L’atmosphère printanière transportait des senteurs fleuries réchauffées par la douceur du soleil. Le chant apaisant de la rivière rythmait les pensées du doux rêveur assis sur le rocher. Les notes arrivèrent à ses oreilles, suites de triolets joyeux dansant dans les airs, semblant décrire des dizaines d’arabesques voluptueuses. Il tourna la tête pour voir d’où provenait le son, mais il était seul au fond de la vallée verdoyante. La mélodie venue de nulle part s’amplifia, donnant l’impression d’un cœur qui battait de plus en plus fort et de plus en plus vite. Les arabesques s’étiraient, s’élançant toujours plus haut dans le ciel, procurant une émotion intense de moins en moins contrôlable. Douceur et fougue se mélangeaient avec plaisir, emportant tout signe de solitude sur son passage…
Le visage de Clément était serein, les songes l’avaient emporté dans leur univers merveilleux.
Cela m’agace de toujours m’emballer pour les mecs, pour finir par me rendre compte qu’ils n’en valaient pas la peine. Je vais peut-être vite en besogne, mais je suis perdue, là.
J’ai eu raison de mettre fin à cette relation, elle ne m’apportait rien. Certes, nous avions des moments agréables lorsque nous étions seuls – comprendre : sans aucune concurrence dans les parages –, mais ce n’était qu’une illusion. Rien entre nous n’était vrai ou sincère. J’ai mis du temps à m’en rendre compte (près de six mois), mais j’en suis sortie, et c’est très bien comme ça. Je peux trouver beaucoup mieux qu’un prof de fitness, coureur de jupons.
C’est bien ça mon problème : je suis faible devant un physique avantageux. Malheureusement, beauté ne rime pas toujours avec mec bien. Pas pour les hommes avec lesquels je suis sortie ces dernières années, en tout cas. Je suis un aimant à garçons sexy, mais pas sérieux, voire odieux. C’est simple, je ne sais pas les choisir. Dès qu’un mâle testostéroné roule des mécaniques devant mes yeux, je tombe dans le piège.
C’est la première fois que je mens avec autant d’aplomb ; je ne pensais pas réellement parvenir à le convaincre, mais je l’ai fait. Je dois admettre que je suis assez fière de moi. Mentir, c’est mal, ce n’est pas digne d’une jeune fille de bonne famille, dixit mon professeur d’éducation personnel. Mais rompre en gardant la tête haute, c’est un exploit, alors je ne vais pas bouder mon plaisir.
Mon petit ami et moi venons de rompre, et je n’ai qu’une envie : l’oublier. Mais Manon et Léa ne l’entendent pas de cette oreille. S’il y a bien une chose qu’elles aiment, elles, c’est de me matraquer de questions indiscrètes. Elles veulent tout savoir. Je ne peux pas leur en vouloir, je fais exactement pareil à leur sujet. Nous sommes amies pour le meilleur et pour le pire.
Charlotte est rayonnante dans sa sublime robe de soie blanche et, pendant un moment, je l’envie. Son bonheur semble parfait, et je dois me faire violence pour me souvenir que c’est probablement un mensonge. En tout cas, c’est ce que je crois. Personne ne sait vraiment ce qu’il se passe une fois la porte de la chambre conjugale close.
On ne va pas à un mariage habillée et coiffée n’importe comment, et même si je ne restai pas longtemps, je n’ai aucune envie de donner du grain à moudre au cercle des « amies » de ma mère. Si les rumeurs doivent aller bon train, ce ne sera pas à mon sujet. Pas cette fois-ci, en tout cas.
En apparence, nous formerions un beau couple, nous aurions peut-être de très beaux enfants, mais, une fois les portes closes, il n’y aurait rien… pas de complicité, pas de véritable affection.
Quand on tombe de cheval, il faut se remettre en selle tout de suite !