Il s'enquit de mon nom, je le lui dis. Il s'informa de mon âge, je répondis que je n'en savais rien. Il me dit enfin :
- Aimerais-tu aller à l'école ?
Je répondis :
- Qu'est-ce que c'est l'école ?
Il répliqua :
- Une belle maison de pierre au milieu d'un grand jardin au bord du Nil. La cloche sonne : tu entres en classe avec les élèves, tu apprends à lire, écrire et compter.
- Est-ce que je mettrai un turban comme celui-là ?
Je montrai du doigt ce qui surmontait sa tête comme dôme. L'homme se mit à rire.
- Ce n'est pas un turban, c'est un chapeau.
Puis il descendit de cheval et, se découvrant, me mit son chapeau sur la tête. Mon visage disparut à l'intérieur.
- Quand tu seras grand, si tu réussis à l'école, tu seras fonctionnaire du gouvernement et tu porteras un chapeau.
- J'irai à l'école, déclarai-je.
Les autres me posèrent des questions, je faisais de même. Ils m'interrogèrent sur l'Europe. [...] Cela fit beaucoup de questions aux quelles je répondais de mon mieux. Ils furent stupéfaits de savoir que les Européens, avec quelques différences, étaient nos semblables, se mariant, élevant leurs enfants conformément à une tradition, qu'ils avaient des mœurs honnêtes et dans l'ensemble étaient de bonnes gens. [...]
Je préférai taire la suite telle qu'elle me vint à l'esprit : " ... Exactement comme nous. Ils naissent, meurent et, durant ce périple qui joint le berceau à l'éternité, font des rêves dont certains se réalisent. "