Sophie Cassagnes-Brouquet

Autour de 1200, plusieurs coutumes pénalisent le viol des filles publiques. En moins de cinquante ans, la plupart de villes européennes condamnent ceux qui attaquent les prostituées. Les conseils de Augsbourg et de Constance se portent partie civile pour elles quand elles sont malmenées. Quand le pieux roi Louis XI reçoit à Melun la plainte d'une femme, victime d'un viol, son agresseur tente de se disculper en l'accusant d'être une "femme folle", mais les juges royaux le condamnent quand-même à mort et le souverain refuse de le gracier; il est exécuté sur-le-champ.

Sous les ordres d'Henri de Trastamare et de Bertrand, l'armée pénètre en Castille au début du mois de mars 1366 sans rencontrer de résistance. Elle remonte le long de la vallée de l'Èbre, passe prés de Tudèle en Navarre et entre dans Calahorra le 16 mars où Henri tient conseil et est proclamé roi de Castille sans se voir opposer de résistance. Il semble que tous les partisans de Pierre le Cruel aient fui ou se soient ralliés à Henri. La première ville à lui fermer ses portes est Briviesca. La cité est forte mais les routiers s'emparent d'elle en un seul jour et y font brûler vifs deux cent juifs, au grand plaisir d'Henri de Trastamare, réputé pour son horreur des juifs et des musulmans, ce qui lui vaut l'ardent soutien de la papauté.

Dans l'incapacité de réagir, Bertrand voit triompher les deux adversaires qu'il a tant combattus : Jean de Monfort en Bretagne et Charles de Navarre en Normandie. Ruiné par le paiement de sa rançon, il a perdu le comté de Longueville et, surtout, la défaite d'Auray a effacé la gloire qu'il avait acquise à Cocherel. Désormais, une paix précaire règne en France, il reste à trouver d'autres terrains de bataille à cet infatigable guerrier.

La diversité des images, leur richesse et leur fantaisie qu’un lecteur contemporain découvre en parcourant les manuscrits du Moyen Âge, ce monde de couleurs inaltérées, toujours aussi chatoyants que ni le temps ni l’usure n’ont pu ternir, sont autant d’éléments qui permettent d’expliquer la fascination qu’exercent encore sur nous les livres du Moyen Âge.

Bertrand appartient donc à une famille des marges de la Bretagne, traversée par cette fragile frontière naturelle que constitue le Couesnon ; ancrée en terre gallo, mais marquée par des liens étroits avec la Normandie, des liens que le guerrier conservera toute sa vie.

C'est ainsi que le corps de Bertrand du Guesclin finit par être dispersé en quatre tombes, un privilège d'ordinaire réservé aux rois et aux princes. La première sépulture recueille ses entrailles au Puy-en-Velay, la deuxième ses chairs à Montferrand, la troisième ses ossements à Saint-Denis et son cœur repose à Dinan en Bretagne.

En optant pour une stratégie de sièges, en reprenant les unes après les autres les forteresses les plus éloignées du coeur de l'Aquitaine anglaise et en pratiquant une stratégie de la terreur, sans quartiers ni prisonniers, en intimidant les grandes villes comme Poitiers et La Rochelle, le connétable (Du Guesclin) s'est forgé une réputation de capitaine aussi rusé que cruel.

Les femmes sont exclues des labours et des semailles, pour des raisons certes physiques mais aussi symboliques : la terre est femme et seul le paysan a le droit de l'ensemencer.

Sa cour est à l'image de cette jeune reine fière, intelligente, avide de richesses, aristocratique, pacifique et multiculturelle.

Commencée dans les fêtes et la joie des retrouvailles, l'année 1314 se termine par une inexcusable défaite et un deuil, sombre présage des difficultés qui s'amoncellent sur le roi et la reine ainsi que sur tout le royaume d'Angleterre.

Le sevrage des enfants est assez tardif au Moyen-Age; il se situe vers l'âge de deux ou trois ans. C'est une période dangereuse : un enfant sur trois meurt avant d'avoir atteint l'âge de cinq ans. Si le bébé parvient à franchir l'âge périlleux de la petite enfance, il entre avec plus de promesses dans celui de la jeunesse, à partir de sept ans.

Les reines prennent soin de leur choix. Elles peuvent s'appuyer sur les recommandations de traités qui expliquent comment choisir une bonne nourrice. La candidate ne doit être ni trop jeune ni trop âgée, entre 25 et 30 ans, bien en chair sans être trop grasse, joyeuse pour ne pas que sa mauvaise humeur déteigne sur l'enfant qu'elle nourrit. Le choix idéal est celui d'une femme venant d'accoucher de son premier enfant, et si possible un garçon, son lait étant réputé meilleur. Elle doit avoir des moeurs irréprochables, s'abstenir durant l'allaitement de relations sexuelles (cela pourrait corrompre le lait), avoir une bonne hygiène de vie, des seins volumineux, mais pas trop de peur que le nez du bébé ne devienne trop court.

Femme, mère, amante, Isabelle est pourtant beaucoup plus que cela. Son parcours politique est sans pareil.

Avec l'avènement de l'histoire positiviste, les femmes disparaissent de la scène politique; ce n'est pas tant que les historiens en veulent aux femmes mais ils cherchent à se débarrasser des excès d'imagination reprochés aux romantiques. Les reines disparaissent des livres d'histoire dans les années 1870.

En abattant tous les grands qui s'opposaient à lui depuis le début de son règne, Edouard II semble vainqueur, mais en réalité il s'est placé lui-même sous une autre domination, celle de son favori? HuguesDespenser.

Mais en ce début d'automne 1314, elle ignore que les trois années à venir seront encore plus catastrophiques. La mort rôde autour de la jeune reine de dix-huit ans et s'apprête à fondre sur ses sujets.

La reine n'a pas coupé tout contact avec son mari; elle continue de lui écrire, s'enquiert de sa santé et lui envoie des cadeaux. Cependant, elle se refuse absolument à le rejoindre.

Tandis que son peuple souffre, la reine d'Angleterre ne s'apitoie pas sur ses malheurs, elle doit faire face à de nouveaux dangers. Bientôt, son étoile va pâlir.

Le Combat des Trente:
La scène se situe en 1351 à Ploërmel, une place forte occupée par les partisans de Jean de Monfort sous l'autorité d'un mercenaire allemand, Robert Bembro. Comme les partisans de Charles de Blois désespèrent de la prendre, le capitaine Jean de Beaumanoir se rend à Ploërmel pour proposer à Bembro un tournoi de deux ou trois jouteurs. Bembro penche plutôt pour un combat à vingt ou trente; les deux capitaines finissent par s'accorder sur le nombre de trente combattants dans chaque camp. Trois jours plus tard, les combattants se mettent en position pour une mêlée qui va durer jusqu'au soir. Au terme de ce rude assaut, neuf montfortistes sont morts dont Bembro tandis que les blésistes n'en compte que six dans leurs rangs; la palme de la victoire leur revient. La renommée de cet épisode chevaleresque est liée au poème composé peu de temps après et qui met en scène les participants de la joute sous les traits de héros de chansons de geste. Jean de Beaumanoir y devient un nouveau Roland, qui blessé n'abandonne pas le combat, et auquel son compagnon d'armes lance l'apostrophe passée à la postérité: "Bois ton sang, Beaumanoir, la soif te passera."

Edouard II redoute un double danger : la guerre en Aquitaine et un débarquement en Angleterre de Mortimer à la tête des opposants. Le conflit ouvert entre la France et l'Angleterre est effectivement une véritable opportunité pour Roger Mortimer. Il est désormais accueilli à la cour de Charles IV comme un allié précieux.