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Citations de Serge Halimi (87)


Serge Halimi
M. Obama s’opposera-t-il très longtemps à la « guerre imbécile » que réclame l’Élysée ? La pression qu’il subit est d’autant plus forte que l’OEI poursuit le même dessein que Paris… Comme l’expliquait le chercheur Pierre-Jean Luizard il y a quelques mois, tout s’est passé dans une première étape « comme si l’État islamique avait consciencieusement listé tout ce qui peut révulser les opinions publiques occidentales : atteintes aux droits des minorités, aux droits des femmes, avec notamment le mariage forcé, exécutions d’homosexuels, rétablissement de l’esclavage, sans parler des scènes de décapitation et d’exécution de masse (1) ».
Lorsque l’exhibition de ce catalogue macabre n’a plus suffi, ou plus tout à fait, l’OEI a décidé d’égorger un otage américain, en veillant à diffuser les images de la scène ; puis elle a organisé plusieurs fusillades meurtrières à Paris. La riposte des « croisés » ne pouvait plus tarder.
De fait, un chef d’État est presque contraint de réagir à des actions spectaculaires de ce genre. La pression politique l’invite à annoncer aussitôt quelque chose, y compris parfois n’importe quoi. Ordonner la destruction d’un hangar, d’un dépôt de munitions, le bombardement d’une ville. Afficher sa détermination. Promettre de nouvelles lois encore plus sévères, fustiger les « munichois ». Entrelarder ses phrases de termes martiaux, parler de « sang », et assurer qu’on sera « impitoyable ». Récolter des ovations debout, puis dix points dans les sondages. Au final, tout cela se révèle souvent déraisonnable, « imbécile » ; mais seulement quelques mois plus tard. Et ce piège de la surenchère semble de plus en plus irrésistible, en particulier en régime d’information continue, haletante, frénétique, quand aucun acte, aucune déclaration ne doit demeurer sans réplique immédiate.

(1) Pierre-Jean Luizard, Le Piège Daech. L’Etat islamique ou le retour de l’Histoire, La Découverte, Paris, 2015.

LE MONDE DIPLOMATIQUE, décembre 2015 : L'art de la guerre imbécile.
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Parlant des journalistes de son pays, un syndicaliste américain a observé: "Il y a vingt ans, ils déjeunaient avec nous dans des cafés. Aujourd'hui, ils dînent avec des industriels." En ne rencontrant que des "décideurs", en se dévoyant dans une société de cour et d'argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s'est enfermé dans une classe et dans une caste. Il a perdu des lecteurs et son crédit. Il a précipité l'appauvrissement du débat public. Cette situation est le propre d'un système: les codes de déontologie n'y changeront pas grand-chose. Mais, face à ce que Paul Nizan appelait "les concepts dociles que rangent les caissiers soigneux de la pensée bourgeoise", la lucidité est une forme de résistance.
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Tout au long du XXe siècle, [la gauche] a accédé au pouvoir grâce à la puissance des passions collectives, dont celle de l’égalité. Et puis elle a accepté de les tamiser, avant de les étouffer sous une couverture de rationalité technique. Cette retraite bureaucratique, cette nouvelle conscience qui ne voit dans le monde que moyens et machines ont forgés les barreaux de sa cage de fer.
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Au tamis de la " guerre de civilisation ", l'information internationale passe mal. Et, sans cette écriture automatique, intellectuellement peu exigeante, elle prend trop de temps. Les radios privées l'ont bien compris : RTL ne compte que quatre correspondants permanents à l'extérieur de l'Europe.
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Les médias adorent relayer ces grandes causes associant tout et chacun sans déranger rien ni personne. Le consensus "humanitaire" a la même utilité que les "débats" entre journalistes. Ils brassent du vent pour détourner l'orage.
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Notre public devra se contenter, le plus souvent, de pensée prêt-à-porter, d’“images dramatiques”, de la langue de bois des têtes d’affiche de la politique et de l’économie. De vedettes du show-biz ou du cinéma venues assurer la promotion de leur dernier chef-d’œuvre en direct à 20 heures… sans parler du record du plus gros chou-fleur de Carpentras ou des vaches envoûtées dans une étable des Hautes-Pyrénées. Au nom de la concurrence, chacun court pour copier l’autre.
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Guerre du Golfe et du Kosovo, traités européens, accords de libre-échange, privatisations, mise en cause du niveau des retraites et de l'assurance sociale: sur tous ces sujets qui exigeaient une vraie confrontation des points de vue et qui engageaient l'avenir du pays, la quasi-totalité des quotidiens, des hebdomadaires, des radios, des télévisions ont, chaque fois, battu le même tambour avec les mêmes arguments. Au service de la guerre, au service de l'argent, au service du commerce.
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En Françe, la marque de succès pour les directeurs de l'information demeure d'obtenir d'un décideur quelconque qu'il exprime ce qu'il veut et une ça lui chante, mais en exclusivité dans les organes de presse dont il a la charge. Il paraît que cette dissémination d'une voix officielle s'appelle " tenir un scoop ".
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La censure est cependant plus efficace quand elle n'a pas besoin de se dire, quand les intérets du patron miraculeusement coincident avec ceux de "l'information" Le journaliste est alors prodigieusement libre. Il est heureux. On lui octroie en plus le droit de se croire puissant.
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Des médias de plus en plus concentrés, des journalistes de plus en plus dociles, une information de plus en plus médiocre. Longtemps, le désir de transformation sociale continuera de buter sur cet obstacle.
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Noam Chomsky ne cesse de le répéter : l'analyse du dévoiement médiatique n'exige, dans les pays occidentaux, aucun recours à la théorie du complot. Un jour, un étudiant américain l'interroge : "J'aimerais savoir comment au juste l'élite contrôle les médias ?" Il réplique : " Comment contrôle-t-elle General Motors ? La question ne se pose pas. L'élite n'a pas à contrôler General Motors. Ca lui appartient".
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A la fois parce qu'ils n'ont guère de compétences économiques et que la relégation hors champ d'un sujet comme le partage des revenus correspond à leurs intérêts de caste, les grands éditorialistes rêvent d'un affrontement politique circonscrit aux sempiternelles "questions de société" dont la maîtrise approximative n'exige aucun travail régulier : valeurs, violence, famille, religion, télévision, racisme, jeunesse, naturellement chaque fois dépouillées de leur contexte social. Si on ajoute à cela l'industrie increvable des échos de boutique (UMP contre UDF) et des perfidies exclusives (Fabius contre Strauss-Kahn), on concevra qu'une telle pitance n'informe pas beaucoup sur la marche du monde. Mais elle suffit à nourrir les billets de nos illustres commentateurs. Les marchés ne se chargent-ils pas du reste ?
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Les médias français se proclament " contre-pouvoir". Mais la presse écrite et audiovisuelle est dominée par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence.
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Qu’elle choisisse d’agir trop vite ou de ne rien bouleverser, la gauche française intériorise un manque de confiance en sa capacité de gouverner.
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Il ne reste plus qu’à attendre le jour où Le Monde citera l’Humanité citant Libération. Tous citant Alain Duhamel.
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Serge Halimi
• Hommage à Gisèle Halimi : son fils Serge refuse d’y assister en raison de la mobilisation contre la réforme.
Serge Halimi, ancien directeur du Monde diplomatique, dit avoir été « subitement informé » cette semaine par la présidence de la République, « en même temps que la presse », que cet hommage aurait lieu mercredi 8 mars, lors de la Journée internationale des droits des femmes. « Je n’y participerai pas. La décision de l’Élysée intervient après plus de deux ans de tergiversations et alors que le pays est mobilisé contre une réforme des retraites extrêmement injuste, dont les femmes qui occupent les métiers les plus difficiles seront les premières victimes », a souligné M. Halimi dans une déclaration transmise à l’AFP.
« Ma mère aurait défendu leur cause et manifesté à leurs côtés. Le 8 mars, ce sera la meilleure façon d’honorer sa mémoire et ses combats », a ajouté le journaliste, qui a précisé n’avoir « jamais eu de contact avec l’Élysée, ni avec aucun officiel, depuis le décès de (sa) mère ».

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https://www.leparisien.fr/societe/hommage-a-gisele-halimi-son-fils-serge-refuse-dy-assister-en-raison-de-la-mobilisation-actuelle
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En France, l'imbrication croissante entre les groupes industriels et les médias ramène le pays à la situation qu'il a connue sous la IIIe République. Cet état des choses, Albert Camus le décrivait en ces termes à la Libération : "L'appétit d'argent et l'indifférence aux choses de la grandeur avaient opéré en même temps pour donner à la France une presse qui, à de rares exceptions près, n'avait d'autre but que de grandir la puissance de quelques-uns et d'autre effet que d'avilir la moralité de tous. Il n'a donc pas été difficile à cette presse de devenir ce qu'elle a été de 1940 à 1944, c'est-à-dire la honte du pays."
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ort de Lady Diana en 1997, éclipse de soleil en 1999, "Loft story" en 2001 : chaque fois que, presque unanimes, les médias matraquent un sujet sans autre conséquence qu'une augmentation escomptée de leur diffusion, ils se prévalent de la demande du public, de l'intérêt du consommateur. C'est d'abord oublier que la mission du journaliste consiste à rendre intéressant ce qui est important, pas important ce qui est intéressant.
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Laurent Joffrin: Monsieur Chirac, je vais vous poser une question que vous allez juger, j'imagine, désagréable, mais enfin bon les journalistes ne sont pas toujours obligés de poser des questions qui plaisent aux candidats.
Jacques Chirac: Absolument.
Laurent Joffrin: Il y a eu une polémique qui a été déclenchée à la suite de la publication d'un article dans Le Canard enchaîné. Et cet article a trait, avait trait à un appartement que vous louez, que votre famille loue dans le septième arrondissement...
Jacques Chirac: C'est moi qui loue.
Laurent Joffrin: C'est vous? Et on vous a reproché, d'une certaine manière, de bénéficier d'une opération immobilière qui vous permet de payer un loyer avantageux eu égard aux facilités que comporte cet appartement, à sa nature immobilière. Vous avez répondu que tout ça était légal et donc qu'il n'y avait pas d'irrégularité. Personne ne vous a contredit sur ce point. Mais est-ce que c'est pas quand même un peu ennuyeux pour des questions d'image, parce que ça risque quand même de vous donner un peu l'image de quelqu'un qui bénéficie, même s'il est parfaitement honnête - et tout le monde le pense - mais qui bénéficie - avec d'autres mais comme d'autres - d'un certain nombre de privilèges qui sont fermés aux citoyens normaux puisque, apparemment, le loyer en question est quand même très avantageux par rapport à l'appartement? »
Il est arrivé que des candidats soient interpellés de façon plus rude.
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La pensée unique n'est pas neutre, elle n'est pas changeante et il n'y en a pas deux comme elle. Elle traduit « en termes idéologiques à prétention universelle les intérêts du capital international», de ceux qu'on appelle « des marchés », c'est-à-dire les gros brasseurs de fonds. Elle a sa source dans les institutions économiques internationales qui usent et abusent du crédit et de la réputation d'impartialité qu'on leur attribue : Banque mondiale, FMI, OCDE, OMC, Banque centrale européenne.

Céder à cette pensée-là, c'est accepter que la rentabilité prenne partout le pas sur l'utilité sociale, c'est encourager le mépris du politique et le règne du capital. Sans qu'ils s'en aperçoivent toujours eux-mêmes, nos barons du journalisme dévoilent cette tentation chaque jour. Franz-Olivier Giesbert interpelle M. Chirac :
« Si la France en est là, n'est-ce pas à cause de ses rigidités et, notamment, de la barrière du salaire minimum qui bloque l'embauche des jeunes ou des immigrés ? »
Pour Philippe Manière, qui fut l'un des rédacteurs en chef du Point, une revalorisation du salaire minimum représenterait un « coup de pouce assassin ». D'ailleurs, « l'inégalité des revenus, dans une certaine mesure, est un facteur de l'enrichissement des plus pauvres et du progrès social».*

* Philippe Manière, « Les vertus de l'inégalité », Le Point, 7 janvier 1995.
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