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Critiques de Stefan Hertmans (173)
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Guerre et Térébenthine

Comme d'autres lecteurs, j'ai été saisi par la justesse des récits de guerre et la profonde inhumanité des officiers avec leurs hommes qui ne sont que la "chair à canon".

On apprécie également les descriptions des manières de vivre au travers des générations de cette famille.

Le milieu des peintres est un peu plus rébarbatif pour les non-initiés mais demeure très instructif.

Un ouvrage à recommander!
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Guerre et Térébenthine

Ce récit est une suite d'hommages constituée de fragments de vie et de portraits, de récits de guerre, de vie politique et sociale et bien sûr de peinture, d'images, de spectacles, de matières, d'odeurs.

Après la lecture des carnets de son grand-père, Sefan Hertmans décide de retranscrire l'ensemble des notes de celui-ci pour mettre au jour l'histoire des gens de sa famille, celle de ses arrières grands-parents et de ses grands-parents, celle de ses parents et la sienne même qui apparaît en filigrane à travers son travail d'écrivain et ses souvenirs d'enfance. L'Histoire y est évoquée dans un panorama constitué de tableaux, d'images, de fragments de souvenirs, d'odeurs retraçant la société ouvrière qui souffre de la misère, de la faim, de labeurs infernaux qui évoquent des peintres comme Emile Claus ou Constantin Meunier. Sur la trace du passé, l'auteur nous fait visiter la ville de sa famille, Gent, à travers l'univers pictural inhérent à son arrière grand-père et à son grand-père, souvent lié au spectacle de la mort et de la pourriture ou alors à celui des églises et des saints Ce livre est construit en trois parties : la première porte sur l'enfance et l'adolescence du grand-père, sa dure vie d'apprenti dans une fonderie et sa prise de conscience du désir d'être peintre. La seconde est consacrée à la guerre de 14-18, à l'héroïsme du grand-père et aux humiliations subies par les soldats flamands par les gradés francophones : "ces imbéciles de flamands ne comprennent rien". La troisième partie est consacrée au retour sur le présent de l'écriture de l'auteur et le vieillissement du grand-père jusqu'à sa mort. Les récits sont souvent jalonnés de reproductions photographiques ou picturales, d'extraits de notes non retouchées. En aucun cas misérabiliste, cette oeuvre est un véritable témoignage de l'histoire des hommes, celle dont on ne parle pas, ou peu, dans les livres d'Histoire.



Extrait 1 : Il est témoin d'un épouvantable accident du travail : le fils du forgeron tombe tête la première dans le four brûlant. Il voit le forgeron, qui à ce moment-là était occupé à donner des coups de marteau en tournant le dos au four et ne s'était rendu compte de rien, retirer son fils des flammes en jurant, mais il est trop tard. Ce qu'ils aperçoivent est un visage détruit, une boule noircie par le feu, aux traits vaguement humains où bouillonne un liquide glaireux, mélangé à de la salive ensanglantée. Les yeux calcinés sont blancs comme ceux d'un poisson cuit ; la bouche est un trou noir où billent les dents du haut à présent dégagées. Un jeune ouvrier entre, un seau dans les mains, et verse de l'eau sur la tête. Dans le sifflement et le gargouillement asphyxiants que produit l'eau qui s'infiltre en profondeur dans la peau brûlée, le jeune homme agonisant expulse un dernier gargarisme, tandis que le corps se tord et se convulse. […] Les ouvriers et les apprentis observent la scène fixement. […]

C'est le premier mort qu'a l'occasion de voir mon grand-père. Aucune assistance psychologique n'était prévue à l'époque ; il rentre chez lui et se tait pendant toute la soirée. […]

Puis tout va très vite. Après quelques semaines de recherches et de tâtonnements, il se retrouve à la fonderie. Dur labeur, un garçon de treize ans à peine qui les premiers jours déambule, perdu, dans un vacarme assourdissant […]



Extrait 2 : Aujourd'hui, j'aimerais entendre de nouveau leurs histoires en prêtant attention aux moindres détails car, à l'époque, je voyais sans voir et j'entendais sans entendre, moi le coupable qui, enfant, passait inaperçu dans la pièce et allait quelques années plus tard détruire la montre de leur père défunt. Bientôt, sous le "lanterneau", comme ils appelaient cette ouverture ménagée dans le toit dans laquelle étaient enchâssés des vitraux colorés, la pièce s'emplit de fumée de cigare et de pipe. La bouteille d'Elixir d'Anvers ne tarde pas à se vider, à la demande de Léontine on pose du genièvre sur la table […]. Clarisse a atteint, bredouillante et tremblotante, l'âge de cent six ans, aussi saine d'esprit et calme qu'elle l'avait toujours été ; Mélanie cent trois ans, mélancolique et élégante jusqu'à son dernier jour ; mon grand-père, énergique et sentimental, quatre-vingt-dix ans ; Jules et Emile dont morts à soixante-dix ans passés. Ils étaient tous des survivants, des personnes résistantes, endurcies par la pauvreté durant leur jeunesse et la rigueur des années de guerre, chrétiens jusqu'au tréfonds de l'âme, mais faisaient aussi preuve de pragmatisme, de sang-froid et d'ironie face aux circonstances concrètes de leur existence. Leur mesure du temps était aussi simple qu'efficace : il comptait en fonction de ce qui s'était passé "avant la Grande Guerre" ou "des années après la Grande Guerre". On ne parlait pas beaucoup de la Seconde Guerre mondiale […].

Ils restent assis, se taisent, soupirent, rient, toussent, avalent, prennent tout compte fait encore une petite gorgée, disent : oui, oui, mon vieux, c'est quelque chose, la vie. Je les vois devant moi, les mains posées sur leurs genoux, les unes noueuses avec les pourtours des ongles sales, les autres fines ou pâles. Mais je ne peux les dessiner comme mon grand-père en était capable. Une curieuse lumière surnaturelle éclaire leurs sombres silhouettes, la lumière tenace de ce qui ne reviendra plus.
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Guerre et Térébenthine

J’ai refermé ce roman avec beaucoup d’émotion…



Ce livre dense est divisé en trois parties : la partie centrale est constituée du cahier de mémoire de la guerre 14-18 écrit par Urbain Martien (« Mon nom se prononce ‘Martine’, pas ‘Martien’.C’est l’équivalent de Martinen Flamand, à vos ordres. ») et elle est entourée du récit que fait Stefan Hertmans sur la vie de son grand-père avant et après cette guerre. Le carnet de souvenirs personnels a la place centrale car c’est cette guerre qui détermine toute la vie de cet homme.



Mais avant, il y a la naissance en 1891 et l’enfance dans un quartier pauvre de Gand, Céline la mère venue d’un milieu bourgeois, qui s’est « déclassée » en épousant l’homme qu’elle aime, Franciscus, le peintre de fresques à la santé délicate, employé par des institutions religieuses. Le catholicisme marque profondément cette famille, Urbain en particulier, dans cette ville de Gand où on parle français (car à ‘époque, les francophones étaient dominants en Belgique, le flamand parlé dans les couches populaires n’était pas reconnu à égalité avec le français). L’enfance et l’adolescence d’Urbain sont marquées par son amour fervent pour ses parents, sa mère digne, maîtresse femme, son père avec qui il passe de longues heures à l’observer en train de peindre et dont il voit la santé se dégrader progressivement jusqu’à une mort prématurée. Ses rêves de devenir peintre à son tour s’effacent devant la nécessité du travail, très rude dans une fonderie, et finalement une formation militaire qui l’amènera aux portes de la guerre avec le grade de caporal.



Urbain raconte ensuite sa guerre : la résistance de l’armée belge démolie par la puissance de feu allemande, la déroute qui accule les Belges sur la rive gauche de l’Yser, l’inondation de la plaine et l’enterrement dans les tranchées avec toute la misère et le danger que l’on sait. Urbain est un personnage emblématique de la Belgique de l’époque : il a le sens de l’honneur et du sacrifice, des valeurs balayées par les exactions allemandes et l’horreur des tranchées ; mais le jeune homme fait obstinément son devoir, il se distingue courageusement et est blessé à trois reprises. (Il passera deux séjours de convalescence en Angleterre, où il découvrira par hasard le travail de son père lors d’un séjour à Liverpool.). Les années 1917 et 1918 sont marquées par des mouvements de rébellion dans les armées, d’autant que les « troufions » flamands sont souvent méprisés par les officiers francophones et que la bravoure flamande n’est pas reconnue à sa juste valeur. Et pourtant Urbain Martien (devenu premier sergent-major) vivra tout le reste de sa vie dans les valeurs et le sens du devoir d’avant 1914.



Après la guerre, il y a enfin la rencontre avec celle qui sera le grand amour de sa vie après sa mère, Maria Emelia elle aussi bien trop tôt partie. Et puis c’est une vie de devoir, de rigueur, de dignité, marquée notamment par le port du même costume noir strict et de la lavallière, et en même temps d’une vie intérieure, intime tellement secrète, impossible à exprimer sauf peut-être dans la peinture, dans les nombreuses copies de tableaux célèbres où Urbain excelle. Bien des années après sa mort, le petit-fils Stefan se mettra sur les traces de ce grand-père tant aimé en observant les toiles, en en trouvant de cachées, en se promenant sur les lieux où a vécu et combattu le jeune homme, en évoquant ses souvenirs les plus marquants (notamment celui de la montre du grand-père) et en leur donnant du sens.



C’est un roman de mémoire, d’amour familial, le roman d’un grand-père et de son petit-fils, le roman d’un petit homme aux yeux de l’Histoire mais qui s’y est inséré avec grandeur, le roman d’une région, la Flandre, de ses traditions sociales et religieuses, de ses combats qui marquent toujours aujourd’hui le paysage politique belge, un roman de guerre, de peinture et de musique. C’est aussi un roman magnifiquement écrit (et traduit, forcément), avec ses phrases amples, ses évocations sensibles, sa pudeur émouvante. C’est un grand roman flamand. Un grand roman belge.
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Le coeur converti

Un livre magnifique qui dit l'horreur et la beauté du monde des hommes de tous les temps. L'originalité du livre est dans le fait que l'auteur tresse son intrigue avec le récit des recherches qu'il a menées pour la construire car le socle en est élaborèe sur des documents historiques. Passionnant, plein de tendresse, de beauté, de réalité.
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Le coeur converti

Un livre magnifique, bouleversant. Et comme l'écrivent d'autres Babélionautes, arrivée à la dernière page, il est difficile de quitter Hamoutal et sa quête.

Je ne le résumerai pas à nouveau mais je soulignerai son admirable construction.

Stefan Hertmans a mené un travail d'enquête digne d'un historien pour retrouver les traces d'Hamoutal, à partir de la lecture d'articles scientifiques de spécialistes de la période (mais aussi de romans, de poèmes), des voyages qu'il fait en passant par les mêmes lieux qu'elle et de la recherche qu'il a menée dans le village où il réside et où Hamoutal aurait vécu. Il alterne avec brio des pages sur l'histoire d'Hamoutal-Sarah- Vigdis et son exil (à la fois intérieur et géographique) et celles sur ses propres voyages et recherches pour la retrouver.

Le style nous plonge dans l'ambiance de ce XIe siècle tourmenté par les pogroms menés contre les Juifs, les départs des Croisés pour libérer la Terre sainte. Il nous permet de découvrir les modes de vie de l'époque, les réseaux de communication entre communautés juives et les recommandations qui circulent entre elles, les modes de circulation dans une Méditerranée instable et divisée.

L'auteur nous fait mieux comprendre / vivre les répercussions de la grande Histoire sur la vie des individus.

Le livre nous invite à la tolérance envers l'Autre, d'une autre religion, d'un autre pays, d'une autre communauté.
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Le coeur converti

11e siècle, Vigdis habite Rouen, descend des Vikings et d'une mère flamande. Amoureuse d'un étudiant juif elle s'enfuit avec lui et l'épouse. Poursuivie par des chevaliers elle doit se cacher. Traverse la France pour se réfugier à Narbonne chez ses beaux-parents. Pas longtemps car à nouveau elle risque sa vie. Dans le petit village de Monieux elle croit trouver la paix. Mais le village est mis à sac, les habitants massacrés par les croisés en route vers Jérusalem. Les 2 enfants de Vigdis, devenue Hamoutal par sa conversion, lui sont enlevés, son mari tué. Mue par le désir de retrouver ses enfants elle part pour Jérusalem mais s'arrêtera au Caire. Elle s'y remarie et y aura un fils. Apprenant que ses 2 enfants sont vivants et à Rouen elle fuit à nouveau avec son jeune fils.

Ouvrage écrit suite à la découverte de documents anciens relatant certains épisodes de la vie de Hamoutal. L'auteur suit sa trace, relatant la vie actuelle dans ces lieux dont certains ont gardé la mémoire du passé. Bien écrit, très agréable à lire. Pas lâché et lu en 2 jours.
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Le coeur converti

Mille ans après, Stefan-Hertmans marche dans les pas de Vigdis, jeune catholique de Rouen convertie au judaïsme par amour pour David. De leur fuite pour rejoindre la famille du jeune homme au terrible drame qui brise sa vie, une grande histoire d'amour.

L'auteur cherche à chaque étape de son parcours à imaginer les lieux traversés et les émotions ressenties par les personnages et à nous les faire partager.

Un éclairage intéressant sur une période tourmentée de l'histoire de France.
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Le coeur converti

A mi-chemin entre le roman et le documentaire, je dirais plutôt que Le coeur converti est un récit historique. Sa grande originalité est celle de faire découvrir l'enquête de l'auteur à partir de ses sources réelles et sa manière de faire revivre le passé en suivant littéralement - pas à pas- le cheminement de son héroïne. Ainsi, le récit se compose d'un double voyage dans l'histoire et le présent...lequel demande parfois une grande assiduité ( et motivation !) tant l'érudition de l'écrivain est puissante. Au final, une découverte -pour moi-de cette tragique et belle histoire d'amour et de conversion religieuse ...et en sus une promesse de tourisme prochain dans le beau vieux village de Monieux en Provence !
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Le coeur converti

Une belle histoire au cœur de l'Histoire, qui mêle trois religions, un monde en évolution, l'espoir, l'amour et la haine.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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Le coeur converti

Texte hybride, Le cœur converti est le roman et le making-of du roman. Stefan Hertmans, à Monieux où il possède une maison, est amené à s'intéresser à la population juive qui y vivait au Moyen-âge et à une femme convertie qui y serait passée. Il fait des liens avec des documents existants, en Espagne et surtout au Caire, et c'est parti pour une sublime histoire d'amour fou.

On suit l'auteur qui suit son héroïne sur les routes périlleuses de Rouen à Narbonne, puis à Monieux où un drame se noue. Elle continuera son périple, et nous sur ses traces, toujours en fuite, toujours en quête.

Hertmans aurait pu en faire un simple roman, mais il a choisi de s'impliquer (et nous aussi), dans une histoire plus moderne qu'il n'y paraît. Une histoire de violence et de guerre sainte, où l'amour peine à trouver sa place. Les résonnances avec notre monde actuel apparaissent en filigrane, ce que la forme du livre permet tout à fait.

Il nous montre aussi comment l'imagination comble les vides d'une histoire fragmentaire, sans nous cacher les recherches, les hésitations, les prises de décision arbitraires.

Sinon, texte classique, bien traduit, dont l'originalité réside dans certains retours au présent dans des phrases romancées au passé, qui ont le don d'interloquer à des moments-clés de l'enquête.

Un vrai plaisir de lecture.

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Le coeur converti

Le cœur converti (on dirait un Arlequin historique !) – le titre original « la convertie » (de berkeerlinge) est moins orienté - aurait pu être un bon récit car le procédé narratif synoptique était bien trouvé.



De même, les paysages semblent juste « résumés » et les personnages manquent de profondeur psychologique. Si ces éléments avaient été plus développés, le roman aurait gagné en profondeur et en souffle.



Dans le même ordre d'idée, la conversion qui est le fil conducteur du récit est dépeinte comme le simple passage d’une religion à une autre. Cela donne l’idée qu’il n’est pas question de foi mais juste de respect de rites, ce qui ne correspond ni à la réalité du Moyen-Age, ni au vécu des croyants. Une croyante du Moyen-Age qui doit se convertir même par amour a dû souffrir beaucoup plus. Et cela n'est pas montré : le roman est un peu faible sur cet aspect pourtant central (le titre original est "la convertie" rappelons-le).



Les éloges journalistiques de la quatrième de couverture (« un livre capital qui bouleversera les cœurs et les esprits ») sont à mon avis surfaits.

On se demande même si certains ont lu le livre en entier. Sinon, comment expliquer ce « le portrait d’une femme à la volonté en fer » d’un journal bruxellois comparé au « Hamoutal a près de vingt-sept ans et elle n’est plus personne, une femme en errance, dans un monde qui n’est pas le sien. » du livre.



Bref, ce livre se place juste un peu au-dessus des milliers d’autres livres publiés à la même période.

A posteriori, c’est même une bonne chose qu’il n’ai pas eu le prix Fémina 2019.



Cependant, ce qui m’a vraiment énervée dans ce livre est la charge constante contre le catholicisme et les croisades.



Tout d’abord, l’auteur répète une interprétation de l’Histoire typique d’un certain courant de pensée français contemporain.

En effet, il donne une fausse interprétation de la première croisade et du rôle d’Urbain II dans celle-ci. Celui-ci n’a pas lancé la première « croisade » (le mot n’apparaîtra d’ailleurs qu’au XIIIème siècle, donc bien après) de sa propre initiative mais pour répondre à l’appel au secours d’Alexis Comnène.

En effet, au Moyen-Age il y avait d'importants flux de pèlerinages vers les Lieux Saints où Jésus avait vécu et était mort.

Les Musulmans toléraient les Chrétiens "natifs" même s’il fallait qu’ils paient un tribut particulier et qu’ils portent un insigne distinctif les faisant reconnaître du reste de la population.

En 800, les califes abbassides avaient même confiés à Charlemagne la tutelle morale des Lieux Saints.

Au début du XIème siècle (époque où se déroule l’histoire), les Chrétiens travaillant dans l’administration sont forcés à se convertir à l'Islam et un calife fait détruite le Saint-Sépulcre (le tombeau de Jésus Christ).

Ensuite, quand les Turcs Seldjoukides s’emparent de Jérusalem, les pèlerinages deviennent par conséquence pratiquement impossibles car trop dangereux. C’est donc en tant que riposte à l’expansion militaire de l’Islam sur des terres chrétiennes et à l’implantation des Turcs Seldjoukides dans les régions berceaux du christianisme que la première croisade a été lancée.



Ensuite, quant à la thèse de la "croisade origine du djihad", il suffit d’étudier un peu l’histoire pour voir que ce n’est que de la recherche de sensationnalisme.



Pour finir, dans le même ordre d’idée, le croyant chrétien est systématiquement moqué, mais jamais le croyant juif ou le croyant musulman.

Par exemple, il y a une tempête, il fait nuit. Au loin, on voit le volcan Stromboli en éruption et l’auteur écrit : « Plusieurs passagers dévots sont terrifiés. » Mais, mon Dieu ! Dans de telles circonstances, il n’y a pas besoin d’être dévot pour être terrifié !



Cependant, le livre est intéressant comme histoire d'amour entre un néerlandais et son petit village de Provence où il s'est enraciné. Dans les dernières pages consacrées à son village - qui sont les meilleures, selon moi - Stefan Hertmans nous fait sentir l'odeur des vieilles rocailles au soleil et la nostalgie de savoir qu'on sera enterré dans cette terre où des hommes et des femmes ont vécu leurs vies humaines des années, des décennies et des siècles avant nous.



En résumé, c'est dommage que les prises de position anti-chrétiens implicites de l’auteur gâchent un joli récit qui aurait pu être plus abouti.

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Le coeur converti

Très bon bouquin ! Au-delà de la reconstitution épique de la fuite de cette jeune femme convertie par pur amour, voici encore un rappel du nombre de morts engendrés par les religions, au nom de leur dieu. Ainsi les Croisés ont été parmi les premiers nazis de l’histoire. Édifiant.
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Le coeur converti

Difficile de classer le coeur converti dans une catégorie bien définie, l'ouvrage tient du roman ou de l'étude historique aussi bien que du récit de voyage.

L'auteur retiré dans le village provençal de Monieux apprend qu'en 1090 une tragédie a eu lieu au pied sa maison, dès lors il va se lancer dans les pas d'une jeune fille de Rouen que l'amour et les soubresauts de l'histoire vont ballotter de la Normandie à l'Égypte au temps des croisades.



Pour son malheur Vigdis fille d'un riche normand tombe amoureuse du fils du rabbin de Narbonne étudiant à Rouen. Fuyant sa famille elle va épouser l'homme et sa religion ce qui la condamne pour les chrétiens sans faire d'elle une vraie juive.



D'abord Hertmans restitue l'instabilité d'une époque où la cohabitation des communautés est précaire. L'instauration de la croisade par Urbain II va rompre les équilibres et les juifs sont ramenés à leur statut de déicides. Un pogrom va détruire le mariage de Vigdis devenue Hamoutal et la jeter sur les routes.



A partir de là le livre prend une autre dimension, deux voyages se développent en parallèle : la quête de Hamoutal en proie à tous les dangers de ces temps sauvages et la recherche de traces de ce parcours qu'effectue Hertmans mille ans plus tard.

Poésie et émotions sont au rendez-vous, bien sûr les lieux ont changé mais des vestiges demeurent et éclairent le récit. Hertmans retrouve des sites et des hommes qui semblent sans âge et paraissent nous ramener en l'an mil, il ira jusqu'au Caire où l'histoire de Vigdis a été retrouvée dans une sorte de tombeau mémoriel.



L'intérêt de l'ouvrage tient dans les allers et retours entre l'histoire reconstituée et romancée d'une jeune femme menée par ses passions et les efforts d'un auteur pour se transporter mille ans plutôt tôt au point d'apercevoir Vigdis au détour d'un chemin. Le lecteur y trouve son compte avec une histoire d'amour tragique, une peinture de la société de l'an mil, le cataclysme des croisades, un voyage en orient et des notions d'historiographie.



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Le coeur converti



Amours tragiques sous fonds historiques réels : pogroms dans un petit village provençal, et, persécutions des juifs au Moyen Age.



Au travers les portraits de deux jeunes gens - l'un juif, l'autre chrétien - Stefan Hertmans donne vie à toute une communauté, et, plus particulièrement la communauté juive qui essaye tant bien que mal de vivre en paix dans le respect de ces traditions. C'est tout un monde fait de violence ainsi que de solidarité, d'amour qui prends vie sous les yeux des lecteurs avec moult détails, et, précisions historiques. En effet, de longues recherches ont été effectuées par l'auteur. Celui ci a essayé tout au long de son périple, de comprendre le pourquoi du comment concernant les diverses croisades ainsi qu'aux persécutions "stupides" des juifs au cours du Moyen Age.



Un roman dur, voire très dur, mais, extrêmement émouvant ... ... qui laisse des traces, et, qui peut en perturber certains.

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Le coeur converti

J'entrouve tout doucement, avec délicatesse ce joli livre qui m'attire déjà par la couverture.



Un roman historique ? Oh, je vais me régaler. Alors ce recueil n'est pas vraiment un roman, ni tout à fait un témoignage, ni une chronique, ni un essai, ni un traité d'archéologie. Mais un petit peu tout cela à la fois.



*

Nous plongeons directement mille ans en arrière, à l'ère des croisades, à la fin du XIe siècle plus précisément. Puis simultanément dans le monde d'aujourd'hui à travers les différentes traces laissées là comme un témoignage inconscient.



*

Le résumé raconte l'histoire d'une jeune Rouennaise amoureuse d'un jeune homme juif de Narbonne. Qui abandonnera sa famille aisée pour suivre son futur mari aux confins de la Provence.



Ils trouveront refuge à Monieux.



Monieux ? Justement je venais de passer quelques jours cet été dans cet endroit magnifique. Mon lieu de villégiature. J'ai mis mes pas dans ceux de Hamoutal et David. Sans le savoir... N'est-ce pas une bien étrange coïncidence ? Une merveilleuse entrée en matière ?



*

Nous suivrons ce couple traverser la France du nord au sud, au péril de leur vie. En ce temps-là, la révolte gronde, la communauté juive est en danger. La jeune femme changera de religion par amour pour David et quittera tout pour lui : aisance financière, sécurité, famille, et honneur. La maternité cimente le couple.



Le pape Urbain II lance un appel pour les croisades, direction Jérusalem. le gigantesque convoi s'arrête dans la vallée fertile. Puis le chaos. La souffrance. le désarroi. le peuple juif est exsangue.



« On continue de respirer, donc on ne meurt pas. » La vie continue. Hamoutal va devoir fuir.



*

L'auteur, de nationalité belge flamande, résidant à Monieux, s'est intéressé de très près à l'histoire d'Hamoutal. Il a découvert un manuscrit, des ruines d'un quartier juif dans le village. Avec un sérieux et une grande délicatesse, il a poursuivi ses recherches jusqu'au Caire et Cambridge. Toujours dans les traces fantomatiques d'Hamoutal.



*

Le récit alterne le passé et le présent. Des rappels de présent voulus par l'auteur pour comprendre son investigation qui déstabilisent quelquefois. Puis, la surprise passée, l'histoire coule comme une source claire, abreuvée d'informations historiques captivantes telles les relations houleuses entre Juifs et Chrétiens, la genizah du Caire, l'appel du pape à Clermont à Notre-Dame du Port.



La plume d'Hertmans est majestueuse, empreinte de lyrisme alliant le romanesque au sérieux des faits réels. Je me suis laissée envoûter par cette histoire.



*

Je remercie l'auteur pour son superbe travail effectué au cours de 22 années de recherches. On sent tout l'amour et la passion qu'il a mis dans ce roman. Il immerge le lecteur avec des descriptions si vives que c'en est presque tangible. Combien de fois ai-je senti le thym, entendu chanter une cigale, goûté à l'huile d'olive ? Mais aussi parfois serré les dents, déposé quelques larmes, forci mon poing de rage. Des émotions à fleur de peau qui m'ont laissée comme vide et surtout triste et mélancolique.

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Le coeur converti

Au 11ème siècle, une jeune noble normande et un étudiant juif tombent amoureux et n'ont d'autre solution pour s'aimer que de fuir Rouen où leur amour est considéré comme contre nature. Hertmans se base sur quelques parchemins et reconstitue l'histoire de ce couple qui a dû fuir l'ire paternelle et le chemin tout tracé que ses origines avaient décidé pour la belle Vigdis devenue Hamoutal une fois convertie. L'auteur se prend de passion pour ce village de Monieux où il vit, qui possèderait un trésor datant de cette époque, et pour cette histoire dont on sait finalement si peu de choses ; il mêle dans son roman reconstitution historique, fiction, et ses démarches au présent pour mener une enquête qui ne lui livre que peu d'éléments et le contraint à inventer une histoire plausible. J'ai été impressionnée par le travail de recherche qu'il a accompli, et par sa capacité à combler les trous d'une histoire dont on a pour seule assurance le fait que les protagonistes aient existé. Du beau travail, et quel effarement de découvrir le destin de Vigdis, qui finit folle et édentée dans le village de Monieux !
Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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Le coeur converti

Stefan Hertmans est hanté par une femme torturée.

Elle s’appelle Vigdis, puis a changé son nom en Sarah, et son mari David l’a appelée amoureusement Hamoutal. Cela fait presque mille ans qu’elle est morte, poursuivie par un espoir sans issue.



Stefan Hertmans habite là où Hamoutal a passé un temps relativement court : Monieux, un petit village médiéval du Vaucluse. Tenaillé par l’Histoire, obsédé par les traces de cette femme dans des écrits et dans son village, il part à sa recherche et met ses pas dans les pas de l’éternelle fugitive.



De Reims, lieu où elle est née, puisque fille d’un Normand, elle arrive à Monieux avec son mari, puis sera obligée de fuir pour des raisons que l’auteur met en lumière de manière terrible.

Connue comme la « prosélyte de Monieux », c’est-à-dire la chrétienne étant devenue juive par amour, elle connait un destin effroyable, où la solitude et la détresse se disputeront les honneurs afin de lui faire ployer la tête.



De manière très honnête, Stefan Hertmans nous retrace ses recherches qui l’ont mené jusqu’à Cambridge, penché sur des manuscrits émouvants, mais aussi au Caire, à Alexandrie, à Reims, à Narbonne et à Náreja, localité de l’Espagne du nord. Mais il démarre de Monieux, et le charme de la Provence sauvage explose dans des lignes exubérantes. Son amour de la France en particulier mais aussi du passé, du patrimoine culturel transparait partout.



Mais c’est lorsqu’il parle d’Hamoutal que son empathie infinie me bouleverse profondément. Il nous fait vivre la souffrance immense de cette femme, mêlée à son opiniâtreté. Je me suis sentie attachée à elle, de toutes les fibres de mon âme.



Je salue donc cet homme amoureux de l’Histoire dans lequel je me reconnais : moi aussi je frissonne devant un manuscrit, moi aussi je frémis devant un objet ancien, moi aussi je m’émeus devant un lieu où je sais que nos ancêtres ont vécu. Les conflits comme la bonne entente entre les religions m’interpellent, les Croisades et leur lot d’atrocités me passionnent, la vie quotidienne me touche.

Et ce livre, récit d’une recherche et d’une compréhension totale mêlé à la description de lieux emblématiques, en est la quintessence.

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Le coeur converti

"Le Cœur Converti". Pas vraiment un roman, pas vraiment un essai. Pas non plus une biographie. Objet littéraire non identifiable, la couverture est belle et ce qu'il conte est passionnant.

L'auteur se fait narrateur et explique qu'il a appris que dans le village de Haute Provence où il vit, un pogrom avait eu lieu aux temps de la Première Croisade. Intéressé, il fouille le passé, fait des recherches et se trouve aux prises avec d'abondantes information, une documentation foisonnante (les communautés juives écrivaient énormément de chroniques et de lettres au Moyen-Age et tout était conservé avec les objets du culte, ce qui explique qu'il y ai tant de documentation). C'est ainsi qu'il met au jour l'histoire de Vigdis, jeune femme issue de la bonne bourgeoisie normande et dont le père s’enorgueillissait de descendre des normands et qui tombe amoureuse du fils du rabbin de Narbonne, étudiant alors à Rouen. Leur passion est partagée et chose complètement folle pour l'époque, elle parvient à s'enfuir avec lui. Poursuivis par les sbires du père furieux et humilié, ils parviennent jusqu'à Narbonne qu'ils quittent au bout de quelques mois car ils ne sont pas en sécurité. Mariés et la jeune Vigdis devenue Hamouda, ils trouvent refuge dans un petit village, Monieux. Deux enfants naissent et ils sont heureux dans ce village où cohabitent en bonne intelligence catholiques et juifs. C'est hélas, le temps de la Première Croisade et les croisés en descendant vers le sud font preuve de zèle et massacrent les juifs et toutes sortes d'hérétiques. Toute la communauté de Monieux ou presque est massacrée: Hamouda voit son époux massacré sous ses yeux tandis que les croisés enlèvent ses enfants. Alors, elle décide de partir jusqu'à Jérusalem pour les retrouver... et de revenir. Elle part, avec le rabbin survivant du village jusqu'à son retour, marquée, meurtrie. Et ça a été une vraie épopée. Riche de tous ses documents qui se recoupent, l'auteur a donc reconstituée cette folle histoire vraie et en a fait un ouvrage qu'il nous offre. Fascinant, émouvant et érudit à la fois. Cette enquête est un voyage dans le temps transformée par la langue de l'auteur en conte cruel, actuel, dont l’héroïne bouleverse.;
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Le coeur converti

Si je ne bouge pas, la mort ne me voit pas



Un homme, un village et son passé lointain. Une recherche en fin du XIème siècle. La reconstitution plausible de la vie d’une femme, née fille de Normand se mariant à un fils de rabbin. Vigdis devenue Hamoutal, « La porte de la liberté s’ouvre en grand, mais c’est un piège ». Une double traversée des lieux et des temps (avec quelques anachronismes comme ces mots pogrom et antisémitisme d’invention beaucoup plus tardive ; je m’interroge aussi sur ces sentiments amoureux qui semblent venir d’une époque plus moderne) par l’auteur et son personnage. Stefan Hertmans indique : « Ce livre s’inspire d’une histoire vraie. Il est le fruit à la fois de recherches approfondies et d’une empathie créative ».



Donner ou redonner vie à des personnages relève en effet d’une empathie créative, « Je sais qui ils sont. Je sais qui ils fuient ».



Le Moyen Age n’est pas cette légende noire construite plus tard et réexaminée de manière très critique par des historiens tels Marc Bloch ou Georges Duby. L’auteur nous invite dans des villages et des villes, des refuges aux personnes de passage et aux fugitifs, des communautés juives et des yeshiva ou des synagogues, Rouen et Narbonne. Un récit sombre, non linéaire, fait de détours et d’interrogations, d’inscriptions et de conjonctures, « les mettre hors de portée des chevaliers chrétiens que le père normand de la jeune femme a lancés à sa poursuite avec l’ordre de la ramener », de sentiments amoureux et religieux, de refus et d’accueil, de fuite, « Ici, Hamotal doit prendre peu à peu congé de Vigdis Adélaïs », de liberté et de danger de mort, de présence et de création, « Mon illusion, mon désir de percevoir le moindre détail de cette femme aboutissent à la constatation qu’aujourd’hui elle n’est présente nulle part en dehors de mon imagination ». Il est loin et compliqué le chemin de Rouen à Narbonne lorsque l’on se cache, lorsqu’on se convertit ou que l’on quitte sa communauté de naissance.



Narbonne, puis Arles et Avignon, « On est encore en 1091. Le monde occidental glisse lentement vers une catastrophe, une fracture dans l’histoire, et personne ne le voit venir . Le contemporain ne sait rien », Moniou, la naissance de Yaakov puis de Justa, le calme et des chevaliers à la porte.



Le monde bousculé par Urbain le pape des catholiques et la volonté de croisade, le mouvement de chevaliers aux cris de « Dieu le veut ! », le carnage, l’enlèvement des enfants, la fuite à nouveau mais cette fois seule et pour une destination encore plus lointaine. Aller à Yerushalayim.



Je souligne les approches des traces de l’auteur, le passé au présent, la présence absence, les lieux dans les lieux.



Les nouvelles routes et la volonté de retrouver ses enfants, « Le pourtour de la Méditerranée bouillonne d’activités confuses qui accompagnent les récentes migrations », Gênes, Palerme, Alexandrie, le Caire, « j’ai compris que je ne pourrais me rapprocher d’Hamoutal qu’en oubliant tout ce que je voyais autour de moi », les traces et les reconstitutions, les communautés et les refuges, « Elle prend conscience plus que jamais que nulle part elle ne pourra encore être vraiment en sécurité », la nouvelle que les enfants sont en vie et à Rouen…



La fin de tout repos, « si je ne bouge pas, la mort ne me voit pas », Najera, la perte et la folie, les récits des « pogroms » et les destructions, la mort.



Ailleurs et ce qui permet de (re)construire une partie de l’histoire, « Le monde tourne, mais quand on retient un instant sa respiration, il s’immobilise »…



Un beau portrait de femme, de résistante à l’ordre masculin et chrétien du monde. Un conte tantôt grimaçant tantôt souriant dans le chaos des vies. La force de l’espérance.
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Le coeur converti

L’auteur définit ainsi sa démarche : « Ce livre s’inspire d’une histoire vraie. Il est le fruit à la fois de recherches approfondies et d’une empathie créative ».



Pour appuyer son propos, il nous livre des éléments sur ces recherches. Il s’agit en somme de deux documents incontestables. Un premier, écrit par le rabbin du village du sud de la France où s’est installé l’auteur, et retrouvé en Egypte, demande de l’aide pour une veuve, une convertie, dont le mari a été tué avec d’autres Juifs dans la synagogue locale. Le couple s’était réfugié dans le village, car la jeune femme, issues d’une famille chrétienne prospère, est recherchée par ses proches, et ce village à l’écart, où vivait une communauté juive, paraissait une bonne cachette. Mais la communauté juive a été décimée, le mari tué et les enfants enlevés. La femme est à leur recherche, et le rabbin a donc rédigé ce document pour qu’elle puisse être aidée dans ses démarches.



Un deuxième document évoque une prosélyte dont le mari a été tué dans un pogrom, et qui évite de peu le bûcher dans un village espagnol. L’auteur fait l’hypothèse qu’il s’agit de la même personne.



L’auteur ne donne aucun autre élément précis sur ses recherches, on peut donc supposer que tous les éléments factuels concernant ses personnages sont donc inventés, même si bien évidemment, il a dû s’informer sur le contexte historique plus général pour écrire son livre.



Par ailleurs, il entrecroise le récit de celle qu’il va appeler Vigdis, puis Sarah ou Hamoutal, avec ses propres expériences. Celles de ses recherches, mais aussi de son installation au village.



Le récit de Stefan Hertmans est romanesque à souhait. Il imagine l’enfance de Vigdis, sa famille, sa rencontre avec David, qui deviendra son mari. Il dépeint leur fuite, l’arrivée au village, l’accouchement spectaculaire de son première enfant. Puis l’arrivée des croisées, le massacre, auquel elle échappe par miracle. Ensuite son voyage dramatique à la recherche de ses enfants jusqu’en Egypte, un deuxième mariage, son retour en France, toujours à la recherche de ses enfants. Enfin l’épisode où elle manque de peu de finir sur le bûcher. Je dois avouer que j’ai trouvé tout cela un peu chargé en événements dont le nombre et le caractère dramatique finissait par questionner la vraisemblance. D’autant plus que l’auteur joue beaucoup sur la corde sensible du lecteur (ou peut-être plus de la lectrice). Enfin, en opposition à l’histoire de son héroïne, les parties où il parle à la première personne, de son existence et de ses recherches, sont assez insipides, et un peu bavardes. Comme si, pour compenser une existence somme toute banale, comme celle de la plupart des gens, il s’est laissé entraîné à inventer une histoire à l’exact opposé de cette banalité.



Je ne suis sans doute pas la lectrice idéale pour des histoires très romanesques, pleines de sentiments, et je suis peut-être un peu injuste avec ce livre, qui semble avoir trouvé ses lecteurs. Mais j’avoue que j’ai eu un peu de mal à le terminer, une sorte de brouillage de frontières entre la vérité historique et l’imaginaire de l’auteur me gênant tout particulièrement.
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