AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sylvie Germain (1045)


*****

Lumière, tintement cristallin du vide contre les vitres, éblouissement des fronts tournés vers ce dehors tout bruissant d’or et d’infini, - la même scène se répète de toile en toile. Les joueuses de guitare, de virginale ou d’épinette lèvent pareillement leurs placides visages vers la clarté qui les invite à l’attention, à la patience, au songe. La lumière en silence meut les âmes des femmes en un doux tournoiement, comme l’amour meut les cœurs en un très tendre flamboiement. Et leurs doigts blanchoyants égrènent avec plus de justesse, plus de pureté, les notes frêles et aiguës.
Les doigts égrènent, des notes, des mots, des fleurs de dentelle, des gouttes de lait, des perles. Des doigts d’orantes qui caressent des rosaires de lumière.
Le femmes égrappent la patience, la longue soyeuse patience du jour, et elles soupèsent le poids de chaque grain, en évaluent la transparence.

***
Commenter  J’apprécie          160
Il passe la plupart de son temps à contempler ce qui l'entoure. On le dit rêveur, inactif. Mais non, c'est un travail très sérieux auquel il se livre en scrutant longuement le paysage, le ciel, les objets, les bêtes et les gens, il s'applique à tout graver dans sa mémoire. Elle a été aussi poudreuse et volatile que du sable, il s'efforce à présent de lui donner une solidité minérale.
Commenter  J’apprécie          00
Tous ces gens lui semblent hors du temps, ou plutôt attardés, d'affligeants duplicatas d'antiques satrapes, de courtisans et de faux maîtres à penser, de convulsionnaires de la foi et d'exploiteurs de croyances archaïques, tous colorisés au goût du jour, mais certains atteignant un taux d'abjection extrême.

Satrape : gouverneur d'une satrapie.
Au figuré/ littéraire : Homme puissant et despotique ; personne riche qui mène grand train.
Commenter  J’apprécie          00
Yelnat, lui, a gardé une chevelure châtain-roux, drue et toujours ébouriffée, mais son visage est marqué de rides profondes et de tavelures bistre.

Tavelure : tâche, moucheture.
Commenter  J’apprécie          00
Chacun porte son poids de temps dans la discrétion ; rien n'est renié ni effacé, mais ils savent qu'il est vain de vouloir tout raconter, qu'on ne peut pas partager avec un autre, aussi intime soit-il, ce que l'on a vécu sans lui, hors de lui, qu'il s'agisse d'un amour ou d'une haine. Ce qu'ils partagent, c'est le présent, et leurs passés respectifs se décantent en silence à l'ombre radieuse de ce présent.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a des livres écrits de telle sorte que, parfois, ils font sur certains lecteurs un effet semblable à celui de ces gros coquillages que l'on presse contre son oreille, et soudain on entend la rumeur de son sang mugir en sourdine dans la conque. Le bruit de l'océan, le bruit du vent, le bruit de notre propre coeur. Un bruissement de limbes. Adam a lu ce livre, qui à d'autres ne raconte qu'une histoire étrange, confuse, dont ils ne franchissent pas le seuil, et le livre se sera posé contre son oreille ; un livre en creux, en douve, en abîme, où une nuée d'échos se sera mise à chuchoter.
Commenter  J’apprécie          10
Bien d'autres victimes firent preuve, à l'heure de leur extermination, de ce courage et de cette suprême dignité, préservant et clamant jusque dans les chambres à gaz leur sens de l'honneur et de la liberté. Ils n'avaient pas les moyens physiques d'empêcher leur propre massacre, mais ils avaient la force d'âme de défier la toute-puissance de leurs bourreaux, de leur dénier toute supériorité, et de transfigurer la cruauté du sort qui les frappait en destin assumé. Ainsi ces familles de Juifs tchèques évoquées par Filip Müller, survivant d'Auschwitz : à peine débarqués des camions devant les crématoires, les déportés furent aveuglés par des projecteurs et forcés de courir sous un déluge de coups jusque dans le vestiaire des chambres à gaz ; là, "la violence culmina quand (les gardes) voulurent les forcer à se dévêtir. Quelques-uns obéirent, une poignée seulement. La plupart refusèrent d'exécuter cet ordre. Et soudain, ce fut un chœur. Un chœur... Ils commencèrent tous à chanter. Le chant emplit le vestiaire entier, l'hymne national tchèque, puis la Hatikva retentirent". Aussi véhément que soit chez les tortionnaires le désir de briser leurs victimes, de les chosifier avant-pendant-après leur mort, il ne peut et jamais ne pourra vaincre ce mur invisible que certaines victimes élèvent entre elles et leurs assassins, - ce haut mur bâti par leur conscience, leur volonté, leur conception de la vie et de la liberté, leur foi en l'homme et (ou) en Dieu (pages 109-110).
Commenter  J’apprécie          20
La clôture monastique est, dans ses limites spatiales et ses règles très strictes, lieu d'accueil et de réverbération de l'infini, inépuisable gisement de liberté (page 93).
Commenter  J’apprécie          00
C'est à cela qu'est parvenue Etty Hillesum : à être, à aimer, à rayonner à la manière des roses ; à diffuser la joie profonde qui l'habitait contre vents et marées, à répandre sa beauté d'être, sa bonté, ainsi que la rose le fait de son parfum, de sa brève splendeur. Sans mesure, sans arrière-pensée, dans une lumineuse insouciance (page 74)
Commenter  J’apprécie          40
Chez les vieux la mort passe en souplesse.
Commenter  J’apprécie          10
Dieu : l'emploi de ce mot par Etty Hillesum dans son Journal évolue au fil des mois et des pages. De vocable assez flou et quelque peu fourre-tout, ce nom va se charger d'un sens de plus en plus dense, et infini. L'influence de Julius Spier fut certainement capitale dans cette évolution ; il l'a incitée à lire la Bible, à méditer les Confessions de saint Augustin, et fréquemment ils discutent tous deux du mystère du divin, de la foi, de la prière, lors de leurs rencontres. Il lui a dit qu'il fallait avoir "le courage de prononcer le nom de Dieu" (I, p. 91), c'est-à-dire d'oser dépasser la honte, la crainte du ridicule. Lui-même lui a avoué avoir mis très longtemps à vaincre cette peur, cette gêne.
Mais il s'agit de plus que cela : leurs réticences à prononcer le nom de Dieu ne se limitaient sûrement pas à des pudibonderies sociales ; l'un comme l'autre devaient pressentir de longue date qu'on ne peut pas parler à la légère d'un tel mystère et qu'invoquer ce nom, c'est déjà s'impliquer dans son mystère, s'y aventurer, fût-ce à tâtons, et donc s'exposer à d'arides épreuves. Chacun à sa manière, selon son propre rythme, a flâné en chemin. Puis un jour chacun a franchi le pas : le pas au-delà. Et chacun est allé jusqu'au bout (pages 38-39).
Commenter  J’apprécie          40
Au fond, je suis croyante. Maintenant, je sens la nécessité de m'agenouiller soudain au pied de mon lit, même dans le froid d'une nuit d'hiver. Etre à l'écoute de soi-même, se laisser guider non plus par les incitations du monde extérieur, mais par une urgence intérieure.
Commenter  J’apprécie          20
La fille qui ne savait pas s'agenouiller a fini par l'apprendre, sur le rude tapis de sisal d'une salle de bains un peu fouillis.
Commenter  J’apprécie          00
L'âge de l'état civil n'est pas celui de l'âme. Je pense qu'à la naissance, l'âme a déjà atteint un certain âge qui ne change plus désormais. On peut naître avec une âme de douze ans, mais on peut naître aussi avec une âme de mille ans.
Commenter  J’apprécie          00
Corps et esprit : Etty Hillesum ne prend jamais soin de l'un au détriment de l'autre, elle vit selon chacun avec la même intensité et de même elle applique à chacun d'égales règles de discipline (p.50)
Commenter  J’apprécie          00
Elle a toujours cette allure de quelqu'un qui s'en va, de quelqu'un qui s'éloigne pour ne plus revenir, et cependant, chaque fois qu'elle paraît, elle arrive en plein cœur du témoin de son apparition. Elle avance à rebours dans le regard et la mémoire.
Commenter  J’apprécie          10
« On entend
venir du futur
les voix des poètes morts



et même si
personne n’espère
comprendre ce qu’ils disent
nous les entendons tous
et sentons suppurer en nous
( comme la résine dans le tronc
des arbres blessés )
l’espoir oublié. » p 208
Commenter  J’apprécie          150
«  Gavril s’attardait également devant les plaques en l’honneur d’artistes , de penseurs, de savants ou de personnages historiques qui lui inspiraient un intérêt particulier.
Il se lançait à leur propos dans des exposés quelque peu hétéroclites, mêlant en vrac repères biographiques , citations , anecdotes, et de nombreuses digressions » .
Commenter  J’apprécie          90
«  Se dresser contre ce qui est là et se faire les gardiens vigilants des vivants et des morts. »

Héraclite .
Commenter  J’apprécie          90
«  Allant vers le sud, tournant vers le nord,
Tournant, tournant, va le vent ,
Et le vent reprend ses tours. » .

Écclésiaste 1, 6 .
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sylvie Germain Voir plus

Quiz Voir plus

Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvie GermainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}