A l'occasion du centenaire de l'armistice, Gallimard a proposé à différents écrivains un hommage aux poilus. Le résultat est sublime. Trente et un auteurs contemporains se livrent à l'exercice difficile. Daeninckx, Hatzfeld, Jourde, Moï, Rufin, pour n'en citer qu'une poignée ont accepté cette écriture mémoire.
Chaque texte est illustré par une peinture, une gravure, un dessin. C'est ainsi que j'ai découvert l'histoire de vie et les peintures de Rik Wouters.
Cet ouvrage collectif fait écho aux chefs d'œuvre qui ont eu pour sujet la 1ere guerre mondiale: Voyage au bout de nuit, Les sentiers de la gloire, Au revoir là haut, capitaine Conan...
Commenter  J’apprécie         50
Un ensemble de nouvelles vraiment excellent. La tonalité générale est assez nostalgique, triste même, quelque chose d'un monde qui se termine, qu'il s'agisse de la mort du Rwanda traditionnel avec l'ingérence des Belges puis leur destitution du roi qui refusait de devenir un pantin, ou des proches que l'auteur, ou des proches de ses personnages, qui disparaîtront dans les massacres tristement célèbres. La nouvelle Un Pygmée à l'école aborde même la question du rejet des Mutwa, les Pygmées, par les Rwandais, y compris les Tustis qui étaient eux-même des citoyens de seconde zone, et si tout cela ne vous désespère pas de l'espèce humaine, c'est que vous avez le coeur mieux accroché que moi!
Pour qui voudrait découvrir le talent indéniable de Scholastique Mukasonga, Ce que murmurent les collines serait un excellent point de départ, une façon de découvrir le pays aux mille collines et sa culture. L'auteur a eu la bonne idée d'inclure d'ailleurs des notes à la fin de chaque nouvelle, rien de très long, juste ce qu'il faut pour que le lecteur qui n'y connaisse pas grand chose ne soit pas trop perdu.
A recommander!
Commenter  J’apprécie         40
Dans ce recueil de nouvelles, Scholastique Mukasonga nous promène dans son passé de façon tendre et poétique telle une géographe et historienne d'un hier révolu.
On est le long de sa chère rivière Rukarara qui a bercé son enfance.
Elle évoque l'arbre sacré de Kivumu, personnage à part entière du peuple rwandais avant colonisation, au travers d'un conte que lui faisait sa mère. Ce qui donne aussi l'occasion d'illustrer l'endoctrinement religieux des missionnaires, la violence de ceux-ci.
Titicarabi, le chien faiseur de mirage, autre conte ancestrale, permet la réminiscence de sa scolarité insouciante, joyeuse, inscrite dans l'injustice des codes sociaux en vigueur à l'époque pour les Batwa et relate une école de la discrimination.
Son histoire familiale n'est pas en reste lorsqu'elle raconte le rôle de son grand-père qui fut l'hôte du dernier Mwami Musinga, donnant l'occasion de dresser la genèse de la destruction par les colons belges et l'implication de leurs missionnaires, de la structure sociale rwandaise.
Le malheur s'inscrit dans les croyances, la mort est un « tribut coutumier » que l'on paye au malheur.
Le Mungu, « bon » dieu des blancs se confronte aux multiples dieux des Rwandais, les Imana, parfois mauvais qu'il ne faut pas froisser. Certains Rwandais se convertissent par le Baptême.
Il y a également une approche du concept de l'amour entre deux être qui est quelques chose d'étranger sur les collines.
Un survol toujours agréable sous la plume de Scholastique Mukasonga de son beau pays tel qu'il a été et qu'elle l'a connu où plane l'effroyable désastre né à l'arrivé du blanc colonisateur sans que ce soit le sujet de ses nouvelles.
Et c'est ce qui m'a plu, pour avoir déjà beaucoup lu sur le génocide. Elle arrive à s'en détacher et à nous transmettre son bonheur perdu.
Commenter  J’apprécie         122
Du relativisme ethnologique...
Commenter  J’apprécie         00
A travers cette suite de nouvelles (6 en tout), Scholastique Mukasonga nous parle du Rwanda : ce pays déchiré, à l'histoire douloureuse, qui n'en est pas moins porteur de beauté et d'espoir.
Ce livre est un pur plaisir de lecture, et le talent de conteuse de Scholastique Mukasonga fait des merveilles. Ces nouvelles en partie autobiographiques nous entraînent au coeur d'une Afrique méconnue, entre mythologie, faits historiques et difficultés du quotidien.
Commenter  J’apprécie         20
Le Rwanda. Le pays aux mille collines. La source du Nil. Le pays d'Afrique continentale le plus densément peuplé. Avril 1994 : plus de 800 000 humains exterminés. Le 4e génocide du 20e siècle.
L'apocalypse de c'est pas abattu tout à coup, par hasard sur ce peuple. Le mal s'est infiltré peu à peu. Un mal ancien a gangréné, infecté son équilibre social. Pays colonisé . 1885, le traité de Berlin, l'Afrique est, découpée en morceaux, mettant en charpies nombre de cultures, d'alliances, de relations communautaires. L'église catholique va « missionner » sa parole lézardant, sapant l'édifice spirituel de ces populations. Le Rwanda deviendra colonie allemande, puis belge, jusqu’à son indépendance le 1er juillet 1962.
Les colons vont inventer un concept totalement inconnu pour cette population : La notion d'ethnie, de race.
La société rwandaise était établie sur des critères sociaux économiques qui architecturaient le rapport de ses pouvoirs politiques, religieux et militaires. Le clan des éleveurs, les Hutu, le clan des cultivateurs les Ttusi, le clan des cueilleurs , les Twa ( peuple premier du Rwanda) . une répartition donc par clans, par castes. Une répartition mouvante, flexible.
Puisque les mariages permettaient à la femme originaire d'un des clans d'intégrer le clan auquel était originaire son époux. Le rattachement au clan était donc établi par naissance pour l'homme, par alliance pour la femme. Mais n'était pas pour la communauté immuable. Plusieurs clans, mais une même langue, un même dieu l'Imana.
L'administration coloniale sans aucune connaissance de cette culture, de son histoire, de ses croyances, de toutes les bases de sa spiritualité a procédé un classement pseudo ethnique ahurissant de la population en se basant sur des critères aberrants de nuances de pigmentation de la peau, de taille, de considération pseudo anthropologique, échafaudant ainsi une fausse théorie des races rwandaises aboutissant ainsi à une classification « qualitative » de la population Selon les besoins politiques , économiques , les colonisateurs ont fait évoluer leurs appuis politiques vers l'une ou l'autre de ces deux pseudo ethnies qu'ils avaient artificiellement et arbitrairement ordonnées, hiérarchisées, classifiées, établies. Et ceci durant la période coloniale mais également post coloniale. La politique « africaine » de la France venant elle même peu à peu surenchérir le désordre politique et social du pays.
S'en suivra la guerre civile de 1957, les massacres de 1963, de 1972, les livraisons régulières à partir de 1987 d’équipements militaires vers le Rwanda par la France, pour en arriver à un génocide qui débuta le 07 avril 1994 et qui prit fin en juillet 1994, provocant la mort de 800 000 à un million de personnes, Tutsi et Hutu opposants au régime gouvernemental en place.
Ce que murmurent les collines, recueil de nouvelles de l'écrivaine rwandaise, Scholastique Mukasonga, nous fait entendre l'âme rwandaise. La réalité de ses couleurs qui sont celles de sa terre, de ses collines, de son ciel, de ses légendes, de ses rivières, de ses traditions, de sa mémoire. Les couleurs incroyables de sa musique. Il nous fait comprendre la méconnaissance totale et souvent absurde d'une culture coloniale occidentale, qui a piétiné, utilisé, instrumentalisé, malmené, déformé, d' une population entière pour assouvir ses propre besoins, selon ses propres critères, ses lois, l'échelle de ses valeurs, faisant table rase de la complexité, de la pluralité d'un continent entier. Ce que murmurent les collines est un magnifique recueil.
Je ne peux que nous conseiller également de voir le film « Quelques jours en avril » ( sometimes in April) de Raoul Peck, afin de nous apprendre ou de mieux nous faire comprendre, ou nous rappeler ce qu'une effrayante et terrifiante notion de race, et plus largement toute notion de classification identitaire ; peut engendrer comme immense péril pour toute l'humanité, et cela quelque soit la colline où elle voit le jour.
A lire également « Congo » d'Eric Vuillard qui témoigne d'un holocauste oublié qui fit 10 millions de morts en vingt ans, sous le règne de de Leopold II, « le coupeur de mains », roi des Belges.
Astrid Shriqui Garain
Commenter  J’apprécie         110
C’est sur les rives de la Rukarara qu’est née Scholastique Mukasonga.
A partir d’une première nouvelle consacrée à cette rivière sacrée pour sa famille, l’auteur rwandaise se fait conteuse. Elle, dont les précédents écrits évoquaient le destin tragique de sa famille et des Tutsi les années précédents le génocide, renoue cette fois-ci avec la tradition orale des contes que lui murmurait sa mère Stéfania. Elle nous entraîne dans Afrique méconnue, entre rituels magiques, faits historiques et difficultés du quotidien.
La Rukarara, c’est cette rivière aux vertus magiques dont l’eau soigna sa blessure au crâne alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Titicarabi, c’est ce chien mystérieux à la parole envoûtante. «La Vache du roi Musinga» témoigne de l’amour des Tutsi pour leur bétail, et les rapports compliqués entre les potentats locaux et les colonisateurs belges. Toujours en sobriété, l’auteur sait également nous décrire un monde fait de contrastes : les leçons de catéchisme dispensées par les « bons pères » mêlées aux pratiques des rituels magiques ou bien encore des petits élèves Tutsi exilés par les Hutu et qui eux-mêmes rejettent Cyprien le petit Pygmée, « car on ne peut pas être tout à fait sûr qu’ils [les Batwa] soient vraiment des humains ».
Voici six contes qui nous présentent la vie d’autrefois au Rwanda, celle d’avant le génocide. De ses souvenirs d’enfance, Scholastique Mukasonga nous révèle une société rwandaise qui, malgré l’influence et le pouvoir des missionnaires, garde ses pratiques traditionnelles et reste méfiante vis-à-vis des colonisateurs. Le tout dans un style poétique, simple et touchant.
Commenter  J’apprécie         100
L'auteur de "Notre-Dame du Nil", prix Renaudot 2012, propose dans ce recueil 6 nouvelles sur le Rwanda de son enfance. C'est un voyage plein de beauté, un mélange de faits et de croyances, où l'on découvre les rites, les coutumes, les principes des peuples qui composent le pays.
On frôle le documentaire sur certaines (notamment au début) avec une somme d'informations et une énumération de noms....à tel point qu'on pourrait facilement décrocher...mais il faut poursuivre et aller jusqu'au bout du recueil pour vraiment l'apprécier à sa juste valeur. De belles histoires nous attendent avec des personnages attachants.
Commenter  J’apprécie         40
Un recueil de nouvelles très agréable à lire, une certaine poésie dans l'écriture.
L'histoire d'un pays, le Rwanda, pris dans la colonisation des "Blancs" qui s'interroge sur des pratiques pour lui exotique. Un regard d'enfant sur les changements de la société et les légendes qui se perdent en même temps que la perte des racines avec l'exil, la quasi-obligation de se convertir au christianisme en laissant de côté les croyances ancestrales.
Tout en délicatesse sans jugement ni reproche de très beaux textes.
Je me suis parfois un peu perdue avec les noms africains mais dans l'ensemble un très belle lecture.
Commenter  J’apprécie         50
Nous sommes chez notre fille au Rwanda et je trouve ce bouquin qu'elle me conseille. Belle découverte ces nouvelles qui racontent un vécu colonisé....
Et lire ça en étant dans ce magnifique pays, un plaisir.
Commenter  J’apprécie         10
D'habitude, je n'aime pas trop le format nouvelles. Parce que je suis souvent frustrée par un goût de trop peu, le sentiment de ne pas avoir pris le temps d'aller au fond d'un sujet.
Ce ne fut pas le cas ici.
Entre souvenirs d'enfance et légendes rwandaises, chaque nouvelle est une histoire complète en soi. Il faut dire que l'autrice excelle dans le genre, ce qui lui a d'ailleurs valu un prix pour cet ouvrage. Le revers de la médaille étant que dans son roman Notre Dame du Nil, j'avais parfois l'impression que les chapitres étaient accolés les uns aux autres sans réel fil conducteur fort. Et ma lecture de ce recueil me donne un éclairage sur ce sentiment: Scholastique Mukasonga est vraiment forte pour conter avec densité, en peu de pages, toute une intrigue, y apportant couleurs et émotions.
La plupart des nouvelles murmurées par la colline se déroule dans l'enfance de l'autrice, une période durant laquelle les missionnaires blancs occupaient la place, où les Hutus et les Tutsis se haïssaient déjà (existe-t-il un temps où ce ne fut pas le cas?), où les congolais, bras armés des belges, semaient la crainte dans les collines. A travers ses récits, Scholastique Mukasonga fait revivre certaines croyances, leur redonnant parfois du sens, et teinte le tout d'une couche de nostalgie sans amertume.
J'ai particulièrement bien appréciée la nouvelle Malheur qui donne la voix à plusieurs femmes sur l'origine supposé de la malchance qui semble poursuivre l'une d'entre elle. Et à travers la dernière nouvelle, un pygmée à l'école, nous découvrons que le racisme a toujours été tapi au cœur de toute les civilisations et qu'il s'exprime toujours par les même voies.
Le personnage principal reste le Rwanda, cette terre maudite, aux portes d'un Burundi qui effraie, dans une Afrique qui manque de luxuriance.
Un recueil de nouvelles bien intéressant pour entrer dans la culture rwandaise, sans démagogie, juste par le bout des sentiments.
Commenter  J’apprécie         80
Ces nouvelles très intéressantes évoquent l’histoire du Rwanda (que ce soit au début de la colonisation ou pendant l’enfance de l’autrice), sa nature, ses croyances et ses modes de vie.
Voici mes deux nouvelles préférées: "Le Malheur", "Un Pygmée à l’école".
Commenter  J’apprécie         00
L'auteur a écrit je crois 4 livres sur le génocide avant de revenir sur l'histoire de l'ancien Rwanda. Entre histoire, fiction et poésie, l'auteur revient sur la colonisation, les légendes locales, et les anecdotes de son enfance .Je suis restée fascinée en lisant la première nouvelle au bord de la rivière, la source du Nil. La nature est foisonnante, omniprésente. Les mots simples de l'auteur rendent presque palpable le mode de vie posé des rwandais de cet époque. Les différentes nouvelles s’enchaînent vite au rythme des récit comme celui de la vache qui m'a fait sourire.L'auteur emboîte des histoires dans ces histoires, comme des matriochka. J'ai passé un très joli moment . La tristesse du génocide était d'autant plus présente dans mais pensée que l'auteur décrivait une période où il n'avait pas encore eu lieu. Un brin mélancolique, j'ai terminé ce livre avec des envies de voyage.
Commenter  J’apprécie         140
Style particulier, les histoires sont belles, mais c'est un peu du Kirikou, même si l'histoire de l'Afrique se trouve dans ces croyances ancestrales, un peu léger, je trouve
Commenter  J’apprécie         10
6 nouvelles, partiellement autobiographique,Mukasonga nous enchante avec les contes de sa mère, l'histoire de Cyprien le Pygmee rejeté de presque tous, l'histoire d'Anonciata qui porte malheur....et tant d'autres belles histoires à découvrir ...
Commenter  J’apprécie         90
De très belles nouvelles qui nous font découvrir un pays largement méconnu: le Rwanda, pays d'origine de l'auteure, Scholastique Mukasonga.
Ma préférée est la première nouvelle "La Rivière Rukarara" qui nous permet de découvrir les rivières de ce pays et la partie limitrophe avec le Burundi et le chemin emprunté par les réfugiés Tutsi.
Une rivière témoin des massacres de 1963 et qui a été franchie par les membres de la famille de l'auteure dans des conditions dramatiques.
Bien après, Scholastique se souvient de la rivière de sa jeunesse. une rivière qui prend sa source dans la forêt vierge et qui se joint à la rivière Mwogo pour devenir la Nyabarongo qui enserre le coeur du Rwanda.
Cette rivière serait la source du Nil, selon les découvertes d'explorateurs en 2006.
La source de la Rukarara a été proclamée "la source la plus lointaine du Nil".
Un Allemand, Richard Kandt, était arrivé aux mêmes conclusions en 1898.
Cette nouvelle reprend la trajectoire de ce découvreur.
C'est passionnant et cela nous donne une nouvelle approche de ce pays tellement meurtri au cours des dernières années.
Commenter  J’apprécie         160
Rarement autant ému par une histoire d'amour!
L'amour de l'auteure, Rwandaise exilée, pour son pays, son peuple, sa culture, son histoire avant l'arrivée des blancs, des belges, elle l'exprime à travers des petits contes issus d'histoires racontées par sa mère, son grand père ou simplement vécues à l'école ou au catéchisme.
Si simple et si fort!
Commenter  J’apprécie         110
Ce recueil de nouvelles nous permet de découvrir les légendes et les traditions rwandaises. Scholastique Mukasonga nous conte le quotidien de son enfance et quelques autres histoires.
A travers ces nouvelles, nous découvrons un pays, le Rwanda, avant le génocide et au moment où les européens avaient établis leurs colonies ce qui a entraîné une cohabitation entre les cultures païennes et la domination chrétienne.
Cela a été pour moi une excellente découverte, d'autant que j'avais apprécié moyennement son roman : "Notre Dame du Nil". A travers de courts récits, j'ai pu mieux appréhender le quotidien du peuple rwandais. L'auteur a d'ailleurs consacré à chaque fin des nouvelles un petit passage intitulé "Notes à l'attention d'un lecteur curieux".
Commenter  J’apprécie         190