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Critiques de Tara Westover (81)
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Une éducation

A travers son témoignage, Tara Westover nous livre une partie de son enfance jusqu’à son doctorat en histoire, une réflexion sur un conflit qui va progressivement apparaitre avec une partie de sa famille face à ses choix d’assumer une vérité occultée par certains membres de sa famille.



La plume de l’actrice nous emporte très vite au pied de Buck’s Peak où vit sa famille. On découvre rapidement un père omniprésent, qui a décidé d’élever ses enfants mais aussi sa femme selon sa propre vérité. Un père autoritaire, obsédé par le temps, par sa survie pour la fin du monde et contre le gouvernement américain.

En parallèle de la figure autoritaire du père est apparue celle du frère ainé violent et manipulateur. Ce frère parviendra à détruire l’autrice, avant de réussir à l’expulser de sa famille.





A travers les différents évènements qui marquent la famille et par le comportement de ses parents la question de savoir si ces derniers aimaient leurs enfants s’est peu à peu imposée à moi et je n’en ai jamais eu l’impression au cours de ma lecture.





Se sont ses études qui amèneront Tara Westover à réfléchir sur cette famille bancale construite à travers le prisme d’une réalité déformée du monde par ses parents mais grâce à ses études elle parviendra à se reconstruire pour devenir celle qu’elle est. Ce sont ses études combinées à un évènement familial précises qui permettront à Tara Westover de prendre conscience du fossé qui la sépare de sa famille et de ne plus être déchirée entre deux mondes diamétralement opposés.





Un récit de vie que je conseille à tout le monde de lire !!! ❤
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Une éducation

Un récit victimaire qui tranche par l’origine de la maltraitance et par la personnalité de la victime. L’impunité de l’une et la culpabilisation de l’autre se développent dans une famille mormone où le père et un frère sont violents. Tara — la narratrice, l’auteure, puisque l’éditeur déclare que « ce livre est une œuvre de nonfiction » — rapporte les menaces et les tortures qu’elle a subies de 9 ans à la majorité et apprendra qu’une grande sœur a reçu le même sort. Elle se redresse par ses propres forces comme le veut le genre, ici dans l’excellence académique. Le décor est bipolaire, la montagne sauvage et la décharge d’un ferrailleur ; l’usage des plantes et l’insécurité crasseuse ; la connaissance de la bible et l’ignorance du monde. Tara apprend à l’université l’existence de la Deuxième Guerre mondiale, de l’Holocauste, du combat des droits civiques, et que l’Europe n’est pas un seul pays de perdition.



Cependant le mormonisme n’est pas seul responsable : un évêque mormon est le premier à voir clair, à protéger la victime, à l’aider psychologiquement et matériellement, et Tara rencontre, d’abord avec scandale, puis avec amitié, des mormons « libéraux ». Les convictions délirantes de la famille tiennent à parts égales de la damnation du reste du monde et de la haine des fédéraux, elle est aggravée par la psychopathologie des parents maltraitants. Dans une paranoïa religieuse et politique, ils préparent Les Derniers Jours en accumulant l’essence et les armes de gros calibre ; ils utilisent le téléphone, mais chez les voisins ; ils conduisent des voitures, mais enlèvent les ceintures de sécurité et ne s’assurent pas : Dieu y pourvoira, de même qu’Il protégera la famille des risques démentiels des machines effrayantes que le père accumule. « Papa avait toujours été un homme fort — un homme qui connaissait la vérité sur tous les sujets et ne s’intéressait pas à ce que les autres disaient. Nous l’écoutions, lui, jamais l’inverse : quand il ne parlait pas, il exigeait le silence » (p 325).



Comme dans le Dickens contemporain (voir My Absolute Darling), le récit est trop long et se complait dans les sévices moraux et encore les blessures, infections et brûlures qui seraient létales chez le commun des mortels. Heureusement, il y a la finesse de l’auteur et son sens de la nature : « La montagne nous confère un sentiment de souveraineté, d’intimité et d’isolement, et même d’emprise sur les choses. Dans ce vaste espace, on peut marcher des heures sans croiser personne, comme en apesanteur au-dessus des pins, des broussailles et des rochers. Cette tranquillité résulte d’une sensation de pure immensité qui vous calme et rend la banalité de l’existence humaine sans importance. Gene [un autre frère] a été façonné par cette sorte d’hypnose des montagnes, qui réduit les drames humains au silence » (p 52).



Le livre rappelle que le fondamentalisme crée une dépendance aussi dangereuse pour la famille que l’alcoolisme. Quelques-uns s’en sortent.

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Une éducation

Comment une jeune fille, n'ayant jamais fréquenté l'école, dont la naissance n'a été déclarée que cinq ans plus tard (avec deux dates différentes !), ayant reçu une éducation à la maison incomplète et biaisée au sein d'une famille de Mormons dirigée par un fanatique religieux a-t-elle pu échapper au destin tout tracé qui l’attendait, à savoir: mère de famille nombreuse ?

C'est ce que nous raconte dans son autobiographie Tara Westover. Elle relate avec franchise les différentes étapes qui l'ont amenée à exploiter son haut potentiel intellectuel, elle qui était née au sein d'une famille où l’État et ses différentes incarnations représentaient le mal absolu.

Elle ne nous cache rien de la honte qui l'habitait, ni du sentiment d'imposture, voire de traitrise, qu'elle ressentait dans les universités où elle a réussi à étudier, bravant à la fois les gouffres d'inculture et d'inadaptation sociale, en bonne fille de Mormon intégriste qu'elle était.

Elle prendra peu peu conscience des graves problèmes psychologiques de son père (les mots de "Schizophrène" et de "troubles bipolaires " seront évoqués ), les comprendra, mais ne pourra se résoudre à admettre que la majorité des membres de sa famille soit dans le déni en ce qui concerne le caractère manipulateur et extrêmement violent de son frère Shawn. Pour sauver sa peau, au sens strict du terme, elle devra se résoudre à une solution extrême.

On frémit en lisant ce texte où un père ferrailleur , pour des raisons de gain de temps, expose constamment ses enfants aux pires risques,au prétexte qu'il s'en remet à Dieu et à ses anges pour assurer leur sécurité. Pourtant, le portrait de qui pourrait être la caricature d'un tyran à la fois domestique et religieux est nuancé car l'auteure l'affirme : "je croyais à l'époque -et une partie de moi y croira toujours-, que je devais faire miennes les paroles de mon père."

Un texte fort et courageux où Tara Westover nous montre acquérir une éducation est une bataille de chaque instant contre les idées fausses et les préjugés. On ne s'étonnera pas que l'auteure ait choisi de se spécialiser dans la manière dont l'Histoire est relatée.
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Une éducation

Comme elle le rappelle en introduction, son témoignage n’est en rien un livre sur le mormonisme ou la critique de la religion puisqu’au-delà d’une réalité américaine, celle des communautés religieuses fondamentalistes et survivalistes, Tara Westover parle de son expérience intime et d’une histoire universelle : que fait-on de l’éducation qu’on a reçue ? Pourquoi répète t-on un schéma, pourquoi est-ce qu’on s’en extrait ? Comment trouver sa place quand on ne se sent plus légitime nulle part ? Grâce à la fac, aux bonnes rencontres, et à une force intérieure qui défie toutes les lois du monde, Tara se forge sa propre éducation, mais à quel prix ? Et que faire de la honte, qui la saisit autant dans les couloirs prestigieux de Cambridge que face au miroir ébréché de la salle de bain de sa maison d’enfance ? Comment oublier le mot « putain » qui, une fois placé dans le corps et l’esprit, semble avoir le pouvoir d’y rester pour la vie ?



Toutes ces questions sont passionnantes, d’autant que l’autrice se refuse à tout jugement moral, a fait un véritable travail d’enquête auprès des frères avec qui elle est toujours en contact pour s’assurer de la justesse de ses souvenirs, bien au-delà du ressentiment et de la colère. C’est très fort, très dur, mille fois j’ai eu peur pour elle alors que je tenais le livre entre les mains qui attestait du fait qu’elle ait été en vie pour l’écrire, mais quel témoignage, quelle force et quel espoir aussi.
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Une éducation

Je me permets de citer un passage de la critique rédigée par Bouteyalamer, cela traduit parfaitement mon ressenti. « le récit est trop long et se complait dans les sévices moraux et encore les blessures, infections et brûlures ».



Ou alors un passage d'une critique de Nastasia-B, alors qu'il porte sur un autre livre, un ouvrage autobiographique de Delphine de Vigan – pour moi cela colle bien : « Ici on fait tinter les trémolos du voyeurisme ordinaire ».



Parfois des scènes insoutenables, j'ai zappé, mon empathie m'a trahie. A mes yeux c'est de l'écriture thérapeutique. Son traumatisme, elle ne l'a pas vécu pendant l'enfance, mais plus tard, au moment où elle a quitté sa famille hautement toxique pour vivre une vie normale.



Je suis étonnée par la popularité de ce livre sur le réseau de lecteurs anglophones - un bestseller, un phénomène de société.

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Une éducation

Très beau parcours !

Si je n'ai pas mis 5 étoiles, c'est juste pour la lenteur du démarrage. Mais à partir du moment où Tara cherche à s'extraire de ce milieu, le livre devient addictif et réellement prenant.

L'analyse de l'emprise parentale est parfaite autant dans la violence psychologique entretenue à coup de culpabilité et de fidélité à la famille que dans la violence physique qui règne en secret au sein de cette fratrie.



Je recommande vivement !
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Une éducation

Il faut avoir l’estomac bien vide pour lire Tara Westover qui se livre sans fard dans ce récit autobiographique. Elle raconte la violence, sa demi-douzaine de frères et sœurs, la démence d’un frère malade, les coups, les accidents à répétition, l’aveuglement, la folie d’un père mormon complotiste, le silence d’une mère, et malgré tout l’amour. Beaucoup d’amour intercalé entre deux pétages de plombs du père qui aime ses enfants, à sa façon.



La fratrie grandit coupée du monde dans un foyer chaotique où le père refuse de se plier aux lois du gouvernement. Il élève sa progéniture en vase clos, en tentant de tous les contenir. Il rejette la médecine pour ne jurer que par les plantes de sa femme. Il y croit dur comme fer, même lorsque le corps ravagé est mis à feu et à sang pour finir en lambeaux de chair. Jamais il ne prendra un doliprane alors encore moins aller à l’hôpital. Le père persiste à voir dans tous ces accidents des mises à l’épreuve de la part du Seigneur. Il les accepte, il les reçoit.



Quelle part des croyances et de l’éducation parentale porte-t-on en soi de façon immuable ? Peut-on faire différemment qu’eux ?



C’est là où l'éducation rentre en jeu. En apprenant, on s’élève. Avec la connaissance vient le discernement. Tara Westover raconte son parcours pour tenter de s’affranchir d’un schéma familial bancal. D’autant plus complexe que derrière la violence il y a ce lien indéfectible avec les membres de sa famille qui sont tout ce qu’elle a, tout ce qu’elle connaît.

Avec ce témoignage poignant et courageux, l’autrice entreprend de dresser un tableau des plus justes, aussi cruel soit-il, de cette famille qu’elle aime mais qui la met en pièces.



Et si couper les ponts avec sa famille est un choix envisageable, il a un prix.

J’ai aimé l’humilité et la sincérité de l’autrice sur son parcours de vie. C’est un texte sur le courage, celui de partir, de s’éduquer malgré les interdits. Et sur la renaissance et le prix à payer.

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Une éducation

J'ai eu envie de lire ce livre pour mieux connaître l'univers des Mormons. Au final, il sagit sans doute plutôt d'une histoire unique, celle de Tara et de sa famille, mais on se laisse emporter par son récit.

On se demande tout au long du livre si elle réussira à se libérer du joug familial et on comprend au final que ça ne sera jamais réellement le cas même si elle arrive à sortir de leur influence néfaste. Une réflexion intéressante et une biographie qui se lit comme un roman.
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Une éducation

Elevée dans une famille nombreuse où les idées religieuses des parents servent de fil conducteur, Tara fait figure d'extraterrestre lorsqu'elle intègre l'université. Son père, qui croit à une fin du monde proche et se sent persécuté, mène la vie dure à ses enfants.

Dans ce récit autobiographique Tara aborde les relations familiales, la religion, la socialisation, l'éducation, les apprentissages. Elle se trouve tiraillée entre la "normalité" et les principes d’éducation de son père, les rapports entre frères et sœurs. Difficile avec cet apprentissage de trouver sa place lorsqu’elle part faire des études, difficile de comprendre les autres lorsqu’on n’a pas les codes de la vie en société.

Un livre poignant qui vous vrille l’esprit. Lorsque vous le fermez, vous vous dites « mais comment est-ce possible » ? puis « quelle force mentale elle a dû déployer ». Bref on n’en sort pas indemne. Tara Westover se raconte d’une façon très réaliste sans commisération. Elle déroule son histoire d’une façon fluide et pourtant celle-ci est loin de l’être. Un vocabulaire précis, quasi chirurgical, pour des descriptions de scènes, de sentiments étalés sans fioritures. Mais par on ne sait quelle magie ces descriptions nous plongent dans la normalité de Tara. Et même si elle nous effraie celle-ci nous semble tout à fait plausible et vraie

Cà pourrait bien être MON livre de l’année. Bref je vous invite à le lire.



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Une éducation

C' est le cœur très lourd que je referme ce livre.

Bouleversée, bien entendu par ce récit qui remue tant les tripes.

Mais Bouleversée également par cette écriture jamais haineuse, colérique, revancharde, aigrie.

Au contraire c'est un témoignage rempli d' amour ,d' intelligence dont certains passages sont magnifiquement et terriblement émouvants.

Tara Westover nous plonge dans sa vie et nous interroge en même temps sur ce que nous sommes,sur qui nous sommes.

Les mots sont percutants sans jamais être autre chose qu' un profond désir de vie ,de force ,de volonté .

Il n' y a jamais dans ce témoignage de place pour la vulgarité ,pour la facilité et pourtant malgré la douleur si profonde que l' on ressent les mots s' écrivent tout en douceur ,celle de l' amour qu' on a pour sa famille,malgré tout et peut-être pour tout.



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Une éducation

Les amis, je crois qu'on tient ma première excellente lecture de l'année. Et quand je dis excellente, je dis aussi que j'ai besoin d'un petit temps de digestion, mais que ça pourrait bien s'avérer un coup de cœur. Le 20 janvier. Yep. Vous l'aviez pas vu venir, celle-là !



Une éducation, ça raconte la vie de l'autrice. Comment l'éducation que lui ont donné ses parents l'a formée, moulée. Puis comment l'éducation, l'université, les études l'ont mise en porte-à-faux par rapport à ce qu'elle avait toujours vécu mais lui a aussi ouvert les yeux sur sa propre personne.

On plonge dans le quotidien d'une famille mormone, au fin fond de l'Idaho.

Mais pas n'importe quelle famille mormone, parce que celle-ci est dirigée par un père de famille aussi charismatique que tyrannique, fondamentaliste dans sa foi, à tel point qu'ils sont non seulement coupés du monde, mais aussi coupés de leur propre communauté (considérée bien souvent comme aliénée à l'Etat et donc à Satan).

Bon, puis il a aussi quelques problèmes d'ordre maladie mentale. Bipolarité, schyzophrénie, paranoïa, on ne saura pas clairement, mais vous imaginez bien que ça ne va pas aller redorer le tableau.

Si ce livre parle de religion, ce n'est pas pour faire du prosélytisme, loin de là. C'est pour expliquer la perception des choses de cette famille (et surtout du père). Pour expliquer pourquoi la moitié des enfants de cette famille n'ont pas eu d'acte de naissance ni jamais vu un médecin de leur vie. Dieu et ses anges veillent sur eux, et chaque drame, chaque blessure, chaque accident arrive pour les préparer à la fin des temps.



C'est dur et violent. Pas forcément par rapport à des coups (quoique), mais parce que l'emprise de ce père est telle qu'aucun membre de la famille n'a le droit de penser différemment. Voire même de penser tout court en fait. À quoi bon, puisque le père leur dispense la vérité vraie. Et s'il les met en danger, c'est uniquement parce qu'il sait que les forces supérieures veilleront à leur intégrité physique et morale.

Ce qui fait peur, c'est que ce n'est pas un gourou lambda, qui en aurait après le fric de ses ouailles. Non. Il est persuadé d'être dans le vrai, et arrive à retourner chaque argument à son avantage en étant convaincu de ses paroles.



Ceux de ses enfants qui se sont éloignés de la famille nucléaire sont ceux qui ont trouvé le moyen d'avoir accès à une éducation, d'aller à l'université. Dans l'esprit du père, c'est lui-même qui les a éloignés, parce qu'ils se sont fourvoyés en apprenant auprès de professeurs payés par l'Etat, donc corrompus. Les autres qui sont restés auprès de leurs parents et ont créé leur propre famille au pied de la montagne, ce sont les justes, les purs. Qu'ils soient dans une dépendance financière car incapables de trouver un emploi ailleurs qu'auprès de leurs parents ne compte pas.



Malgré cela, on sent un amour très présent de la part des parents comme des enfants.

Tara, l'autrice et narratrice, la plus jeune de cette nombreuse famille, va se retrouver dès 16 ans dans une situation compliquée, en plein conflit de loyauté. Tiraillée entre son désir d'instruction, ce qu'elle ressent être bon pour elle et sa loyauté envers sa famille, son amour pour eux, les fondements qu'ils lui ont inculqués, elle doit se faire un chemin. Oui, elle a le c*l entre deux chaises, c'est ça. Elle essaie de concilier les deux et ce n'est pas évident.



C'est d'autant moins évident que c'est une histoire vraie. Et c'est un autre point positif : la démarche de l'autrice. Ce sera répété de nombreuses fois dans le récit, à travers des notes de bas de pages mais également ses réflexions au sein du texte, elle donne sa version, celle qui est gravée dans sa mémoire. Mais les souvenirs ne sont des souvenirs, ils peuvent être erronés voire même fabriqués de toute pièce.

Dans ce texte, il y a aussi une absence totale de jugement. Si elle est parfois ébahie par certaines réactions, si elle peut en vouloir à l'un ou l'autre de ses amis ou des membres de sa famille, jamais elle ne se pose en juge en disant qu'ils ont tort.

C'est pour ça aussi que ce texte est puissant : on apprend sans jugement. On entre dans le quotidien d'une famille aux idéaux à mille lieues de notre quotidien (enfin, j'imagine qu'il y a peu de mormons parmi les lecteurs de ce blog), on découvre leur vie, mais aussi toute une culture bien différente de la nôtre, mais pas moins respectable.

Si l'intégrisme du père les met en danger, on voit bien que c'est une personne bien loin d'être représentative des membres de sa communauté.

Sans être un récit féministe pour autant, on voit bien que la condition de femme pèse sur l'autrice. Elle était destinée à être mère de famille nombreuse, préférablement au foyer. Pas à travailler ou à s'instruire de quelque manière que ce soit. On sent dès son enfance une certaine rébellion, ou en tout cas un sentiment d'injustice quand elle comprend qu'elle est une petite fille, et par conséquent n'a pas les mêmes possibilités que ses frères (même si son père éprouvera assez peu de scrupules à la faire travailler dans sa décharge, vagin ou pas).



Et une scène m'a particulièrement marquée. L'autrice est passionnée par ses études qu'elle souhaiterait poursuivre au-delà du premier niveau de l'université. Elle demande à un de ses amis homme ce qu'il ferait s'il avait été une femme et passionné de droit comme il l'est en tant qu'homme. Il lui répond simplement qu'il aurait eu des centres d'intérêt bien différents. Voilà voilà. C'est une réalité pour certaines personnes encore aujourd'hui, dans un pays aussi moderne et libéral que les Etats-Unis...

Bref, c'est instructif, intéressant, passionnant à lire.
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Une éducation

Saisissant.



Une autobiographie saisissante, qui m'a transportée dans un univers inconnu et troublant. L'auteure nous raconte son enfance, son quotidien si peu commun, l'environnement dans lequel elle a vécu, la nature des relations qu'elle entretenait avec ses proches, le comportement de ces derniers, le tout sans aucun jugement, en se contentant des faits et avec une véritable sincérité, ce qui est devenu rarissime. Nous rentrons au fur et à mesure des pages dans son intimité la plus profonde, celle de la construction de soi. Impossible d'éviter de faire le parallèle avec sa propre vie, bien chaque histoire soit différente. L'écriture est d'une fluidité remarquable, les pages s'enchainent très rapidement, et on se surprend à vouloir conseiller Tara sur les décisions qu'elle est amenée à prendre. Un livre merveilleux. Je recommande.
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Une éducation

Tara Westover est titulaire d'une thèse à Cambridge. Pourtant, elle est n'a pas été scolarisée et a travaillé toute son enfance à trier de la ferraille. Son père, mormon, ne croit pas en l'école publique, et encore moins à la médecine officielle et prépare la fin des temps. Les troubles psychologiques du père créent de nombreux accidents, mais, d'après lui, il s'agit de prouver le pouvoir de Dieu et de la médecine par les plantes.

Tara grandit entre ce père instable et un frère violent. Elle réussit, par son travail et sa force de caractère, à entrer à l'université. Mais la vie à l'extérieur est difficile pour elle, et elle fait un long travail psychologique pour se détacher de l'emprise familiale et comprendre qui elle est vraiment.



Le parcours de Tara Westover et la résilience dont elle fait preuve sont étonnants et admirables. L'auteur a très bien rendu le cheminement psychologique qu'elle a emprunté. Elle explicite la manière dont elle a écrit son récit (relecture de ses journaux intimes et de sa correspondance, discussions avec les membres de sa famille qui ont aussi pris leur envol...).

La structure du livre aide à comprendre les étapes nécessaires à son émancipation : l'enfance et l'adolescence sous le joue d'un père bipolaire, les études pendant lesquelles elle apprend à penser, puis la difficulté à rompre avec sa famille pour avancer.



Ce récit est émouvant, bien écrit et édifiant. On ne peut pas rester insensible en le lisant (combien de fois ne me suis-je arrêtée dans ma lecture pour m'indigner à haute voix auprès de mon mari!).
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Une éducation

Un coup de coeur pour ce parcours de (début de) vie passionnant, l'auteure a su retranscrire son enfance particulière et ses années d'études et nous y plonger avec elle.

Durant toute la première partie, je ressens une violence terrible, l'oppression qui entoure les enfants et la mère de famille en la personne du père "tout-puissant". Difficile de ne pas porter de jugement sur de tels actes répétés de mise en danger de ses propres enfants, tant physiquement que moralement d'ailleurs. Comment développer estime de soi, confiance en soi, confiance en l'autre dans un tel environnement ?

Les accidents s'enchaînent au point qu'on se prend à rentrer la tête dans les épaules en cherchant d'où va surgir le prochain mauvais coup.

La relation de Tara avec son frère Shawn est totalement destructrice mais elle ne s'en rendait pas compte à l'époque, elle croyait en ses remords, ses excuses, alors qu'il commençait à tester son pouvoir de domination sur les femmes, soeur ou petite amie, il manipulait, contrôlait.

Le seconde partie est celle de la première confrontation avec le monde extérieur. Comment conjuguer les croyances de toute une vie avec l'apprentissage universitaire. Tant dans le contenu des cours que dans la vie quotidienne, les découvertes de sa méconnaissance et de son inadaptation sont violentes pour Tara : qui croire, qui écouter ? La voix du père s'éloigne mais ses mises en garde demeurent : elle les a entendues chaque jour de sa vie.

Dans ce récit, contrairement au titre en français, il n'y a pas "une" mais deux éducations : successives, contradictoires, opposées dans la forme et le fond, peut-être même deux vies.

Merci
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Une éducation

Excellent récit, prenant du début à la fin. J'ai découvert la vie de Tara, jeune fille élevée au milieu de 5 frères (dont un particulièrement violent et sadique) et une sœur. Son père est un mormon fanatique, paranoïaque et bipolaire. Sa mère est une femme tantôt effacée, indifférente, forte puis soumise à son mari. Tara a une enfance particulière et une adolescence difficile car elle luttera de toutes ses forces pour s'extraire de cette famille malsaine. Noir, très bien écrit, très juste. Bouleversant.
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Une éducation

Une éducation est un récit passionnant nous entrainant au sein d’une famille de l’Amérique méconnu, l’Amérique absolue, l’Amérique complotiste et religieusement extrémiste.

Un mélange brutal entre «Captain Fantastic» et «Le château de verre». Une vie primitive, rude, brusque et misogyne. Un retour aux fondamentaux et à la nature qui ferait pâlir d’envie les familles modernes minimaliste, si seulement, il n’y avait pas en toile de fond la violence et la religion dans sa plus belle palette d’intolérance.

C’est un récit d’émancipation intellectuelle et familiale, d’apprentissage de la pensée autonome, de force et d’affrontement avec la brutalité et le savoir comme acteur de résilience.

La vie de Tara est inspirante et force l’admiration. Son témoignage pousse à la réflexion, il est vif, incisif sans omission ni concession. Une découverte stimulante.



Captain Fantastic de Matt Ross (2016)

Le château de verre de Destin Daniel Cretton (2017)

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Une éducation

Dans un coin reculé de l’Idaho, au milieu des montagnes, a grandi Tara entourée de ses six frères et sœurs au sein d’une famille mormone.



Officiellement, Tara n’existe pas jusqu’à l’âge de neuf ans, période à laquelle ses parents se décident enfin à déclarer sa naissance. La fillette n’a jamais vu de médecin, n’a jamais été dans une salle de classe et demeure scolarisée chez elle de manière irrégulière avec, comme unique support d’enseignement, la Bible et les paroles de son père.



Car ce dernier est un fondamentaliste religieux aux croyances très ancrées. Croyances en la fin du monde, méfiance envers le gouvernement. Paranoïaque, sombrant peu à peu dans la folie, le père de Tara a éduqué ses enfants avec sa propre vision du monde, remettant entre les mains de Dieu le sort de sa famille, sans se soucier des dangers permanents qu’il fait courir à ses enfants contraints de travailler au péril de leurs vies dans un dépôt de ferraille.



L’adolescence de la jeune fille sera marquée par le comportement de plus en plus violent et manipulateur de son frère. Pour échapper à son emprise toxique et à celle de sa famille qui préfère fermer les yeux face à la dérive de leur fils, Tara n’a d’autres choix que de s’instruire seule pour partir.



À dix-sept ans, faisant preuve d’une persévérance époustouflante et d’un travail acharné, elle rentre à l’université et parvient quelques années plus tard à obtenir un doctorat à Cambridge. Mais le prix à payer sera lourd car Tara laisse derrière elle sa famille qui n’a pas accepté le chemin qu’elle a choisi de prendre.



À travers ce témoignage particulièrement édifiant, Tara Westover évoque en toute franchise son enfance et son adolescence, n’hésitant pas à remettre parfois en question la véracité des souvenirs évoqués lorsque ces derniers divergent de ceux de sa famille. Les connaissances qu’elle va acquérir lors de ses études vont bouleverser sa perception du monde jusqu’alors faussée par l’ignorance. Et malgré toutes les épreuves endurées, elle ne juge à aucun moment ses parents et ne leur adresse aucun reproche.



Le parcours fascinant et incroyable d’une jeune femme ayant grandi au sein d’une famille mormone et qui est finalement parvenue à s’affranchir de leur emprise grâce à l’instruction. Un récit autobiographique stupéfiant par le courage et la ténacité dont fait preuve Tara alors qu’elle est rejetée par ses proches. Une lecture captivante et profondément inspirante.
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Une éducation

Tara Westover a grandi dans une famille de mormons persuadée que la fin du monde était proche, rejettant en bloc la médecine et l’école. Tandis que son père amasse de façon fanatique provisions et munitions et sombre doucement mais sûrement dans la paranoïa, Tara, la dernière de sept enfants, grandit plus ou moins livrée à elle-même à l’ombre de la montagne, au milieu de la ferraillerie familiale. Vers l’âge de seize ans, elle décide de batailler pour sa propre éducation. Elle finira par entrer à Cambridge et Harvard.



C’est le récit d’un combat contre l’ignorance, celui d’une jeune fille qui prend tardivement et lentement conscience de la manière dont vit sa famille et se met en quête de la « normalité ». Combat douloureux, car en avançant vers la lumière elle se met à dos les membres du clan, son père en premier, déclenchant une inéluctable et douloureuse rupture.

Le livre m’a à la fois touchée et révoltée : le mécanisme de l’emprise y est bien décrit, si les enfants de la famille Westover s’éloignent peu à peu ils restent tous plus ou moins sous la coupe de ce père dangereux et irresponsable, mettant à d’innombrables reprises sa famille en danger, refusant par exemple de les conduire à l’hôpital après un grave accident de voiture ou une terrible chute dans la ferraillerie. Tous finissent immanquablement par gravement se blesser, et s’en remettent ensuite à la médecine de la mère. Plus Tara grandit, plus elle semble devenir l’ennemi, pas seulement par son désir grandissant de savoir, mais aussi parce qu’elle est femme, cristallisant la violence d’un frère prenant plaisir à brutaliser et humilier. Frappée, rabaissée, rejetée, Tara a dû faire preuve d’un grand courage et d’une volonté hors normes pour être arrivée jusqu’aux portes de l’université. Et si son témoignage est d’une grande force, après avoir refermé le roman on craint encore pour elle que l’histoire ne soit pas complètement achevée.
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Une éducation

"Emancipez vous de l'esclavage mental, personne d'autre que nous ne peut libérer nos esprits".

Tara Westover, fille d'un couple de mormons version ultra.



Son père (probablement schizophrène ou bipolaire) s'est préparé toute sa vie à l'apocalypse finale, enterrant citernes de fuel et containers d'aliments aux 4 coins du terrain.



7 gosses nourris à la théorie du complot, dans la défiance des institutions.

Ils n'ont jamais vu un toubib, ni le préau d'une école.

Ils n'ont même aucune existence civile, jamais déclarés.



Ils ont poussé comme ils ont pu, dans le bric à brac d'une maison exiguë, au milieu de la ferraille, en pleine montagne.

Leur survie tient du miracle tant les accidents graves se succèdent, soignés à grand renfort de potions maison et de camphre.



Tara raconte son combat pour infléchir le cours de son destin. Elle a finalement obtenu un doctorat en histoire.

Un parcours douloureux et complexe qui imposera un choix irréversible entre famille et avenir.



Un roman dense, foisonnant, éprouvant.

Une biographie hallucinante dont je suis sortie rincée.

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Une éducation

Coup de coeur pour ce témoignage qui se lit comme un roman. Tara, élevée dans une famille de mormons, privée d'école de de soins médicaux, découvre peu à peu d'autres modes de vie. A mesure qu'elle prend goût à l'étude, que son esprit critique se développe, grandit le conflit avec son père omnipotent et tyrannique. Comment fuir la violence physique et psychologique de ce milieu délétère, suivre un autre chemin en endossant le titre de traître aux siens, de suppôt de Satan ? Quel appui trouver chez une mère soumise, une soeur terrorisée et des frères imprévisibles ?

Comment rejeter les choix des siens pour survivre, tout en continuant à les aimer ?

Une éducation raconte ce chemin, l'aventure d'une émancipation. Immense respect pour Tara Westover.
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