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Citations de Studs Terkel (44)


Le monde est plein de péchés. Je crois que nous vivons les derniers jours du monde. Je crois pas que ça va être très long parce qu’il y a beaucoup de prophéties de la Bible qui s’accomplissent aujourd’hui. Je ne pense jamais à la Bombe. Parce que si elle vient, on la prendra en pleine poire. Alors à quoi ça sert de s’inquiéter à l’avance ? J’ai un fils en Corée en ce moment. Mais je suis une goutte dans l’océan. Je pense simplement que ça vaut pas le coup de s’inquiéter, vu que je peux rien y faire.
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Vous croyez en Dieu ?

Non, vraiment pas. Je suis un fervent agnostique. Qui était Jésus-Christ ? Il était incroyable. Un roi de l'arnaque. Il avait appris l'hypnose en Inde. Mais quand Il a attaqué Israël, on a voulu Le descendre parce qu'Il provoquait des tas d'émeutes et de trucs pas normaux, alors Il a dit qu'Il était le Fils de Dieu. De nos jours, on ne Le tuerait pas. On Lui conseillerait de se faire soigner par des psychiatres, parce que, le pauvre, Il en avait bien besoin. Quand Il a nourri la foule avec ses poissons, Il avait hypnotisé une demi-douzaine de personnes. Ils ont répété l'histoire. Mais qui avait-Il nourri, en fait ? Personne. Qui a-t-Il guéri de la lèpre ? Il avait hypnotisé les gens. Alors, ils se levaient et marchaient. Et Il s'est fait tuer à trente-trois ans. Il ne pouvait pas fermer sa grande gueule.
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L'homme blanc n'aime pas le Noir et le Noir n'aime pas l'homme blanc. Et il y a plus de haine entre les hommes qu'entre les femmes. Les mâles, par nature, sont des bêtes sauvages. Oui, oui, des bêtes. Vous ne le saviez pas que le mâle était une bête ? Oui, une vraie bête. Il sort et il tue, il détruit, il assassine, il écrase les gens et les enfermes dans le coffre de la voiture, et les y abandonne. Qu'est-ce qu'il ne ferait pas ? Il tuerait sa mère. Il tuerait son enfant.
Ce ne sont pas les femmes qui font les guerres. C'est l'homme, la bête. Mettez-le hors du monde. Je dis : sortez les hommes du monde pendant dix ans et vous verrez la paix et l'amour régner. Il garde le monde et les nations le couteau sous la gorge. Depuis Johnson jusqu'au plus petit grouillot, tout homme n'a envie que d'une seule chose, se battre et se battre encore. Ils ne sont pas contents s'ils ne se battent pas d'une manière ou d'une autre. Et c'est pitié que ce soit eux qui mènent le monde. Si c'était les femmes...
Les femmes peuvent s'entendre entre elles oui, et parler. Les femmes peuvent s'entendre avec tout le monde : la Blanche avec l'homme de couleur et les femmes de couleur avec les Blancs.
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Je regarde les Blancs et ils m'irritent. Chaque Blanc veut gagner un million de dollars. Son but dans la vie, c'est un yacht sur le lac Michigan, un yacht et des bains de soleil. Il n'a pas de vrai but. Le Noir, lui, il en a un bien défini. Les Blancs doivent chercher eux-mêmes, ils faut qu'ils trouvent exactement ce qu'ils veulent, et s'ils ne le font pas, les communistes s'empareront de ce pays sans même tirer un coup de fusil.
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Il y a une chanson que j'adore. "Un homme avec un rêve est un homme béni. Car les rêves font l'homme, l'homme qu'il désire être." On peut être tout ce qu'on veut dans le monde si on rêve assez fort et assez longtemps.
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Et vous, avez-vous peur de quelque chose ?

Absolument de rien. Et pourtant la société est dangereuse. Les gens aiment se faire du mal. Pourquoi les gens vont aux courses de vitesse d'Indianapolis, deux ou trois centaines de milliers de personnes ? Pour voir des petits gars tourner en rond dans un bolide ? Bon Dieu, non. Ils y vont pour voir les gars se tuer. Si un cerveau humain peut mettre un avion dans le ciel, pourquoi un cerveau humain ne pourrait pas tuer aussi ? Et il le fait, partout dans la rue pour ça. Il y a des tueurs qui rôdent toute la journée, des tantouzes, des voyeurs, et les jeunes... Faut que j'y aille à la batte de base-ball sur ces gars-là, moi, qui suis du 43è Ward, ici, en plein coeur de Chicago. Nous, on ne contamine pas la morale. Ces gars-là, on les chasse.
On ne veut pas d'eux ici. S'ils viennent dans un restaurant où on est, qu'il commence à y avoir une sorte de réunions de pédés, on les fout dehors. On ne les aimes pas. Faut que je protège mes neveux et mes nièces. La loi ne le fait pas. La loi protège ces dilettantes dégénérés.
Si j'étais dictateur, moi, je ferais un génocide de tous ces dégénérés. Je les massacrerais. Regardez-moi ces gars qu'on fait des études. Vous croyez qu'ils savent ce qu'il faut faire ? Vous les mettez dans Lincoln Park et, au bout de trois quarts d'heure, il faut envoyer les boy-scouts pour les chercher. Ils ne savent même pas comment sortir. Comment survivre dans le système capitaliste ? Quoi, vous travaillez pendant vingt ans et, d'un coup, vous perdez votre place ? Qu'est-ce que vous allez faire ? Ma race peut survivre. Dieu nous protège, qu'il y ait le feu, la Bombe, une inondation, on survivra toujours.
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Non seulement le Noir américain a tout pour lui, mais maintenant, il se tape nos femmes blanches. Et les femmes ont l'air de préférer la pigmentation de nos jours. J'ai deux nièces et je me fais de la bile. Les gars de couleur - et pourtant, je suis pas du tout raciste -, voilà qu'ils viennent des grandes villes et ils trouvent du travail. Et les voilà qui s'amènent bien habillés et qu'ils ont l'air d'avoir appris des choses sur eux-mêmes. Mais les filles qui aiment ça, elles ne sont pas des villes, elles sont de l'Ohio, de l'Iowa, de l'Indiana ou de tout petits patelins.
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Quand on arrive dans la grande ville, c’est comme une jungle. La jungle des villes, on appelle ça. Même quand on marche dans la rue, on n’est pas en sécurité. Y a des coins dans cette ville où je n’oserais même pas aller la nuit. Mais là d’où je viens, à Luddington, dans le Michigan, les gens sont différents je trouve. Je veux dire qu’ils étaient plus honnêtes. Ils croyaient vraiment dans cette vieille philosophie : vivre et laisser vivre. C’est plus du tout quelque chose qu’on entend.
Ils se fichent de tout. C’est l’argent qui est roi aujourd’hui. La seule chose qui compte, c’est ça : si vous avez de la maille.
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Je crois que, lorsque ses enfants sont jeunes, la place d’une femme est à la maison. Mais quand ils sont assez grands, je pense qu’il est idiot qu’une femme tourne en rond et ne fasse rien. Ca la rend malheureuse.
Je connais des femmes qui sont devenues des fanatiques du bridge, d’autres qui sont devenues alcooliques, ou encore qui travaillent pour des associations qui les ennuient. C’est qu’il faut bien qu’elles fassent quelque chose. Il y a des femmes qui jouent au bridge tous les après-midi. Et elles jouent aussi chaque soir. Leur vie entière, leur seul horizon, c’est le bridge. Et je crois que ces mêmes femmes, si elles n’avaient pas leur bridge, elles tâteraient sérieusement de la bouteille. D’ailleurs, je crois que beaucoup de ces soi-disant bridgeuses sont, avant tout, des grosses buveuses.
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[Lorsqu'il y a des émeutes dans des quartiers pauvres à l'époque -années 60- où la narratrice de ce fragment fait part à Stud Terkel de son expérience de la Grande Dépression, elle entend parler de rétablir la loi et l'ordre]
"On aura la loi et l'ordre dans ce pays quand les gens de ce pays pourront vivre décemment, comme des êtres humains."
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Les Nègres, ils n’ont jamais rien connu d’autre que la crise. Ça ne veut pas dire grand-chose pour nous, la Grande Dépression américaine, comme vous dites. Ça n’a jamais existé. Le mieux qu’un Nègre pouvait espérer, c’est d’être portier, cireur de chaussures, gardien. La crise est devenue officielle seulement quand elle touché les Blancs.
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Etre noir en Amérique, c’est comme être obligé de porter des chaussures trop petites. Certains s’adaptent. C’est toujours très inconfortable, mais il faut les porter parce que c’est les seules que nous avons. Ça ne veut pas dire qu’on aime ça. Certains en souffrent plus que d’autres. Certains arrivent à ne pas y penser, d’autres non. Quand je vois un Noir docile, un autre militant, je me dis qu’ils ont une chose en commun : des chaussures trop petites.
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Ce qui faisait vraiment mal, c'est quand on était obligé de demander l'aide sociale. On n'a pas idée de l'érosion de la dignité d'un homme.

Roberto Aucune, Ouvrier agricole - Adaptation de Harvey Pekar et illustrations de Dylan A. T. Miner - p. 26
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La grève de 1931 a porté sur les lectures à l’usine. Les ouvriers payaient de 25 à 50 cents la semaine pour qu’un gars leur fasse la lecture pendant le travail.(...) Ainsi de nombreux ouvriers, qui étaient illettrés, connaissaient les romans de Zola, de Dickens, de Cervantès et de Tolstoï.(...) La grève a été perdue. Les lecteurs ne sont jamais revenus
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Il fallait des changements pour les Noirs dans tous les services. Il fallait avoir des contremaîtres noirs, des responsables noirs - tout sauf des patrons (Rires). Dans l'aciérie, pour chaque Blanc, il fallait un Noir.

Les Latinos étaient là : "Dites donc, si vous prenez un Noir, il faut prendre un Latino." Ils se sont pas focalisés sur les Blancs, mais sur le maillon faible : "Si les Noirs montent, on veut monter aussi." J'ait dit : "Écoutez, il vingt contremaîtres blanc et seulement un Noir, et vous protestez contre le seul Noir qui a eu le poste !" Ce n'est pas qu'ils se battaient contre les Noirs, ils se battaient pour la justice, mais final ils se battaient les uns contre les autres.
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Pour que nous tous, noirs comme blancs, puissions rompre le charme par lequel nous tient le racisme, le plus terrible des maîtres d’esclaves, nous devons déterrer notre histoire enfouie. Ce n’est qu’à ce prix que nous sortirons de l’abîme du désespoir.
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Dans une certaine mesure, on est tous racistes. Peut-être pas au point de brûler des croix [comme le faisait le KKK], mais en nous, il y a des attitudes dont on n’a même pas conscience. Je sais que je n’en serai jamais totalement libérée. Je suis tout le temps en train de lutter contre. C’est des choses avec lesquelles on a grandi, toute sa vie. Jamais je n’arriverai au stade où je pourrai m’asseoir à côté d’un Noir sans avoir conscience qu’il est Noir. J’ai toujours peur de dire quelque chose de mal, même avec ceux que j’aime et en qui j’ai confiance.
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En 1939, je suis devenu saisonnier itinérant. j’ai trouvé un boulot de coupeur d’asperges, à 15cents d’ l’heure, il fallait faire aussi vite que tu pouvais. Je me souviens que le dos me faisait mal parce qu’on travaillait accroupi, et que le patron gueulait Vous voyez ces types là-bas ? ils attendent que l’un de vous se fasse virer.
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À une époque, le travail ne manquait pas pour les cols bleus, pour toutes les tâches manuelles exigeant peu de qualifications : dans la sidérurgie, l’automobile et les usines en général. C’étaient des boulots plutôt bien payés. Avec la restructuration de l’économie, ces emplois ont disparu. Les Noirs ont été frappés particulièrement durement. Les usines qui ont fermé sont celles qui fournissaient aux quartiers noirs l’essentiel de leurs emplois. Les Noirs n’ont pas la même liberté de se déplacer vers les nouveaux bassins d’emplois, à cause de leur difficulté à entrer sur le marché du logement.
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Aujourd’hui, dans beaucoup de nos banlieues, quand un Noir marche dans la rue à une heure tardive, ça provoque généralement une réponse des policiers. Une voiture de police le suit et garde un œil sur lui. Même s’il porte un attaché-case. Il est absurde de nier que la race joue un rôle. Demandez à n’importe quel homme noir ce qu’il ressent quand il va dans un parking la nuit. Par sa seule présence, il suscite la peur. Imaginez ce que cela peut faire de marcher dans la rue et, du seul fait d’être là, de susciter la peur.
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