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Critiques de Sofia Aouine (168)
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Rhapsodie des oubliés

« Cette ville est un mac, elle te gère, tu tapines, tu khalasses (tu payes) et tu files droit. Ici, on se doit d’être jeune et riche, pas pauvre et pas vieux et surtout pas malade » .



Bienvenue à Paris ! Ah Paris… Ville Lumière, romantique et ville des amoureux par excellence. Ca c’est pour la carte postale…

Et il y a cet autre Paris : celui qui défile sous le regard vif et acéré d’Abad, 13 ans, Gavroche des temps modernes, déraciné de son Liban natal suite à l’exil familial et parachuté il y a 3 ans à la Goutte-d’Or dans le quartier de Barbès, ville-monde à lui tout seul.



Dans ce Paris là, ça grouille, ça deale, ça prie, ça rit, ça s’insulte, ça frappe, ça triche, ça se tait, ça souffre, ça espère et se résigne (beaucoup) et surtout ça vit, sans oublier d’aimer.



Un premier roman tel un uppercut, lauréat du Prix de Flore 2019 :

Les mots sont comme les coups qui pleuvent sur un ring : cinglants et sans temps morts, les pauses tendresses en plus.



Difficile de résumer ce roman, ce qui serait-ce d’ailleurs à mon sens très réducteur tant il bouillonne des nombreux thèmes abordés. Alors, lisez-le si vous souhaitez être bousculé, emporté, révolté et attendri aussi, par une plume aiguisée qui n’a certainement pas fini de s’exprimer.

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Rhapsodie des oubliés

Enfin une plume et une langue actuelle, celle d'aujourd'hui, celle de tous les jours, celle des oubliés. Pépite de la rentrée littéraire reconnue par l'attribution du Prix de Flore 2019, ce roman est absolument incontournable. Véritable cliché d'une jeunesse de trimard de banlieue, pour qui le soleil crame sans briller et la pluie assomme sans abreuver, il ne peut être que fidèle à la vie : humain, poétique, vulgaire, beau, cruel, meurtrier, mais par-dessus tout vrai.

Si Busnel s'est trompé de genre, il ne s'est pas totalement planté : Une écrivaine est vraiment née ! (« un écrivain est né » citation originale, source de polémiques pour son usage du masculin).
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Rhapsodie des oubliés

Le hasard des sélections m'a amenée à lire Rhapsodie des oubliés pour Le prix des lecteurs 2021 puis à l'écouter dans sa version audio pour le Prix Audiolib 2021. Cette double approche du texte ne m'aura malheureusement pas permis de lever mes réticences à son sujet.



Pourtant Rhapsodie des oubliés faisait partie des romans qui attisaient ma curiosité depuis sa sortie. J'avais déjà eu l'occasion de lire l'incipit et j'avais été accrochée par cette écriture vivante, cette poésie de la rue qui utilise la vulgarité pour en faire quelque chose de beau, d'imagé, de profond et de sensible. J'étais donc heureuse de retrouver ce titre dans les deux sélections des prix auxquels je participe cette année. La découverte ne pouvait être que belle et enrichissante après une telle entrée en matière. Mais il en va en littérature comme il en va d'une rencontre amoureuse : la première impression n'est pas toujours la bonne. Ce qui m'a plu dans les premières lignes a eu tôt fait de me lasser dans la durée. Le style est frais, singulier et étonnant parfois à l'image de ces "Barbapapa" et "Batman" (je vous laisse le plaisir de découvrir de quoi il s'agit) mais surtout il est bien plus puissant que l'histoire en elle-même d'un ado plein de ses hormones et de ses illusions. L'intérêt pour la vie d'Abad et pour les personnages qui ont croisé sa route s'est rapidement étiolé. J'ai donc eu le sentiment que le juste dosage entre fond et forme n'avait pas été trouvé, que l'on tombait trop facilement dans l'excès et c'est bien cela qui a fini par me faire trouver le temps long alors que ce roman atteint tout juste les deux cents pages.



Si je devais comparer ce roman pourtant très singulier à un autre roman, tout aussi singulier, je dirais que j'y ai trouvé un peu les mêmes travers que dans Vernon Subutex de Virginie Despentes. Du décalé, du frais, du léger avec beaucoup de profondeur, du révolté mais trop présent, trop répétitif et finalement trop étouffant.



Rhapsodie des oubliés, est un livre qui a tout pour diviser. Il a la fougue nécessaire pour plaire aux lecteurs en recherche d'un souffle nouveau, en même temps il malmène la langue pour la détourner du chemin balisé de la littérature ce qui a de quoi heurter les défenseurs d'un style plus académique. Personnellement je ne me range ni dans un camp ni dans l'autre. Mon cœur est simplement resté sourd à cet appel de la rue, autant qu'à l'interprétation d'Ariane Ascaride dont le timbre de voix a eu plus tendance à me crisper qu'à m'emporter. Au moins il n'y a pas de jaloux : papier ou audio, même déception. Au suivant, dans les deux prix !
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Rhapsodie des oubliés

Un livre enthousiasmant, un personnage attachant, un langage cru, des figures féminines sensibles...



Ce fut un plaisir de rencontrer cet ouvrage, malgré un début difficile.

Une fois rentré dans le contexte, une fois accepté les tournures de phrases particulières, le vocabulaire vif et sans détour, nous ne pouvons que vivre avec Abad, dans cette rue, dans ce quartier, le suivre, évoluer avec lui, le comprendre...



Un beau moment!
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Rhapsodie des oubliés

Rhapsodie des oubliés, c'est une immersion dans le Paris des bas-fonds, à travers le regard cru et sans filtre d'Abad, un adolescent de 13 ans qui a du fuir le Liban avec ses parents et qui vit désormais dans le quartier de Barbès : « une planète de martiens, un refuge d'éclopés, de cassos, d'âmes fragiles, de « ceux qui ont réussi à dépasser Lampedusa », de vieux Arabes d'avant avec des turbans sur la tête et des têtes d'avant, de grosses mamans avec leurs gros culs et leurs chariots qui te bloquent le passage quand tu veux traverser le boulevard. Des gens honnêtes qui ont toujours l'air de voleurs et qui rasent les murs pour pas qu'on les voie … Ma rue a la gueule d'une ville bombardée, une gueule de décharge à ciel ouvert, une rue qui ne dort jamais, où les murs ressemblent à des visages qui pleurent ».



Dès les premières pages, le ton est donné, et Abad va raconter son quotidien et celui de sa bande des « quatre fantastiques » avec laquelle il fait les 400 coups.



Même si la première partie m'a moyennement convaincue car un peu trop axée à mon goût sur les émois sexuels adolescents, je me suis laissée entraîner dans l'histoire de ce personnage malicieux et attachant. J'ai aimé sa rage et son grand cœur, ainsi que la maturité et l'impertinence avec lesquelles il évoque le sort des habitants de son quartier, ces déracinés à qui la vie ne fait de cadeau.



L'auteure décrit d'une plume très juste la violence de la rue, gangrenée par l'intégrisme, la prostitution et la drogue. Au milieu de la misère, elle a su insuffler de la beauté et de l'humanité avec de beaux portraits de femmes. Il y a notamment Gervaise, la prostituée africaine prise au piège d'un réseau et qui rêve de retrouver sa petite fille restée au pays, Odette, sa voisine âgée qui rappelle à Abad sa mémé Jémayel et qui lui fait aimer la culture et les livres, et Ethel, la psychologue au lourd passé qu'Abad est contraint de consulter sur décision du juge des enfants et qui l'aide à « ouvrir dedans ».



J'ai tout de même un petit regret : la chute du livre, assez brutale et qui m'a laissée sur ma faim...



Lu dans le cadre du prix des lecteurs du livre de poche 2021
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Rhapsodie des oubliés

Je viens de finir ce premier roman de Sofia Aouine. Il fait du bien, en faisant parler un jeune libanais récemment arrivé en France dans le quartier de Barbès. Sans tomber dans le pathos, l'ouvrage fait découvrir les préoccupations d'un ado, sensibilise aux facteurs du décrochage scolaire, et montre comment nos lieux d'habitation peuvent nous conditionner. Le narrateur en devient attachant. Je recommande.
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Rhapsodie des oubliés

Ada a 13 ans, il habite Barbès et enchaîne les bêtises avec ses copains pour occuper son temps. Il raconte la vie de son quartier, ses habitants, son quotidien, ses passages obligatoires chez la psy, sa rencontre avec sa voisine très âgée...

Rhapsodie des oubliés m'a beaucoup émue, l'histoire est très touchante et parfois très drôle (notamment lorsqu'Ada raconte ses histoires à sa manière ou ce qui se passe dans sa tête par moments). J'ai été un peu surprise au départ par le choix de la lectrice pour un livre à la première personne raconté par un petit garçon mais au final, Ariane Ascaride lit l'histoire avec brio et c'est un vrai bonheur.

En bref : j'ai adoré !!!
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Rhapsodie des oubliés

Sofia Aouine, je ne la connaissais pas du tout et n’avais jamais vu son roman. Je suis donc très contente d'avoir pu la découvrir et la lire avec ce prix. C’est un premier roman, j'ai trouvé le style très original, l'auteure a réussi à se mettre à la place d'un ado de treize ans, avec son langage et sa façon de parler, ses attitudes, ses réactions, tout sonne vrai et rien que pour ça seulement, ce roman est remarquable.



 



J'ai donc fait la connaissance de ce garçon, Abad, il a treize ans, il vit à Paris, dans le quartier de Barbès, il est d'origine libanaise, avec une mère renfermée et silencieuse, et un père qui a quitté le domicile familial suite à un accident qui l'a rendu invalide. Voilà Abad devenir l’homme de la famille. Abad va ainsi nous raconter son quartier, la vie de chacun, de ses voisins, au collège avec ses copains. Il est très lucide sur le monde qui l'entoure, et ainsi nous parle de la violence qui existe, la drogue, le sexe, la radicalisation. Et puis, ce sont aussi les premiers émois, les premières œillades pour guetter des filles qui se déshabillent. La vie n'est pas facile pour Abad, qui a un regard très mature sur sa situation et celle des gens qui l'entourent.



Finalement, quand on regarde bien ce garçon, il est entouré de beaucoup de femmes qui auront de l'importance pour lui, dans sa construction. Il y a une jeune fille qu'il surnomme Batman, dont il tombera amoureux, sa psychologue, Ethel Frutterman, dont on apprendra également le passé douloureux  et qui poussera Abad dans ses réflexions ; il y a la vieille voisine, Odette, qui lui fera prendre goût à la lecture et à la musique ; et Gervaise, une prostituée africaine qui espère pouvoir retourner au Cameroun où elle a laissé sa fille Nana. Ces personnages féminins sont très importants pour Abad, et bien qu'il joue les gros durs, ces femmes permettront de révéler sa grande sensibilité. On va ainsi suivre Abad dans sa vie de tous les jours, avec les bêtises que peut faire un adolescent, et en même temps soumis aux dures réalités de la vie.



 



Je me suis vite attachée à ce jeune homme. On n'a qu'une envie en le lisant, c’est de le protéger, de lui venir en aide, même si on se doute que sa forte personnalité refusera que l'on vienne à son secours. Il est débrouillard, n'a pas sa langue dans sa poche, dit ce qu'il pense même si ça ne plaît pas. Il m'a fait penser à tous ces gamins qui poussent tout seuls, où la rue est leur seconde maison, ils savent tout sur tout le monde, connaissent pas mal de combines et semblent n'avoir peur de rien.



On s’attache également à d'autres personnages, surtout que l'auteure nous raconte leurs vécus, je pense à la psychologue, Ethel, au passé familial lourd, et aussi à Gervaise. Le parallèle d'ailleurs avec la Gervaise de Emile Zola est à faire, elle aussi a une petite fille qui s'appelle Nana, elle aussi vit dans la rue, elle aussi vient de milieux défavorisés. J'ai beaucoup aimé ce rapprochement très significatif.



L’attachement aux personnages se fait notamment grâce au choix narratif de l'auteure, qui est à la première personne du singulier. Je suis toujours plus sensible à ce « je » qui me permet de me mettre dans la peau du personnage et de me sentir au plus près de ses pensées et de ses envies. Je ressens alors très intimement ses émotions. Je trouve cette façon d’écrire plus intimiste, et cela donne un autre rendu de lecture.



 



Et surtout, ce qui frappe tout de suite le lecteur dès les premières pages, c’est le style de Sofia Aouine. Comme je le disais plus haut, elle a très bien réussi à se mettre dans la peau de son jeune héros, mais à tel point, qu'elle a exactement retranscrit sa façon de parler, ses mots, son argot. Le style est donc parfois très cru, à la limite de la vulgarité, comme le peuvent être des jeunes entre eux. C’est percutant, corrosif, ça remue, ça questionne. Je n'ai pas toujours compris tous les mots d'argot, mais je devinais facilement leur signification selon le contexte. Tout est savamment dosé par l'auteure, des phrases longues mélangées à des phrases plus courtes, des descriptions juste ce qu’il faut  pour bien se mettre dans l'ambiance, pas de lourdeurs. Des émotions dans les mots. Quand elle parle d'un autre personnage que Abad, le style est plus éloquent. J'ai déjà lu des romans parlant de la situation de ces gamins dans les rues, mais je ne me souviens pas en avoir lu un du point de vue direct de l'un d'entre eux. Et ce qui marque surtout cette lecture, c’est le style, la façon de parler plus vraie que nature. Certains n’aimeront pas et ne trouveront pas ça très « littéraire » mais je trouve justement que c’est ce qui fait la force de ce livre et ce qui fait qu'on a du mal à l'oublier.



 



C’est avec un mélange de tendresse et aussi de virulence, que Sofia Aouine nous fait passer des messages importants sur la vie de ces quartiers en marge de la société, avec tout un panel de personnages qui ne veulent qu'une chose, vivre. J'ai été souvent bien émue devant leur histoire personnelle, quand on connait leur passé, on ne peut que comprendre leur présent, mêlé parfois de haine et de violence. Le récit n'est jamais larmoyant ou dramatique, l'auteure décrit tout cela avec tellement de naturel et de poésie, avec des touches d'humour, cela donne un récit très juste et agréable à lire. De tels sujets n'ont pas dû être faciles à aborder par l'auteure, et elle s'en sort très bien. C'est son premier roman, et je trouve que c’est une plume très prometteuse, elle a beaucoup de potentiel.



 



Le roman est assez court, et il se lit très bien et très facilement. On est vite embarqués dès le début dans la lecture, on suit Abad et ses aventures et on a vite envie de savoir ce qui va lui arriver. Des chapitres sont consacrés à la vie d'autres personnages, ils pourraient même servir de base à un nouveau roman, je pense notamment à la psychologue et à Odette ou encore Gervaise et ce qu'elle a vécu au Cameroun. La fin reste ouverte, on arrive à un moment important de la vie d'Abad, qui va être complètement transformée, j'aurais aimé en savoir plus, mais je la trouve tout de même porteuse d’espoir.



Pour conclure, j'ai passé un très bon moment avec ce roman, je n’oublierai pas de sitôt ce jeune garçon et surtout je note Sofia Aouine dans mes auteurs à suivre. J'aimerais beaucoup la lire à nouveau, je suis curieuse de savoir de quel sujet elle parlera et comment elle le fera. C’est une auteure au talent très prometteur, que je vous recommande de lire.




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Rhapsodie des oubliés



🏘Abad est libanais, il a 13 ans et vie à Barbes, cette verrue parisienne. Lui, Abad, ce migrant oublié nous fait vivre de vives émotions dans sa quête vers le monde adulte. Il nous embarque dans son quotidien âpre, ponctué d’obstacles écrits à l’avance.



🏘Depuis la fenêtre de sa chambre il observe la vie du quartier défiler et matte sa voisine, bah oui ses hormones bouillonnent !

Et puis, la nuit, depuis le toit de son appartement avec vue sur Tati, il s’évade.



🏘Abad va rencontrer d’autres Oubliés : Gervaise, une prostituee ayant laissé sa fille au pays, Odette cette mamie seule dans son appartement, Ethel oubliée de mère en fille, Nour promise à avenir castrateur par sa famille.



🏘Abad n’a que 13 ans et pourtant toutes ces femmes qu’il rencontre vont lui permettre de grandir un peu plus de part leur histoire forte. Il se forge, il est parfois nonchalant et insolent mais pourtant si aimant.



🏘Un style moderne, une ponctuation des rues, Sofia Aouine nous offre un diamant brut, un condensé d’émotions fortes. Une ambivalence de style tout le long : à la fois acide et poétique. Je me suis sentie si vivante en fermant ce livre !
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Rhapsodie des oubliés

Dans un premier temps, Sofia Aouine plante le décor et décrit l'ambiance dans laquellevit Abad, ce jeune adolescent de 13 ans, exilé du Liban il y a seulement trois ans, mais qui a "déjà l'impression d'avoir vieilli de dix piges", rien qu'en se posant sur le banc du square Léon. Il vit avec ses parents dans le quartier de Barbès, La Goutte d'Or, à Paris XVIIIe et sa rue est la rue Léon.

C'est lui qui est le narrateur, un narrateur philosophe, inoubliable.

À cause de bêtises commises avec sa bande des "Apaches du dimanche", il sera considéré comme primo-délinquant et sera astreint par les services sociaux à des séances chez une psychologue qui va, comme il le dit si bien "l'ouvrir dedans". Elle s'appelle Ethel Futterman. Très rétif au départ, il ne dit mot, et lorsque la psychologue change de méthode lui disant : "Pose-moi des questions, si tu ne veux pas répondre aux miennes", il va tout lâcher et elle aussi lui racontera sa vie, et quelle vie ! Il va comprendre alors que chaque être porte un passé, souvent très lourd à assumer.

Tout en décrivant le quotidien du quartier populaire de Barbès, avec toute sa diversité, ceci, de manière remarquable, l'auteure nous brosse une série de portraits réalistes, avec une verve acide et à la fois tendre et émouvante. Elle explique aussi comment certains jeunes du collège, des potes à Abad, peuvent très vite se convertir au djihad sans que personne n'ait rien vu venir. le conflit des générations pèse également dans ces vies difficiles.

Difficile en tout cas, de ne pas être émue par Odette, cette voisine amoureuse de la musique depuis toujours, par la vie brisée de Gervaise, cette prostituée africaine si belle, venue pour sauver sa fille Nana, ou par ce jeune moldave arrivé en cours d'année au collège. Que dire de cette fille d'en face dont Abad était tombé amoureux en voyant son visage entre toutes les fenêtres : "Elle se devait de rester invisible sous le tissu noir qu'on lui avait imposé quand elle était devenue une femme."

Rhapsodie des oubliés est un titre bien choisi et on ne peut plus explicite.

J'ai beaucoup apprécié la beauté des mots et la justesse de ton avec laquelle l'écrivaine a décrit la vie de ces femmes, leurs joies, leurs souffrances surtout, mais aussi leur combat pour survivre.

Avec ce premier roman, Sofia Aouine réussit un livre très maîtrisé qui rend compte à la fois de cette période délicate de l'adolescence, des difficultés rencontrées par un jeune enfant pour s'épanouir, dans un contexte aussi violent - un des chapitres s'intitule d'ailleurs : Ceux qui n'auront pas d'enfance - mais également de la vie pleine de bruits, de couleurs, d'odeurs et malheureusement de noirceur de ces quartiers où vivent nombre d'oubliés. Il serait peut-être temps d'ouvrir les yeux et de partager !

Le Prix de Flore a récompensé en 2019, de façon très méritée, ce superbe roman éblouissant et bouleversant, à l'écriture jeune et alerte.

Si j'ai pu découvrir ce roman, c'est grâce à Yaena, une amie babéliote, que je remercie ici, qui en a fait une superbe critique et m'a vraiment donnée envie de le lire !


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Rhapsodie des oubliés

Abad, adolescent de treize ans au destin fracassé vit à Paris rue Léon dans le quartier de la Goutte d'or. Parents absents ou défaillants, trafics en tout genre, drogue, violence, prostitution, Islam radical qui surfe sur cette misère, il s'agit aussi de la description d'un quartier multiculturel, à la fois vivant et à la dérive.

Des enfants paumés, des gens en marge, des vieux oubliés, des portraits attachants, des personnages attendrissants, un hommage à Victor Hugo, Emile Zola, François Truffaut. Un roman d'apprentissage à travers le personnage d'Abad touchant, maladroit et parfois voyou en quête permanente d'affection.

Une langue travaillée, imagée, poétique, populaire, argotique mêlée d'arabe.

Un très beau roman contemporain sur l'enfance, sur un quartier.
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Rhapsodie des oubliés

Le passage de cette auteure à La Grande Librairie il y a un peu plus de deux ans m'avait interpellé.



Tout d'abord parce qu'il s'agit d'un premier roman et que je trouve toujours intéressant de découvrir un nouvel écrivain.



Ensuite parce que l'histoire se situe dans un quartier de Paris, la Goutte d'Or/Barbès dans le 18e arrondissement, dans lequel j'ai vécu quelques années.



Et enfin, lors de l'émission où elle parlait de son livre, Sofia Aouine me semblait porter un discours sincère, original, cru, direct et profondément humain.



Aussi, je viens de lire ce court roman.

Et ce livre m'a beaucoup plu.



On s'attache à ce jeune garçon, issu d'une famille libanaise qui s'est installée dans le quartier, qui, à treize ans, ouvre les yeux et s'éveille au monde (et notamment à la sexualité) dans ce quartier haut en couleurs, où se croisent militantes féministes, toxicomanes, prostituées, fondamentalistes et toute une population venue d'ailleurs lointains.



Le récit est truffé de phrases percutantes et très justes.



Et le titre, par ailleurs très beau, est je trouve particulièrement bien trouvé car il répond parfaitement à la définition du mot "rhapsodie" (pièce instrumentale de caractère libre, proche de l'improvisation, utilisant des thèmes ou des effets folkloriques).



Et que dire de la dédicace du live: "Au destin". Bravo. Bien trouvé.



Une très belle découverte.
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Rhapsodie des oubliés

Quel ascenseur émotionnel que cette rhapsodie des oubliés, provoqué par le récit d'un homme qui raconte sa vie d'adolescent libanais venu s'installer avec sa famille dans le quartier de la goutte d'or. J'ai ri plusieurs fois, aux "bêtises" et concours qu'il imagine avec sa bande et été surprise de lire qu’une femme, puisque l’auteur est féminin, puisse décrire des choses si intimes de la vie des ados côté garçon.

Ce jeune homme intelligent à l’esprit vif tourne en dérision la vie du quartier mais aussi les pseudos religieux de pacotille qui s'en mettent plein les poches et font la morale aux vrais imams. Il porte également un regard très lucide sur les adultes.

Et puis, cette histoire de vie triste, pas enviable pour deux sous, devient percutante, violente, non pas dans les actes, quoique, mais dans les mots. Je n’évoque pas ici la grossièreté utilisée par l’auteur, qui n’est pas gratuite mais juste et appropriée (et c’est une lectrice adepte du beau langage châtié des écrivains du 19ème qui honnit le « j’écris comme je parle » et le langage vulgaire qui écrit ceci, c’est pour dire !) mais dans l’évocation suggérée par ce qui défile sous nos yeux. L’abandon des parents qui ne se préoccupent pas de leur progéniture, par manque de temps ? D’intérêt ? Et ceux, encore pire, qui ont raté leur vie et fondent tous leurs espoirs dans la réussite à tout prix de leur enfant. Que dis-je ? Réussite ou plutôt calvaire, enfer sur terre, mais quelle importance, tant que l’enfant obéit et nourrit sa famille.

Toute cette misère m’a envahie et ces lignes m’ont vraiment bouleversée. J’ai finalement autant ri que pleuré sauf que les larmes ont été douloureuses. Et je ne les ai pas vues venir, je me suis rendue compte à un moment que j’avais le ventre noué, que je m’étais enfoncée dans le canapé, épaules rentrées et ma vision s’est troublée.

Alors, dois-je recommander ce livre que j’ai pourtant aimé puisqu’il m’a touchée (trop) ? Je ne l’aurais jamais lu si je n’avais dû le faire en tant que jurée littéraire et je ne le regrette pas. Les critiques n’évoquent pas ce dont je parle, alors peut-être que je suis trop sensible, allez savoir. Prenez votre courage à deux mains, et allez-y, c’est une belle découverte.

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Rhapsodie des oubliés

J'ai aimé lire les mots d'Abad, ce petit "poulbot" ou "Gavroche" contemporain. Dans la rue de Abad, on croise beaucoup d'oublié-e-s. En peu de mot, le livre n'est pas épais, Sofia Aouine réussit à nous faire partager les misères de notre temps, tout en nous arrachant beaucoup de sourires.



Un premier roman qui m'a fait penser à "Momo" d'Émile Ajar (Romain Gary), une version réactualisée en quelque sorte.

Une auteure à suivre :))

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Rhapsodie des oubliés

C𠆞st le début du livre que j𠆚i follement aimé.

Une pépite brute. Il y a de la rage, de l𠆚mour autant dans l’histoire que dans l’écriture. Je lis tellement facilement & avec émotion l’histoire d�, l�o de 13 ans qui arrive du Liban & se retrouve projeté dans le quartier de la Goutte d'or, le dix-huitième, ses putes, ses drogués mais aussi l𠆚mour & tant d’humain.

L�olescence, encore, évidemment. Avec sa révolte, son amour fou, sa passion pour la branlette & les nichons.





Quand j𠆚i lu ce « Putain je t𠆚ime ! » en page 14, j𠆚i su que j𠆚llais follement aimer ce livre.



Les histoires s'entremêlent..

On a Gervaise, la pute africaine qui fait le trottoir pour sa fille restée au pays. Vous vous doutez à quel point c𠆞st dur !

Odette, la vieille voisine avec laquelle Abad se lie d𠆚mitié, non, d𠆚mour tellement c𠆞st beau. Le lien entre cet adolescent & cette femme âgée si seule est indescriptible.

La psy qu� doit aller voir pour ouvrir son dedans. La défiance de l�o sauvage, sensible, brut, peu à peu apprivoisé.



Et puis il y a ce détail que j�ore dans les livres. Une. Putain. De. Playlist. (La Playlist des oubliés)



Noirceur, mots crus, dureté, pessimisme font partie intégrante du livre, le style est acéré, efficace, précis, agressif, argotique & gueullard. Barbès est le second personnage du roman après Abad.



J'ai lu au même rythme que j'ai eu envie de sortir de ce quartier, de m'échapper du sordide, fuir ce déterminisme social, alors qu'en est-il vraiment de ceux qui y vivent au quotidien ?

Ça m'a étrangement fait penser à Momo dans "La vie devant soi" de Gary



Alors si vous aimez Paris & sa crasse belle, l𠆚mour qu’on veut voir entre les poubelles, la musique & les mots vrais, n'hésitez pas. Ça déchire vraiment !

Parce qu'il est des petits bouts de vie qui méritent d'être mis en lumière aujourd'hui & demain



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Rhapsodie des oubliés

« Ma rue raconte l’histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s’appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans »



Abad est un adolescent de treize ans, qui vit dans le dix-huitième arrondissement, au moment du récit. Sa vie est quelque peu bouleversée. Entre sa famille qui fuit le Liban pour se réfugier en France, la précarité, la violence de la rue, la vie ne lui apporte pas le bonheur sur un plateau. Abad, comme beaucoup d’adolescents, cherche tant bien que mal où est sa place dans le monde, il cherche à se forger une identité. Il vit parmi les oubliés. Les prostituées, les réfugiés, les personnes âgées, les alcooliques, les chômeurs, les mères célibataires. Pas facile de grandir dans un milieu pareil. Pourtant, elle a son charme la rue Léon, et Abad y fait de belles rencontres. Mais on y trouve peu d’amour. L’amour, c’est d’ailleurs ce que recherchera l’adolescent tout au long du roman.



« Vous savez, une pute, c’est une belle qui a grandi trop vite. Même si vous pensez que c’est juste une pute, je le sais et je vous le dis, une pute, c’est une maman aussi »



Le langage est très cru, ce qui peut surprendre mais donne, selon moi, beaucoup de crédibilité au récit. Sofia Aouine raconte un quartier particulier avec son langage propre, et c’est tout le charme du roman. J’ai beaucoup aimé cette lecture, même si j’ai trouvé que l’autrice insistait trop sur les désirs sexuels d’Abad et que le fil conducteur était un peu flou. Malgré ces deux points négatifs, je vous recommande ce texte relativement court, qui a pour intention de mettre en avant les oubliés, les laissés-pour-compte. Rhapsodie des oubliés est le premier roman de Sofia Aouine, et c’est une belle réussite.
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Rhapsodie des oubliés

L'autrice réussie le difficile exercice de nous propulser dans la tête de ce gamin révolté et blessé par une vie d'exil et de souffrance.

Avec des phrases courtes et percutantes une année dans la vie de ce presque grand gamin de 13 ans obsédé par les nichons et toujours prompt à tomber amoureux.

C'est un Paris qui n'a rien pour attirer les touristes mais qui concentre toute la misère venue d'ailleurs, échouée là sans grand espoir de jour meilleur.

Mais dans cette immense détresse il y a quelques âmes lumineuses qui tendent la main a ce gosse en colère.

L'originalité n'est pas tant dans l'histoire mais bien dans une écriture qui claque comme les gifles des pères à ces fils perdus qu'ils ont livrés à la rue.
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Rhapsodie des oubliés

Abad côtoie le pire : trafic de drogue, d’êtres humains, prostitution forcée, alcoolisme, obscurantisme, extrémisme religieux, maladie, violence et même l’inceste. Ça fait beaucoup pour un seul ! Trop ?

Ce roman, transcription de la vie d’un quartier de Paris à travers les yeux d’un ado (est-ce vraiment aussi affreux?) a su m’émouvoir, mais la fin, abrupte, me laisse un peu sur ma faim.
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Rhapsodie des oubliés

J'ai découvert Sofia Aouine il y a un peu plus d'un an lors d'une l'émission, de la grande librairie. J'étais en train de séjourner chez ma mère et je lui ai dit « Maman regarde ! Elle est magnifique, tu vois ce qu'elle dégage ? Il faut que je la lise », déjà convaincue par ses propos lors de l'émission et de la façon dont elle les amenait.



Je l'ai enfin ce roman. Et avant même de la lire, Sofia Aouine m'avait déjà fait vivre pas mal d'émotions sans le savoir. Merci !



Et cela à continué car l'incipit nous projette instantanément dans le lieu de vie d'Abad, son odeur, sa couleur, son aspect, et sa démesure.



Abad est un personnage au regard humble qui nous fait rencontrer toute une armée d'êtres oubliés qui défilent perdus sur le chemin de l'errance. Il nous dicte la mort et la vie, l'impuissance et le courage.



Abad raconte les pères, les mères, l'abandon, la solitude, l'amour, la découverte des corps, la culture et le manque d'elle.



Ce roman donne l'impression que Barbès est filmé en temps réel d'un bout à l'autre, où se croisent prostitués, toxicos, travailleurs, immigrés, jeunesse inexistante, espoirs éphémères et fidélité jusqu'à l'oublie.



Rhapsodie des oubliés est un dédale dont on ne sort pas facilement.



Les femmes croisées dans ce roman m'ont beaucoup émue. Elles sont tendres, bienveillantes. Le franc parlé d'Abad les met en musique avec justesse.



Lisez ce roman, c'est important !
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Rhapsodie des oubliés

Les avis du Kawa

Abad, 13 ans, vit dans le quartier de Barbès. Rêvant de vivre pleinement sa vie et d'échapper à son destin, il tente de briser les règles imposées par sa famille

C'est l'histoire d'un Gavroche d’aujourd’hui. Sofia Aouine dresse un portrait truculent du 18eme arrondissement de Paris et de ses habitants. Délinquants, égarés, dealers, clodos, putes, maquereaux, vieux, immigrants...elle leur donne une voix avec une langue de la rue, imagée, créative, irrésistible. Un livre beau, fort et bouleversant. Un grand et gros coup de cœur!

Un livre choc, brillant avec des passages profondément émouvants comme l'histoire d'Ida. Dans une galerie de damnés, quelques fleurs comme Odette ou Gervaise mais les fleurs s'accordent mal de la souffrance, même si elles parviennent à redonner un peu d'espoir ou de vie à l'être en errance. Horreur de l'exil. Blessure indélébile. Cancer du salafisme parfaitement observé.
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