Thich Nhat Hanh

Quand nous croyons dur comme fer à quelque chose et que nous nous accrochons à cette croyance, même si la vérité en personne vient frapper à notre porte, nous ne la laisserons pas entrer.
Pour laisser entrer la vérité, nous devons faire tout notre possible pour nous libérer de notre attachement à la connaissance et garder l’esprit ouvert.
(page 49)

Si nous vivons en pleine conscience, nous ne sommes plus pauvres, parce que la pratique de la vie dans le moment présent nous enrichit de joie, de paix, de compréhension et d’amour.
Même si nous rencontrons une personne peu encline à la spiritualité, nous avons la capacité de regarder intensément en elle et de découvrir ses profondeurs afin de l’aider d’une manière efficace.
(page 114)

Quand le Bouddha déclare : « Ne poursuivez pas le passé », il nous demande de ne pas nous noyer en lui.
Il ne veut pas dire que nous devons arrêter de regarder le passé et de l’observer profondément, mais de le faire en étant fermement installés dans le présent, car, ainsi, nous ne sommes pas submergés par le passé.
Les matériaux du passé qui constituent le présent se révèlent quand ils s’expriment et s’actualisent dans le présent.
Nous pouvons beaucoup apprendre grâce à eux.
(page 118)

Nous savons tous que l’espoir est nécessaire à la vie.
Mais, selon le bouddhisme, il peut être un obstacle.
Si nous investissons notre esprit dans le futur, nous n’aurons pas suffisamment d’énergie mentale pour faire face et pour transformer le présent.
Naturellement, nous avons le droit de faire des plans pour demain, mais agir ainsi ne veut pas dire se laisser aller à la rêverie.
Pendant que nous concevons des projets, nos pies sont fermement enracinés dans le présent.
Nous pouvons uniquement construire le futur avec de la matière première du présent.
(page 120)

L’enseignement fondamental du bouddhisme est de se libérer de tout désir pour le futur afin de revenir de tout notre cœur et de tout notre esprit au présent.
Réaliser l’Éveil veut dire atteindre une vision profonde de la réalité du moment présent et affronter ce qui arrive alors.
Pour y parvenir, nous devons regarder en profondeur ce qui est et faire l’expérience de sa vraie nature.
Quand nous agissons ainsi, nous expérimentons la compréhension profonde, qui peut nous délivrer de la souffrance et de l’obscurité.
(page 121)

La meilleure façon de vivre seul.
Le Bouddha l’instruisit ainsi : «  Les formes et les images qui sont les objets de notre vision peuvent être plaisantes, agréables et mémorables, et faire naître l’envie et le désir.
Si un moine s’attache à elles, alors il est enchaîné par elles, et il n’est pas seul.
Il vit toujours avec l’autre. »
(page 96)

Quand nous parlons du printemps, nous pensons habituellement à une saison temporelle, mais le printemps est aussi espace.
Quand c’est le printemps en Europe, c’est l’hiver en Australie.
(page 128)

La vie n’est pas un endroit particulier ou une destination.
La vie est un chemin.
Pratiquer la méditation marchée consiste à cheminer sans chercher à arriver où que ce soit.
Chaque pas peut nous amener la paix, la joie et la libération.
C’est pourquoi nous marchons avec un esprit de non-poursuite.
Il n’y a pas de chemin vers la libération, la paix et la joie ; elles constituent elles-mêmes le chemin.
Notre rendez-vous avec le Bouddha, avec la libération, avec le bonheur, se déroule ici et maintenant.
Nous ne devons pas manquer ce rendez-vous.
(page 129)

En étant au contact du malheur, nous faisons surgir et nous entretenons notre compassion et notre amour naturels.
La souffrance devient l’élément qui nourrit notre amour et notre compassion, et nous n’en avons plus peur.
Quand notre cœur sera rempli d’amour et de compassion, nous emploierons les moyens nécessaires pour soulager la souffrance des autres.
(page 133)

Pratiquer une vie d’observation profonde selon les enseignements du Bouddha revient à mener une existence de paix, de liberté et de joie et à réaliser la libération totale.
(page 134)

Quand nous sommes constamment nourris par le bonheur de la méditation, nous commençons à être à l’aise avec nous-mêmes et avec les autres.
Nous devenons tolérants et compatissants, et notre bonheur se transmet à tous ceux qui sont autour de nous.
(page 65)

Les catégories de la perception et de la pensée sont des « apparences ».
L’exemple de la vague et de l’eau est souvent employé pour nous aider à comprendre la nature non apparente de tout ce qui existe.
Une vague peut être haute ou basse, apparaître ou disparaître, mais toutes ces manifestations ne peuvent pas affecter l’essence de l’eau.
Nous pleurons ou rions en fonction de la manifestation parce que nous n’avons pas encore vu l’essence.
L’essence (svabhava) est la véritable nature de chaque chose existante et de notre propre réalité
(page 73)

La réalité peut se révéler cruelle mais voir les choses comme elles sont constitue le seul moyen pour nous de guérir.
(page 76)

Les bienfaits de la méditation
La pratique fondamentale de la méditation est la conscience de la respiration.
La respiration consciente est le pont qui relie le corps et l’esprit.
En ramenant notre esprit à notre corps, nous devenons vraiment présents, vraiment vivants.
(page 113)

L’énergie d’habitude
Dans notre cerveau, il y a de nombreuses voies neuronales que nous empruntons fréquemment, des réactions habituelles face à un objet de perception.
Avec la pratique de la pleine conscience, de la concentration et de la vision profonde, nous pouvons intervenir sur la séquence des différentes étapes qui mènent du contact à la volition, afin d’ouvrir un nouveau circuit neuronal qui remplacera notre réaction habituelle, un circuit neuronal qui mènera au bien-être.
(page 74)

Dans notre relation permanente à nous-même, aux autres et à notre environnement, un poison peut se manifester, s’embraser et détruire notre paix et notre joie, ainsi que celles de notre entourage.
Ces toxines peuvent subsister, polluer nos esprits et entraîner des conséquences plus graves dans le futur.
Aussi, vivre dans le moment présent consiste à accepter, à affronter ces poisons - lorsqu’ils surgissent, se manifestent et retournent à l’inconscient - et à pratiquer la méditation-observation afin de les transformer.
C’est une pratique bouddhique.
Vivre dans le présent, c’est aussi discerner les choses merveilleuses et saines afin de les nourrir et de les protéger.
Le bonheur est la conséquence directe de l’affrontement et du contact avec les choses.
Ce bonheur est le matériau avec lequel est construit le futur.
(page 127)

Ne pensez pas au passé,
Ne cherchez pas quelque chose dans le futur.
Le passé est déjà mort,
Le futur n’est pas dans nos mains ;
Nous devons observer profondément
Et contempler
Ce qui se passe dans le moment présent.
(page 140)

La vue juste
Notre vue est notre compréhension du monde ; elle est fondée sur nos perceptions.
La vue juste est une vue qui transcende la pensée dualiste, une vision profonde vivante de la réalité de la vie. (…)
Sans vue juste, nos pensées, nos paroles et nos actions sont maladroites et entraîneront plus de souffrances. (…)
Ainsi, la pensée juste et la parole juste émergent de la vue juste tout en la nourrissant.
(page 44)

Confondre la forme avec la réalité
Il est très facile de confondre notre image mentale de quelque chose avec sa réalité.
Le processus qui nous pousse à prendre nos perceptions pour des réalités est si subtil qu’il est très difficile à déceler.
Mais la pleine conscience permet de l’éviter.
(page 31)

Tout est dans notre esprit
Tous les phénomènes sont des objets de l’esprit.
Ce ne sont pas des réalités objectives.
Ce que nous percevons est l’objet de notre conscience.
Pour qu’il y ait perception, il faut à la fois un sujet et un objet de perception.
Le monde n’est qu’un objet de l’esprit.
Quand vous voyez une montagne, cette montagne est l’objet de votre esprit, l’objet de votre perception ; elle n’est pas séparée de votre conscience.
Nous avons tendance à croire qu’il y aune conscience subjective à l’intérieure de nous, qui se tourne vers un monde objectif extérieur à nous.
Mais il s’agit là d’une pensée erronée, d’une vue erronée.
Nous devons voir que le sujet et l’objet de la perception s’appuient l’un sur l’autre pour se manifester en même temps.
L’objet ne peut jamais être séparé de l’esprit qui l’observe ou qui médite sur lui.
(page 29)