Ils voulaient changer la vie comme le chantait l'un. Ils se contentent désormais de gérer le train de la leur.
Halimi appuie là où ça fait mal. L'invraisemblable danse du ventre de la gauche devant une droite réfractaire : la gauche cherche toujours à plaire (ou rassurer) la droite, complexe d'infériorité devant un camp politique considérant la gestion des affaires publiques comme son dû ? Peut-être... Ce qui est remarquable, c'est que l'inverse ne se vérifie jamais : la droite se suffit à elle même et ne chasse pas sur les terres de son adversaire politique.
Il est vrai, cependant, que la gauche se heurta systématiquement à une méfiance généralisée des milieux d'affaires, la Finance ("mon seul ennemi" comme osa le clamer l'autre avant de se renier) et dût composer avec un système bien en place et hostile. Néanmoins, Halimi prend soin de dédramatiser cet enjeu exogène et démontre implacablement que les renoncements de la gauche furent aussi internes, fruits des divisions entre PCF et SFIO puis PS, conséquences d'une incapacité psychologique à vraiment tenter sa chance, résultats de l'égarement de ses dirigeants. le tournant de la rigueur en 1982 est une illustration frappante de cette inconséquence. L'abandon de l'Espagne républicaine aux Franquistes en 1937 incarne la pusillanimité d'une gauche tétanisée, qui rompt sur ses valeurs élémentaires.
Halimi met en lumière, qu'au delà, de situations politiques dissemblables au possible, de contextes géopolitiques extrêmement différents, cet échec de la gauche au pouvoir répond aux mêmes invariants.
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