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Critiques de Sergio Ramirez (36)
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Retour à Managua

"Retour à Managua", c'est le retour aux affaires de l'inspecteur Morales. Un retour pas des plus flamboyants : après son enquête précédente ("Il pleut sur Managua", que je n'ai pas lu), Morales est passé du statut plus ou moins enviable d'inspecteur de police à celui, pas enviable du tout, de détective privé besogneux (mais honnête et droit), cantonné aux histoires d'adultère. En plus d'avoir perdu son prestige, il a perdu son acolyte de toujours, Lord Dixon, tué par balle. Il continue néanmoins à bénéficier des conseils de celui-ci, puisque son fantôme lui rend régulièrement visite. Doña Sofia, bien vivante pour sa part, ancienne femme de ménage du commissariat, a quant à elle été promue associée de l'agence de détectives de Morales. Celui-ci, ancien guérillero sandiniste, n'a pas voulu (en raison de l'honnêteté et de la droiture susmentionnées) s'enrichir sur le dos de la révolution lorsque celle-ci a viré de bord vers un capitalisme à tous crins, généreusement diffusé par les USA. Bref, sa situation financière et celle de son agence ne sont pas brillantes. Jusqu'au jour où un homme d'affaires riche et puissant s'adresse à lui pour retrouver sa belle-fille disparue. Tout en menant les recherches, Morales et son équipe comprennent que leur client n'a pas réellement envie de voir l'enquête aboutir. Et quand ils retrouvent la jeune femme, ils hésitent à la ramener au bercail...

J'avoue que j'ai eu du mal à m'intéresser à cette intrigue. Beaucoup (trop) de dialogues, des péripéties peu captivantes, des personnages secondaires qui font beaucoup trop d'ombre au principal que l'on perd presque en route, j'ai trouvé cette histoire un peu poussive et bavarde. le roman vaut surtout pour sa galerie de personnages bigarrés et la plongée dans les bas-fonds de la capitale nicaraguayenne, dans une sorte de cour des miracles hantée par les laissés-pour-compte de la révolution, pervertie par la dictature, le néolibéralisme et la déglingue morale. Bourré d'humour noir, ce polar est une critique grinçante d'un pays gangrené par la corruption, qui reflète les désillusions de son auteur, lui-même ancien sandiniste convaincu et amèrement déçu par la Révolution.

En partenariat avec les Éditions Métailié.
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A balles réelles

Sergio Ramirez s'est battu contre la dictature de Somoza au Nicaragua. Mais, après avoir présidé le groupe parlementaire sandiniste, il s'est opposé au président Ortega en estimant qu'il trahissait la révolution et bafouait la démocratie. Son roman « À balles réelles » témoigne de sa désillusion. Son héros (c'est le troisième roman où apparaît l'inspecteur Dolores Morales, autrement dit « Douleurs morales » comme il nous le signale aimablement) tente de rentrer dans son pays après qu'on l'en eut viré et à peine a-t-il trouvé un passeur que celui-ci est trucidé. Inutile de s'attendre à une enquête compliquée : Morales se retrouve impliqué dans une révolution de palais où valsent les conseillers de l'ombre, tous plus sanguinaires et vénaux les uns que les autres. Fantoches agrippés à leurs privilèges, ils sèment la terreur pour rester au plus près d'un pouvoir persuadé d'être sous la protection d'ondes cosmiques. Bref, les bas du front sont souvent cons en plus d'être odieux.

Encore que le goût du pouvoir et sans doute aussi celui du sang est aussi partagé par des gens un peu plus éduqués : le poète Lira n'est pas le dernier à faire feu sur tout ce qui bouge et c'est sans doute un pâle imitateur de cet affreux personnage qui a profité de ce qu'il savait lire et écrire pour s'apercevoir que le roman de Ramirez n'était pas un simple polar inoffensif mais qu'il dénonçait la répression violente menée en 2018-2019 par des groupes paramilitaires après des manifestations antigouvernementales. le roman fut donc retiré de la vente, et, pour faire bonne mesure, son auteur a été déchu de sa nationalité.

J'étais donc toute prête à beaucoup aimer ce roman. Mais l'auteur multiplie les digressions, semblant ne pas trop savoir comment mener son histoire. La fin est particulièrement ratée : après une chronique éprouvante des massacres d'étudiants, Ramirez fait se marier son héros, puis redonne la parole à ses différents personnages, incapable de les abandonner (il faut dire qu'un ami du personnage principal, mort dans le tome précédent, continue à prendre la parole, pas gêné plus que ça par son statut de fantôme). C'est dommage : moins bavard et plus à l'os, Ramirez aurait visé juste.
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Il pleut sur Managua

Au Nicaragua, l’inspecteur Morales enquête sur la disparition d’une jeune fille. Dans cette enquête, il va être aidé de Sophia qui est femme de ménage et de Lord Dixon. La corruption fera partie de l’histoire. L’auteur nous dresse un portrait social et culturel du Nicaragua où chacun doit trouver sa place. Une intrigue complexe ancrée dans l’univers de la drogue et de personnages louches.

J’ai aimé ce roman, mais il m’a manqué un petit quelque chose pour vraiment l’apprécier. Un roman social qui nous décrit l’histoire du Nicaragua et c’est ce qui est intéressant dans ce livre. On en apprend beaucoup sur l’histoire du Nicaragua. Un roman policier un peu farfelu.

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Il pleut sur Managua

Le Nicaragua n’avait pas encore été tamponné sur mon passeport de lectrice endiablée et un "Mois Espagnol & Sud Américain" (chez ma copinaute Sharon) est une excellente occasion pour voyager confiné !



Nous sommes face à un polar, noir, bien entendu, il ne saurait en être autrement dans un pays qui a connu la guérilla et où les anciens guérilleros sont devenus flics, ou bandits, ou bien notables, employés aussi ou femme de ménage.



On se recycle où on peut, on garde son surnom de guerre et il n’est pas facile quand deux personnages se sont connus dans la guérilla et sont maintenant chacun à l’opposé l’un de l’autre (un flic et un voyou en col blanc).



L’inspecteur Morales est un ancien guérillero rattaché à la brigade des stups, souvent en contact avec les agents de la DEA et l’auteur nous fait bien comprendre que les gringos ne sont pas vus avec des yeux de velours car les Américains étant des gros consommateurs de drogues, leur pays est une plaque tournante pour tous ces produits qui se sniffent, s’injectent, se fument…



L’inspecteur Morales, c’est la nonchalance d’un Derrick avec la libido de Rocco Siffredi mais sans les éclairs de clairvoyance d’un Columbo !



Ok, je force un peu le trait, mais il a des maîtresses et n’hésite pas à se farcir un témoin, mère de la victime et à draguer une infirmière peu après.



Et on ne peut pas dire que Morales courre partout comme un Jack Bauer, surtout qu’il a une patte folle. Ni qu’il a une équipe de flic de choc pour l’aider puisqu’il va se faire aider par Dona Sofia, la femme de ménage du commissariat (ancienne de la guérilla aussi) et Fanny, sa maîtresse… C’est vous dire comment ça bosse à Managua !



Durant l’enquête, l’auteur va nous brosser un portrait du Nicaragua, de la ville de Managua, de ses blessures, ses fêlures due aux guérillas et au tremblement de terre, de la corruption, le tout entrecoupé des vannes de nos deux flics, Morales et Lord Dixon, son pote policier qui enquêtera à ses côtés.



C’est une plume cynique que l’auteur utilise pour nous parler de son pays, de ces habitants, de ces mœurs, des paysages, des bidonvilles, des maisons huppées, des cartels de drogue, des flics corrompus, dans les hautes sphères. Une satire sociale assez grinçante où il vaut mieux éviter de se perdre dans tous les personnages aux multiples noms et surnoms.



À un moment donné, le récit semble s’enliser dans un banc de sable et là, j’ai ramé un peu pour continuer l’histoire qui, juste après, est repartie de plus belle.



Un roman noir à découvrir pour en savoir un peu plus sur un pays à genou, sur une révolution – caramba – encore ratée, sur une société fracturée entre pauvres et riches, pour découvrir un roman sociétal, sans fard ni mascara pour couvrir cette misère que d’autres ne voudraient pas voir.


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Il pleut sur Managua

L'inspecteur Morales est amené à enquêter sur un yacht abandonné, au milieu d'une lagune, à proximité de Managua. Il en découvrira bien plus qu'il ne pensait au fil de son enquête.



Intrigue on ne peut plus basique, pour un polar, ce qui se confirmera au fil du récit, Il pleut sur Managua reste une lecture plaisante, parce que principalement polar d'atmosphère, ceux que je préfère. L'on baigne en effet dans la capitale nicaraguayenne, entre relents de révolution sandiniste et omniprésence de la corruption et du narcotrafic qui en a découlé à sa fin, et l'on s'y baigne bien volontiers. Mais l'on suit aussi, un peu trop, des personnages types, protagoniste en tête, comme parfait anti-héros tout aussi type pour ce genre de romans, qui enfoncent le clou de l'intrigue déjà très classique.



En somme, un roman qui se lit vite et bien, qui tient la route, mais qui manque vraiment d'originalité.
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Le bal des masques

Lauréat du Prix Laure Bataillon en 1998 pour ce livre, Le bal des masques, Sergio Ramirez signe une œuvre très théâtrale, confinant un défilé de protagonistes dans un même espace qui comprime les esprits et oblige à la confidence. Tous et toutes se dévoilent, dans une sarcastique ritournelle de petites infamies et dressent une scène loufoque de leurs mœurs, obsédées d'égoïsme et d'intérêt personnel, tandis que le pays sombre dans la violence.
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Il pleut sur Managua

Une nouvelle enquête est dévolue à l'inspecteur nicaraguayen Morales et à sa patte folle (il porte une prothèse depuis la révolution sandiniste) : un bateau luxueux a été retrouvé abandonné dans une lagune, avec un T-Shirt taché de sang à son bord, ainsi qu'un livre dont le marque-page est la carte d'un casino de Managua. Pour Morales et son fidèle compagnon Lord Dison, il y a de fortes chances que cette histoire ne soit qu'une banale affaire de "narco". Oui mais voilà, les débuts de l'enquête semblent indiquer que l'histoire de ce yacht est un petit peu plus compliquée qu'on ne pourrait le penser a priori !



Il pleut sur Managua est un roman policier qui met en scène un duo qu'on a du mal à qualifier "de choc", soutenu par des "enquêtrices" très compétentes mais fort improbables : Dona Sofia, la femme de ménage du commissariat, et Fanny, la maitresse de Morales. Au détour de la poursuite de l'enquête, Ramirez en profite pour nous faire un descriptif du pays plutôt coloré, avec des évènements plus que pittoresques, comme les innombrables inaugurations de bâtiments officiels, les manifestations des médecins, les processions religieuses qui engorgent la circulation de Managua, les publicités décalées sur les savons qui nettoient des péchés, etc…

J'avoue au départ avoir été un peu perdue au départ entre les différentes dénominations de chaque personnage : chacun d'entre eux porte un nom (jusque-là, c'est normal), un surnom (ça arrive souvent), et également un nom de guerre qui date du temps de la dictature de Somoza. Du coup, quand on connait encore peu les protagonistes et que ceux-ci sont nombreux, on ne sait plus qui est qui. D'autant que policiers et trafiquants marchaient côte à côte du temps de la révolution sandiniste, ce qui ne facilite pas leurs rapports, entre les amitiés anciennes et les chemins qui ont évolué chacun d'un côté de la justice.

Au final, j'ai trouvé l'enquête un peu molle, avec un décalage "de gravité" entre l'histoire principale (où tout n'est pas rose) et les digressions (très colorées et souvent légères et amusantes). Le duo d'enquêteurs est plutôt sympa ; ces flics à l'ancienne, qui s'envoient des vannes avec un humour souvent grinçant toutes les 5 minutes mais ont une confiance "à la vie à la mort" en l'autre m'ont parfois fait penser au duo Riggs- Murtaugh de L'arme fatale, l'action en moins. Et du coup, entre les digressions et le manque d'action, je me suis parfois ennuyée…

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Retour à Managua

Les lecteurs d'Il pleut sur Managua, paru en 2011, ont longtemps attendu de nouvelles aventures du détective privé Dolores Morales. Les voici enfin, sous le titre voisin de Retour à Managua, et même si ce nouvel opus n'a pas des qualités aussi évidentes que son prédécesseur, il reste cependant un livre de bonne compagnie pour ceux qui aiment les romans noirs, à fortes connotations sociales, d'un pays, le Nicaragua, qui fait peut parler de lui depuis la révolution sandiniste (et encore moins du point de vue littéraire). Sandiniste, justement, l'auteur, Sergio Ramirez, l'a été, profondément engagé contre la dictature de Somoza. Aujourd'hui, il fait partie des désillusionnés de la politique, comme beaucoup d'anciens activistes et se consacre à l'écriture, pour notre plus grand bonheur. Retour à Managua vaut donc principalement pour son atmosphère et la description de la vie dans la capitale du Nicaragua où les inégalités sont de plus en plus béantes et où la corruption sévit à haute échelle. Morales, le double de Sanchez, est un homme déçu par la Révolution, mais qui n'a pas pour autant perdu ses valeurs morales même si, au début du roman, le doute est permis, étant donné le commanditaire de l'enquête qu'il a à mener. Il va ainsi traverser les bas-fonds de Managua et rencontrer quelques anciens camarades de lutte, tombés au plus bas. Point de lamentations pourtant, le livre est gorgé d'humour noir et multiplie les personnages des plus pittoresques. C'est d'ailleurs là où le bât blesse : le roman devient parfois choral et oublie en chemin son principal "héros", pourtant extrêmement attachant. Les dialogues sont l'un des points forts de l'ouvrage et sont souvent savoureux. Néanmoins, en donnant beaucoup de place à un interlocuteur fantôme (puisque décédé), qui n'arrête pas d'intervenir dans les conversations, l'auteur alourdit quelque peu la narration. C'est dommage mais pas rédhibitoire pour prendre du plaisir à suivre une histoire palpitante et à multiple facettes.
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Il pleut sur Managua

Un polar d'un auteur nicaraguayen , ça me paraissait un bon choix de lecture, une fois fermé mon avis plus mitigée sur cette sélection.



Il y a des points intéressants avec les restes de la révolution sandiniste qui jalonnent le texte, le tremblement dévastateur qui a laissé des plaies , le poids de l'église et de la politique, la drogue et la corruption ...un paysage favorable pour un roman policier. Le personnage phare est un inspecteur ancien de la guérilla, une jambe en moins, coureur de jupons, pas très efficace mais plutôt sympathique. Autour de lui on trouve des personnages étonnants dont la femme de ménage qui va épauler notre inspecteur, car il y a enquête autour de la suspicion de meurtre d'une femme.



Entre les personnages, les lieux, les pistes j'ai eu du mal à suivre et à rentrer dans cette histoire. Il me reste une certaine sympathie pour les personnages , quelques images du Nicaragua et la nette impression de m'être perdue dans la jungle !
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Il pleut sur Managua

À Managua, l’inspecteur Dolores Morales, brigade des stupéfiants, est chargé d’enquêter sur un yacht abandonné dans la zone de Laguna de perlas. Les soupçons de l’ancien guérillero et de son fidèle ami, un lieutenant surnommé Lord Dixon, s’orientent rapidement vers le trafic de drogues. Une ex-guerillera, devenue femme du ménage du commissariat, se mêle à l’affaire. Pendant ce temps-là, dans le contexte de pèlerinage de la Vierge de Fatima, de grèves et sur fond de chaos social, le président du Nicaragua inaugure des stations-service...

L’écriture de Sergio Ramirez est agréable, mais il me semble que la traduction est un peu lourde. L’intrigue est trop légère et s’enlise vite. Je me suis rapidement ennuyé. La satire sociale n’est pas assez claire pour moi, les personnages pas assez critiques à mon goût et les tensions en leur sein assez minimes.

Je trouve ça vraiment dommage, car les descriptions des bidonvilles, du paysage, et de la ville sont très intéressantes : elles sont très bien structurées.
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A balles réelles

Ancien guérillero de la lutte contre la dictature nicaraguayenne recyclé en policier officiel puis destitué pour excès de zèle, Dolores Morales s’est reconverti en détective privé mais une enquête un peu sensible lui vaut les foudres du pouvoir qui l’expulse manu-militari vers le Honduras.

C’est là que l’on retrouve notre placide héros et son fidèle Rambo prêts à réintégrer clandestinement leur cher pays mais ils devront d’abord combattre leur ennemi de toujours, le chef des services secrets, Tongolele, un discret mais sanguinaire serviteur de la tyrannie. La révolte populaire qui gronde est réprimée dans le sang.

Outre la description édifiante de la triste situation du Nicaragua, ce roman éclaire sur le quotidien du peuple confronté à la misère et à l’injustice. Traversé de digressions philosophiques, d’humour noir et de personnages colorés, c’est également un vrai brulot politique qui a valu à son auteur, ancien homme d’état, une condamnation à l’exil et la déchéance de sa nationalité.
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Il pleut sur Managua

Polar social ultra réaliste du bout du monde, un tout petit bout du monde : le Nicaragua. L'inspecteur Morales, ancien sandiniste, enquête sur un meurtre, dans un dédale de corruption et un chaos social où toutes les valeurs sont mises à mal : les ex révolutionnaires sont omnipotents, les flics trafiquent, les juges sont hors-la-loi. Tout est oppressif : la moiteur, la religion, la hiérarchie, la pauvreté, la violence. La question de fond posée par Sergio Ramirez est : comment être assez fou pour rester éthique ? de même, l'empilement paradoxal des valeurs révolutionnaires et capitalistes est particulièrement bien rendu.

Plus qu'un polar, c'est une dénonciation de l'état de décrépitude d'un pays en souffrance et d'un peuple écoeuré qui conclut : encore une révolution pour rien. Bien plus que la cynique galerie de portraits qui peuple ce livre d'une grande vitalité, c'est bien le Nicaragua qui en est le protagoniste central : un pays à genoux et un peuple qui patauge mais tient debout comme il peut. Je vis au Nicaragua et je confirme.

A lire à l'ombre, avec une bière Toña glacée, côté ventilateur.


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A balles réelles

Je viens de faire la connaissance, 334 pages durant, de la modeste nation nicaraguayenne. Si l'on situe, sans trop hésiter, ce petit pays en Amérique Centrale*, on ne connait que peu son Histoire récente. Sur le fil des dernières décennies, son passé s'est montré pour le moins chaotique et complexe, tant sur le plan intérieur que sur l'échiquier géopolitique international. Deux hommes politiques tristement célèbres en émergent, deux présidents deux dictateurs, Somoza puis Ortega …



« A balles réelles » est, sous couvert de fiction, un thriller politique à charge. Sergio Ramirez, ex-ministre nicaraguayen, y dénonce le pouvoir corrompu de son pays, quitte à en subir les conséquences. A parution au Nicaragua : le roman fut interdit, son auteur exilé et déchu de sa nationalité. Via d'étonnants faits réels, récents, certains absurdes, le roman est une plongée dramatique, douloureuse et brutale au coeur d'une dictature. Bienvenue au Nicaragua.



Ci-après, le background Historique dans lequel s'insèrent les éléments fictionnels. 2018 : Daniel Ortega est au pouvoir. Son épouse, complaisamment nommée vice-présidente, est une capricieuse first-lady, auto-proclamée poétesse, en proie à de curieuses lubies cosmiques. Elle tient à partager ses visions célestes avec une population qui, très majoritairement pauvre, a d'autres chats à fouetter. Ce que Femme veut Dieu le veut ; même la plus absurde et farfelue de ses tocades a force de décret ; Ortega plie : d'immenses « Arbres de la Vie** » aux arborescences métalliques spiralées et colorées, prolifèrent dans tout le pays (150 cette année-là). Ces coûteuses structures, censées attirer l'énergie cosmique, engendrent un scandale d'état, exacerbent une récente et indigeste réforme des retraites, deviennent le prétexte visible à une révolte populaire. Ces arbres factices : la population s'en agace silencieusement ; celle estudiantine s'en offusque à visage découvert, descend dans la rue et les abat. Voici venir le temps des manifestations, des barricades, des armes, de la répression sanglante menée par des milices privées. 300 morts, 2000 blessés à Managua et partout dans le pays.



Les évènements fictionnels : l'intrigue est malaisée à « pitcher » (je n'en dirais rien), elle est d'autant plus complexe qu'elle fait naturellement suite à deux épisodes précédemment publiés dans la même collection***. « A balles réelles » fait l'impasse explicative sur certains événements antérieurs qui, sans avoir lu les tomes précédents, peuvent faire défaut. Ce n'est pas un one shot comme on pourrait le croire. Est-ce un « moins » manifeste quand, en avant-propos, quelques notes suffisent à boucher la plupart des trous ?



Les hommes du roman :



_ il y a ceux qui, d‘une main de fer, restent agrippés au Pouvoir : personnages officiels ou sous-marins officieux, historiques ou fictionnels, des militaires pour l'essentiel. Compromissions, complots à bas bruit ou à ciel ouvert, bassesses et traitrises à tous les étages, double voire triple jeu. Sauvegarder sa puissance personnelle, quoi qu'il arrive, écraser pour survivre, mentir, s'abaisser, rebondir … Sous leurs regards et agissements, c'est la dictature visitée de l'intérieur qui nous est montrée et disséquée peu à peu. L'infox comme instrument de pouvoir total, l'art de la créer ou de la retourner, la manière de l'utiliser ; les fake-news, les diffuser, les crédibiliser, les rentabiliser. Quelque part une dystopie en plein essor ... mais, hélas, en vrai, en grand, exponentialisée par l'émergence des réseaux sociaux.



_ face à eux : les hommes (et les femmes) du contre-pouvoir clandestin, fantasmés tout autant, idéalistes, politisés à outrance, maquisards ou citadins anonymes … alliés aux catholiques petits Padres du Peuple qui, loin du Vatican réactif à sa façon, combattent la dictature.



Sauf qu'ici tout n'est pas si binaire, Sergio Ramirez nous décrit, sur l'échiquier en cours, des blancs un temps chez les noirs et inversement, façon girouettes. Ces hommes-là, farouchement opposés les uns aux autres sont, traditionnellement, ce que l'on perçoit de certains pays d'Amérique Latine en équilibre instable entre démocratie et dictature, le tout sous la tutelle masquée de très grandes puissances fraternelles.



Sergio Ramirez met en scène une galerie de personnages fictionnels picaresques, voire parfois caricaturaux. Ils empruntent aux deux camps :



_le détective privé Dolores Morales (c'est un homme), un ex-policier recyclé détective privé, un opposant contraint à l'exil mais de retour clandestinement au pays, boiteux ; c'est un héros principal étonnamment effacé face aux évènements ;



_une astro-cartomancienne au service de l'Etat, en contact télépathique avec un gourou indien décédé ;



_l'esprit d'un homme mort s'ingérant dans les pensées des vivants ;



_« le Masque » : un pseudo, un avatar, des révélations sur le Net, des octets maniés par le Pouvoir ou ses opposants ?



_Tongolele : une brute dans les coulisses du pouvoir, à deux doigts de la déchéance, contraint à jouer ses dernières cartes.



« A balles réelles » est, au final, un drôle de thriller qui, peu à peu, se libère par bribes de ses ingrédients de fiction. Au coeur des espaces laissés libres, s'impose un reportage brut sur les traces d'une dictature en cours, d'une vérité historique crue et édifiante. Sous les yeux de qui le lit, le roman prend une autre tournure en mettant au premier plan la réalité d'un pays prisonnier …



*Mer des Caraïbes à l'est, Pacifique à l'ouest, Honduras au nord, Costa Rica au sud.

**authentique

***« Il pleut sur Managua » (2011) et « Retour à Managua » (2019).



Merci Babelio, Masse Critique, l'auteur et l'éditeur ...


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A balles réelles

Sergio Ramírez n'a jamais fléchi dans son engagement au Nicaragua et n'a eu de cesse de combattre les dictatures de son pays, de Somoza, hier, à Ortega, aujourd'hui. Exilé en Espagne, il a été déchu de sa nationalité après la parution de son dernier roman, publié en France sous le titre de À balles réelles. Un livre dans lequel apparaît à nouveau son personnage fétiche, l'inspecteur Morales (Il pleut sur Managua, Retour à Managua), lequel est cette fois plus spectateur que acteur dans un événement récent et marquant de l'histoire du Nicaragua : le massacre de 300 étudiants désarmés en avril 2018. Derrière une intrigue qui comporte certains éléments de fiction, l'auteur ne se cache pas pour stigmatiser les exactions des paramilitaires au service du régime. La puissance du texte et la force de la dénonciation sont indéniables mais le livre y perd en contrepartie de sa verve caustique et de son humour, qualités habituelles des écrits de Sergio Ramírez, lointain cousin du Cubain Leonardo Padura. Un livre à part, dans l’œuvre de l'écrivain nicaraguayen, dont la fantaisie romanesque s'efface devant la réalité des faits, quand il pleut du plomb sur Managua.



Un grand merci à NetGalley et aux excellentes éditions Métailié.
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Il pleut sur Managua

Tout le monde connaît l’inspecteur Dolores Morales à la brigade des stup de Managua, l’ancien guérillero sandiniste, et son acolyte le lieutenant « Lord Dixon ».

Aussi, lorsque Lord Dixon l’informe qu’un luxueux yacht a été retrouvé échoué et dépecé dans une lagune retirée au regard de tous et surtout de la police, l’inspecteur Morales sait immédiatement qu’il a affaire aux narcotrafiquants.

Mais l’inspection du yacht va révéler autre chose, et un indic va le confirmer, une jeune femme a été tuée à bord.

Qui est Sheila cette jeune mère dont les narcos se sont débarrassés ?

L’inspecteur Morales aidé de son fidèle lieutenant « Lord Dixon » et de façon beaucoup plus improbable mais tout aussi efficace par la femme de ménage du commissariat elle-même ancienne guérillera qui n’a peur de rien, et de Fanny la maitresse de Morales vont tirer une à une les ficelles qui vont les mener jusqu’au sommet des cartels les plus puissant du Nicaragua, du Panama, de Colombie.

Sergio Ramirez nous décrit également un Nicaragua en proie à tous les démons, entre les ex-guérilleros devenus des politiques véreux, des flics devenus gardes du corps des narcos, et des habitants totalement dépités qui vivent encore plus de 50 ans après dans les décombres du grand tremblement de terre de 1972, implorant la Vierge de Fatima et les évangélistes américains pour leur venir en aide, sans compter une nature parfois bien hostile.

Un polar agréable dont je vais m’empresser de lire la suite.

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Il pleut sur Managua

Un yacht, appartenant sans nul doute aux narcotrafiquants, a été retrouvé échoué dans la lagune de Perlas. A l'intérieur est trouve un tee-shirt maculé de sang laissant présumer qu'un meurtre y a eu lieu.

L'inspecteur Morales et son ami le lieutenant Lord Dixon pensent que la présence du yacht en ce lieu cache quelque chose de plus important qu'une simple livraison de drogue.



L'enquête, malgré que le meurtrier soit assez rapidement identifié, est très bien maîtrisée. Toutefois alors que les faits aient été établis par les deux enquêteurs le dénouement tarde un peu à venir.



En toile de fond l'auteur nous propose une satyre sociale de son pays plutôt pittoresque.



Les deux enquêteurs sont assez intéressants à suivre avec une légère pointe d'humour dans leurs interactions verbales.



Un policier plutôt classique qui change agréablement des romans noirs qui sont le plus souvent l'apanage de cette région du globe.
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Retour à Managua

Après la réussite du démantèlement de deux cartels de la drogue dans Il pleut sur Managua, l’inspecteur Dolores Morales ex-guerillero sandiniste, est couvert d’honneur, mais pour lui cette belle réussite est assombrie par la mort de son équipier et ami Lord Dixon tombé lors d’une fusillade avec les narcotrafiquants.

Mais contre tout attente, l’inspecteur Morales sera mis d’office à la retraite.

En effet, les narcos avaient infiltré le pouvoir et les services de police jusqu’en très haut lieu, et certains ont voulu éliminer cet inspecteur un peu trop zélé qui contrait leurs affaires.

Morales a donc créé une agence de détective privé qu’il tient en compagnie de Dona Sofia une ancienne guérilla qui a quitté son poste femme de ménage au commissariat et de Fanny sa maitresse.

Aussi, lorsque Miguel Soto un riche homme d’affaires (plus que corrompu) s’adresse à Morales pour qu’il retrouve la fille de sa femme une adolescente qui a fugué, l’ancien inspecteur est à mille lieux de se douter qu’il met le doigt dans le pire des engrenages et c’est dans les bas-fonds de Managua qu’il va devoir enquêter sous la surveillance de Togolele le chef de la Police Secrète qui n’a qu’une envie : éliminer Morales.

Un polar qui sous couvert d’humour nous dresse un portrait terrible de la société nicaraguayenne : corruption, trafic de drogue, enlèvements, torture, meurtres, et un final qui nous laisse au désespoir prouvant que le mal est bien plus fort que le bien.

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Il pleut sur Managua

Ce polar nicaraguayen est bien, mais sans plus. J'ai trouvé l'histoire assez simple et sans grands rebondissements (sauf un auquel je ne m'attendais pas). Le trio infernal (comme je l'appelle) l'inspecteur Morales, lord Dixon et doña Sofía était intéressant et aurait pu être un peu plus creusé, mais je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, certains côtés de l'inspecteur notamment, m'ont dérangée.

Par contre j'ai beaucoup aimé découvrir le Nicaragua, son histoire et la société. Nous sommes dans un pays qui semble gangrené par les trafics de drogue et les cartels (pays proche de la Colombie et de Panama, donc apparemment bonne zone de transit) et où la corruption règne. La religion tient une place très importante dans cette société qui a beaucoup souffert : il est plusieurs fois questions d'un tremblement de terre et d'une révolution, de la guerre entre autres. Cela m'a donné envie d'en connaitre un peu plus sur ce pays.
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Adios muchachos

La révolution sandiniste qui a évincé le dictateur Somoza en 1979 a fait r^ver des générations de par le monde car elle symbolisait la victoire de la justice et de l'égalité sur la népotisme et l'impérialisme américain. Le témoignage de Sergio Ramirez, l'intellectuel qui accompagna cette révolution aux plus hauts postes revient sur la dimension christique -ou messianique- de l'engagement révolutionnaire où le don de soi, après renoncement à tout, est assimilé à celui des premiers chrétiens. Aucun fait politique intérieur ou extérieur (Carter, Reagan, Jean-Paul II, Fidel Castro, Carlos Andrés Pérez etc...) n'est éludé. Sans doute l'auteur n'a-t-il pas tout dit et se présente sous le meilleur jour possible. Le document est saisissant de modération et d'intelligence des faits. Il n'est cependant pas possible d'omettre ce qui est advenu après 1996, date de la publication d' "Adios Muchachos". Si Violeta Chamorro, élue à la présidence en 1990 était elle aussi membre au début de l'état major de la révolution et si l'on saute un intermède "libéral", le pouvoir est revenu depuis 15 ans au même daniel Ortega qui s'est transformé lui-même en dictateur-oppresseur (suivant les informations qui nous inondent). Comment ne pas avoir, dès lors, à l'esprit le dicton populaire qui veut que "Les gens ont les gouvernants qu'ils méritent".
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Le bal des masques

J’ai tenu une centaine de pages. Je me suis accrochée au maximum, il fallait bien la perspective de lire un roman du Nicaragua pour me motiver à dépasser la page 22 !!

Ce roman m’a fait penser à Cent ans de solitude de Marquez (que je me suis battue pour finir) et aux Groseilles de novembre de Kivirähk (que j’ai bien aimé). Il y a ces familles tentaculaires, ces relations entre villageois, ces anecdotes qui s’égrènent.

Mais ces phrases qui sont des paragraphes. Mais cette multitude de personnages dont plusieurs qui portent le même nom et dont on ne sait plus quelles sont les relations. Mais les histoires qui s’emboîtent comme des poupées russes, brouillant le fil principal et la chronologie.

Bref, j’étais totalement perdue et j’ai continué du mieux que j’ai pu.



La littérature des pays d’Amérique centrale est difficile à trouver et je suis déçue que la première incursion que j’arrive à faire dans cette région du monde se soit si mal passée ! J’espère que ça ira mieux pour les prochains – j’avais déjà du mal à trouver des romans qui me tentent et qui soient « trouvables », cette déception ne va pas arranger les choses…

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