Citations de Tania Sollogoub (29)
Chaque matin …
Chaque matin, je m’installe près de mon baobab.
J’attends que viennent les mots.
Mon esprit se vide doucement avec le bruit de l’eau.
Et cela vient.
Je ne veux pas qu'on définisse mon bonheur à l'avance. Je veux un horizon sans fin.
Tout cela l’avait obligé à se tenir bien droite, histoires d’éviter la douleur qui tire les êtres vers le bas.
- Où as-tu traîné ?
Paul ne répondit pas. Puis il dit, prenant un air hostile :
- C'était pas des bêtises...
Pour une fois, il aurait aimé lui raconter tout le reste. La couleur de la nuit,la peau blanche de cette fille et les étoiles au-dessus de sa vie. Il aurait voulu lui dire comme il était heureux, lui parler de ses amis, de ses rêves, du petit mur en face de la maison blanche. Il l'aurait prise dans ses bras, il aurait été avec elle comme il ne l'avait jamais été. Maman, je t'aime ! Si tu savais comme je suis heureux à présent ! Elle s'appelle Madeleine. Nous partirons en Amérique. Ensuite, tu nous rejoindras là-bas n'est-ce pas ? Avec Antoine, Louis et Jules, et tu ne vendras plus jamais de légumes. Maman, j'ai tant de choses à te dire et depuis si longtemps.
Mais ça ne se passe jamais comme cela dans la vie. Paul et Catherine ne savent pas se parler. Ils n'ont jamais su.
- On mange quoi? demanda-t-il seulement, les yeux plein de larmes.
- L'essentiel, c'est ce qu'il reste au bout du chemin.
Elle agaçait terriblement Babou, mais c’était le cas avec la plupart de femmes plus grandes qu’elle.
Trouve une image qui te fasse rêver. Je veux dire quelque chose dont le silence fera plus de bruit que celui de ton estomac !
Babouchka et Didia étaient très vieux et très russes. Mais plus russes que vieux en fait.
es hurlements d’une mère sont une des rares choses qui vous détruisent définitivement de l’intérieur. C’est irréparable.
Et puis, on voulait te dire qu'on te comprenait. Et qu'on t'aimait. Parfois mal, parfois trop, parfois trop tard. Parfois, on ne dit pas assez les choses. Les adultes ont tant de difficultés à arrêter le cours de leur vie. Et ils sont eux-mêmes si démunis, mais comment l'admettre ?
C'était un dimanche d'automne, une fin d'après-midi qui n'en finissait pas, le genre de moment où l'on sent doucement mourir le week-end à mesure que la lumière baisse. Exactement le genre de moment que je détestais.
Il avait des yeux bleus inimaginables et quelque chose en eux qui me donna immédiatement une étrange envie d'y plonger. Parce que c'était un pays ami, un pays sans limite, parce qu'il y avait là un chemin direct vers des profondeurs qui ressemblaient aux miennes.
C'est si fragile une silhouette d'homme debout dans la nuit.
- Tu m'entends, Pierre ?
Oui, je les entendais. Mais j'étais enfermé dans un corps trop étroit. Cela me réveillait la nuit et personne ne semblait s'y intéresser.
- C'et normal, tu grandis, avait dit mon père en souriant.
Exactement le genre de phrase que je détestais.
Elles riaient de leurs secrets de femmes en prenant des airs de gamines.
Nous aimions voyager ensemble, et c'était lui le capitaine de mon enfance.
Quand les hommes se mettent à boire, ils le font avec ceux qui passent et qu’ils ne voient même pas. Ce ne sont que des fausses amitiés, des gorges ouvertes sur le vide. Quand les hommes se mettent à boire, ils commencent à plusieurs mais finissent toujours seuls.
Il était parti de Saint-Pétersbourg en laissant toute son histoire mais il a eu le temps d’emporter une petite statue de Pouchkine un buste, qu’il m’offrit ce jour-là.
– Tiens Ptit’sa. C’est pour toi. Comme cela tu n’oublieras jamais d’où nous venons. Et sache bien que l’argent n’a aucune importance, crois moi je peux te le dire ! L’argent est une chose fragile, qui va et vient et s’épuise. Sois riche de mille autres choses ma chérie, c’est ce que t’enseigneras cette statue. Ne te laisse jamais engourdir. Souviens-toi de notre histoire et des chemins que la vie peut parfois prendre …
Ma sœur mon frère et moi savions bien que ma mère lui avait tout imposé, la maison, le chien, Noël, les saisons, et les choses à prévoir.
Peut-être que nous aussi, elle nous avait imposés ? Parfois j’en avais la sensation.
– Mais je croyais que les enfants, il faut les désirer à deux ? demandai-je à ma sœur, le soir, quand nous discutions serrées l’une contre l’autre sous les couettes.
– Tu parles ! répondait-elle. Il y a des femmes qui mettre comme cela le grappin sur des hommes.
– Le grappin ? comme pour les bateaux de pirates ?
– Oui, un peu comme ça, si tu veux ! disait-elle en riant. Une sorte d’arbordage , !
Je suis à présent une vieille petite fille qu’il pourrait enfin prendre dans ses bras mais c’est trop tard, nous n’avons jamais su. La seul chose que nous somme capables de faire, c’est de nous asseoir l’un à côté de l’autre dans la voiture (ça va ? me dit-il après vingt ans d’absence …) et de rouler dans la garrigue fenêtres ouvertes pour allez une dernière fois ensemble dans la Maison blanche aux volets clos.