L'auteur dénonce, par ce personnage, des pratiques inacceptables.



Mais c'est surtout autour des personnages de quelques lycéennes que se construit le récit de Notre-Dame du Nil. Godelive, Immaculée, Goretti, Frida, Modesta, partagée entre sa double identité à la fois hutue et tutsie ; Véronica, qui jouera Isis pour le vieux fou de Fontenaille et Virginia, dont le nom signifie "ne la faîtes pas pleurer". Mais aussi Gloriosa, l'impitoyable, "celle de la houe". Farouchement anti-tutsi, elle milite pour la cause du "Peuple Majoritaire" au sein du lycée, répandant auprès de ses camarades tout le fiel et la méchanceté dont elle est capable. Elle va jouer un rôle crucial dans le basculement des événements, quand va se profiler le drame.



Scholastique Mukasonga continue, à travers ce roman, d'explorer les entrailles du génocide. Ce sont ici les prémices auxquels nous assistons, à sa construction lente mais méthodique, à son caractère implacable. Ce qui s'est passé a pris sa source ici, dans les coeurs et les têtes quelques vingt ans plus tôt, comme un terreau longtemps entretenu. Comme dans La femme aux pieds nus, qu'elle avait écrit pour rendre hommage à sa mère tuée durant le génocide, l'auteur découpe son roman en chapitres consacrés à une certaine thématique, tout en continuant son cheminement narratif. Le rôle de la pluie dans la culture rwandaise ; les gorilles, qui divise rwandais et Blancs ; la place des femmes, la responsabilité des Belges dans la scission du pays sont des thèmes abordés en filigrane, avec une grande justesse. Nous y apprenons beaucoup de la culture, des croyances, du mode de vie des rwandais.



Quand j'ai rencontré l'auteure à Saint-Malo pour le festival Étonnants Voyageurs, je lui ai dit que je n'avais appris l'existence du génocide qu'au lycée, à dix-huit ans. C'était en 2004, dix ans après. Et que j'étais choquée de voir à quel point peu de jeunes savent encore aujourd'hui ce qu'il s'est passé. Elle m'a dit : "c'est très fort ce que vous venez de dire, ça me touche beaucoup ; ça prouve qu'on doit continuer d'en parler." Alors voilà, j'ai tenu ma promesse, Madame Mukasonga, j'en ai parlé, même si c'est bien peu de choses, voilà qui est fait.



De mon côté, j'espère que vous continuerez longtemps à éveiller les consciences et les cœurs de vos lecteurs avec des livres aussi nécessaires que celui-ci.



http://manouselivre.com/notre-dame-du-nil/
Lien : http://manouselivre.com
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Notre-Dame du Nil

Excellent roman, basé sur des faits hélas tristement réels: le massacre des Tutsis et les horreurs qui se sont déroulées au Rwanda dans les années 90.

Le roman prend la base d'un huis-clos brillant dans un lycée très chic tenu par des religieuses, juste à côté des sources du Nil. Ici, filles de banquiers,de ministres, de généraux, reçoivent la meilleure éducation possible en attendant d'être mariées pour l'intérêt de leurs clans...et ici aussi, les quotas ethniques assurent qu'on ne peut refuser quelques Tutsis, faisant participer les lieux à la tension qui monte dans le pays.

C'est un livre facile d'accès, même si vos connaissances sur le sujet sont des plus floues: j'avoue une ou deux virées sur Wikipedia en cours de route, et c'est un livre qui donne aussi l'envie d'en savoir plus; bien plus, sur cette région du monde et ses secrets, les plus terribles comme les plus beaux.
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Notre-Dame du Nil

Difficile de donner un avis mitigé sur un sujet aussi terrible, surtout quand il s'agit d'un témoignage autobiographique (si j'ai bien lu dans diverses critiques).

Pourtant, faire la critique d'un livre impose de différencier le récit et son sujet.

Premier constat : la lecture a été un peu fastidieuse, je n'y ai pas pris grand plaisir. Voici pour la forme.

Insuffisant, évidemment, pour émettre une critique constructive.

Deuxième constat : je n'ai pas appris grand'chose sur les raisons de la haine vouée aux tutsi, si ce n'est que cette haine est bien antérieures aux terribles évènements de 1994 (le livre se passe en 1973).

Troisième constat : les portraits des différentes protagonistes ne sont qu'esquissés, de sorte qu'ils ne sont guère attachants et que l'on ne comprend rien à leurs motivations. Le personnage du blanc m'a laissé perplexe et ne m'a semblé qu'être un prétexte à raconter l'histoire égyptienne du peuple tutsi (est-ce une réalité historique ou la rêverie d'un fou dingue ?).



Bref, je recommande plutôt la lecture de "Petit pays".
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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame du Nil est un roman qui se passe de présentation. Il est paru en 2012, je suis donc un tantinet en retard... L’autrice Scholastique Mukasonga commence de façon anodine, en racontant l’histoire d’un collège réputé pour jeunes filles (dont le nom a donné son titre au bouquin), tenu par des religieuses. Perché au sommet d’une montagne près de la capitale rwandaise, à proximité d’une des sources du Nil, à proximité d’un lieu magique. La seule description de l’endroit et de ses environs est propice à l’émerveillement. Mais, graduellement, les événements du dehors viendront troubler la paix qui semblait y régner mais qui n’était qu’une apparence.



En effet, le début du roman est plutôt lent mais cela lui sied. L’autrice raconte l’histoire de ce lieu, sa construction relativement récente (plus mouvementée qu’on ne l’aurait cru, remplie d’anecdotes), puis on se familiarise avec ce lieu en même temps que les jeunes pensionnaires qui arrivent au milieu des années 90. Pour la plupart, filles de bourgeois, de diplomates, de militaires. Pour la plupart, Hutus. Comme elles, on jette un regard sur le collège, on commente les enseignants, surtout les nouveaux, ceux envoyés de France ou de Belgique. Surtout, on retrouve les copines et on papote. Certaines s’inquiètent des amoureux qu’elles ont laissé en ville (c’est l’occasion d’aller voir la « sorcière » locale), d’autres commencent à devenir des dames, leurs parents sont à les marier. C’est ce qui attend Frida, dont le père insiste pour qu’elle passe les fins de semaines à la maison auprès de son fiancé, ce qui est contraire aux règlements du pensionnat. On peut désobéir à la Révérende Mère? C’est la première fêlure.



Si le début de ce roman m’a enchanté, la succession de scènes/tableaux me semblait une jolie évocation de la vie de jeunes filles privilégiées d’un pays d’Afrique centrale. Ne dit-on pas que l’école constitue le microcosme de la société. Mais encore? Après plusieurs de ces tableaux, je me demandais si l’intrigue allait décoller. Je n’irais pas jusqu’à dire que je c’était assomant, loin de là, mais l’ennui n’était pas loin non plus. Surtout qu’il ne semblait pas y avoir une protagoniste : plutôt, on entrait dans le quotidien de ces jeunes filles. Quelques unes se démarquent mais pas tant. Pendant un bon bout de temps, ça m’a empêché de ressentir autant d’empathie que le méritaient peut-être les pensionnaires. Du moins, pendant les deux premiers tiers du roman.



Puis, fort heureusement, les choses se mettent à débouler dans le dernier tiers. Une des pensionnaires, Gloriosa, se plaint que la statue de la Madone (la fameuse Notre-Dame du Nil) a des traits qui ressemblent davantage à ceux des Tutsis. Honte! Quand les passions se déchainent dans la capitale, le génocide du Rwanda, leur écho se fait sentir dans le collège également. D’abord, les petites persécutions, les railleries, les mots blessant, visant à faire sentir à la minorité qu’elle n’est plus la bienvenue. Puis, les incitations directes aux meurtres raciaux contre leurs amies de la veille, les Tutsies dont Veronica et Virginia font partie. C’était horrible et poignant à la fois. Ah… ce que la haine et la soif de pouvoir peut amener les gens à commettre de pareilles atrocités!



J’ai lu Notre-Dame du Nil en quelques heures seulement. Je me suis laissé emporter d’abord par cette évocation de la vie dans ce lycée, dans ce pays, ensuite par le rythme effréné des exactions et des horreurs. Malgré le contexte historique complexe et les mœurs locales qui m’étaient étrangères, j’ai suivi sans difficultés cette intrigue que propose Scholastique Mukasonga. Pourtant, il est difficile d’écrire une histoire sur un sujet si lourd. Eh bien, elle y parvient haut la main. Son écriture est si fluide, si simple et, en même temps, si riche. J’ai beaucoup envie de lire autre chose de cette autrice.
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Notre-Dame du Nil

Une histoire difficile dans l'Histoire du Rwanda. Très bien écrit.
Lien : http://lemondedesylvie.over-..
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Notre-Dame du Nil

"Elle rappela que le lycée Notre-Dame-du-Nil était destiné à former l'élite féminine du pays, que celles qui avaient la chance d'être là, devant elle, devaient devenir des modèles pour toutes les femmes du Rwanda : non seulement de bonnes épouses, de bonnes mères, mais aussi de bonnes citoyennes et de bonnes chrétiennes, l'un n'allant pas sans l'autre".



Situé dans un décor idyllique, aux sources du grand fleuve égyptien, Notre-Dame-du-Nil accueille essentiellement des Hutus, filles de militaires, d'hommes politiques, de notables... Mais pour faire bonne mesure, à chaque rentrée scolaire, quelques jeunes filles Tutsis sont autorisées à s'inscrire afin de respecter les quotas imposés par le gouvernement. Pour ces dernières, l'éducation est une faveur qu'elles payent cash : derrière ces murs que l'on pourrait croire privilégiés se déroule le premier acte d'une tragédie sans nom où rivalité, jalousie, séduction, mais aussi haine et exclusion forment le quotidien. Au fil des pages, à travers les histoires insignifiantes que peuvent vivre ces adolescentes à la fois préoccupées d'afficher des posters de Nana Mouskouri dans leur chambre ou de tester la meilleure crème blanchissante, Scholastique Mukasonga distille peu à peu des éléments qui font monter la tension. Les jeunes Tutsis subissent des brimades de la part des représentantes du "peuple majoritaire" sous le regard impassible des professeurs français et des religieuses belges qui dirigent l'établissement. Ce qui, au départ, s'apparente à des gamineries dérape inexorablement jusqu'à préfigurer les massacres qui endeuilleront le pays.



Scholastique Mukasonga n'est pas une rescapée au sens premier du terme. Chassée de l'école d'assistante sociale de Butare - parce que Tutsi - en 1973, elle émigra d'abord au Burundi avant de s'installer en France où elle vivait lorsque les troubles ont éclatés. Une large partie de sa famille périt lors du génocide et l'on peut imaginer que ce témoignage - pudique, parfois presque distant - est une façon de rendre hommage à ceux qu'elle a perdus, un devoir de mémoire en forme de travail de deuil.
Lien : http://www.livredailleurs.bl..
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Notre-Dame du Nil

Une écriture toute en finesse et en images au service de ce livre qui se situe dans les années 1970, presque vingt ans avant le génocide au Rwanda, et qui nous en montre les racines profondes, à travers les projections de certains Européens sur les Tutsis comme peuple élu, la lâcheté et la complicité de puissances étrangères comme la Belgique et la France, mais aussi le sort des femmes, les dominées des dominés.



Un roman féministe, mais pas seulement!

Un texte passionné, passionnant ...

Un beau moment de littérature récompensé par le RENAUDOT 2012.

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Notre-Dame du Nil

Selon moi, les points forts de ce roman sont le mélange entre fiction et « réalité », accompagné d' épisodes mystiques. Comme la magie vaudou, ce livre vous envoûtera par son exotisme, mais également la frontière entre la réalité et le fictionnel.
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Notre-Dame du Nil

Rwanda, isolé dans la montagne près des sources du Nil, un lycée pour jeunes filles accueille les filles de l’élite du pays, majoritairement d’origine Hutu, et quelques Tutsis tolérées ou méprisées, pour répondre aux quotas imposés.



Au fil de l’année scolaire, on assiste au gré des discussions entre lycéennes à une sorte de huis-clos où la haine s’insinue, reflet sans doute de la société rwandaise dont les fissures menacent d’exploser.



Avec beaucoup de délicatesse mais de vérité aussi, l’auteure fait ressortir tous les non-dit, les rancoeurs, les envies de vengeance, la sensation de pouvoir et d’impunité de certaines face aux sentiments d’acceptation ou de résignation des autres, mais également l’amitié, la vie.



La politique est aussi largement évoquée, qu’elle soit interne au pays ou en lien avec l’Europe, en un constat édifiant d’incapacité.



L’attente monte, l’épilogue malheureux que l’on sent venir, inéluctable, se produit bien, et on garde le goût amer et peu d’espoir en achevant la lecture, l’impression que la roue tourne parfois mais revient plus souvent au pire de l’être humain.



Evoquant les prémisses d’un génocide à travers un moment d’histoire, Scholastique Mukasonga écrit là un livre très actuel, sans fioriture, juste tout simplement, qui ne pourra que toucher.
Lien : https://mesmotsmeslivres.wor..
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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame du Nil raconte l'histoire d'un pensionnat de jeunes filles rwandais, dans les années 70, juste après l’indépendance du pays. Le lycée, surplombant le lac et la source supposée du fleuve éponyme, est perché en haut d’une crête rocheuse à quelque 2500 m d’altitude, « près du ciel et loin des garçons », comme aime à le rappeler la mère supérieure. Cet internat catholique pour jeunes filles forme la nouvelle élite féminine du Rwanda et en cette nouvelle rentrée scolaire, un flot ininterrompu de Mercedes et de Range Rover déverse filles de ministres, de militaires haut gradés et de riches commerçants. Beaucoup sont d’origines Hutues, quelques-unes Tutsie, mais peu : déjà dans les années 1970, il y a un quota à respecter et 90% des élèves doivent appartenir au « peuple majoritaire ». Ainsi, seules Veronica et Virginia, contraintes d'être plus intelligentes que les autres pour obtenir un diplôme, représentent les Tutsis dans la classe de terminale où sévit l'effroyable Gloriosa, progéniture d'un dignitaire convaincu de la nocivité des "parasites" tutsis.

Au fil des jours, les deux adolescentes Tutsies se confient, partagent les provisions préparées par leurs mères, rêvent d'une vie en Europe. Elles décorent leur coin de dortoir avec les photos de Nana Mouskouri ou de Johnny Hallyday, étudient les mérites comparés des crèmes blanchissantes et pleurent ensemble Frida, leur camarade morte d'une fausse couche. Malgré l’extrême sévérité de l’établissement et la dévotion à laquelle elles doivent se soumettre, elles n’hésitent pas à prendre des risques pour rendre visite à la sorcière ou à la guérisseuse.

Un peu plus loin sur la montagne vit également M. de Fontenaille, un ex-planteur de café un peu fou. Pour lui, les Tutsis sont les descendants de pharaons noirs, et il supplie Virginia et Veronica de devenir la déesse et la reine des cérémonies étranges qu'il invente en leur honneur.

Mais la menace gronde. Lentement Gloriosa, commandante dans l'âme, distille sa haine des Tutsi. Le lycée est strict, mais ce sont les élèves qui font la loi, soutenues par leurs puissants parents. Ainsi, lorsque Gloriosa décide d’organiser un regroupement de jeunes militants hutus qui finit en chasse aux Tutsis, les professeurs sont impuissants. Impuissante la mère supérieure, impuissante même Notre-Dame du Nil, la vierge rwandaise à la statue mutilée pour son nez trop tutsi. Rien ne peut plus empêcher ce déchaînement de violence ... Nul n’est épargné, pas même la future et si belle élite féminine perchée dans sa tour d’ivoire, dans le haut lycée Notre-Dame du Nil.



L’auteure s’est ici librement inspirée des événements dramatiques qu’elle a elle-même connus. En 1973, Scholastique Mukasonga, jeune étudiante de 17 ans, est chassée de l’école d’assistante sociale de Butare au Rwanda parce que Tutsi. Elle doit alors s’exiler au Burundi, puis en France. Restée l’une des seules survivantes de sa famille massacrée lors du génocide en 1994, elle prend la plume « pour tous ceux qui ont été exterminés à Nyamata, et dont je suis l’une des seules à conserver la mémoire», dit-elle sur son site personnel.

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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame-du Nil c'est un lycée, perché en haut du montagne près de la source du Nil. C'est un lieu reculé qui a pour but d'éduquer les jeunes filles des milieux privilégiés rwandais à devenir d'excellentes épouses.

On y retrouve les chamailleries et jalousies habituelles chez des adolescentes mais pas que ... Malgré tous les efforts pour couper ces jeunes filles du monde extérieur, les tensions entre les deux ethnies rivales du pays, hutus et tutsis, surgissent au cœur même du lycée.

C'est un roman bouleversant sur cette période tragique : quel avenir dans son propre pays pour une jeune fille qui ne peut vivre librement?
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Notre-Dame du Nil

Trés beau livre qui fait comprendre un génocide,celui du Rwanda , le rôle des colons belges et la différence entre hutus et tutsis, voire l'incompréhensible différence. Un livre qui n'est pas ennuyeux, je suis ravie qu'il est obtenue le Prix Renaudot. Tout se passe dans un pensionnat pour jeunes filles riches , je n'en dis pas plus, c'est à lire
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Notre-Dame du Nil

Gros coup de coeur pour ce roman percutant. Rwanda, début des années 70, c'est la rentrée pour l'élite des jeunes filles qui vient fréquenter Notre-Dame du-Nil, lycée pilote et modèle de modernité.

La majorité sont hutus, filles de colonels et autorités bien placées, mais un quota de Tutsis permet à d'autres filles brillantes et triées sur le volet de suivre l'excellente instruction de ce lycée. En fin de terminale, ces jeunes étudiantes seront auréolées de prestige, pourront travailler, mais rapporteront avant tout à leur famille prestige, honneur, et une dot imposante.

Notre-Dame du Nil déroule une année scolaire au gré des frictions entre étudiantes et harcèlements voilés, mais distille aussi au fil des pages la haine ressentie envers les Tutsis, minoritaires au Rwanda, et peu à peu ouvertement surnommés les cafards du pays. Gloriosa en particulier, chef de partie, va s'attaquer de manière de plus en plus virulente à ses camarades Tutsis, jusqu'à provoquer une violence insoutenable.



Le roman a remporté de nombreux prix et l'autrice elle-même est une rescapée du génocide rwandais. Dans ce roman, elle sous-entend un fait peu évoqué mais de plus en plus abordé, évoquant l'influence qu'ont eu les colonisateurs belges sur les conflits entre Hutus et Tutsis, pour des questions de domination.



Une tension de plus en plus forte se développe tout au long du récit, le processus de discrimination s'installe presque imperceptiblement et longtemps on ne veut pas y croire. Le roman nous amène dans une Afrique partagée entre chrétienté et vaudou sans que les deux ne s'opposent. C'est une reconstitution déchirante d'un pays en trouble que le passé et les différentes dominations ont rendu malade. Ne vous fiez pas à l'eau qui dort.
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Notre-Dame du Nil

Une plongée dans l’horreur ! J’avais lu de cet auteur « les cafards » (surnom donné au Tutsi par les Hutus). Ici cela va plus loin. Dans un collège tranquille, nous vivons les rivalités au quotidien des deux ethnies entre les jeunes filles, le danger rampant, l’attitude ambigüe des religieux et ce jusqu’au choc final qi va tout pulvériser et nous entraîner dans l’horreur.



Nous sommes là avec des enfants « innocents » qui portent en eux, par leur éducation, les germes de ces antagonismes. Cela se passe au Rwanda, mais cela aurait pu se passer en Allemagne avant la guerre ou aujourd’hui en Russie, en bref, dans tout pays où les adultes jouent avec la nationalisme.



C’est aussi un dur regard sur les religieux qui animent ces établissement, où se mêlent dévouement et dévoiement.





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Notre-Dame du Nil

Notre-Dame du Nil, c’est un lycée catholique pour l’élite des jeunes filles rwandaises, situé près des sources du fleuve. La classe de terminale y est composée d’élèves hutus, mais aussi d’un quota de deux tutsis. Scholastique Mukasonga nous invite à suivre leur année scolaire.



Installée en France dès 1992, cette écrivaine rwandaise a perdu 27 membres de sa famille lors du génocide de 1994. Dans ce troisième roman publié, elle démonte avec lucidité le mécanisme, entre mensonges, manipulations, yeux fermés… qui conduit à ce genre de massacre, ici dans un espace proche d’un huis-clos, celui d’un lycée. Elle peint la complexité de l’environnement (vestiges de l’occupation coloniale, corruption…) dans laquelle baignent les jeunes lycéennes. Son écriture est assez sèche, dépouillée. Jamais elle ne cherche à nous rendre sympathiques ses personnages, à en faire des héros. Mais Scholastique Mukasonga parvient malgré tout à rendre Gloriosa, Virginia et leurs camarades très vivantes, nous faisant connaître leurs amitiés, leurs haines, leurs rêves.



Notre-Dame du Nil est ainsi un roman glaçant (même s’il n’a rien d’un thriller), étonnamment efficace.

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