Citations de Sophie Cassagnes-Brouquet (210)
Son indépendance et sa détermination ne sont pas des qualités que l’opinion et l’église mettent en avant pour une femme, mais en véritable fille du roi de fer, la reine d𠆚ngleterre est prête à jouer le tout pour le tout. Elle a cependant deux atouts dans son jeu : son fils aîné qui offre une légitimité à sa cause et l𠆞xpérience d’un guerrier aguerri, Roger Mortimer.
Une nouvelle lecture des sources historiques et des témoignages de ses contemporains a montré combien cette reine médiévale, ni louve ni putain, est une femme de son temps, une Capétienne exceptionnelle par son intelligence supérieure, sa volonté de fer, mais aussi son pragmatisme lui permettant de survivre dans un monde de violence et de déchirements politiques.
Reine bafouée, reine conquérante et reine mère toujours écoutée, Isabelle de France est un personnage essentiel de l'histoire de l'Europe médiévale. Sa vie est beaucoup plus complexe et mouvementée que la légende noire qui s'est imposée à elle au cours des siècles.
Isabelle partage avec bien des dames de la noblesse un goût prononcé pour la lecture et la bibliophilie. Ses penchants se portent vers la littérature profane écrite en langue vernaculaire, en particulier les romans de chevalerie de la geste arthurienne.
Mais Isabelle n'est pas avare; elle pratique la charité en faisant des dons aux pauvres écoliers d'Oxford. Par ailleurs, son chapelain distribue des aumônes à cent cinquante pauvres à l'occasion de toutes les grandes fêtes religieuses de l'année, et il offre de la nourriture tous les jours à vingt-six miséreux, et à trois de plus les lundis, vendredis et samedis.
En 1330, Isabelle a trente-quatre ans. C'est encore une belle femme, dans la force de l'âge. Elle va survivre vingt-huit ans à Mortimer. Une seconde vie, beaucoup plus paisible s'ouvre devant elle.
Séduit par la beauté de sa femme, Edouard II l'est aussi par son esprit et ses goûts aristocratiques qu'il partage en grande partie, à l'exception de la chasse, une passion bien capétienne.
Auprès de sa mère et de Théophanie, la princesse apprend à lire, à écrire et à faire ses prières. Cependant, ces femmes ne sont pas ses seuls modèles : son père se montre très attaché à sa seule fille et n'hésite pas à lui prodiguer des conseils. Isabelle profite aussi de kl'affection de ses frères. Elle partage avec eux le goût de la lecture et, plus tard, celui de la chasse.
Plus encore que le sacre et le couronnement, c'est le mariage qui fait la reine de France. Cependant, sa position ne devient réellement solide que lorsqu'elle donne naissance à un héritier mâle. Mère du futur roi, elle devient la reine-consort, qu'il est bien difficile de répudier.
Rares sont les hommes et les femmes qui savent lire au début du Moyen Age.
Mais une vision excessive a longtemps persisté à propos de temps obscurs ou la culture était réservée à quelques moines. Elle omet un fait majeur, celui de la lecture orale et collective.
Deux pratiques de la lecture cohabitent pendant toute la période médiévale: la lecture orale et la lecture silencieuse. La première est destinée aux illettrés, la seconde est pratiquée par les clercs et les érudits.
Il n'est plus possible aujourd'hui de décrire les femmes de l'aristocratie comme dénuées de tout pouvoir économique ou politique.
Les Vierges Noires ne sont pas tout à fait des effigies comme les autres ; elles s'accompagnent d'une aura de légendes qui leur confère un caractère particulier, une force spécifique.
Isabelle de France a désormais quelques biographes qui ne voient en elle ni une femme bafouée ou frustrée, et encore moins une victime, ni davantage une féministe avant l'heure, brisant les interdits d'une société patriarcale.
Il ne reste plus rien des tombes des trois reines, Marguerite, Isabelle et Jeanne. Selon l'antiquaire John Stow, qui a vu le monument funéraire avant sa disparition au XVIe siècle, il s'agissait d'une belle tombe en albâtre, proche de celle d'Edouard II.
Selon ses dernières volontés, le corps d'Isabelle est ensuite transporté à Londres pour y être enterré dans l'église des Frères mineurs de Londres, un ordre qu'elle avait comblé de ses dons, comme sa tante Marguerite de France.
Isabelle n'a pas changé son mode de vie et dépense toujours sans compter. En une année, elle dépense plus de 1 400 livres en achats de vêtements, de bijoux ornés de perles, de rubis, de saphirs, d'émeraudes et de diamants.
La rébellion du comte de Lancastre a permis à Isabelle de retrouver son entente avec son fils, mais elle a aussi fait de Roger Mortimer un rouage essentiel du régime.
Depuis qu'elle est reine d'Angleterre, Isabelle de France a accumulé une énorme fortune foncière, tant sur l'île que sur le continent, mai_s son appétit de richesses n'est jamais rassasié.
Après leur mariage, peu de reines médiévales ont eu l'occasion de revenir dans leur contrée natale. Blanche de Castille, mère de Saint Louis, et Eléonore de Castille, épouse d'Edouard Ier, n'ont jamais revu leur pays d'origine.
A dix-sept ans, Isabelle est une reine, la mère de l'héritier du royaume d'Angleterre, une dame puissante, dotée de nombreuses seigneuries, l'une des plus riches propriétaires de son pays, disposant de serviteurs efficaces et fidèles.