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Critiques de Tayari Jones (140)
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Un mariage américain

°°° Rentrée littéraire 2019 # 12 °°°



Tayari Jones est une auteure américaine. Noire. Ses personnages, les mariés du titre, Roy et Celestial sont noirs, mais elle a choisi de ne pas leur faire porter leur couleur en étendard pour un propos universel – comme le suggère le titre.



« La race, c'est essentiel pour définir un individu d'un point de vue politique et social. Mais en même temps, c'est un critère vide, qui n'a pas davantage de sens que le sexe ou la couleur des yeux : la race ne dit rien de la personne que vous avez en face de vous. J'écris sur la communauté noire américaine mais je me sens très exactement comme un écrivain russe qui écrit sur les Russes : ce qui compte vraiment, c'est qu'ils sont des êtres humains, et que, partageant la même expérience humaine, le lecteur se sente lié à eux. »



Ces mots sont de la grande Toni Morrison. Nul doute que Tayari Jones se place ( modestement ) dans ses pas. Celestial et Roy sont traités comme des êtres humains au-delà de leur couleur de peau. Ce qui rend tout le propos du roman extrêmement subtil, surtout lorsqu'il s'agit de traiter du racisme et des discriminations qui frappent la communauté afro-américaine.



Roy est condamné à tort pour un viol. Il était juste au mauvais endroit, à la mauvaise heure, avec la mauvaise couleur de peau aux yeux d'un jury judiciaire qui n'avait pas la même. Plutôt que de s'attarder sur les procès qui le condamnent, Tayari Jones choisit de carrément les zapper dans un art de l'ellipse remarquable. Cela a déconcerté et déçu pas mal de lecteurs au vu des retours de lecture sur Babelio, pas moi.



Au contraire, elle préfère resserrer son action sur le vécu de Roy et Celestial, ainsi que les conséquences sur leur couple de très jeunes mariés. C'est à travers leur correspondance épistolaire qu'on découvre toute l'injustice du système judiciaro – carcéral américain. Cette plongée dans l'intimité du couple permet de comprendre sa colonne vertébrale et son délitement progressif. Ces lettres sont sans doute les moments les plus réussis, les plus forts du roman.



Car ce qui intéresse Tayari Jones, c'est avant tout de décortiquer les ressorts d'un couple dans la tourmente, quel que soit sa couleur de peau. Elle le fait avec une acuité folle et beaucoup de classe, explorant tous ses ressorts, les interrogeant avec intelligence ( loyauté, trahison, accomplissement personnel, sens du sacrifice, culpabilité, rapports de force ). Personne ne se trompe, ni Celestial, ni Roy, ni Andre ( le nouveau compagnon de Celestial ), tous sont blessés et tous se racontent dans ce roman choral à trois voix.



Et pourtant, ce ne sont pas des personnages particulièrement aimables, ils sont plein de défauts ce qui les rend très intéressants, complexes et profondément humains. C'est d'autant plus fort de parvenir à rendre leur histoire aussi déchirante. Mais le personnage qui m'a le plus saisie est le père de Roy. Il est magnifique dans sa dignité à soutenir et aimer plus que tout ce fils qui n'était même pas le sien au départ, ce fils qui a cru avec arrogance au rêve américain comme une revanche pour s'extraire de la pauvreté de sa famille et qui s'est fait broyé. Il est bouleversant lorsqu'il parle de son mariage américain à lui qui a tout surmonté, né à une époque où la ségrégation frappait encore. Concernant la thématique de la filiation, juste pas emballée par l'épisode fortuit de chez fortuit qui concerne le père biologique de Roy, pas nécessaire et pas à la hauteur de la subtilité du roman.



J'ai dévoré ce remarquable roman, complètement happée dès les premières pages par ce thriller de l'intime où se joue le devenir d'un couple dans ce qu'il a de plus banal et de plus singulier.





Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°2 )
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Des baisers parfum tabac

« Mon père, James Whitherspoon, est bigame »

Incipit sans anesthésie, le cœur à vif pour ce roman de l’auteure afro-américaine Tayari Jones.

Ces mots sont ceux de Dana, enfant illégitime, qui doit grandir dans l’ombre de la famille officielle de son père, James. Elle vit avec Gwen, sa mère, à Atlanta, dans le milieu des années 80 et elle doit se contenter de la visite hebdomadaire et clandestine de ce géniteur, courant d’air qui brille plus par ses absences que par son courage.

La première partie du roman raconte cette adolescence passée à épier et jalouser avec sa mère l’autre famille, la « vraie », à essayer d’exister malgré les frustrations. C’est la politesse humiliante « des seconds choix » de passer toujours après, pour les études, les cadeaux ou les loisirs. Dana collectionne les amertumes comme d'autres les livres.

Récit double face, comme le souligne magnifiquement la couverture, histoire reflet de deux solitudes, puisque c’est au tour de Chaurisse, l’autre sœur, celle qui a le droit de figurer sur les photos de famille, de prendre ensuite la parole. Elle vit dans la lumière et à la différence de Dana, ignore tout de la double vie de son père. C’est l’histoire de sa propre mère, Laverne, qui va bouleverser son existence. Elle apprend que celle-ci a rencontré son père à l’âge 14 ans, qu’elle est tombée enceinte dans des conditions glauques, qu’ils ont dû se marier et abandonner certains rêves. La généalogie est parfois douloureuse.

Bien sûr, le lecteur attend le moment inévitable de la rencontre des deux sœurs, le choc des deux mères. Est-ce qu’un lien va pouvoir se créer entre Dana et Chaurisse, au-delà du sang ? La réponse de Tayari Jones sonnera très juste et trouvera écho aux oreilles de tous ceux qui qui ont été dépossédés d’une partie de leur enfance.

Une des autres réussites de ce roman repose sur ce que j’appelle les personnages satellites, ces seconds rôles qui gravitent tellement autour d’une histoire qu’ils finissent par la faire sortir de son orbite. Il y a l’oncle Raleigh, sorte de Casque Bleu serviable de la famille et amoureux transi de Gwen. N’oublions pas la grand-mère lucide et extralucide, Mlle Bunny, ou Marcus, le petit ami volage qui épaississent le trait de l’histoire.

Même si la question raciale et le combat pour les droits civiques sont évoqués, ils ne constituent pas le cœur de cette histoire. Ce n’est pas un film de Spike Lee. Femmes avant d’être noires, ce roman est avant tout celui de mères, de sœurs, de filles ou de filles-mères tourmentées par la figure du père ou du mari et dont le salut passera par différentes formes d’émancipation.

Après les roses, les épines. Dans ce récit, il m’a vraiment manqué la parole de ce père bigame. J’aurai aimé qu’une partie lui soit consacrée. Il n’est raconté qu’à travers les mots de ses filles. Sans rien lui pardonner, ses deux femmes et ses enfants l’aiment et il n’est pas présenté comme un serial lover incapable de brider ses instincts. Prisonnier de ses mensonges, son égoïsme et son obsession de ne pas détruire la vie qu’il s’est construite avec sa société de location de Cadillacs avec chauffeur dictent sa mauvaise conduite. J’aurai aimé entendre sa conscience. Il ne reste que la mystification d’un homme prisonnier de ses mensonges et qui se pose en victime.

Je peux aussi reprocher au roman la crue lacrymale qui noie parfois le propos. C’est dommage car le récit est bien rythmé et les dialogues très réussis.

Au final, un roman original et touchant, de très beaux portraits de femmes, de vrais sujets de société, mais l’absence de parole du père a frustré le lecteur que je suis.

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Un mariage américain

Qu’est-ce que ça représente d’être noir, afro-américain dans les états du Sud des Etats-Unis de nos jours? Certes, des lois ont aboli la ségrégation et sur le papier instauré une égalité incontestable. Il n’empêche, et les prisons en sont la preuve, que dans les faits, la couleur de la peau reste une circonstance aggravante dans toute situation litigieuse .



Roy se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, et lorsqu’une femme blanche l’accuse de viol, et cela malgré les témoignages de son épouse avec qui il séjournait dans le même hôtel que la plaignante , il écope de douze années de prison. Pour un jeune marié, la pilule st difficile à avaler.



Les années passent et pour Célestial, la jeune épouse, elles sont longues, et mettent à rude épreuve la stabilité du jeune couple.



L’incarcération modifie profondément les relations à l’entourage, et constitue un inducteur pour les confidences. Et de nombreux secrets de famille seront mis à jour au cours des séances de parloir. La prison est aussi le lieu de rencontres inattendues.



Le sujet est amer : racisme ambiant, fragilité des liens familiaux, et pourtant l’auteur n’hésite pas à utiliser un ton léger, et même humoristique, qui contribue largement à l’agrément de la lecture.



Ce roman, qu’Obama a qualifié de bouleversant, est en effet un excellent état des lieux de l’identité afro-américaine dans l’Amérique du Nord de nos jours, et prodigue de surcroît d’agréables heures de lecture.
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Des baisers parfum tabac

Dana et Chaurisse sont soeurs. Et pourtant, si Dana connaît l'existence de Chaurisse, celle-ci ignore qu'elles partagent le même père. Malgré l'interdit, Dana tente de créer des liens avec elle.



C'est ainsi que le récit révèle peu à peu l'histoire de ce père bigame, qui s'épuise entre ses deux foyers, subissant les reproches de l'illégitime, et contraint même certains jours de diner deux fois!

C'est d'abord Dana qui prend la parole pour conter son histoire, les relations avec son père et le frère de coeur de celui-ci. La génération précédente s'était déjà construite sur des manques, des départs et des adoptions tacites.

Elle a pour elle la beauté, elle voudrait une famille. Alors peu à peu elle s'approche de celle qu'elle envie dans a légitimité.



Lorsque Chaurisse s'immisce dans la narration, Dana fait partie de son univers restreint, c'est sa meilleure amie, mais elle ignore toujours le lien qui les unit. le secret pourra t-il tenir?



A travers les confidences d'adolescentes des deux jeunes filles, Tayari Jones se livre à une analyse ouverte de la question du lien familial, des secrets qui affectent des destinées, de la reproduction d'un modèle. Une histoire tissée autour d'un père qui semble ne pas maitriser ses choix, jamais à la bonne place, et incapable d'assumer ses actions, et qui ne disposera cependant pas d'un avocat de la défense puisque les deux jeunes filles sont plutôt des témoins à charge.



Dans un style assez factuel, mais avec une réelle empathie pour les personnages féminins, Tayari Jones dresse le portrait d'une famille à la fois hors du commun, et sans doute pas si exceptionnelle que ça.



Merci à Netgammey et aux éditions Presses de la cité

#Desbaisersparfumtabac #NetGalleyFrance
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Des baisers parfum tabac

James Witherspoon a une galère, il est amoureux de deux femmes. Mais pas au même moment. Il en a épousé une avant de rencontrer l'autre des années plus tard mais fermement décidé à mener ses deux amours de front, il se marie avec les deux et leur donne une fille chacune.

Une fois ce décor posé, on commence déjà à se faire une idée des difficultés et quiproquos que va rencontrer ce père de familles atypiques quand on apprend qu'en plus sa famille n°1 (composée de sa femme Laverne et de Chaurisse, sa fille) ignore tout de sa famille n°2 (dans le même ordre : Gwendolyn et Dana) qui elle, étant la famille officieuse qui vit dans l'ombre, est parfaitement au courant de cette nébuleuse situation.

Dur surtout pour Dana qui doit choisir ses écoles et autres activités extra-scolaires en fonction de sa « soeur » afin de ne jamais la croiser, enfin conformément au souhait de James parce qu'en réalité, Dana et sa mère espionnent et suivent Laverne et Chaurisse partout où elles peuvent : rues, grands magasins, école etc.



A partir de ce fil rouge, Tayari Jones multiplie les incursions dans l'Amérique discriminatoire des années 80 (ces deux familles étant africaine-américaines), dénonçant les difficultés à occuper des métiers dignes et à mériter le respect dû à tout un chacun quand la couleur de peau s'en mêle, le tout sans jamais sombrer dans le manichéisme ou le jugement (ce père bigame n'est à aucun moment montré du doigt, au contraire, il fait de son mieux pour ses familles selon ses possibilités).



Une histoire pas simple mais une écriture limpide et des personnages (féminins pour la plupart) brillamment dessinés et attachants nous boulonnent à ce roman qu'on a bien du mal à quitter avant la dernière page avec comme intéressant concept de raconter la bigamie vu par les descendants et leur exploration des rapports familiaux.

Peut-être pas le chef-d'oeuvre de l'année non, mais un roman profond qui analyse intelligemment les relations humaines inhabituelles, nos racines et notre capacité de rédemption. Un excellent moment de littérature d'une auteure que je découvre et dont Un Mariage Américain me fait maintenant méchamment de l'oeil.

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Un mariage américain

➖Cher Mariage,



« La vérité allait me déchirer comme une morsure de chien. »



Je t’écris cette lettre à la table de mon jardin, près de mon olivier. Je suis seule. Seule à réfléchir à la souffrance, peut-être déjà en train de changer, à me questionner sur Toi, Mariage, et l’avenir…



Je réfléchis au vide, à l’amour qui s’enfuie, au trou que ça laisse dans le cœur. Tu ne rends pas la vie facile à tes adeptes, parfois. Mais si l’injustice même s’en mêle alors on pourrait carrément douter de toi. Tout s’effondre.



Pas évident d’être Un Mariage Américain quand le racisme, la discrimination, la ségrégation viennent obscurcir les lèvres de certains, et pourtant, tu restes encore un doux rêve pour les idéalistes. J’y ai cru en toi, en eux, en ta valeur. Et pourtant, comment résister face à l’emprisonnement?



Ce n’est qu’il y est vraiment de « mot sécurité », mais la vie commune a son importance pour un couple. Le besoin de contact et les cœurs à l’unisson. Or Roy et Celestial ont été tronqué de ce bonheur simple à cause d’une fausse accusation. Alors finalement, qu’est-ce qu’il peut bien rester de toi, cher Mariage, s’ils vivent avec une déchirure à l’intérieur. Ni dans l’abandon, ni dans le sacrifice digne, ils essaient, luttent, s’acharnent. Chacun dans un rôle qu’il n’a pas choisi. Entravé, enchaîné contre leur volonté, que va-t-il rester de toi?



Cher Mariage Américain, tu es une tornade qui frappe avec fureur. Ni amour mièvre ni vengeance acerbe, juste un moment d’intimité intense qui est venu me bouleverser bien au-delà des mots, qui est venu me toucher comme une marque-fantôme sur la peau.



Cher Mariage, cette lettre pour témoigner que l’amour peut prendre plusieurs formes, que ce n’est pas toi, Mariage, qui détermine la valeur des sentiments ou de la loyauté mais bien la vie et l’endroit où tu es né. Ça et ta couleur de peau parfois. C’est triste de voir que de si beaux jeunes amoureux, fougueux et pleins d’avenir se soient ainsi consumés sous nos yeux.



Mes salutations,



➖Un mariage américain de Tayari Jones➖



Je retourne auprès de mon arbre…



✨Stelphique🧚🏻‍♀️




Lien : https://fairystelphique.word..
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Un mariage américain

Ce livre est le récit d’une histoire d’Amour entre Celestial et Roy, amour qui leur a été volé quand Roy a été injustement accusé de viol et jeté en prison. Encore jeunes mariés, ils ont vécu moins longtemps ensemble qu’éloignés. L’amour a ses limites et notamment, quand survient une séparation. Mais le deuil d’une histoire d’amour ne se fait pas de la même façon selon les individus et Roy, une fois sorti de prison, compte bien reprendre sa place dans la société mais aussi dans sa vie, dans son couple.



Roy et Celestial sont des afro-américains. C’est clairement spécifié dans la quatrième de couverture mais sans en faire un roman revendicatif, l’auteure Tayari Jones n’est pas sans rappeler le talent de la regrettée Toni Morrison. Avant de les différencier par leur couleur, Celestial et Roy sont avant tout des êtres humains, qui partagent des ambitions, des rêves comme tout un chacun. Mais vivre comme eux dans un état sudiste lorsque l’on a une autre couleur de peau que blanche, va malheureusement engendrer des différences, des formes lascives de racisme au quotidien.



Tayari Jones décortique les relations humaines et plus particulièrement celles de ce couple. Elle n’approfondit pas l’épisode du procès et de la problématique des erreurs judiciaires pour se concentrer sur la psychologie de ses personnages, leurs ressentis, leurs blessures. Cet évitement pourra en rebuter plus d’un mais je ne pense pas qu’elle ait voulu écrire sur le système judiciaire américain mais bien sur une société dont les dissemblances pullulent. Alors séparés par la prison, Celestial et Roy s’écrivent des lettres, souvent touchantes, sensibles et si sincères.



Ainsi, alors que Roy s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, la terre a continué de tourner, les sentiments d’être partagés ou non. L’écriture de Tayari Jones est tendre, ne rendant pas ses personnages parfaits mais dotés de défauts comme tout être quelconque. Cette histoire si réelle et captivante rend compte de l’American Dream qui n’est finalement destiné qu’à une certaine franche de la population dans un pays si riche de diversités pourtant. Intelligemment écrit, sans tomber dans le pathos, l’auteure sait faire comprendre ce racisme latent, pourtant ô combien dangereux.
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Des baisers parfum tabac

Comment se construire lorsque l’on est une enfant illégitime ? Habituée dès son plus jeune âge à rester dans l’ombre, à ne pas faire de vague, Dana se forge une existence qui n’appartient qu’à elle. C’est du moins ce qu’elle veut croire et laisser croire.



Nous la découvrons dans la première partie du roman, enfant solitaire auprès de sa mère qui l’élève seule. Il y a pourtant une présence masculine auprès de l’enfant, un presque père, un père en pointillé qui vit ailleurs, qui aime ailleurs son autre famille, son autre fille, son autre épouse. « Mon père, James Witherspoon, est bigame ».

Dana raconte son quotidien, les sacrifices qu’elle doit faire au profil de Chaurisse, cette sœur qu’elle envie, déteste, voudrait tellement pouvoir aimer.



Dans la seconde partie du roman, Tayari Jones donne la parole à l’enfant légitime. Bien loin de la fillette gâtée que l’on imagine, Chaurisse découvre les circonstances de sa naissance alors que sa mère n’avait que 14 ans, elle a dû se marier et renoncer à ses rêves.

Nous suivons la vie des deux adolescentes mais aussi celle de leur mère respective.



Tayari Jones ne s’érige à aucun moment en juge d’une situation improbable. Elle énonce les faits et rend compte des difficultés de la vie.

L’auteure dépeint avec justesse les relations familiales complexes mais aussi les émotions humaines. Elle dresse avec beaucoup de finesse le portrait et le parcours de vie de chacun des personnages, leurs blessures et leurs fragilités, tout en révélant les malentendus, les non-dits et les secrets enfouis.



« Des baisers parfum tabac » est un beau roman qui donne la part belle à des jeunes filles et des femmes courageuses.



Je remercie NetGalley et les Editions Presses de la Cité.

#Desbaisersparfumtabac #NetGalleyFrance





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Un mariage américain

Ils sont jeunes mariés (Celestial dit que leur mariage se comptait encore en mois comme pour les enfants) quand l'injustice absolue leur tombe dessus, qui va séparer Celestial et Roy pour de longues années.



Comment vivre cette situation révoltante ? Comment être, rester mariés quand on n'a eu que dix-huit mois de vie commune comme époux ? Comment maintenir le lien alors que les préoccupations de chacun divergent déjà si rapidement après la catastrophe ? Où vont les loyautés ?



Les voix de Roy, son épouse Celestial, et Andre, le meilleur ami de cette dernière, vont s'entremêler pour raconter : Roy tout d'abord, puis vient le point de vue de Celestial, et celui d'Andre lui succède. Leurs interventions sont entrecoupées d'échanges épistolaires, qui amènent un nouveau regard sur le couple s'enfonçant dans une crise apparemment inévitable.



Entamé comme l'histoire d'un couple récent cherchant encore ses marques entre les deux familles, sa place au sein de chacune d'entre elles, avant de basculer dans une catastrophe qui laisse KO, cet ouvrage aurait pu être une nouvelle pierre au gigantesque édifice dénonçant les conséquences d'un racisme resté assez ordinaire aux États-Unis.

On comprend dès les premières pages que ça ne sera pas le cas. Il n'y a pas de repère chronologique clair dans la première partie du livre, quelques cailloux semés par-ci par-là permettant de se faire une idée ensuite. Le déroulement de l'intrigue est "hors-sol", sans contexte précis, apportant un caractère immuable à la tragédie que vivent Celestial et Roy, parce qu'ils sont noirs.



Cette tragédie, ils ne la vivent pas dans l'Amérique clairement ségrégationniste des années 50 et 60. Ils ne la vivent pas dans les années 90 lors des émeutes de Los Angeles.

Il y a pourtant, parce que Celestial est née en Géorgie et Roy en Louisiane, comme un écho des révoltes, des luttes menées par les mouvements afro-américains en eux. La certitude que cette horreur judiciaire ne devrait pas leur arriver après tous ces combats et les lois qui en ont découlées. Qu'elle ne devrait plus jamais être possible.



Mais le sujet du livre est ailleurs. Il est dans ce couple, ces deux êtres qui le forment avec leurs convictions et leurs contradictions, avec leur histoire familiale et le milieu dont ils sont issus.

Celestial est une jeune femme de la bonne société d'Atlanta, tandis que Roy a grandi dans une famille modeste et qu'il a poursuivi un cursus universitaire grâce aux "dispositifs d'aide aux enfants issus de milieux défavorisés", dit-il.

Celestial veut mener sa vie et se réaliser comme une artiste, et pas uniquement comme la fille unique de parents aisés. Roy veut garder, puis reprendre la vie que douze jurés lui ont confisquée.



J'aurais aimé les aimer davantage, une fois passée la catastrophe, quand la toile s'effiloche, pour reprendre une métaphore de Celestial. Ça n'a pas été possible. Bien entendu, j'ai été atterrée par ce qui leur tombait dessus… après avoir été agacée par leurs disputes et le contexte familial qui m'a semblé assez caricatural. Mais rien ensuite ne m'a réellement fait vibrer, l'évolution de leur situation à tous étant franchement conventionnelle et sans surprise.



La structure du texte était une idée intéressante, elle nécessitait pour fonctionner qu'on puisse reconnaître chaque narrateur autrement que par le nom en tête de chapitre ou à la fin des lettres. Or, j'ai eu du mal à les distinguer et suis retournée plusieurs fois vérifier le nom de celui ou celle qui apportait son point de vue.

Le ton un brin monotone de l'ensemble n'est pas parvenu non plus à me convaincre des élans passionnés censés traverser ces êtres, que dis-je, les couper en deux, les dévaster, les ravager, oui ! ni de la lutte dantesque qu'ils ont à mener.

J'ai refermé cet ouvrage après quelques heures d'une lecture qui n'a pas été déplaisante mais qui aurait dû me laisser au moins sur le flanc, à l'aune des épreuves traversées.

Je suis peut-être passée à côté…



Merci aux éditions Plon et à Babelio pour leur confiance. J'ai été ravie de recevoir ce livre à la couverture attirante avec cette illustration d'un arbre dont le tronc se brise et fait basculer la cîme.

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Un mariage américain

Cela faisait un long moment que je souhaitais lire un livre d'amour. Pas une sorte de comédie romantique, non, mais un livre qui serait centré sur des personnes qui s'aiment dans le monde d'aujourd'hui, et qui montrerait comment elles se débrouillent pour vivre leur histoire par les temps qui courent...



Un mariage américain a parfaitement répondu à ce souhait. J'ai été emportée par ce récit, la partie épistolaire est magistrale et l'auteur sait tenir en haleine sans avoir besoin d'en rajouter dans le mélodrame.



Alors, oui, il y a quelques faiblesses, notamment le personnage secondaire d'Andre, trop lisse à mon goût, mais j'ai pleuré à chaudes larmes à la fin, et sans me sentir flouée, donc que dire de plus quand un livre vous fait vivre des émotions si fortes ?
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Un mariage américain

Un couple afro américain dans le Sud des États Unis

Un mariage à qui sourit la vie,

Et en une nuit tout bascule.

Roy est incarcéré pour viol et enfermé pour 12 ans.

« Il n’est pas toujours bon d’être noir dans ce pays »



Par l’injustice d’une erreur judiciaire, Roy va tout perdre. Le couple va tenter de préserver le peu qu’il a pu construire. Mais le temps est un facteur essentiel et cruel. Un amour peut-il toujours survivre à une séparation longue, où l’un continue de vivre quand l’autre fait du surplace? La difficulté de rester loyal n’est-elle pas le reflet d’un mariage qui avait peu d’avenir?



Un roman à trois voix (où s’invite un ami proche), des échanges pétris de douleur et d’émotions, et un décorticage du tumulte des sentiments. Un récit entrelacé qui offre de beaux passages pour évoquer l’amour, le vide de l’absence, Mais aussi la rancœur, les reproches, le sens du devoir, les différences de perception des événements.



C’est une étude intelligente et pertinente de la fidélité, de la virilité, de l’indépendance des femmes, de la séparation et du temps qui passe.

Et en creux, une vision du système pénal américain qui fait frémir.

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Un mariage américain

Roy et Celestial sont de jeunes mariés dont le couple n'est pas un long fleuve tranquille. Mais qu'importe les engueulades sur ce que l'un veut et l'autre pas, les scènes de jalousie théâtrales ou les dissensions familiales qui vous rappellent que vous ne venez pas du même milieu, quand l'amour brûle de la même passion. Jusqu'au jour où leur monde s'écroule : Roy est injustement accusé de viol.



Il faut dire que Roy et Celestial sont noirs et que nous sommes aux Etats-Unis. Faut-il y voir une raison à cette condamnation expéditive ? Question rhétorique.

Toujours est-il que Roy en prend pour douze ans. Une éternité entre les murs étriqués d'une sinistre cellule. Une éternité pour un jeune mariage.



Cette histoire nous raconte la séparation que crée l'incarcération, le douloureux délitement d'un couple.

Tout se concentre là-dessus et c'est ce que j'ai regretté.

J'aurais aimé que soit développée la vie de Roy en prison. Elle n'y est qu'effleurée sans nous dépeindre les conditions de vie et la vie intérieure d'un homme injustement condamné.

J'aurais aimé aussi que l'injustice de cette condamnation dénonce le racisme aux Etats-Unis. Mais même si les Blancs sont quelque peu écornés tout au long de l'histoire, le racisme n'est qu'assez timidement évoqué.



J'attendais donc autre chose, une profondeur qui dépasse la seule fracture de ce couple. Mais il faut reconnaitre que l'auteure a su décliner les sentiments qui se jouent dans la chronique de cette rupture annoncée. D'autant que les points de vue s'alternent d'un chapitre à l'autre ce qui apporte un répondant à l'écho de l'autre et qui par ce fait enrichit leur histoire.



Un mariage américain est un livre dont je sors mitigée et que j'ai trainé en longueur simplement parce que j'en avais d'autres attentes. La faute peut être à cette quatrième de couverture...

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Un mariage américain

A-t-il vraiment quelque chose de plus, ou d'unique, ce roman porté aux nues aux Etats-Unis?

C'est un roman choral dans lequel les trois protagonistes prennent tour à tour la parole, ce qui est le cas d'un très grand nombre de romans américains depuis l'expansion du creative writing.

C'est un roman qui parle de couple, de vies accidentées , et de rupture. de joies, de souffrances injustes, de frustrations et de besoin d'épanouissement. Rien que de très banal, là encore.



Sauf que ces protagonistes sont Noirs, et qu'être Noir aux Etats-Unis ce n'est toujours pas banal. Même si l'on appartient à la classe moyenne supérieure - qui ne sera jamais, nous glisse d'ailleurs l'auteur, que l'équivalent de la classe moyenne des Blancs.

Sauf que les personnages noirs de roman ne sont jamais présentés comme ça : banals. Avec la singularité de leurs personnalités et de leur parcours sociologique, familial et sentimental, mais sans ces traits particuliers qui font que l'on sait que l'on a affaire à un personnage noir, parce que ces traits ne sont jamais appliqués aux Blancs.



C'est ce qui me semble-t-il fait la particularité de ce roman délicat et poignant, car l'injustice raciale faite à Roy est ainsi mise à nu et présentée pour ce qu'elle est : une insondable, inacceptable saloperie, pendant que l'éloignement de Celesta pendant l'incarcération de son mari est quant à elle également présentée pour ce qu'elle est : banale, la banale évolution d'une femme qui doit vivre sa vie.



En refermant ce roman, la causticité de son titre brûle comme un acide.
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Un mariage américain

Roy et Celestial, trentenaires, mariés depuis un peu plus d'un an, séjournent dans un petit motel dans la ville du Mississipi où Roy a passé sa jeunesse. Au petit matin, la police débarque et arrête Roy pour le viol d'une femme que le jeune homme avait croisé la veille...L'incarcération du jeune homme va faire exploser la relation que le couple pensait solide, Celestial se rapprochant d'un amour de jeunesse; une situation qui va remettre en cause leurs valeurs autant humaines qu'affectives.



Avec Un mariage américain, Tayari Jones plonge et décrit avec subtilité l'intimité de la jeunesse afro-américaine de la classe moyenne - Roy, d'un milieu modeste a réussi grâce à des bourses et des capacité intellectuelles, à s'élever et changer de milieu social, devenant un financier prometteur, Celestial, diplômée des Beaux Arts à Atlanta, crée des poupées originales qui ont trouvé leur public.

Dans ce roman, Tayari Jones s'attache plus à décrire le délitement de la relation conjugale que l'enquête sur les accusations de viol et le déroulement du procès...elle passe sous silence les évènements du parcours judiciaire, où racisme et clichés auraient peut-être été intéressants à évoquer, et préfère orienter son propos vers l'échange épistolaire puis les règlements de compte d'un couple qui se sépare, chacun des protagonistes rencontrant un partenaire qui lui convient mieux...

Un mariage américain est une lecture mitigée, qui m'a laissée un peu sur ma faim (au vu des critiques favorables émises sur ce roman), certes l'écriture est fluide mais je l'ai trouvée monocorde rendant la lecture un peu ennuyeuse, des références bibliques et religieuses nombreuses, des coïncidences peu crédibles, notamment concernant le père biologique de Roy et au final, une partie judiciaire qui aurait pu être captivante mais n'est pas traitée, pour ne laisser place qu'à des problèmes de couples qui concernent autant les noirs que les blancs...

Au final un contexte intéressant et bien écrit mais un roman qui rate un peu sa cible.

Je remercie les éditions Plon et Babelio pour cette opération Masse critique privilégiée.
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Des baisers parfum tabac

Bouleversant !

Magistral !

Poignant !

Renversant !

J’en perds mes mots….



Avec la magie des mots, Tayari Jones aborde un sujet tabou et délicat : LA BIGAMIE !



Au-delà de l’acte illégal, l’auteure se penchera sur les états d’âme de la fille dite « bâtarde » et la « légitime ». Petit plongeon dans les États-Unis des années 80, où la femme n’a pas sa place dans la société. Les esprits sont encore étriqués. Elle fera un tour d’horizon des envies de la femme Noire émancipées des années 80.



Un décor sensible où le racisme est bien présent…Et dans ce cadre malsain, j’ai deux sœurs Dana et Chaurisse qui se cherchent. Une connaît l’autre. Une est archi protégée. Une est mise de côté. Une passera toujours en second. Une jalouse l’autre. Une détestera l’autre. Le lecteur aura droit aux deux voix et sera surpris des pensées profondes de ces jeunes filles.



Deux sœurs qui ont le même âge. Des envies. Des rêves. Deux sœurs qui vont perdre du jour au lendemain leur insouciance mais à deux moments différents.



Tayari Jones nous brosse deux portraits atypiques et glaçants. J’avoue ne pas avoir vu venir l’inacceptable. On souffre avec l’une des sœurs…



Des baisers parfum tabac fera des merveilles auprès du public. On sent une influence Toni Morrison. Un magnifique bijou livresque.
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Des baisers parfum tabac

Quel roman intelligent et sensible.

Un homme égoïste, bigame, qui cache sa seconde famille, affecte la vie de ceux qui l'entourent.

L'histoire sera racontée alternativement par le point de vue de Dana, la fille cachée puis par celui de Chaurisse, la légitime, celle qui ignore tout de sa demi-sœur.

C'est une histoire complexe faite de non-dit, de secrets, de douleurs et d’abnégation mais racontée avec une grande simplicité à travers les yeux des deux enfants, les premières victimes de ce secret.

Il est question de reconnaissance, de besoin d'amour, de lâcheté, de quête d'identité et de silence.

Même si la violence ne résout rien, j'aurais bien donné une paire de claque au père.

La tension monte, les mères et les filles vont-elles finir par se croiser ? La vérité éclatera t'elle ? Quelles en seront les conséquences ?

L'écriture est d'une grande fluidité et sensibilité.

Ce roman est excellent.
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Un mariage américain

Si j'en crois le titre, ce roman doit refléter la réalité du mariage dans la société américaine. Il s'agit du roman d'un jeune couple ou plutôt d'un triangle amoureux, avec la particularité que ce sont des jeunes Noirs américains. Le couple formé par Celestial et Roy est passionnel et on peut se demander s'il est solide quand Roy, la mauvaise personne au mauvais endroit au mauvis moment, se retrouve injustement  accusé de viol. Je crois que les lecteurs sont invités à comprendre qu'il est accusé à tort parce qu'il est noir mais rien ne nous est raconté de l'enquête ni du procès. S'ensuit un échange de lettres entre Roy et Celestial durant les cinq années qu'il passe en prison. Il finit par être libéré et revient à Atlanta, croyant pouvoir récupérer sa femme puisque celle-ci n'a pas signé les papiers de divorce qu'il lui avait pourtant proposé durant sa détention.



La narration est portée par les voix de Roy, Celestial et Andre, l'ami d'enfance de Celestial avec qui elle se met en couple pendant que Roy est en prison. Alors que le couple qu'elle formait avec Roy était inattendu, explosif, passionnel, celui qu'elle forme avec Andre semble plus 'naturel", paisible. Mais les questions, les doutes ne sont pas absents et remontent en flèche quand Roy est libéré. S'ajoutent à cela les origines sociales de chacun, le poids de leurs parents. Rien de simple, rien de facile au départ et la prison n'a évidemment rien arrangé.



Au bout du compte, plus qu'un roman sur le racisme encore ordinaire en Amérique, ou un roman social, c'est un roman sur le couple, un roman d'amour qu'il me semble avoir lu, avec en prime un regard très intéressant sur la paternité et la filiation. Mais le côté roman sur un couple en particulier m'a semblé un peu tirer en longueur, d'autant que le personnage de Roy, ambitieux, égocentrique, m'a semblé assez antipathique et que Celestial se laisse finalement dominer alors qu'elle semblait au début un personnage très libre.



Ce roman, le premier de Tayari Jones traduit en français, est vendu avec des avis dithyrambiques, notamment de Barack Obama lui-même... Mon petit avis est plutôt mitigé même si le livre se lit très facilement. Je ne suis sans doute pas bonne cliente pour les romans d'amour (c'est le côté le plus important à mes yeux, malgré les promesses de la quatrième de couverture sur le racisme et le portrait de la classe moyenne noire américaine.) Merci en tout cas aux éditions Plon et à Babelio pour la découverte.
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Un mariage américain

"On ne choisit pas plus d'où on vient qu'on ne choisit sa famille. Au poker, on reçoit cinq cartes. Il y en a trois qu'on peut échanger et deux dont on ne peut pas se défaire : sa famille et sa terre natale.(p15)"



Roy, Celestial et Andre ne m'ont pas convaincu enfin ce n'est pas qu'ils m'ont pas convaincus c'est plutôt que je ne me suis pas attachée à eux.....  La narration se fait d'abord à deux voix : celles de Roy et Celestial relatant leur rencontre et leur mariage rapide jusqu'à l'arrestation de Roy pour un viol qu'il nie avoir commis mais en Géorgie il ne fait pas bon être au mauvais endroit au mauvais moment surtout si vous être un homme de couleur.



Ensuite une troisième voix se fait entendre, celle d'Andre, ami commun des deux tourtereaux et grâce à qui ils ont fait connaissance. L'alternance de ces trois voix m'a parfois gênée, étant obligée de reprendre la tête du chapitre pour savoir qui parlait (surtout entre Roy et Andre).



J'ai trouvé que le roman n'arrivait pas à trouver son véritable thème : mariage, racisme, injustice, bien que Tayari Jones choisisse de toute évidence l'union de deux jeunes afro-américains, issus de familles de classes différentes et qui ne pourront vraiment apprendre à se connaître et approfondir leur lien suite à l'arrestation brutale de l'un d'eux mais sans oublier de toujours mettre en parallèle leur couleur de peau, leurs origines sociales mais de façon assez superficielle je trouve. L'histoire tourne en rond et le dernier tiers est particulièrement étiré et je n'avais qu'une envie c'est d'arriver au bout pour en connaître l'issue.



Un jeune couple peut-il résister à la séparation d'autant plus quand elle est synonyme d'emprisonnement, même si Celestial ne doute jamais de l'innocence de son mari, surtout quand ce couple n'en était qu'à ses balbutiements ? Je me pose la question de savoir si un couple blanc n'aurait pas pu être finalement le sujet du récit tant les origines des personnages ne m'ont pas semblé assez exploitées ou mises en avant. Elles sont surtout relatées à travers des aspects physiques, vestimentaires, musicales. Mais le titre du roman évoque un Mariage en Amérique et non une classe sociale et ethnique même si celle-ci apparaît en fond, donc il n'y a pas tromperie.



Par contre les personnalités de Roy et Celestial sont bien décrites et leurs évolutions tout au long du roman bien relatées. L'on comprend et ressent tout ce qui les sépare peu à peu, dans leurs comportements, leurs aspirations et nous sommes témoins à la fois de ce qui les unit mais également de ce qui les éloigne. J'ai trouvé également que les échanges épistolaires du couple pendant l'emprisonnement de Roy était une manière indirecte de relater le fossé qui s'installait entre eux au fil du temps.



Je me suis attachée beaucoup plus aux parcours des familles de Roy et Celestial, à leurs passés, leurs personnalités et aux liens tissés entre eux mais aussi leurs positionnements, leurs valeurs forgées grâce à leurs passés, face à un jeune couple qui cherche à la fois à se construire et à perdurer et en particulier l'amour sans faille qui unit Olive et Roy Senior. 



Un roman qui se lit bien mais qui manque pour moi d'épaisseur, de consistance, de réel positionnement, que j'ai trouvé peut-être un peu trop superficiel même dans les questionnements de chacun mais peut-être suis-je d'un tempérament plus radical.



J'ai aimé mais j'en espérais plus.
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Des baisers parfum tabac

Chaurisse et Dana sont soeurs. Dana connaît l'existence de Chaurisse car sa vie dépend de la sienne. En revanche, Chaurisse ignore tout de Dana.



De la bigamie de leur père et de ses secrets, voilà de quoi il est question. Dana va tenter de se rapprocher de sa sœur, parviendra t elle à garder ce lourd secret qui pourrait bouleverser le déjà fragile équilibre familial ?
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Un mariage américain

Un Noir accusé injustement de viol par une Blanche se retrouve à purger une peine de douze ans dans un pénitencier du Mississippi, un des États américains les moins favorables aux Afro-américains. En dépit de l’aide extérieure qu’il reçoit de sa famille et de sa belle-famille, Roy Othaniel Hamilton frémit à la pensée que son récent mariage avec Celestial Davenport ne s’effrite.

Les seuls liens matrimoniaux peuvent-ils résister à une trop longue absence d’un des conjoints? En particulier, lorsque qu’il existe des zones d’ombre qu’on ne tient pas à dévoiler à l’autre…

Tayari Jones décortique les dessous d’une union maritale encore jeune, éprouvée par le malheur et qui renvoie sans cesse à la condition des Noirs dans le Sud des Etats-Unis. Chacun des personnages s’exprime à tour de rôle, le mari, l’épouse et l’amant, dans un éternel triangle amoureux aussi déchirant qu’invivable.

On pourrait dire que le thème a été maintes fois exploité mais ce récit, écrit simplement et vibrant d’une belle intensité, m’a beaucoup plu. Un premier roman qui augure bien pour la suite.



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