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Critiques de Simon Sebag Montefiore (112)
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Jérusalem : Biographie

3000ans d'histoire, vu de Jérusalem qui fut juive, grecque, romaine, chrétienne, byzantine, arabe, croisée, mamelouke, ottomane, britannique, jordanienne et israélienne....

Ville du roi David, de Salomon, mais aussi d'Hérode, , Godefroi de Bouillon, de Saladin, même de Frédéric II et de Baybars, de Soliman le "second Salomon", puis des Familles palestiniennes Husseini ou Nusseibeh...des mystiques, Messies et faux Messies

Ville du temple détruit par Nabuchodonosor, par Titus, ville de Jésus, d'où Mahomet s'est élevé.

De Jérusalem on peut raconter l'histoire des Perses, d'Alexandre, de Rome ou de Constantinople, celle de l'Egypte des Abassides, aux Fatimides, des Croisades, l'épopée de Bonaparte, celle de Lawrence d'Arabie, les intrigues britanniques de la Première ou de la Seconde Guerre Mondiale; la naissance d’Israël...

Montefiore est très bien placé pour raconter Jérusalem : un quartier de la ville porte le nom de son ancêtre.

J'ai eu du mal à accrocher au début, mythe et histoire tellement mêlés que je ne m'y retrouvais pas. mieux vaut relire la Bible, ai-je pensé, ou Flavius Josèphe.

Dès la deuxième partie, je me suis laissé emporter. j'ai beaucoup aimé la galerie de personnages. j'ai découvert des Reines alors que je n'attendais que des héros : Hélène, la première archéologue, mais aussi Eudoxie que j'ignorais, Théodora que j'avais vue à Ravenne, et des Reines Croisées que je ne soupçonnais même pas. J'ai adoré les chevaleresques Richard Coeur de Lion et Saladin, le Roi lépreux... J'ai aimé rencontrer des érudits comme Maimoides ou le Rambam, Ibn Khaldoun, moins connu Evliya le derviche conteur, des aventuriers. Des missionnaires.

Une époque particulièrement vivante et bien racontée est celle de la Jérusalem cosmopolite, arabe, chrétienne, russe, britannique et juive, mondaine drôle opposée à celle mystique des pèlerins des trois religions.

bien analysée, la politique britannique parfois religieuse, parfois très cynique.

un livre passionnant que j'ai dévoré.






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Jérusalem : Biographie

Écrire la biographie d'une ville peut sembler inapproprié, mais Jérusalem étant une ville exceptionnelle et avec une telle importance historique !

Sans parti pris, sans rien occulter, l'auteur nous offre une histoire de la ville sainte plus que complète, avec une multitude de détails qu'il a puisé dans des sources peu ou pas connues. Simon Sebag Montefiore sait ménager le suspense entre chaque chapitre, ce qui rend son livre d'autant plus irrésistible pour le lecteur.
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Sashenka

Met en scène la vie de Sashenka, jeune femme idéaliste et communiste, dont la vie va être bouleversée par la Révolution d'Octobre, les Grandes Purges des années 1937-1938 et par la Seconde Guerre mondiale.



L'héroïne va en effet passer du statut de membre éclairé de la Nomenklatura communiste à l'état de prisonnier politique envoyé en camp de travail (Goulag), sa famille étant broyée en même temps qu'elle.



Toute la partie historique est vraie, seul l'histoire de la famille de Sashenka relève de la fiction, basée sur plusieurs histoires vraies également. Un livre bouleversant et une plongée dans l'enfer !



***



En 1916 à Saint-Pétersbourg, elle n’a que seize ans. Fille d’un riche banquier d’affaires, le baron Samuil Zeitlin, cette jeune bourgeoise aime les biscuits anglais Huntley & Palmers, la savonnette Pears et surtout sa chère gouvernante, Lala. Mais la nuit, notre jolie pensionnaire de l’Institut Smolny ne rêve ni de nouvelles robes, ni de mots doux glissés par Micha, officier de la garde… La nuit, elle devient la camarade Isiatis et flirte avec les livres de Marx, Tchernychevski, Maïakovski ou Akhmatova.

Déçue par son père, un capitaliste avide, écoeurée par sa traînée de mère qui mène une vie de débauche dans les salons de Raspoutine, Sashenka est « tombée amoureuse des concepts du matérialisme didactique et de dictature du prolétariat ». « J’étais une enfant sage et une bolchevik intraitable », dira-t-elle plus tard.

Le glas de la Russie tsariste a sonné et la camarade Isiatis a choisi le camp de la révolution…

En 1939 à Moscou, elle a bientôt quarante ans. Les Romanov ne sont plus et c’est la mine joviale du petit père des peuples qui trône sur toutes les cheminées. Sashenka a troqué sa vie bourgeoise contre celle de prolétaire – plutôt d’apparatchik, dirons-nous… Epouse de Vania Palitsine, un ouvrier certes, mais devenu haut cadre du Parti, elle mène une existence fastueuse loin des appartements communautaires et des fermes collectivisées. Toujours aussi belle, la rédactrice en chef de La Femme soviétique et l’économie prolétarienne fait figure de modèle. Staline dira même : « cette Sashenka est une très bonne soviétique ». Mère aimante, épouse dévouée, communiste intransigeante, elle est fidèle à la ligne du Parti quitte à fermer les yeux sur quelques exactions.

Jusqu’à ce qu’une passion torride et compromettante bouleverse son existence rangée et emporte Sashenka sous le rouleau compresseur de l’Histoire…

À peine avons-nous quitté les salons de cet illuminé de Raspoutine que nous nous retrouvons dans les sous-sols de la Loubianka ou dans la datcha d’un cadre du Parti… C’est que cette fresque romanesque pleine de rebondissements nous emporte dans la Russie du XXe siècle, depuis l’empire des Romanov jusqu’à l’effondrement de l’URSS, depuis la glaciale Piter jusqu’à la Géorgie sensuelle et chaleureuse.

Aucun détail n’échappe à Simon Montefiore, historien de formation, ni les boutiques anglaises de l’aristocratie russe, ni les chansons préférées de Staline, ni les messages codés du KGB. Un tableau précis d’une génération de révolutionnaires pétris de contradictions !
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Sashenka

Le style d'écriture est un peu lourd, j'ai eu du mal à décoller car Sashenka ne m'était pas sympathique du tout... Il n'empêche, j'ai espéré jusqu'au bout que sa petite fille la retrouve...
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Le jeune Staline

A lire absolument pour comprendre l'URSS et les dégâts du communisme.
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Sashenka

Après avoir été banquier à Londres, Simon Montefiore est retourné vers ses premières amours: la Russie, qui le fascinait depuis ses études à Cambridge. Il a notamment publié des biographies reconnues sur Catherine II et Staline. Puis, il s'est tourné vers la fiction avec Sashenka.



Il raconte dans une interview au Monde la genèse de ce roman: "Le personnage de Sashenka est né le jour où, dans les archives, je suis tombé sur la photographie d'une femme de 28 ans aux yeux gris, absolument superbe dont les seules informations était son nom.[...] A partir de là, j'ai imaginé la vie qui aurait pu être la sienne, en la nourrissant d'histoires vraies et souvent magiques, comme celles de l'écrivain Isaac Babet"



Le roman s'articule autour d'un triptyque: avant, pendant et après le régime communiste.



La première partie se situe dans la ville de Saint-Petersbourg, "Piter", à l'hiver 1916-1917. On s'attache au destin de la famille Zeitlin, confrontée aux dernières heures impériales. La mère est une proche de Raspoutine et ne se remet pas de son assassinat. Tandis que la fille, Sashenka, convertie par son oncle aux idées révolutionnaires, transmet des messages, apprend à semer ses poursuivants, à manier des armes...



Simon Montefiore a réussi à créer un personnage d'héroïne forte. Dès les premières pages, on est fascinés par la conviction de cette jeune fille de dix-sept ans, par son sens de l'engagement, par sa force...On sent l'attrait qu'elle exerce déjà sur son entourage: sa gouvernante, son père, le capitaine Sagan chargé de la surveiller...



Ces premiers chapitres permettent de mieux comprendre l'atmosphère qui pouvait régner au moment de la chute du régime tsariste. En quelques lignes, l'auteur nous emmène dans les salons à la mode, dans la maison de Raspoutine, puis, dans les rues, les entrepôts...parmi les révolutionnaires. L'univers carcéral est également évoqué.



Ce cycle s'achève sur les premières heures consécutives à la chute du tsar. Sashenka vient de devenir une des secrétaires de Lénine.



Nous la retrouvons en 1936. Elle incarne alors la femme soviétique modèle. Elle travaille à la rédaction d'un journal féminin à succès et est devenue la mère de deux charmants enfants, après avoir épousé un haut fonctionnaire du parti.



Preuve de sa popularité, elle reçoit lors de la fête qu'elle organise le 1er mai de nombreuses personnalités, issues tant du gouvernement (Staline) que de l'intelligentsia (l'écrivain Benia Golden)...C'est d'ailleurs sa rencontre avec cet auteur qui va précipiter son destin.



Sashenka, son mari et son oncle sont arrêtés. Ils ont heureusement réussi à mettre à l'abri les enfants. Leurs interrogatoires débutent...



Cette immersion sous le régime stalinien m'a vivement intéressée. Elle permet de se rendre compte à quel point la terreur régnait à cette époque. Aux rares moments de bonheur et de répit, succédaient des vagues de dénonciation. Tout le monde était soupçonné et personne n'était jamais à l'abri d'une arrestation. On était surveillé, sur écoute...Un séjour en prison signifiait le plus souvent la mort ou l'exil. La torture était, en effet, utilisée pour faire avouer même les plus innocents. Certains enfants de soi-disants criminels étaient emmenés dans des orphelinats où ils vivaient dans la violence permanente.



J'ai beaucoup apprécié l'histoire d'amour entre Sashenka et Benia. Elle donne une dimension plus humaine à l'héroïne. Cette parenthèse enchantée souligne d'ailleurs encore plus le caractère éphémère du bonheur à cette époque-là et la fragilité de l'existence de chacun sous la dictature stalinienne.



Après un saut dans le temps, le lecteur se retrouve plongé dans la Russie des années 1990, après la chute du communisme. Katinka Vinski, une jeune historienne, vient d'être recrutée par un milliardaire pour enquêter sur le passé de sa mère. Cette dernière est, en effet, convaincue d'avoir été abandonnée par ses parents et aimerait retrouver leurs traces. Commence alors une enquête qui va mener la jeune femme dans les archives du KGB, dans les salons des anciens dirigeants et surtout sur les traces d'une certaine Sashenka.



Cette partie revêt les apparences d'une enquête policière. Katinka doit démêler les fils du destin de sa cliente et de Sashenka. Les morceaux du puzzle s'assemblent peu à peu. Puis, on découvre la vérité. Une vérité choquante et bouleversante.



Toutefois, on peut émettre quelques reproches concernant cet ouvrage. J'ai jugé la première partie moins intéressante que les autres. Plus on avance dans ce roman, plus les pages s'enchaînent. Je n'ai pas non plus toujours trouvé plausible l'incursion de tous les personnages historiques importants de l'époque dans la vie des protagonistes imaginés par Simon Montefiore.



Bref, vous l'aurez compris: Sashenka constitue un bon moment de lecture. Et un voyage très intéressant dans l'histoire russe du 20ème siècle.



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Sashenka

Ca commence comme un Juliette Benzoni, roman historique un peu fleur bleue, puis on découvre en l’héroïne une femme forte et admirable et enfin on bascule dans l’implacabilité du système soviétique sous Staline qui inflige un destin inhumain au personnage.

Dur, poignant et inoubliable.
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Sashenka

Sashenka est un roman bouleversant qui nous raconte le destin d’une femme et à travers elle, celui d’un pays. Le récit se compose de 3 parties. La première, la moins convaincante d’ailleurs, met en scène une Sashenka adolescente, adhérente du parti communiste, qui assiste à la chute du tsar et à celle de sa famille en 1917. Dans la seconde, nous la retrouvons femme. Nous sommes en 1939. Sashenka a épousé un camarade, membre éminent du parti et elle est mère de deux jeunes enfants : Snowy et Carlo. Elle dirige un magazine féminin et représente la femme soviétique par excellence. La troisième se déroule en 1994, après la chute de l’URSS.

Tout commence donc en 1917, la baronne Zeitlin, alias camarade Isatis, est une jeune bolchévique exaltée, enrôlée par son oncle, pour porter la bonne parole révolutionnaire auprès du peuple. Cette première partie met donc en place l’histoire mais c’est celle qui m’a le moins convaincue, je l’ai trouvée plate, trop lente et longue mais que cela ne vous rebute surtout pas, le reste du roman est vraiment réussi.......... Lire la suite
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Sashenka

Simon Montefiore raconte la vie de Sashenka, fille d'un industriel juif proche des milieux du pouvoir tsariste qui se lance à corps perdu aux côtés de la Révolution, sert le parti et Staline jusqu'à devenir une apparatchik du premier cercle et finit par s'abîmer dans les derniers soubresauts de la grande terreur



L'ouvrage est très agréable à lire, un peu caricatural comme beaucoup de roman historique (Sashenka rencontre tous les personnages qui comptent), parfois maladroit dans l'utilisation de formules convenues, il parvient toutefois à tenir en haleine plus de 700 pages, ce qui n'est pas rien. Historien, Simon Montefiore connaît bien les ressorts du stalinisme et l'invraisemblable logique des sbires de la police politique qu'il décrit avec beaucoup de réalisme.



Sashenka est aussi un roman sur la mémoire. Des victimes des purges il ne reste rien. Leurs noms ont été effacés, leurs enfants confiés à d'autres ou éliminés à leur tour. La dernière partie du livre met en scène une deuxième héroïne, une archiviste. Les archivistes empêchent que nos histoires ne meurent et Katinka fera renaître les protagonistes du roman en les exhumant de chemises en carton jauni.



Hormis quelques longueurs, des passages fleur bleue parce que mal maîtrisés et un côté guimauve qui surgit ça et là, j'ai trouvé que ce Sashenka faisait une sacrée bonne lecture de vacances!
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Jérusalem : Biographie

Magnifique biographie historique de Jérusalem.

L'histoire de cette ville déborde bien sûr le stricte cadre géographique et biographique pour dévoiler un centre important de l'histoire universelle.

Sans parti pris ni mauvaise polémique, cet ouvrage permet de mieux comprendre les enjeux passés et présents.

Le style est vraiment plaisant, très accessible, il se lit comme un roman plein d'informations et d'anecdotes. Pas une seule page d'ennui.

Je le recommande vivement.

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Sashenka

Ce livre est splendide. Décrivant 3 périodes de la Russie : la révolution de 1917, les années 60 et les années 90 dans ce pays longtemps meurtrie par le communisme. On se retrouve en plein milieu des Bolcheviks et l'on comprend la terreur et l'articulation de ce partie. On y apprend beaucoup sur ce pays, d'un point de vue politique. Très beau roman.
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Le jeune Staline

Le livre est intéressant et nous apprend beaucoup. Je suis d'accord avec l'une des autres critique qui indique qu'il s'agit des multiples vie de Staline.

Néanmoins j'ai vraiment eu du mal à terminer le livre, il est long et les noms russes se mêlent aux surnoms. Les phrases, parfois longues, sont entre coupées de détails qui rendent difficile la compréhension globale.



C'est donc intéressant mais difficile, à mon sens bien sûr.
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Staline, la cour du tsar rouge, tome 1 : 18..

Cette biographie originale est particulièrement intéressante en ce qu'elle est centrée sur cette énigme : comment est-il possible que l'entourage de Staline n'ait à aucun moment été capable d'arrêter le(s) massacre(s) en se rebellant contre le petit père des peuples, même lorsqu'il a été le plus vulnérable, lors du déclenchement de l'opération "Barbarossa" ? Et comment se fait-il que cette réaction se soit produite si facilement contre Beria, qui espérait bien chausser les bottes de son défunt maître et n'était pourtant pas lui non plus un enfant de choeur ? Le livre n'apporte d'ailleurs pas de réponse définitive à ces interrogations mais il les éclaire d'un jour particulier, quotidien, intime et, il faut bien le dire, peu réjouissant quant aux vulnérabilités de la nature humaine.
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Le jeune Staline

Young Stalin

Traduction : Jean-François Sené - Avec le concours du Centre National du Livre





Contrairement à son ennemi, Hitler, qui est né et mort à l'Ouest de l'Europe et dont l'enfance, l'adolescence et la jeunesse ont été passées et repassées au crible, parfois pour y démêler des failles si profondes qu'elles fourniraient une explication (mais non une justification, bien entendu) à la malédiction qu'il jeta sur notre monde, mais trop souvent aussi - il n'y a qu'a lire la biographie toute récente de Ian Kershaw pour s'en affliger - dans l'espoir de prouver définitivement que l'homme ne fut qu'une coquille absolument vide, dans l'attente, semble-t-il, que le Mal s'incarnât enfin en lui - contrairement à Hitler, donc, Staline a pu conserver longtemps secret tout ce qui concernait ses propres racines et sa jeunesse. Lui qui a, autant qu'Hitler, façonné l'Histoire, a sans doute fini par croire qu'il la dominerait éternellement et que jamais elle ne le rattraperait.



C'était bien mal connaître l'Histoire qui, telle la Vérité jaillissant du puits dans le plus simple appareil, a beaucoup de la Mule du Pape si chère à Daudet.



Avec l'effondrement du bloc de l'Est en 1989, les archives ont commencé à s'entrebâiller timidement et quelques pages ont osé prendre leur envol. Dans le livre de Simon Sebag Montefiore, ce sont des milliers d'entre elles qui ont parlé, bavardé, dénoncé, affirmé, prouvé et le résultat est tout à la fois stupéfiant et passionnant.



Stupéfiant parce qu'il y a, chez le jeune Josef Djougatchvili, beaucoup de traits attachants. D'abord, il est intelligent et aime apprendre. (Que l'entêtement de son père officiel à vouloir le priver d'école pour le placer en apprentissage à ses côtés soit pour quelque chose dans cette résolution farouche de lire et d'apprendre, on ne peut en douter. Mais il est certain que le phénomène pré-existait chez l'enfant.) Ensuite, il a du cran et il met la main à la pâte. Que ce soit dans les bagarres de rues de son enfance où il est déjà "le" chef ou, quelques années plus tard, lorsqu'il organise des braquages pour alimenter les caisses du parti bolchevik, représenté par un Lénine qui, soulignons-le, se la coule plutôt douce dans son exil suisse, le futur Staline, qui, à cette époque, se fait surtout appeler "Koba", ne recule pas. Ce ne sera que lors de sa relégation dans un trou perdu de Sibérie, alors que le régime tsariste est proche de la fin, qu'on le voit près de craquer sous l'effet d'une dépression qu'on ne saurait, à vrai dire, vu les circonstances de sa détention, lui reprocher.



Avec ça, le camarade Koba écrit des poèmes - et en édite certains qu'il signe "Sosso", diminutif géorgien de son prénom. Et si les exégètes n'ont pas fini de s'interroger sur la vie sexuelle d'Hitler, avec son grand rival historique, aucun doute n'est possible : Staline était bien un "homme à femmes". De certaines d'entre elles, en-dehors de celles qui allaient devenir ses épouses légitimes, il eut même des enfants.



Ajoutons que cet homme qui, jusqu'au bout, n'aimait rien tant que se faire passer pour un rustre quasi illettré, avait un faible pour les auteurs du XIXème siècle, tenait Zola pour un dieu et, même s'il ne lui facilita pas l'existence, considérait en son privé Boulgakov comme le génie qu'il était. Staline demeura aussi toute sa vie capable d'analyser brillamment une oeuvre littéraire, de lui reconnaître d'immenses qualités et, pour ces qualités justement, de la faire interdire ...



Il y a une faille chez Staline. Une faille au moins aussi importante, aussi grave que celle qui existe chez Hitler. Pour l'un comme pour l'autre, les thèses freudiennes la repèrent facilement dans l'enfance. Pour l'Autrichien, il s'agit des relents incestueux familiaux et l'ambiguïté ethnique et religieuse planant sur les origines de son père. Pour le Géorgien, rien d'aussi complexe et pervers en apparence : simplement un père qui, après l'avoir tendrement aimé jusqu'à ses cinq ans à peu près, se change, il est vrai sous l'influence de l'alcool, en une espèce de monstre qui le poursuit dans toute la maison parce qu'il le tient désormais pour un petit bâtard. Des doutes sérieux planent en effet sur l'identité réelle du père de Staline : officiellement un cordonnier mais peut-être un aubergiste ou un pope. Des doutes peut-être infondés mais suffisants pour priver à jamais un enfant de cinq ans qui, évidemment, n'y comprenait rien, du père qui, jusque là, le prenait sur ses genoux pour lui raconter les belles histoires de brigands géorgiens.



A ceux pour lesquels Staline, c'est surtout le Généralissime de 1945, avec son air patelin et ses yeux si froids, la lecture de ce livre s'impose. Il convient d'ajouter (surtout quand on a lu les deux autres tomes consacrés à Staline par le même auteur) que la traduction est de qualité et permet de dévorer l'ouvrage un peu comme on dévorerait un roman d'aventures.



Dommage, bien sûr, que l'aventure ait tourné si mal pour tant de millions de femmes et d'hommes. Mais nous y reviendrons.



Nota Bene : pour ceux qui disposent des deux documents, qu'ils comparent les photos de classe où les petits Hitler et Djougatchvili posent pour la postérité. Saisissant, non ? D'autant qu'il ne s'agit que de hasard ... ;o)
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Staline, la cour du tsar rouge, tome 1 : 18..

Stalin : The Court of the Red Tsar

Traduction : Florence La Bruyère et Antonina Roubichou-Stretz





Ce livre, scindé en deux tomes - 1929/1941 d'une part et 1941/1953 d'autre part - pour les besoins de l'édition, complète "Le Jeune Staline" dont nous avons déjà parlé. Le point de vue de Montefiore, à mille lieues des préoccupations d'un Ian Kershaw , n'a pas changé : il essaie d'expliquer Staline le Dictateur, Staline l'Organisateur de massacres en série, Staline le Coryphée (un titre qu'il aimait, paraît-il) de la Déportation en masse, par Staline l'homme, ce qu'il a laissé apparaître d'humain, en mal comme en bien, dans ce qu'il fut. Tâche ardue s'il en est quand on songe à la carrure historique du personnage ici mis en cause. Mais tâche honorable et on ne peut plus passionnante qui, sans justifier, sans pardonner, tente au moins d'expliquer.



Aux failles enregistrées chez le "camarade Koba" au temps de sa jeunesse de terroriste et de chef de bandes, toujours à l'affût de fonds à braquer afin de constituer une trésorerie valable à un Lénine qui se la coulait douce dans son exil helvète, Montefiore ajoute ici celle qui, selon lui, fut "la goutte d'eau" qui fit déborder le vase : la mort brutale, officiellement par suicide même si l'on accusa Staline de l'avoir assassinée dans une crise de colère, de sa seconde et dernière épouse, Nadejda Sergueïevna Allilouïeva.



Déjà, en 1907, lorsqu'il était revenu en catastrophe de l'un de ses mystérieux voyages pour assister aux derniers moments de sa première femme, Ekaterina Svanidze, morte à vingt-sept ans soit de la tuberculose, soit du typhus, Staline avait montré une affliction qu'on peut croire sincère même si, bien entendu et ainsi qu'il le laissa entendre, la victime dans l'histoire, c'était lui et non pas celle qui venait de le quitter pour toujours. Mais le passage à l'acte de Nadejda éveilla chez lui un désespoir encore plus absolu, probablement parce que Staline, de vingt-cinq ans l'aîné de la disparue, avait déjà cinquante-six ans en 1932 et parce qu'il était bien trop intelligent pour ne pas se rendre compte qu'il était impossible de corriger les nombreuses erreurs qu'il avait commises dans sa vie privée.



Selon Montefiore, qui puise ses sources dans les mémoires longtemps non autorisés des proches du dictateur, ceux qu'il liquida comme ceux qu'il laissa vivre, Staline le Monstre est né de ce suicide qui confirmait, non seulement à ses yeux mais aussi à ceux du monde soviétique et même du monde entier, l'échec de Staline l'être humain. Bien sûr, jusque là, Staline n'avait jamais fait dans la dentelle. Il comptait à son actif pas mal d'attentats et d'assassinats. Mais si horribles qu'ils fussent, ces meurtres étaient tous politiques : il s'agissait surtout d'éliminer les ennemis des bolcheviks, puis certains bolcheviks eux-mêmes qui voyaient d'un mauvais oeil la confiscation du pouvoir par le Géorgien.



A compter de la mort de Nadejda, tout change et chacun, qu'il fasse partie des familiers ou qu'il n'ait jamais vu le dictateur qu'en photo, peut devenir l'ennemi de Staline - et, par conséquent, est susceptible de se voir arrêté, fusillé ou déporté du jour au lendemain. La paranoïa qui rampait en lui dès son passage dans la clandestinité, paranoïa somme toute normale dans de telles conditions d'existence où il ne fallait accorder l'intégralité de sa confiance à personne, cette paranoïa propre au terroriste à travers l'Histoire se libère alors des quelques chaînes qui la maintenaient encore en respect. A un Staline qui a déjà vécu plus d'un demi-siècle, il ne reste plus que le Pouvoir et sa saveur à la fois merveilleuse et empoisonnée. Et ce Pouvoir, bien sûr, il doit être le seul à le maîtriser, le seul à le posséder : peu importe le prix à payer et plus on tuera et plus on déportera, mieux ce sera.



Et puis, Staline doit façonner son image de Dirigeant supérieur, faire en sorte qu'elle soit la seule dont on souvienne - faire en sorte qu'elle efface Josef Djougachvili, l'homme qui n'a su préserver de la Mort ni l'une, ni l'autre de ses épouses, le père qui ne saluera son fils aîné comme un homme de valeur que lorsque celui-ci, prisonnier des Nazis, se sera suicidé pour ne pas trahir son père et son pays, le père qui laissera son cadet s'enfoncer dans l'alcool et la corruption, le père enfin que sa fille pourtant adorée reniera un jour.



C'est cette manipulation marquée au coin de la démence et de l'irréel que nous raconte Montefiore, égrenant les noms de tous ceux qui, par intérêt et surtout pour ne pas mourir, acceptèrent d'entrer dans le jeu pervers du Dictateur. Beaucoup, comme Iakov, comme Iagoda, comprirent trop tard que le Grand homme goûtait un plaisir sadique à leur confier le poste de bourreau en chef et que le nombre de torturés et de fusillés n'y ferait rien : ils y passeraient aussi - comme tout le monde. Après tout, Staline n'était pas disposé à épargner les membres de ses belles-familles successives, coupables le plus souvent de "bavardages" sans grande conséquence : pourquoi se serait-il montré plus clément envers ses hommes de main les plus vils ? ...



La seule chose qu'on reprochera à ce livre, c'est une traduction certainement moins soignée que celle du "Jeune Staline" A part cela, il s'agit de l'une des biographies les plus intéressantes qu'on ait jamais consacrée à Staline, l'Homme et le Monstre. ;o)
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Jérusalem : Biographie

Mais, au-delà du récit passionnant et maîtrisé de ces trois mille ans d'histoire, ce qu'il faut plus encore saluer, c'est l'exceptionnelle probité dont il fait preuve dans le traitement des conflits contemporains. Il en sait trop pour accepter que Jérusalem soit la "capitale éternelle" de quiconque. Avec Athènes, elle est notre capitale éternelle à tous.
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Sashenka

Un dépaysement total, un merveilleux roman historique!
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Jérusalem : Biographie

Cette biographie lettrée et documentée est passionnante de bout en bout. Elle invite des figures historiques et des citoyens ordinaires. Surtout, elle montre remarquablement comment Jérusalem est devenue une cité à la fois terrestre et céleste. Bien organisée en chapitres assez courts, elle séduira l’amateur comme l’historien expert.


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Jérusalem : Biographie

Désespéré à l'idée de ne jamais arriver à comprendre pourquoi Jérusalem a rendu fous les hommes depuis la nuit des temps? Alors, lisez ce livre. Vous tournerez ses pages avec fébrilité, jusqu'à en perdre le sommeil.
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Jérusalem : Biographie

On s'imagine souvent tout connaître d'une ville, pour Jérusalem, j'ai fait des découvertes superbes. En fait, hormis les croisades et ce qu'en dit la Bible, ce que j'en savais était assez primaire.



Pratiquement impossible de faire un article, tant ce roman est foisonnant. Je vais donc juste me contenter de noter dans la partie "curiosité historique" quelques pistes pour vous donner envie de découvrir ce livre.



excellent - Très grande fresque, facile à lire, des hébreux à la période actuelle au Moyen Orient. Une écriture vive et alerte qui fait que ce gros livre se lit avec passion et sans le moindre ennui... au contraire, il est très difficile d'abandonner sa lecture pour revenir au présent. Et en plus, donne envie d'en savoir plus...




Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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