Thich Nhat Hanh

Sachant que la façon dont nous vivons notre vie affecte tout le reste, nous devons nous demander comment nous avons vécu notre vie ...
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Nous aussi, avant de nous manifester sous la forme humaine, nous étions des arbres, des animaux unicellulaires, de grands animaux, des nuages, des forêts, des rochers... Cela n'est pas difficile à voir à la lumière de l'évolution scientifique. La matière n'est ni créée ni détruite. Elle peut se transformer en énergie et l'énergie peut à nouveau se transformer en matière, mais elle ne sera pas détruite.
Nous avons toujours fait partie de tout le reste, et tout le reste a toujours fait partie de nous.
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C'est la pratique qui consiste à affronter notre propre peur. La peur est toujours là en nous — la peur de devenir vieux, de devenir malade, de mourir ou d'être abandonné par ceux que nous aimons. C'est très humain d'avoir peur et de s'inquiéter.
Le Bouddha ne nous a pas encouragés à réprimer ces peurs. Le Bouddha nous a conseillé d'inviter ces peurs au niveau le plus élevé de notre conscience, de les reconnaître et de leur sourire*.
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* (dans le sens “d’apprivoiser” [note du transcripteur])
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Mes disciples “sont moi” et je vis chaque jour de manière à pouvoir leur transmettre le meilleur de moi-même parce qu'ils m'emportent dans l'avenir. J'ai dit à mes disciples de regarder le lever du soleil pour moi et je regarderai le coucher du soleil et les étoiles pour eux avec leurs yeux. Je suis “immortel” grâce à mes disciples.
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Vous aurez peut-être besoin de pratiquer le premier toucher de la terre plusieurs fois avant de pouvoir vous réconcilier avec vos parents et vos ancêtres. Il est important de beaucoup pratiquer car du fait que vos parents et vos ancêtres sont en vous, se réconcilier avec eux, c'est se réconcilier avec vous-même. Nier vos ancêtres, c'est vous nier vous-même. Si vous pouvez voir que vous n'êtes pas séparé de vos ancêtres, c'est déjà un grand progrès.
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Acceptation
Nous avons besoin de revenir en nous-mêmes et d'embrasser nos ancêtres génétiques et spirituels. Nous ne pouvons pas nous en débarrasser. Ils sont un fait et ils sont là. Ils font partie de nos corps et de nos “âmes”.
Quand vous touchez la terre la première fois, pratiquez l'acceptation de tous vos ancêtres tels qu'ils sont. C'est très important.
p. 107

Toucher la terre : la dimension historique
Placez-vous dans le présent sur cette ligne, avec le passé au-dessus et le futur en dessous de vous. Établissez-vous dans le temps. Voyez tous les ancêtres qui sont venus avant vous. La plus jeune génération de vos ancêtres correspond à vos parents. Ils sont tous situés au-dessus de vous sur cette ligne du temps. Puis, en dessous, vous voyez tous vos descendants, vos enfants, vos petits-enfants et toutes les générations futures. Si vous n'avez pas d'enfant, vos descendants sont les personnes que vous avez touchées dans votre vie et tous les gens qu'ils ont influencés à leur tour.
Il y a en vous aussi bien vos ancêtres génétiques que vos ancêtres spirituels. Vous touchez la présence de votre père et de votre mère dans chaque cellule de votre corps. Ils sont vraiment présents en vous, avec vos grands-parents et vos arrière-grands-parents. Ce faisant, vous prenez conscience d'être leur continuation. Vous pensiez peut-être qu'ils n'existaient plus, mais même les scientifiques vous diront qu'ils sont présents en vous, dans votre héritage génétique qui est dans chaque cellule de votre corps.
C'est vrai aussi pour vos descendants. Vous serez présent dans chaque cellule de leur corps. Et vous êtes présent dans la conscience de chaque personne que vous avez touchée. C'est réel et cela n'a rien d'imaginaire. C'est le premier toucher de la terre.
p. 106

Toucher les deux dimensions
La dimension historique et la dimension ultime de la réalité sont liées. Si vous pouvez en toucher une profondément, vous pouvez toucher l'autre. Jésus-Christ peut être désigné à la fois comme fils de l'homme et comme fils de Dieu. En tant que fils de l'homme, il appartient à la dimension historique et en tant que fils de Dieu, il appartient à la dimension ultime.
Il y a le Bouddha historique mais il y a aussi le Bouddha qui n'est pas limité par le temps et l'espace. Il en va de même pour chacun de nous. Nous avons une dimension historique que nous vivons tous les jours, mais nous avons aussi une dimension ultime que nous essayons de vivre à travers notre pratique spirituelle. Si nous sommes capables de vivre dans la dimension ultime tout en fonctionnant dans la dimension historique, nous n'aurons plus peur. Et dès lors que nous n'avons plus peur, le vrai bonheur est là. Une vague a le droit de vivre sa vie en tant que vague, mais elle doit aussi apprendre à vivre sa vie en tant qu'eau, parce qu'elle n'est pas seulement une vague. Elle est aussi l'eau. Et l'eau vit sans la peur de la vague.
p. 105

Vivre avec la naissance et la mort
J'ai souvent dit à mes amis du Village des Pruniers de ne pas attendre que je sois mort pour chercher mon corps de continuation. Ils doivent me chercher maintenant parce que je suis déjà né à nouveau dans beaucoup de jeunes enfants. Si vous étiez avec moi maintenant, verriez-vous mes enfants spirituels derrière moi ? Ils sont tous ma continuation. J'ai des centaines de milliers de continuations dans des jeunes qui continuent la pratique de la pleine conscience. Si vous regardez avec les yeux du Dharma, vous me verrez sous de nombreuses formes de renaissance.
p. 100

Quand je le bois, le thé oolong pénètre en moi. Si je rajoute de l'eau chaude pour faire une nouvelle théière, le thé de ces feuilles continue à pénétrer en moi. Après avoir servi tout le thé, il ne reste dans la théière que les feuilles de thé infusées. Ces feuilles ne sont qu'une toute petite partie du thé, le thé qui rentre en moi étant une partie beaucoup plus importante. C'est la partie la plus riche.
Nous sommes pareils ; notre essence s'est répandue dans nos enfants, nos amis et l'univers tout entier. C'est dans ces directions que nous pourrons nous trouver, et non dans les feuilles de thé infusées. Je vous invite à vous voir, né à nouveau dans des formes que vous dites ne pas être vous-même. Vous devez regarder votre corps dans ce qui n'est pas votre corps. C'est ce qu'on appelle votre corps en dehors de votre corps.
[…]
Si j'ai une pensée cruelle ou si mes paroles comportent de la haine, alors ces pensées et ces paroles vont renaître. Ce sera difficile de les rattraper et de les retirer. Elles sont comme un cheval qui s'emballe. Nous devons essayer de faire en sorte que nos actions du corps, de la parole et de l'esprit ne nous emportent pas dans la direction des mauvaises actions, des mauvaises paroles et des mauvaises pensées.
p. 98

Tout le monde devrait pratiquer “la résurrection”. Si nous pratiquons avec succès, nous pourrons aider les autres autour de nous. C'est la vraie pratique d'être vivant. Quoi que vous fassiez dans votre pratique quotidienne — marcher, vous asseoir, manger ou balayer — cela doit vous aider à redevenir vivant. Soyez vivant à chaque instant, et par votre éveil, vous allez éveiller le monde.
L'éveil est la nature même de l'enseignement et de la pratique. Bouddh signifie s'éveiller. On appelle celui qui s'est éveillé un Bouddha. Le Bouddha est quelqu'un — qui dispense les enseignements et la pratique de l'éveil. Chacun et chacune d'entre nous peut se transformer en lampe et aider ainsi le monde entier à s'éveiller.
p. 93

Asseyez-vous de manière à laisser votre nouvel être se manifester et pratiquez avec des amis. La Sangha est suffisamment intelligente pour ne pas tomber dans le piège d'une pratique routinière et sans créativité. Nous sommes nombreux à être intelligents et créatifs. Nous devrions utiliser notre intelligence et notre créativité pour garder la pratique vivante et faire en sorte qu'elle se renouvelle constamment. Il est parfaitement possible de pratiquer ce genre de méditation bouddhiste en tant que chrétien, musulman, hindou ou israélite. Peu importe la religion que vous pratiquez. Vous pouvez même ne pratiquer aucune religion.
Pratiquer ne signifie pas imiter la forme. Pratiquer signifie utiliser notre intelligence et nos capacités pour que la nourriture et la transformation soient possibles en nous, et ainsi auprès de ceux qui nous entourent.
p. 92

Vous devez devenir votre propre ami spirituel et vivre dans un environnement qui vous aide.
p. 89

L'habitude de courir
Nous courons toute la journée, même pendant notre sommeil. Nous ne savons pas nous arrêter. Notre pratique consiste avant tout à nous arrêter, puis à nous détendre, à nous calmer et à nous concentrer. Nous pourrons alors être dans l'ici et maintenant et devenir plus solides. Et quand nous sommes solides, nous pouvons regarder autour de nous, regarder profondément l'instant présent et notre vraie nature et découvrir ainsi la dimension ultime. Avec le regard profond nous voyons que tout en étant des vagues, nous sommes aussi l'eau. Mais si nous ne nous arrêtons pas, si nous n'apprenons pas à nous concentrer, nous ne pourrons pas regarder profondément. Nous ne pourrons pas nous libérer de la peur parce que nous ne serons pas assez forts ou assez stables pour voir la réalité du sans venir et sans partir.
p. 87

Quand nous fuyons le présent, nous détruisons “le Royaume de Dieu”. Mais si nous savons comment nous libérer de notre énergie d'habitude qui nous pousse à courir, alors nous aurons la paix et la liberté et nous marcherons tous comme “un Bouddha au paradis” ...
p. 86

Nous sommes sur terre maintenant, et nous pouvons apprécier chacun de nos pas sur cette précieuse planète. Le maître zen Lin Chi a dit : « Le miracle n'est pas de marcher sur l'eau, mais de marcher sur Terre. » J'aime beaucoup cet enseignement. J'aime marcher simplement, même dans des lieux très animés comme les aéroports et les gares. En marchant ainsi, chacun de nos pas caresse notre mère la Terre et cela peut inspirer d'autres personnes à faire de même. Nous pouvons apprécier chaque minute de notre vie.
p. 82

La manifestation de quelque chose ou de quelqu'un ne repose pas sur une seule condition ; elle dépend de multiples conditions. C'est pourquoi l'idée qu'une cause puisse produire l'effet n'est pas correcte. Une seule cause ne peut suffire à aider quelque chose à se manifester.
p. 66

Un gouvernement peut aussi penser qu'il connaît la seule façon de rendre son pays prospère et heureux. Ce gouvernement et ce pays peuvent rester fidèles à cette idéologie pendant cent ans ou plus. Et pendant ce temps, les citoyens de ce pays souffrent beaucoup. Ceux qui osent exprimer leur désaccord avec les idées du gouvernement sont emprisonnés. Ils peuvent même être considérés comme fous. Vous pouvez transformer votre nation en prison juste pour suivre une idéologie. N'oubliez pas que vos notions du bonheur peuvent être très dangereuses. Le Bouddha a dit que le bonheur n'est possible que dans “l'ici” et maintenant. Je vous invite à revenir en vous et à examiner profondément vos notions et vos idées du bonheur.
p. 48

Le non-soi et l'impermanence sont des moyens pour comprendre la vérité, et non la vérité elle-même. Ils sont des instruments et non la vérité ultime. L'impermanence n'est pas une doctrine pour laquelle vous devez vous sentir prêt à mourir. Vous ne mettrez jamais quelqu'un en prison simplement parce qu'il vous contredit. Vous n'utilisez pas un concept pour vous opposer à un autre concept. Ces moyens doivent conduire à la vérité ultime. Le bouddhisme est un chemin habile pour nous aider ; et non une voie de fanatisme.
p. 47

Les sensations jouent habituellement un rôle important dans l'orientation de nos pensées et de notre esprit. Nos pensées apparaissent et se lient les unes aux autres autour des sensations présentes. Quand nous sommes attentifs à notre sensation, la situation commence à changer. La sensation n'est plus la seule chose présente en nous et se transforme à la lumière de notre conscience. Elle ne nous emporte donc plus comme elle le faisait avant que ne s'établisse l'attention à la sensation.
(P.74)