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3.98/5 (sur 63 notes)

Nationalité : Iran
Né(e) à : Téhéran, Iran , le 24/12/1935
Mort(e) à : Londres, Royaume-Uni , le 21/03/2008
Biographie :

Shusha (Shamsi) Guppy , née Shamsi Assar, était une journaliste, un écrivain, une éditrice et - sous le nom de «Shusha» - une chanteuse de chansons populaires persan.

Elle a été envoyée à Paris alors qu'elle n'avait que dix-sept à étudier les langues orientales et de la philosophie. Elle a également suivi des cours pour devenir chanteuse d'opéra.
Iranienne , elle garde de ce temps-là un souvenir ému, qu'elle se fait un devoir de partager dans "A girl in Paris" (1991).

Après le mariage avec l'écrivain et explorateur Nicholas Guppy en 1961 (ils ont deux fils, Darius Guppy et Constantine Guppy, et ont divorcé en 1976), elle a déménagé à Londres.

"Un jardin à Téhéran", prix des lectrices de Elle 1996, est un livre nostalgique sur les saveurs de l'enfance, et de l'Iran des années 30.
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Mrs. Guppy offering her opinion about Khayyam's poetry (en anglais)


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Shusha Guppy
Au-delà du jardin, se trouvait le verger, où cerisiers, pruniers et pommiers se dressaient au milieu d’un tapis de menthe, de ciboulette, de persil et d’autres plantes aromatiques. Devant la fenêtre de la cuisine, une antique vigne tordait son tronc noueux autour d’un pin et étendait son feuillage au-dessus d’une treille. Au printemps et en été, on cuisinait souvent à l’ombre de cette vigne qui, à l’automne, donnait les raisins muscats les plus sucrés qui soient.
[…] Dans la plupart des langues européennes, les mots servant à désigner le « jardin » et le « paradis » appartiennent à la même famille que le vieux vocable persan paradaiza, signifiant « l’enclos du Seigneur ». En Perse, où la saison des pluies est très courte et l’eau un élément rare, la création d’un jardin signifiait traditionnellement celle d’un paradis personnel, du reflet ici-bas des jardins d’Eden. Cela exprimait l’aspiration de l’âme vers la paix et la beauté éternelles. Les tapis persans, avec leurs oiseaux et leurs plantes stylisés, était à l’origine une représentation du paradis ; jusqu’au tapis volant des contes de fées qui était associé au désir d’un retour à la pureté originelle.
Le jardinier persan était censé produire une atmosphère de safa, mot qui signifie « sérénité » mais évoque également la fraîcheur, l’apaisement, la beauté. Le jardin persan traditionnel, lieu d’élection du rossignol et de la rose, célébré par les poètes et les écrivains à travers les siècles, était l’expression d’un génie national dont les autres manifestations étaient la fabrication des tapis, la peinture de miniatures, l’écriture de poèmes. Hélas, rares sont les grands jardins d’antan qui subsistent encore aujourd’hui. Plus fragiles que les vers ou la peinture, ils n’ont pas survécu aux soubresauts de notre histoire. Et pourtant, chacun aspire comme avant à créer dans la mesure de ses moyens sa paradaiza personnelle.


(Un jardin à Téhéran, page 98)
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Shusha Guppy
Jadis, il y a bien longtemps, un homme a été foudroyé par une crise cardiaque. On le décréta mort et on le mit en bière. Mais sur la route du cimetière, le grand philosophe Avicenne remarqua le cortège funèbre. Il ordonna que le cercueil fût déposé à terre. Il remua les membres du mort, et y fit quelques incisions pour laisser s’écouler le sang. Lentement, le mort revint à la vie. Quand on lui demanda comment il avait deviné que l’homme n’était pas mort, Avicenne répondit avoir remarquer qu’il tenait ses pieds tout droits et non en éventail, comme un cadavre.

(Un jardin à Téhéran, page 255)
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Nounou, qui devint notre cuisinière une fois que nous fûmes grands, était une veuve originaire du Demavend, la haute vallée où nous passions nos vacances d’été. Elle portait le costume traditionnel : une robe à fleurs sur un pantalon bouffant et un foulard blanc attaché sous le menton. Quand elle sortait, événement rare, elle enfilait un léger tchador. Elle avait le teint rose et les yeux vifs des montagnardes, un doux sourire et une nature angélique. Elle était simple et dévouée, en émerveillement permanent devant l’ingéniosité de Dieu et la beauté du monde : une abeille, une fleur, la chair sucrée d’un melon, tout lui tirait des « Oh ! » et des « Ah ! »
En été, lorsque les rosiers étaient en fleur, Nounou faisait le tour du jardin pour admirer et humer leur parfum en rendant hommage au Seigneur et à Sa munificence. Elle s’arrêtait toujours devant la même variété de fleur, rose et capiteuse, appelée « la rose de Mohammad » dont étaient extraites l’essence et l’eau de rose. Elle plongeait le nez dans la fleur la plus somptueuse, inspirait profondément sa puissante odeur, puis expirait en articulant cette pieuse invocation : « Bénis soient le Prophète et les croyants ! » A cet instant précis, une abeille, cachée sous un pétale, venait lui piquer le bout du nez. Ses cris résonnaient dans tout le jardin, suivis d’un formidable remue-ménage. Quelqu’un essayait de faire sortir le poison en lui pressant sur le nez, initiative qui ne faisait que déclencher un nouveau chapelet de cris, et un regain d’agitation. Pendant une bonne semaine, le nez de Nounou gardait la taille et la couleur d’une petite betterave dont la peau aurait eu le granulé poreux d’un nez de buveur de gin impénitent.
— C’est tous les ans la même chose, Nounou. Pourquoi recommences-tu ? lui demandions-nous.
— Vous ne vous étonnez donc pas de la merveilleuse intelligence e Dieu ? Il a donné son parfum à la rose pour attirer l’abeille qui fabriquera le miel. Vous mangez du miel à votre petit-déjeuner, mais vous refusez de rendre hommage à Celui qui l’a fait !
Elle oubliait vite l’accident et, l’été suivant, transportée par la flamboyante luxuriance du jardin des roses et ses enivrants effluves, elle répétait le même scénario.
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Parmi tous les objets précieux que recelait le trousseau de ma mère, le plus beau était le nécessaire à barbe, en écaille et en or filigrané – présent personnel de Hadji Ali-Baba à son gendre –, qui se composait d’un plateau en or, de trois bols également en or s’emboîtant les uns dans les autres, d’un miroir, d’un blaireau et d’un peigne en écaille, tous deux sertis d’or, l’ensemble étant de la facture la plus délicate qui soit. Ma mère se gardait bien de l’exposer, préférant le cacher dans un coffret, enfermé à double tour dans un placard en compagnie d’autres trésors familiaux, d’albums de photos et de quelques menus objets d’une valeur strictement sentimentale. Elle gardait la clef de ce placard dans son sac à main. Elle ne m’a montré ce nécessaire que deux fois, et je me souviens de mon émerveillement […] dans ma mémoire, il symbolisait l’union de mes parents.
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Shusha Guppy
La quête de liberté de l'exilé volontaire est inséparable de sa nostalgie de la terre natale. Plus ou moins enfoui dans l'inconscient, cet écartèlement dure toute la vie.
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Je repense aussi à l'ambiance chaude et affectueuse , et mon cœur saigne au souvenir des morts, des exilés, des victimes de la révolution et de la guerre, et par-dessus tout au souvenir de la Perse elle-même, humiliée, déchirée en mille morceaux.
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Outre ces quatre personnes à demeure, nous faisions de temps à autre appel à des extras. Ils venaient nous donner un coup de main pour le nettoyage de printemps, ou au moment des festivités de Norouz, ou encore lorsque nous donnions de grands dîners. Aucun d’eux ne venait chez nous uniquement pour l’argent : ils disaient toujours que c’était un honneur de travailler pour mon père, et certains allaient jusqu’à refuser des travaux mieux payés pour pouvoir le faire. Plus tard, après mon départ de Perse, le boom du pétrole et l’industrialisation devaient donner naissance à une nombreuse et riche classe moyenne, pour qui la pénurie d’employés de maison se révéla un casse-tête permanent – et un sujet de conversation des plus ennuyeux – qu’on finit par résoudre en important du personnel des Philippines, d’Afghanistan et du Pakistan, salarié à prix d’or. Ma mère eut de plus en plus de difficulté à trouver de la domesticité, car elle était obligée d’embaucher cette « nouvelle race » d’employés, « des gens qui travaillent pour l’argent ! ».
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Je m’arrachai des bras de ma mère. J’ignorais alors quel mal j’allais désormais devoir me donner ne fût-ce que pour obtenir de la part d’autres personnes si ce n’est que le dixième de cet amour qu’elle me prodiguait sans rien exiger en retour, sans que je lui eusse rien demandé ; cet amour, je le laissai derrière moi, je l’abandonnais sans réfléchir.
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Rien ne doit entraver le pèlerinage de l'âme vers son but. Un jour ou l'autre, ton père sera fier de toi, car tu le surpasseras en érudition comme en renom. Et un beau jour, tes enfants à leur tour te quitteront pour suivre leur propre chemin, qui ne sera pas celui que tu auras choisi pour eux ; tu en souffriras, et l'ordre des choses sera respecté.
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Aux réceptions du prince Afsar, les domestiques servaient sans arrêt des boissons et du thé, tandis que les invités continuaient d’affluer et que l’ambiance se réchauffait. Mon père menait la conversation, l’épiçant d’anecdotes et de citations que les invités écoutaient attentivement et ponctuaient fort à propos d’exclamations. Il avait une voix grave et douce, et s’exprimait avec une parfaite éloquence dans le persan le plus pur.
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