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Critiques de Sophie Calle (52)
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Que faites-vous de vos morts ?

Sophie Calle, je l'ai en gros découverte avec son livre Douleur exquise - j'ai vu très peu de choses d'elle au Centre Pompidou, et jamais d'exposition. "Que faites-vous de vos morts ?" était une question qu'elle avait posée, écrite sur des livres d'or lors d'une exposition au musée de la Chasse et de la Nature (musée qui ne m'attirerait carrément pas s'il n'était assez réputé pour ses expos d'art contemporain). Cette question, beaucoup de visiteurs y ont répondu, et ont sélectionné les réponses pour qu'elles apparaissent dans un livre - un livre qui n'est donc pas "de Sophie Calle" mais "de Sophie Calle et des visiteurs du musée de la Chasse et de la Nature", comme c'est indiqué noir sur blanc. Sophie Calle a inséré entre les pages de réponses des photographies prises dans des cimetières, surtout américains. J'imagine que c'est d'abord parce que les tombes des cimetières français indiquent très visiblement les noms des défunts, et que l'anonymat ne pouvait donc être respecté. Alors que là, on voit beaucoup de stèles, de plaques, avec l'indication "Father", "Mother", "Daughter", parfois "Baby". Et si ce choix de photographies (précisons que Sophie Calle n'est pas photographe et qu'elle prend des photos très ordinaires, le but n'étant de proposer des photos travaillées de façon professionnelle, bien au contraire) m'a paru frustrant, monotone, je me suis demandé si là n'était pas le but : montrer combien la mort prenait un aspect uniforme, qui remettait tout le monde à la même place. Et en cela, les grands cimetières à l'américaine sont bien plus à cette image qu'un cimetière français mythique comme le Père-Lachaise ou un cimetière de village.





Comme dans Douleur exquise, on trouve des histoires douloureuses. Les visiteurs répondent d'ailleurs parfois de façon détournée, il arrive qu'ils racontent l'histoire d'une mort plutôt que ce qu'ils font de leurs morts. Sophie Calle a également inséré quelques textes personnels, sur ses parents et son chat - et il m'est apparu qu'elle était presque la seule à avoir écrit sur la mort d'un animal, alors que tant de Français vivent avec des animaux domestiques. Pas étonnant qu'on soit les rois de l'abandon des animaux domestiques... (j'entends d'ici mon conjoint me dire "T'es toujours aussi naïve, t'es encore étonnée du manque de compassion des gens, après tout ce que t'as vu") Je suis également frappée par le fait que la plupart des textes parlent de la mort de parents - moins souvent de grand-parents, quasiment pas d'amis, de frères et soeurs, d'enfants. Et je me suis dit que sans doute, témoigner sur la mort de ses parents, c'était ce qu'il y avait de plus simple à partager - je parle de morts qui relèvent de la vieillesse, de la maladie et de la fatigue qui en découlent, pas de morts plus traumatisantes -, et que le reste était sans doute trop dur pour donner naissance à un court texte sur un livre d'or. Encore que certains se sont servis de ces livres d'or pour exorciser leur chagrin et tout que la mort d'un autre peut provoquer. D'autres, moins nombreux, ne se sont pas gênés pour être directs, voire provocants. Ben oui, parce que nos morts, on ne les aime pas forcément, ils ne nous ont pas forcément aimés, et on n'a pas forcément envie de leur rendre hommage. Chacun ses morts, chacun ses rituels, et ça peut aussi bien être tirer la chasse (comme l'a écrit quelqu'un) que conserver une urne dans une cave à vins (comme l'a écrit quelqu'un d'autre).





Comme pour Douleur exquise, qui parlait beaucoup de mort, de suicides, mais aussi de douleurs tout autres, le livre de Sophie Calle Que faites-vous de vos morts ? a la grande qualité de renvoyer son lectorat à des sentiments souvent tapis en nous, qu'on cherche pour certains à enfouir le plus profondément possible. Des tas de gens se sont exprimés sur un sujet difficile, sur une question difficile, et je parierais fort que, comme moi, pas mal de lecteurs se sont demandé : "Qu'est-ce que, moi, j'aurais écrit, qu'est-ce que j'aurais répondu à cette question ?" J'étais d'ailleurs partie pour écrire un texte beaucoup plus personnel (déjà que le début de la critique prend des chemins de traverse), sans y réfléchir vraiment, mais je préfère respecter une certaine distance pour la critique du livre. Après tout, le reste me regarde et si j'ai envie de répondre à mon tour à la question de Sophie Calle, dans un texte court ou long, ce sera toute seule dans mon coin.


Lien : https://musardises-en-depit-..
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Des histoires vraies

Entre anecdotes caustiques et révélations intimes, Sophie Calle incarne le temps d'une lecture, l'amie, la confidente. L'ouvrage effleure alors des motifs universels mais coutumiers de l'autrice : c'est en effet au moyen d'histoires déployées en double page révélant d'un côté un texte et de l'autre une photographie que l'artiste plasticienne tisse une langue tantôt ironique, tantôt prudente mais toujours sensible autour de la sexualité, le corps, le rapport à l'objet et à l'être aimé·e.

Ce recueil autobiographique sans cesse enrichi est intelligent par sa réflexion et sa mise en page : l'autrice fait de ce work in progress un point d'appui pour des dialogues entre lecteur·rice, témoignages et preuves photographiques. Un délice !
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Douleur exquise

Très déçu par ce livre, d'abord parce que le côté "pauvre petite fille riche" de Sophie Calle m'a énervé. Elle a la chance de recevoir une bourse pour la réalisation d'un projet artistique et la voilà à faire des chichis pour se décider à propos de la destination, New-York, Tokyo, et ainsi de suite. Elle choisit Tokyo, parce que c'est pour elle la pire destination. Il y a de quoi faire rager les smicards, les chômeurs, les étudiants et autres artistes courant après les subventions.

La première partie est peu intéressante, rien ne se passe, ni les photos ni les textes n'apportent un peu de chair à ce voyage en train destination Tokyo. Elle rencontre les gens qu'on rencontre quand on est une petite fille riche et artiste : des gens riches, des diplomates, des artistes. Il n'y a que le moment où Hervé Guibert lui saute dessus en hurlant qu'il va l'étrangler qui nous sort du quotidien monotone de Sophie Calle.

La deuxième partie est plus intéressante à lire, à cause des témoignages. Tous ne m'ont pas touché, certains même m'ont paru terriblement ordinaires, mais je crois que, finalement, le livre aurait été meilleur s'il n'avait été constitué que de ces témoignages. La dernière histoire surtout l'a ému, c'était un tel témoignage de détresse ! Mais les textes répétitifs de Sophie Calle, m'ont ennuyé. Finalement, je me suis dit que le livre aurait été meilleur s'il avait présenté uniquement ces témoignages.

Je sais que ce livre n'en est pas un, que Sophie Calle avait monté une exposition et que c'est devenu un livre par la suite. L'idée est quand même originale, mais je m’attendais à mieux. Quand ma chérie m'a parlé de ce livre avec des larmes pleins les yeux, ça m'avait semblé beaucoup plus captivant !
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Douleur exquise

Première fois que je prends un livre pour son tape à l’œil. La tranche est rouge brillante avec un emballage gris. Erreur de ma part. Une femme obtient une bourse d’études pour New-York. Change de destination pour le Japon, pays où elle a le moins envie d’aller. Son amant, ami de son père chirurgien la largue à la fin des trois mois, quand elle doit rentrer. Je tourne les pages vite fait sur son voyage. Cabines de train, chambres, trucs bizarres, etc. Puis, pages de gauche répétition des mêmes phrases sur sa rupture amoureuse. Écrit en gris sur fond noir. Pages de droite blanches où on ne sait qui raconte des suicides, des accidents, des morts.
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Douleur exquise

Récemment, j'ai visité la section "Mythologies personnelles" du Centre Pompidou et j'y ai vu, pour la première fois, des œuvres de Sophie Calle grandeur nature. Pas plus convaincue que cela, j'avais tout de même envie d'en connaître plus sur le travail de cette artiste contemporaine devenue incontournable. J'ai donc emprunté à la bibliothèque le seul ouvrage disponible. Et bien qu'il ne m'ait pas non plus emballée pendant la première partie, "Douleur exquise" fait à présent partie des quelques livres qui m'ont arraché des larmes, des larmes, et encore des larmes, et que je ne suis par conséquent pas prête d'oublier.



La douleur exquise à laquelle fait référence dans le titre Sophie Calle n'a rien de tristement délicieux, comme on pourrait le croire. Il s'agit d'un terme médical à la définition suivante : "douleur vive et nettement localisée". Sophie Calle a choisi de partir, en 1984, au Japon pendant trois mois, peut-être pour éprouver les sentiments de l'homme de sa vie (l'artiste Martial Raysse, jamais nommé, mais qu'on reconnaît à certaines allusions). Celui-ci lui avait laissé entendre qu'il était fort possible qu'il ne l'attende pas aussi longtemps, tout en lui donnant rendez-vous, à la fin de son séjour, en Inde. Elle va détester son voyage, son séjour et ne vivre pendant ces trois mois que pour le retrouver. Ce qui n'adviendra pas, puisqu'il va la quitter, de façon assez peu élégante, par téléphone, le soir-même de leur rendez-vous. Rideau sur la première partie du livre. En seconde partie, elle met en scène la thérapie, ou plutôt l'exorcisme qu'elle a choisi de pratiquer pour évacuer sa douleur, qui lui paraît alors la pire de sa vie. Elle va rencontrer des gens à qui elle va raconter, inlassablement, l'histoire de sa rupture. En échange, ils répondront à cette question : "Quand avez-vous le plus souffert ?" Elle arrête le processus lorsqu'elle a enfin fait le deuil de son histoire d'amour.



La première partie, consacrée au long voyage en train et au séjour au Japon, ne m'a pas plus enthousiasmée que ça. Certes, il y a tout un travail sur l'autobiographie, notamment l'utilisation de photographies, non pas techniquement superbes, mais au contraire voulues comme très ordinaires, prises à la manière de Polaroids. Certes, la mise en scène du compte à rebours avant la rupture, des objets, des personnes et des lieux qui jalonnent cet épisode et qui devraient faire office d'alarme, comme le temple du divorce, n'est pas inintéressante. Les dernière pages, surtout, qui montrent Sophie Calle tout à sa joie de retrouver M., préparant soigneusement leur rendez-vous, serrent un petit peu la gorge. Nous, lecteurs, contrairement à elle, savons déjà que cette joie sera rapidement et sérieusement mise à mal.



Mais c'est dans la seconde partie que, d'une part, le travail de Sophie Calle m'a paru le plus intéressant, d'autre part que l'émotion va réellement affleurer. Sophie Calle va répéter inlassablement le récit de son histoire d'amour avec M., de façon quasiment identique pendant de nombreuses pages, puis le remaniant peu à peu et le raccourcissant. Les pages sont devenues granuleuses au lieu de lisses en première partie, et mates au lieu de brillantes. Le récit de Sophie Calle est imprimé en lettres blanches sur fond noir sur la page de gauche, avec en en-tête, inlassablement, la même photo d'un téléphone rouge dans une chambre d'hôtel : ce même téléphone par lequel elle a appris que M. la quittait. En regard de ce récit, celui des personnes qu'elle a rencontrées, imprimé en lettres noires sur fond blanc, avec la photo d'un objet ou d'un lieu représentant leur histoire. Peu à peu, les lettres blanches du récit de Sophie Calle vont s'effacer, le ton va devenir plus drôle, même s'il est teinté d'amertume. Page 99, elle s'est débarrassée de sa douleur. Face à cette souffrance, somme toute, comme elle le dit elle-même, banale, des témoignages de toutes sortes : beaucoup de récits sont liés, naturellement, à la mort. A des suicides, assez souvent. Mais pas seulement, et l'histoire d'une humiliation subie enfant parce qu'on a triché au Nain jaune, d'un mal de dents, racontée parce que "le reste ne se dit pas", d'un accouchement qui devait se terminer tragiquement mais qui trouva une fin heureuse m'ont largement autant touchée que le reste. Ce livre amène à se poser pas mal de questions sur la souffrance, sur le deuil, questions qu'on s'est en général déjà posées dans sa vie mais qui ressurgissent ici un peu douloureusement. Enfin, si Sophie Calle a bien réussi à se débarrasser de sa douleur grâce à ces rencontres (et au temps qui passe), je n'ai pu m'empêcher de me demander ce qu'il en était pour tous les autres.



C'est un livre que je conseille enfin parce qu'il constitue un véritable travail artistique et une véritable réflexion sur la question de l'autobiographie, peut-être pas aboutis, mais qui valent qu'on se penche dessus. Ce n'est certainement pas par hasard que Christian Boltanski figure parmi les amis du père de Sophie Calle...
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Prenez soin de vous (1DVD)

Les démarches artistiques de Sophie Calle sont toujours étonnantes quand elles poussent leur concept jusqu'au bout.

Ce document est le résultat d'un montage complet de 50 analyses d'un mail de rupture reçu par l'artiste. Réponses sous des prismes différents, selon l'approche de chaque femme y ayant participé et sous des formes variées :

Fac simile, photos, QR code ou lien vers une vidéo ou une page internet... tous les médias sont sollicités.

Mais ce qui est étonnant vient de l'engagement de celles qui ont décortiqué ce mail de rupture, banal dans son écriture et d'une certaine lâcheté dans le fond. La qualité et la densité du résultat est un autre sujet d'étonnement et demande une attention soutenue. L'humour le dispute au sérieux, l'analytique froid à l'émotion, que la réponse viennent d'une juge, d'une linguiste, d'une cinéaste, d'une adolescente inconnue etc...

A garder à porter de main pour en piocher un extrait de temps en temps.
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Des histoires vraies

Etrange petit livre contenant de courtes anecdotes de vie, édité sept fois et à chaque fois enrichi de nouvelles histoires.



D'abord on se dit "bof" mais on continue : Sophie Calle, ce n'est pas cette performeuse un peu farfelue... qui a filmé des hommes en train de dormir dans son lit (seuls) ; adressé à plusieurs femmes, en échange de leur commentaire, copie de la lettre de rupture de son amant, Grégoire Bouillier (sans son accord) ; filmé l'agonie de sa mère (avec son accord) ?



Bon, alors on continue. de toute façon c'est très court...



Peu à peu, il se passe quelque chose. Ça a à voir avec l'attention extrême porté à des évènements modestes ou solennels, et le geste d'en préserver le souvenir par l'écrit et l'image.



C'est toute une construction qui évoque le départ d'un mari, la mort d'un chat, d'une mère, d'un père, la préparation de ses propres obsèques.



Non ce n'est pas morbide.



Tout est observé par le menu et pourtant le regard n'est pas voyeur, il ne déshabille pas. Il habille au contraire ce sur quoi il se porte de sa singularité.



L'ensemble forme un catalogue de choses vues, aimées, endurées.



C'est un livre objet poétique.



Mon idée, c'est que ça peut faire un cadeau vraiment sympa et personnel à quelqu'un qui est ouvert à la poésie, à l'art, à l'originalité et à la tendresse.
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Prenez soin de vous (1DVD)

Sophie Calle est une artiste. Le jour où elle reçoit un mail de rupture d'un amant, elle décide de transformer cette blessure en objet d'art :

Ce mail de rupture est donc observé sous tous les angles par ces femmes, certaines connues comme Marie Desplechin, Amira Casar, Yolande Moreau, Arielle Dombasle, ou encore Victoria Abril, d'autres non, mais dont la profession fait sens pour ce projet : linguiste, cruciverbiste, philologue, clown, tireuse à la carabine, consultante en matière de savoir-vivre, exégète talmudique ou bien avocate, etc. Chacune se l'approprie, le dissèque et l'analyse, le rendant limpide à travers le prisme de sa profession. La rupture est désacralisée, dédramatisée, et chacune prend soin de Sophie, et par là même d'elle, grâce à ce projet.

La lecture de ce bel ouvrage est un régal ! Chaque page correspond (ou presque, certaines sont plus loquaces...) à une femme et donne à voir son interprétation de ce drame personnel. Une esthétique rare. Une originalité à couper le souffle. Une réussite !

La mail de rupture, présenté en début sert de base à ce travail de réflexion et le résultat n'en est que plus étonnant : danse, chant, nouvelle, réécriture, analyse de texte, etc. Les productions sont nombreuses et aussi drôles les unes que les autres.
Lien : http://bouquinbourg.canalblo..
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Doubles-jeux : Les panoplies, livre III

Elle sait m'étonner et me faire sourire..

A chaque fois!

Son exubérance me ravit.

C'est un échange avec Paul Auster

Elle le croise un jour où il a

une cravate plutôt mocharde.

Elle lui en envoie une,

Elle le recroise, il porte sa cravate!

mais, avec une chemise,.. pas terrible.

Elle décide alors, de le rhabiller.

Chaque année à Noël

elle lui achète un vêtement

qu'elle photographie avant de lui expédier ;

une chemise, puis un pull, un caleçon,

des chaussettes en soie..



A vous de lire la suite..



Elle met un autre jour une perruque blonde

et accepte de faire un strip-tease dans un cabaret.

Une amie la photographie



Sophie Calle est somptueuse

sa douce folie m'ensorcèle.
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Des histoires vraies

De petites rubriques ‘très’ personnelles agrémentées de photos. Certains y verront du osé, d’autres s’en amuseront ou seront attendris. Original, court, à découvrir !
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Douleur exquise

je viens de refermer Douleurs exquises de sophie Calle, ecrit autobiographique d'une douloureuse rupture et recits d'anonymes sur les drames vecus..superbe petit livre, monté comme un reportage du vécu ou le paroxysme de la rupture se retrouve noye dans le flot de la vie..il y a bien un avant et un apres ..meme si ce dans ce dernier rien n'est vraiment plus pareil..la vie est toujours plus forte..est ce que toutes les douleurs se valent...?
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Prenez soin de vous (1DVD)

Bizarre et unique, une photographe qui explore, qui se dévoile, qui écrit, qui ose. Cet ouvrage a été construit pour se consoler en essayant d'épuiser, en sollicitant toutes les expertes et spécialistes possibles, toutes les explications et les "décorticages" de la lettre de rupture. Fort intéressant.
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Des histoires vraies

Si joli ! Petits bouts de vie simples, intimes, et qui ainsi cousus les uns aux autres provoquent un vrai attendrissement face à la vie, sa tristesse, sa beauté, sa poésie. J’y ai aussi lu une forme belle d’acceptation, face au père qui meurt, au mari qui destine ses lettres à une autre, aux petites trahisons du quotidien et du temps qui passe.
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Que faites-vous de vos morts ?

Pendant longtemps, je l’ai cherchée. La mort. Elle rôdait autour de moi. Je l’ai touchée du doigt. Je la voulais. Tellement. Incommensurablement. Je ne pensais plus qu’à ça.



Parfois, je me dis que c’est peut-être pour cette raison qu’aujourd’hui, j’ai un rapport si serein à la mort. Elle fait partie de la vie. Elle lui donne même son sens.



Sans mort, il n’y a pas de vie. Sans vie, il n’y a pas de mort.



Lors d’une exposition, Sophie Calle pose cette question dans son livre d’or: « que faites-vous de vos morts? ». Certaines réponses sont pleines d’humour, d’autres emplies d’une profonde humanité. Quelques-unes transpirent la dépression, ou l’amour de la vie. Mais toutes, toutes, sont, à leurs façons, poétiques et merveilleuses.



J’avais 10 ans quand j’ai perdu mes grands-parents maternels. J’ai enterré ma grand-mère le 9 août 1999... le 11, je fêtais mes 11 ans.



Pendant longtemps, ils m’ont accompagnée. Je leur parlais, le soir, dans mon lit. Michette et Jeantou étaient avec moi. Je regardais les étoiles, toujours celles à ma gauche. Ils étaient là.



La mort de ces deux êtres si chers à mon cœur, à deux mois d’intervalle, est l’un de mes plus grands traumatismes. Ce le sera à vie. Parce qu’on ne peut pas faire, complètement, le deuil de la mort d’un être aimé.



Les premières fois que je suis allée au cimetière, je me suis assise à côté de leur tombe et je leur ai parlé. J’avais commencé le collège et j’avais plein de choses à leur raconter.



Aujourd’hui, je pense à eux chaque jour. Pourtant, j’ai passé plus de la moitié de ma vie sans eux.



C’est peut-être ça, que je fais, de mes morts. Les garder près de moi, toujours.



Ce livre est une ode à la vie. À la vie et à la mort. Les témoignages, entrecoupés de photos de pierres tombales récoltées lors de voyages, donnent une dimension universelle aux écrits de ces inconnus.



On y retrouve la colère, la joie, les regrets, les pleurs, les fous rire... c’est une palette d’émotions. Riche et colorée.



Ce livre est une pépite.



Et vous, que faites-vous de vos morts ?
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Souvenirs de Berlin-Est

Beaucoup de personnes se demandent à quoi sert l'art. Il est parfois inutile de se pencher sur les théories de l'art mais simplement de lire un livre d'artiste. Sophie Calle à travers photos et témoignages, interroge des habitants de Berlin-est qui ont côtoyé pendant des années des œuvres d'art liées au régime communiste. Statue de Lénine, haut-relief avec des soldats, etc. Que reste-t-il de ces oeuvres dans la mémoire collective et individuelle après leur destruction ? L'art peut-il s'oublier, se fondre dans le paysage ou au contraire est-il possible d'y rattacher des souvenirs comme cette personne qui a appris à compter sur ce haut-relief lorsqu'elle était jeune ?

Sophie Calle, artiste de l'intime, démontre ici que l'art est à la portée de tous et peut ponctuer certains moments de notre vie à travers des textes simples. Une vraie analyse de l'art dans la rue mais qui est pour une fois poétique, intimiste et personnelle.

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Prenez soin de vous (1DVD)

De Venise à la salle ovale de la BnF, avec Daniel Buren pour scénographe, tout un voyage avec cette lettre dans tous les sens, sur tous les supports. "Prenez soin de vous" prenez soin du livre et de ses extensions multimédia, les précieux DVD... Est-ce que je pourrai les lire encore dans 20 ans?
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L'ascenseur occupe la 501

Je me suis régalée de ce beau livre. J’ai vu l’expo au musée d'Orsay de Sophie Calle au printemps dernier. Il me fallait absolument lire ce livre.



Sophie Calle, c’est une artiste photographe à l’imagination originale et inventive.



Sophie Calle, c’est “de l’amour dans le métro” à Toulouse. Sophie Calle c’est “les dormeurs” à Paris. Sophie Calle c’est la chambre 501 de l'hôtel d’Orsay.



L’ascenseur occupe la 501, c’est un “beau livre” rempli de photographies. Mais c’est aussi une magnifique histoire.



Dans les années 80, Sophie Calle découvre un hôtel abandonné en plein cœur de Paris. Il s’agit de l'hôtel d'Orsay désaffecté, jouxtant l’ancienne gare d’Orsay, tous deux devenus aujourd’hui le Musée d’Orsay.



Elle va déambuler dans cet hôtel abandonné, découvrir des objets, observer les lieux, venir, revenir, occuper la chambre 501, photographier et imaginer.



Ce livre, ce sont des photos racontant deux histoires. Le passé confronté au futur par Sophie Calle. Le passé décortiqué par Jean Paul Demoule, archéologue préhistorien .



Une photo. Deux explications. Humour et réalité. Imaginaire et vérité. Alors que Sophie Calle à partir de ses photos s’invente une histoire futuriste, Jean Paul Demoule replace les choses dans leur contexte.



Le parallèle est fameux, les photos magnifiques. On se régale de l’histoire de Sophie et on se documente avec Jean Paul.



Dans cet hôtel, outre Sophie Calle, le fantôme d’Oddo hante les lieux. Il sera son fil rouge. Qui est Oddo ? Oddo “esprit de l’eau”, vénéré, adulé ou Oddo “homme à tout faire”, plombier ? Des notes oubliées, ici et là, sont comme des indices. Les objets abandonnés deviennent des trophées.



Ce livre de photographies se lit comme un roman documentaire.



Cet hôtel est mystérieux et les explications ont l’air pourtant vraies. Mais qui sont ces gens du futur ? Et cette chambre 501 mystérieusement disparue et occupée aujourd’hui par un ascenseur, c’est bizarre, un peu quand même !







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L'ascenseur occupe la 501

Un ouvrage magnifique, un livre objet à la fois beau et abordable, tout en transparence et truffé de 4 photographies. Bien avant la mode de l'urbex l'artiste Sophie Calle avait pour habitude de pousser les portes presque closes pour découvrir des lieux abandonnés, désaffectés. Ainsi, en 1978, elle pénètre dans l'hôtel d'Orsay, promis à la destruction. Happée par l'ambiance unique de ce lieu elle y reviendra régulièrement pendant 2 ans, occupant la chambre 501, y conviant d'autres créateurs, et surtout prenant des clichés. Des textes accompagnent ces tirages, qu'elle imagine soit comme des vestiges vus par un représentant d'une autre civilisation et s'étonnant des objets qu'il rencontre, soit comme de scrupuleuses descriptions, qui évoquent le catalogue ou le reportage... L'artiste hante ces lieux comme un fantôme, absorbée par la progression du délabrement, collectant fiches, numéros de portes ou clés comme autant d'indices d'une vie passée. Un travail d'archéologie artistique, sorte de vanité moderne dans laquelle le luxe d'époque affleure encore sous les décombres.
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Des histoires vraies

Des histoires vraies qui viennent dessiner en creux le parcours de Sophie Calle. Entre journal de souvenirs et carnet de bord ou d'atelier, à chaque fois une photographie et sa légende commentée viennent raconter un épisode de la vie de l'artiste, la réalité et le vécu alimentant sans cesse ses projets artistiques. Un petit livre aussi beau que touchant, dans lequel l'artiste se dévoile sans fausse pudeur mais toujours avec une délicatesse bouleversante.
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Parce que...

Bonsoir à toi qui passe par là. Aujourd'hui, j'ai lu " Parce que " de Sophie Calle paru aux éditions Xavier Barral. Attention, ovni. Si tu es fan des livres-objets bourrés de poésie, ne quitte pas cette chronique... Petite, j'ai toujours aimé les secrets entre les pages. Ici, on retrouve cette technique avec un texte côté gauche illustrant une photo côté droit, cachée dans un feuillet, qui se dévoile en la faisant glisser vers l'extérieur... J'aime cette beauté cachée, prendre le temps de découvrir chaque image après avoir lu chaque texte. L'écriture est belle, utilisant la forme du " parce que ", c'est du brut d'âme, c'est très authentique, un juste regard à vif. La démarche de Sophie est de raconter les circonstances qui président à chaque prise avant d'enclencher l'acte photographique et de nous le partager dans un volume aussi singulier que fascinant. Parce que je ne peux terminer cette chronique sans vous montrer concrètement comment fonctionne cet ouvrage, rendez-vous en story ainsi que sur mon blog (lien en bio) pour en savoir plus. @monprecieuxlivre
Lien : http://monprecieuxlivre.wixs..
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